Après un début de compétition plein de promesse et ponctué d'une victoire acquise en terre suédoise s'il vous plait, Grenoble retrouvait les finlandais de Kärpät Oulu qui s'étaient imposés 3-1 au match aller. De quoi nourrir quelques ambitions face à un adversaire toutefois bien prévenu du potentiel grenoblois.
Patinoire Pole Sud, Grenoble, Hockey Hebdo
Laurent Labrot, Nicolas Scordialo le 05/09/2019 à 23:35
C'est dans une patinoire malaheureusement pas totalement pleine (2400 places occupées officiellement selon la CHL) que Grenoblois et Kärpétois, Kärpétiens (choisissez l'adjectif que vous préférez) se retrouvaient pour une belle explication européenne. Des finlandais auteurs d'un copie jugée assez médiocre sur leur glace à l'aller, et qui ne pouvaient ignorer la déconvenue des voisins suédois. Question effectifs, comme le montrait une feuille de match malheureusement un peu vide, Grenoble devait faire sans Tartari et Mceachen et alignait ce soir 5 défenseurs expérimentés seulement, de quoi sans doute un peu tirer la langue ce soir en fin de rencontre.
Houloulou Grenoble rend coup pour coup
Les deux équipes entrent dans la rencontre assez rapidement, avec des unités sur la glace très puissantes des deux côtés et dont la taille moyenne souligne les évolutions du hockey moderne.
A 0’43, Grenoble concède une pénalité évitable, Kärpät pousse mais Horak fait bonne garde, les finlandais dans les minutes suivantes ne prennent aucun risque en relance, et imposent leur jeu de passe face à des BDL qui peinent à se trouver à mi-glace.
C’est donc assez logiquement qu’à les visiteurs ouvrent le score sur un centre de Karvinen qui semble dévié par Anttila assez heureusement en croisé au fond du but d’Horak qui semblait bien placé (0-1)
A 6', une double tentative du trio d’Aleardi échoue sur Annunen du torse, première incursion intéressante du champion de France face à un gardien que l'on sent solide.
Kearney sur une bonne remise de Champagne lance sur le gardien qui repousse comme il peut à 7’, avant que Lammikko et Kearney ne soient envoyés conjointement en double mineure.
A 4X4 le jeu flotte quelques instants, les finlandais poussent davantage mais la défense iséroise tient le choc. Ce qui pose problème c’est le faible nombre de lancers offensifs grenoblois qui ne permet guère de supposer pour le moment un retour au score.
Le jeu s’équilibre quelque peu en milieu de période avec des tentatives de transitions des deux côtés, les arrières de Kärpät paraissant parfois un peu lents pour contenir les BDL que l’on sent capables de créér des décalages si le passage à mi-glace se passe bien pour eux.
De fait Bisaillon trouve le poteau sur un slap consécutif à une belle attaque-défense, mais les finlandais ne parvenant pas à se dégager, c’est finalement Fleury à 12’58 qui va trouer Annunen d’un slap à la bleue pleine puissance. (1-1) Kärpät paye un certain relachement dans l’axe et des retards défensifs entrevus au fil des minutes. Du côté du banc finlentdais, on va immédiatement repositionner plusieurs joueurs défensifs et faire passer des consignes car c'est bien Grenoble qui est revenu et paraît même en mesure de doubler la mise avec un peu plus de réussite.
Une première pénalité des visiteurs voit Kearney échouer sur le corps du gardien, Kärpät ayant pour mérite de ne pas s'énerver et de laisser passer l'orage relatif qu'envoi Grenoble.
Les isérois continuent et posent des problèmes de vitesse avec Fabre qui parvient à déborder pour centrer ensuite, Kärpät cherche son second souffle et va le trouver en toute fin de période. Notons au passage le talent du jeune joueur grenoblois qui fait partie de ceux dont on devrait reparler.
