| Roxane Gindre | La Swiss Life Arena de Zürich a vu les siens échouer face à Bienne | En travaux depuis l’année 2019, le repère des lions a ouvert ses portes à l’automne 2022 (lire ici). C’est dans cet endroit désormais grandiose que Zürich recevait Bienne hier soir. Le club du canton bernois avait de quoi se sentir intimidé, projeté sous toutes les coutures sur les écrans 4K surplombant massivement la glace. A Zürich, celui qui perd s’incline en gros plan sous les yeux de tous.
Cependant, la majesté de l’antre du lion n’a pas suffit à déstabiliser Bienne. Les joueurs en jaune et rouge sont ressortis flamboyants de leur victoire. Un match spécial, à la fois mou et tendu.
Aperçu de la soirée en chiffres et en lettres
I. Un départ pâteux
Dès les premières secondes du palet sur la glace, l’atmosphère tendue est palpable. Les deux équipes sont sur le podium du classement, trois points sont en jeu et les hommes sur la glace semblent d’entrée de jeu ralentir pour s’observer. Les équipes se déploient, prennent tout l’espace, comme si chacun voulait prendre du recul pour observer l’autre sous tous les angles avant de lancer un projet de jeu. Pendant les premières minutes, la rondelle passe et repasse la ligne médiane, quelques tirs mal ou carrément pas cadrés viennent chatouiller vaguement les gardiens mais rien de significatif. Les deux adversaires prennent le temps de se jauger.
Le premier arrêt est signé Hrubec à presque 3 minutes de jeu, mais encore une fois, l’agressivité n’est pas au rendez-vous. Le jeu est lent, le portier avait eu le temps de se placer correctement et le tir puissant ne fait aucun rebond.
Geering au numéro 4 tente de tirer sur portier biennois mais c’est peine perdue. Si les bruits de couloir confirment que Zürich a, cette saison, la meilleure défense du championnat, Sateri peut compter lui aussi sur ses défenseurs. Le palet claque dans les palettes des jaunes et rien ne passe.
Rapidement, Zürich s’échauffe un peu et une faute est sifflée à l’endroit de Sopa pour avoir fait trébucher. Le power-play qui s’en suit n’a rien de convaincant et reste stérile. 3 tirs seulement en 2 minutes. Yakovenko, depuis sa zone défensive, tente de tirer des missiles sur Hrubec en forçant sa ligne à passer en arrière mais c’est peine perdue.
Après cette tentative d’innovation, Zürich essaye aussi d’inventer : Sopa qui est revenu de prison tente de distribuer la rondelle, Azevedo passe en cloche à Leone pour esquiver la défense jaune mais l’idée n’aboutit à rien.
Bienne tourne pendant un long moment dans sa zone. Un arrêt de Hrubec, tout à l’instinct et au réflexe, vient redynamiser le jeu mais comme plus tôt, cela se traduit par une pénalité de 2 minutes pour le canadien Azevedo. Le deuxième power-play est tout aussi inefficace que le premier.
Après un break mal dosé de Kessler et deux minutes en prison pour Grossman, le tiers s’achève de manière floue. On n’y comprend plus grand-chose.
Peu d’inventivité à l’ouverture du match donc, on sent les deux gardiens un peu endormis, faute de surprises et très bien secondés par la défense.
Score |
0 – 0 |
Tirs cadrés |
9 - 11 |
II. Bienne : mode conquérant activé
Le tiers s’ouvre sur un tir surpuissant de Zürich sur le poteau finlandais de Bienne, et après un beau plongeon de Sateri, une collision entre Haas et Reidi laisse ce dernier inerte quelques instants sur la glace.
Le palet se remet à traverser la glace d’un bout à l’autre, parfois à la limite du dégagement interdit. Bienne tente de se reprendre et repart à l’offensive. Sigrist tente sa chance, Schlappfer aussi de son côté, les tirs en essuie-glace lassent les spectateurs et quelques phrases assassines commencent à se faire entendre. « C’est moi ou c’est chi*** ? » s’interrogent certains connaisseurs. Un tir de Rajala bien trop puissant rebondit (pour une fois) sur le gardien tchèque et finit même dans les gradins pour le plus grand bonheur des enfants qui avaient la chance de se trouver là.
