Hockey sur glace - NHL : National Hockey League - AHL
AHL : Entretien avec Alex Barré-Boulet
Le nom d’Alex Barré-Boulet ne vous dit peut-être encore rien, mais il est certain que le jeune québécois de 22 ans fera bientôt les beaux jours du Lightning de Tampa Bay en NHL. Non-drafté, il signe en 2018, un contrat de 3 ans avec la franchise floridienne. Talentueux et opportuniste il empile les points aussi bien en Junior que lors de sa première saison en Professionnel ou il remporte le trophée de meilleur Rookie ainsi que le trophée de co-meilleur buteur en AHL. Alors en pleine préparation pour la saison prochaine, Le prospect du Lightning de Tampa Bay et ancien joueur de l’Armada de Blainville Boisbriand en LHJMQ a accordé un entretien exclusif à Hockey Hebdo.
Hockey Hebdo – Avant de revenir sur ta saison 2018-2019, j’aimerais que tu nous parles de ton parcourt en LHJMQ. Tu arrives dans le circuit Courteau chez les Voltigeurs de Drummondville lors de la saison 2014-2015. Comment se sont passées tes premières années dans cette ligue ?
Alex Barré-Boulet – Ça c’est plutôt bien passé, même si nous n’avions pas une équipe très forte. J’ai manqué les séries pour ma première saison puis pour ma dernière saison avec les Voltigeurs, nous avions finalement réussi à accrocher la dernière place pour les séries. Malheureusement, nous nous sommes fait éliminer au premier tour. Ceci dit, j’ai réellement apprécié mon temps à Drummondville.
Hockey Hebdo – Après deux saisons, les Voltigeurs t’échangent à l’Armada pendant la période de transaction. Connaissais-tu Joël Bouchard, alors entraîneur de l’Armada ?
Alex Barré-Boulet – Je savais qui il était mais je ne savais pas comment il fonctionnait en tant que coach. C’est sûr que j’en avais entendu parler. J’ai eu besoin d’un petit temps d’adaptation, c’est jamais facile pour un jeune joueur de changer de club et de coach. Joël Bouchard a réellement aidé ma carrière. Il m’a formé pour devenir pro.
Hockey Hebdo – A l’entame de la saison 2017-2018, Joël Bouchard te nomme Assistant Capitaine. Penses-tu que le fait d’avoir évolué avec cette responsabilité t’a fait te surpasser ?
Alex Barré-Boulet – Je dirais que non. Si on te met un « A » ou un « C » sur ton chandail c’est parce que tu fais déjà quelque chose de bien. J’ai simplement continué à faire ce que je faisais. Je n’ai rien changé.
Hockey Hebdo – Cette même saison tu rafles tout les honneurs individuels. Le Trophée Jean Beliveau du meilleur pointeur de la saison, le trophée Michel Brière récompensant le meilleur joueur de la ligue et tu remportes même le trophée CHL du meilleur joueur de l’année des trois ligues juniors Canadiennes. Qu’est-ce que ces trophées représentent pour toi ?
Alex Barré-Boulet – C’est assez impressionnant au début. Je ne m’attendais pas nécessairement à avoir ces trophées en fait. C’est un accomplissement que je ne pensais jamais réaliser dans ma carrière. Mais réellement ses trophées sont autant à mes co-équipiers qu’à moi. Je pense à Alexandre Alain alors capitaine de l’Armada, Drake Batherson et Jan Hladonik. On a joué ensemble toute la saison et sans eux je n’aurais jamais accompli ça.
Hockey Hebdo – Ces Trophées ont-ils contribués à faire de toi le joueur que tu es devenu ?
Alex Barré-Boulet – Je te dirais que « oui ». ça a certainement aidé à bâtir ma confiance. Quand tu arrives en professionnel avec ses trophées dans tes bagages ça aide. Grâce à ça je me suis rendu compte des choses que je pouvais faire sur la glace.
Hockey Hebdo – Malgré des stats extraordinaires en Junior avec les Voltigeurs puis avec l’Armada, tu passes à la trappe lors de deux Drafts NHL. Dans quel état d’esprit te trouvais-tu après qu’aucune équipe ne t’ai sélectionné ?
Alex Barré-Boulet – Le fait de ne pas avoir été sélectionné ne me dérangeait pas réellement. Je ne m’attendais pas à me faire repêcher. Je n’avais parlé avec aucune équipe professionnelle et lorsque mon père m’avait demandé si je voulais aller au repêchage, je lui avais dit que non.