17’29 faute sur Pulujärvi qui semble tomber tout seul sur une flaque d'huile (les droits du joueurs sont détenus par la franchise NHL d'Edmonton Oilers) offre un nouveau jeu de puissance aux visiteurs
Horak plonge avec succès sur un beau décalage trouvé en jeu de puissance, mais Manavian fait sauter la crosse de l’attaquant dans le slot et hérite logiquement d’une pénalité dont on peut penser qu’elle n’est pas la plus inutile de la soirée car ayant sans doute évité un but à 18’54.
Plus rien n'est marqué et les deux équipes peuvent gouter à un repos bien mérité, laissant l'impression d'une rencontre assez indécise après une période disputée.
Engagements 7/6 Kärpät
Tirs 12/10 Kärpät
Kärpät Oulu, initiales K.O
Grenoble sort de la pénalité, mais Kärpät revenu avec un plan de jeu un peu différent pousse à nouveau en tentant d’accélérer tandis que Grenoble contre avec Kearney qui lance pleine mitaine du gardien à 22’
Clairement, les joueurs de coach Manner veulent accélérer le jeu sans perdre de cohérence, jouent plus directement, et sollicitent plus systématiquement les arrières grenoblois dont ils ont vu le nombre relativement faible sur la glace, tactique à moyen-long terme assez simple à voir et qui va se révéler efficace.
Hardy se fait casser sa crosse puis est sanctionné de 2’ à 22’35. Grenoble parvient à repousser des palets qui trainent devant Horak.
Grenoble repousse plus qu’il ne joue sur le milieu de période, sans que les visiteurs se créent de très grosses occasions, on peine à comptabiliser les tentatives grenobloises avec une attaque défense subie quasi permanente. Ce résultat pas encore décisif pour les finlandais montre toutefois des accélérations de plus en plus grandes, avec un bolide désormais pas loin de sa pleine vitesse.
Kearney échoue plein axe sur une rare action offensive Grenobloise à 32'
A 31’46, un finlandais goûte violemment la glace, et après une longue concertation arbitrale qui donne 2’ à Sauvé, on se dit que l'affaire risque d'être plus difficile surtout quand on voit des grenoblois bien marqués physiquement revenir au banc.
Horak dit encore non et on a l'impression que les deux équipes soufflent, mais c'est en fait le début d'une domination finlandaise avec des joueurs qui passent la cinquième vitesse pour profiter des chamions de France qui marquent le pas.
A 36’37 Puljujärvi s’échappe bien servi à la bleue et l'oulubrius va tromber Horak d’un palet placé dans l’angle qui semblait dans un premier temps avoir été bloqué sur le papillon de Horak. (2-1) Une juste récompense pour ce qui était clairement ce soir pour nous le plus fort potentiel sur la glace, un joueur d'une niveau proche de la NHL comme l'indique son actualité et situation outre atlantique.
Moins de vingt secondes plus tard, Kärpät enfonce le clou avec l’arrivée de plusieurs joueurs lancés devant Horak et Pesonen qui pousse dedans. (1-3)
A 39’ Krejcik lance à 45° et troue Horak qui fait sa première erreur relative dans une rencontre jusqu’ici irréprochable. (1-4) L'attaquant lance seul à 45° et bénéficie d'un retard défensif qui illustre l'écart de rythme entre le turbo finlandais et des grenoblois qui donnent tout mais ne peuvent rivaliser avec certains arrières excellents mais trop sollicités pour suivre sur soixante minutes. (1-4)
Dans une seconde période beaucoup plus difficile, Grenoble s’est vu victime du rythme général de finlandais qui ont inscrit un triplé très rapproché sur les cinq dernières minutes. Avec des passes laser toujours ajustées, un balet incessant d'appels et d'échecs arrières très efficaces, un heureux mélanges de jeunes joueurs et de vieux briscard, oui Kärpät Oulu a une bien belle équipe capable d'accélérations fulgurantes au service d'un collectif toujours bien en place.
Engagements 14/6
Tirs 14/4
Grenoble s'accroche
Les esprits s’échauffent quelque peu avec des mots sans que des pénalités ne soient sifflées ce qui semble logique à 42’
Une baston plus sérieuse éclate moins d’une minute plus tard à 43’03 avec des coups consécutifs à une pénalité sur un grenoblois suivi d’un regroupement façon grappe. Deux joueur finlandais vont au trou pour charge contre la bande et accrocher.