Comme s’il suffisait de demander, le score s’ouvre à 14’19 en faveur de Bienne. Brunner, assisté de Kunzle et Loov massés devant la cage parvient à pousser au fond. Les gradins s’enflamment, on parle d’obstruction mais les arbitres tranchent et gardent le score.
Moins d’une minute trente plus tard (15’56), Bienne rempile et de belle façon cette fois ! Triple passe, Sallinen, Loov (à nouveau) finissent sur Hischier qui enfonce le puck derrière le gardien. Premier but construit du match : trop de mouvement, Hrubec ne savait plus où donner de la tête. Le palet rentrait obligatoirement.
Le doublé est rude à encaisser pour le cerbère des Lions mais le score tient jusqu’à la sonnerie : plus rien à signaler en cette fin de deuxième tiers, retour au flou du premier vingt.
Score en fin de 2e tiers |
0 - 2 |
Tirs cadrés en fin de 2e tiers |
16 - 22 |
| Yves Seira (archives) | S. Hrubec a eu un tout petit peu plus de travail que son adversaire (28 tirs cadrés) |
III. Les lions ne meurent pas sans se battre
Le dernier tiers s’ouvre sur une pénalité différée récoltée par le français Texier. Pourtant, alors même que le numéro 42 est derrière le plexiglass et que Bienne est en supériorité numérique pour deux minutes, Zürich est à l’offensive. Schappi part en break, il est tout seul face à Hrubec qui sauve son filet dans le coin gauche, du bout de la botte, alors que le tireur, rejoint par d’autres joueurs s’effondre dans la zone bleue.
Zürich reprend 2 minutes pour faire trébucher. A cinq contre trois, la belle défense locale est trouée et Delemont (assisté par Olofsson et Kunzle) saisit l’occasion au vol, il slap de toute ses forces et le palet file jusqu’au font de la cage, se frayant facilement un passage entre les bleus.
Le moral fragilisé par le score, Zürich connait un moment de flottement. Les joueurs du ZHC courent après le palet, et on recompte les joueurs du coin de l’œil pour vérifier qu’ils ne sont pas en infériorité tant ils se font mener par le bout du nez.
Une pirouette de Hurbec à 11’20 réveille les troupes et l’honneur est sauf vingt-quatre secondes plus tard. Zurich ne se fera pas blanchir à domicile. A l’instant où le palet est remis en jeu, Texier et Weber le passent à Baltisberger terriblement bien placé, et la patinoire hurle.
Pendant de longues minutes, Bienne travaille la cage bleue. Haas tente de jouer la promiscuité pour tromper les yeux de Hrubec, Schlapfer veut, lui aussi, essayer quelque chose mais le tir dans le slot est arrêté.
Pour mettre fin à cette pression, les ZSC sort son gardien et la stratégie paye puisque la sonnerie retentit une nouvelle fois. Azevedo a frappé (Bodenmann et Wallmark à l’assist’)
Sallinen trébuche, Zürich est encore une fois pénalisé. Au vu des huées qui retentissent depuis les gradins, la sanction est sévère.
Après un temps mort, Texier tente un dernier break alors qu’il a cinq coéquipiers l’attaque avec lui. Le palet s’approche, tout l’effectif sur la glace s’agglomère dans la zone du gardien. Sateri se la joue mur de brique. Le score s’en tiendra là et Bienne l’emporte.
Score en fin de 3e tiers |
2 – 3 |
Tirs cadrés en fin de 3e tiers |
32 - 30 |
Malgré l’esthétique et la fluidité du jeu, le match n’a pas offert de trésors d’imagination aux fans venus nombreux. Tendues mais résolument classiques dans les stratégies mises en place, les deux équipes ont su révéler leurs points forts plus à l’arrière qu’à l’avant. C’est l’attaque qu’il faut maintenant repenser pour réussir à surprendre les remparts défensifs de ces deux équipes.
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