Le killing play voit grenoble frapper sur le gardien, avant que Manavian ne trouve une belle lucarne opposée sur une frappe pourtant assez excentrée à 43 ’43 (2-4) Unbut très mérité pour un joueur au four et au moulin ce soir, sans doute le meilleur en défense avec Sauvé et Bisaillon.
Des minutes plus équilibrées se succèdent, avec un jeu plus souvent en attaque défense, Grenoble se crée quelques occasions qui finissent souvent sur le gardien mais le balet finlandais poursuit inexorablement son oeuvre, fermant les portes et renvoyant désormais plus encore l'image d'une machinerie impassible et bien huilée.
A 5’06, un slap trouve la mitaine de Horak en extension, mais le palet qui selon l’arbitre n’est pas bloqué est repris victorieusement par Lammiko qui met au fond. Les arbitres vont logiquement à la vidéo car vu des tribunes, la crosse finlandaise trouve le bras du gardien avant le palet. Pourtant, le but est bien validé au final. (2-5)
53’50 Lammikko s’avance à l’aile, se rencentre, va fixer son défenseur pour servir idéalement Tieksola qui pousse dedans, un but qui illustre la facilité de Kärpät en cette fin de rencontre. (2-6)
Aleardi cherche et trouve un coup de crosse au visage sur une explication devant la cage adverse à 55’13. Il va en prison avec Heshka.
La fin de rencontre ne change plus rien avec une hiérarchie clairement visible depuis la seconde période.
Engagements 18/10 Kärpät
Tirs : 14/9 Kärpät
Kärpät c'est pas des carpettes...
Face à ce qui est sans doute la meilleure équipe de club jamais vue à Pôle-Sud dans l'ère moderne des BDL tout au moins, Grenoble a eu le mérite de s'accrocher avec ses moyens. Diminués par l'absence de deux défenseurs, lesquels pouvaient permettre aux arrières de souffler un peu plus, les BDL ont offert une très belle première période ponctuée d'un score d'égalité avant de subir la machine finlandaise lors de la seconde période et des cinq dernières minutes fatidiques. Il n'est pas si fréquent de voir une équipe capable de mettre son adversaire Nokia, pardon Nockout sur l'accélération de tout son collectif, le tout ponctué de gestes techniques de haut vol, passes à pleine vitesse, décalages somptueux. Sérénité, patience, plan de jeu évoluant au fil des situations, oui heureux public d'Oulu qui peut voir plusieurs récitals de ce type par semaine. Dans la poule considérée par la CHL comme la plus difficile cette saison, K.O est premier actuellement et pourrait bien le rester.
Après, au delà des compliments que l'on peut adresser à nos amis finlandais, il serait paradoxal de ne pas écrire ici comme nous l'avons fait parfois en parlant de Grenoble par rapport à certains autres équipes de Magnus beaucoup moins dotées financièrement qu'il y a clairement de grosses différences qui selon nous ne font que souligner les mérites du champion de France. Face à un club disposant d'un budget beaucoup plus important, et évoluant dans une ligue également beaucoup plus performante que la Magnus, il est évident que c'est bien une montagne que Grenoble devait franchir, une triple montagne même lorsque l'on regarde les trois équipe de la poule qui pourraient très bien abriter le futur vainqueur de l'épreuve. Sans expérience préalable de cette compétition, Grenoble est déjà parvenu à accrocher un très gros poisson, et même si ce soir la marche était trop haute, il s'agit avant tout d'apprendre en espérant pouvoir progressivement se rapprocher du haut du panier européen. Cependant à ce niveau, on peut voir deux points inquiétants. Le premier est la relative absence de public ce soir, avec 700 places qui n'avaient pas trouvées preneur environ 48h avant la rencontre. A 18 euros en premier prix, est-ce trop cher? Si l'on considère le prix des autres sports, les réductions enfants et la possibilité de prendre des packs et abonnements, cela paraît cohérent. Alors soir de semaine, désintérêt du public pour un sport trop confidentiel, responsabilité des médias audiovisuels qui ont peu vendu l'évènement localement, difficile de trancher mais on ne peut qu'espérer voir du guichet fermé samedi soir. Second point inquiétant, une ligue Magnus qui semble de plus en plus à deux vitesses avec les frères ennemis rouennais et Grenoblois qui sans faire injure aux autres clubs ne sont pas dans la même catégorie. Au delà de l'intérêt de certaines rencontres, difficile de progresser collectivement comme peuvent le faire les suisses ou suédois lorsque vos adversaires sont en grande majorité inférieurs, et que sauf surprise la hiérarchie va être respectée sans trop forcer son talent. Cette situation crée un décalage important avec la CHL car une équipe faite pour la Magnus ne correspond tout simplement pas aux critères européens, sachant qu'il est difficile d'en vouloir a des dirigeants qui n'ont souvent pas les moyens de recruter à tout va surtout quand ils savent qu'ils vont avoir une forte majorité de rencontres de la ligue française avec des équipes très souvent inférieures à eux. Ce problème de Magnus à deux vitesses, entrevu déjà la saison dernière et vérifié lors des playoffs risque fort de se reproduire cette année, avec une possible lassitude du public sur certaines affiches et ici encore un problème de public. Notons que ces deux problèmes sont globalement extérieurs aux BDL mais pourraient bien leur poser problème à terme avec le paradoxe d'être seul dans sa catégorie.
Pourtant, terminons sur une note d'optimisme en considérant qu'une large majorité du public présent ce soir ne peut pas ne pas avoir envie de remettre cela samedi soir vu le spectacle proposé, et quel que soit le résultat voir un club français en CHL c'est tout de même un évènement à ne pas manquer si vous êtes amateur de hockey. De plus, si Grenoble au sortir de cette compétition conserve sa dynamique et enthousiasme, gageons que la Coupe de France et le titre de Magnus pourront s'envisager sereinement au delà de la glorieuse incertitude du sport naturellement.
Kärpétoi ? Kärpétiens ?
Du coup je suppose que vous vouliez mettre les "Bruleurs de loupois" ou les "Bruleuriens" au lieu de "Grenoblois"...^^
red a écrit
le 06/09/2019 à 17:23
Pour expliquer la "faible" affluence je dirai que les prix peuvent expliquer une partie. Ensuite, les matchs sont tot dans la saison. Puis surtout je dirai que le public grenoblois au sens large n'a pas assez de culture hockey et que donc Karpat, ca ne parle pas au grand public... Il y a trop peu de rencontres européene dans l'histoire du hockey français pour que le rdv soit établi et intéresse vraiment les fans.
LAMITAINE38 a écrit
le 06/09/2019 à 12:42
Merci Laurent pour cet article et les références toujours pointues et affutées ;-)
j'avoue avoir passé un excellent soirée et effectivement quel dommage qu'il n'y ait pas plus de monde pour un tel événement avec un prestation de très bon niveau quand la patinoire est pleine pour voir les Dragons force est de constater que pour voir une telle équipe comme Kärpät la patinoire devrait exploser.
il faut également reconnaitre que nos BDL ont été avec leurs moyens des clients sérieux et au cours du premier tiers très à leur avantage donnant la réplique.
malheureusement il faudrait se confronter plus souvent à de telles équipes pour progresser et notre championnat reste faible pour en tirer un réel profit.
La patinoire assez vide pour un tel match est effectivement assez inquiétant , certes les tarifs sont assez élevés ( j'ai ai eu pour 75 euros pour 4) mais largement remboursés par la qualité du spectacle offert.
comment faire venir le public pour assister à une prestation sportive qui dénote particulièrement des standards (foot rugby) ou les règles sont pas toujours simples et le visuel nécessitant de la rapidité.... comme pour les étudiants ..;vous avez 4 heures :-)