Photo : Syracuse Crunch
#12 Alex Barré-Boulet
Hockey Hebdo –As-tu à ce moment, envisagé de venir jouer en Europe ?
Alex Barré-Boulet – Oui, c’est certain que j’ai pensé venir en Europe, c’est carrément mon style de jeu. Par contre mon objectif premier était de signer un contrat à 20 ans et de jouer au minimum dans la ligue américaine.
Hockey Hebdo –Le Lightning de Tampa Bay a semble t-il une appétence pour les joueurs francophone. Je pense bien sur à Vincent Lecavalier et à Martin St. Louis mais aussi à Cédric Paquette, Danick Martel ( des anciens de l’Armada ) ou encore à Louis Domingue, pour ne citer qu'eux. Est-ce une des raisons pour laquelle tu as signé avec le Lightning? Peux-tu nous expliquer ton choix ?
Alex Barré-Boulet – Ce n’est pas réellement à cause des joueurs francophones mais c’est surtout à cause de la façon dont le Lightning développe ses joueurs. Ces dernières années c’est l’une des équipes qui amène le plus de joueurs de ligue américaine en NHL. Le staff technique mis en place à Tampa et à Syracuse aide réellement les joueurs à se former. C’est principalement cette raison qui m’a fait arrêter ma décision sur le Lightning.
Hockey Hebdo – Les recruteurs du Lightning ont un certain talent pour dénicher des pépites en dehors de la Draft, je pense bien sur à Jonathan Marchessault, qui fait le bonheur de Vegas aujourd’hui mais aussi à Yanni Gourde ou encore Tyler Johnson. Tous non-draftés puis signés par le Lightning. Selon toi, qu’est-ce qui motive les joueurs non-draftés ?
Alex Barré-Boulet – C’est sûr que tu te bats toujours pour un job dans le futur, c’est donc plus facile de rester motivé. Lorsque tu te fais Drafter tu as une certaine assurance. Tu sais que tu as, en règle générale, deux ans pour faire tes preuves. J’étais habitué à ne pas l’avoir facile depuis tout jeune. Je n’ai jamais eu de chance à ce niveau là, j’ai toujours dû me battre et c’est peut-être ça qui m’a rendu meilleur.
Hockey Hebdo –Est-ce que le fait de ne pas avoir été repêché t’a rendu plus déterminé ?
Alex Barré-Boulet – Le fait de ne pas avoir été repêché m’a aidé à bâtir mon caractère et à bâtir mon Game. Je voulais prouver aux équipes qui ne m’avaient pas repêché que j’étais capable et qu’ils allaient le regretter.
Hockey Hebdo – Tu viens de compléter avec succès ta première saison professionnelle avec le Crunch de Syracuse en AHL. Benoit Groulx, ton entraîneur est un ancien coach de LHJMQ. Il est réputé pour être un grand tacticien et un excellent formateur. Qu’as-tu appris à ses cotés? A-t-il joué un rôle dans ton succès cette saison ?
Alex Barré-Boulet – J’avais déjà beaucoup appris sous Joël Bouchard et on peut dire que Benoît Groulx attend les mêmes choses de ses joueurs. Jouer dans un système serré, respecter le plan de match et toutes les petites choses qui font le hockey professionnel. J’ai énormément appris cette année et je continue à apprendre. À ce niveau on ne peut pas prendre une présence « off » sur la glace. C’est certain que Benoit Groulx a contribué à mon succès cette saison. Lorsque tu as un entraîneur dur avec toi ça te fait te dépasser et jouer mieux.
Hockey Hebdo – Qu’elles ont été les principaux ajustement dans ton jeu que tu as du faire en passant de la LHJMQ à l'AHL ?
Alex Barré-Boulet – Le temps de possession de la rondelle entre le junior et le professionnel n’est pas du tout le même. Tu as beaucoup moins de temps pour réfléchir. Dès que tu touches la rondelle, tu as tout de suite un joueur de l’équipe adverse sur toi. Les joueurs sont plus rapides et plus gros aussi. Tu ne joues plus contre des gars qui ont 17/18 ans mais contre des adultes beaucoup plus fort physiquement et avec beaucoup plus d’expérience. Les petites feintes de junior ne fonctionnent plus. J’ai aussi appris à jouer sur l’aile cette année car en junior j’étais joueur de Centre. C’est principalement les ajustements que j’ai du faire.
Photo : Syracuse Crunch
#12 Alex Barré-Boulet
Hockey Hebdo – Le Crunch, tout comme le Lightning, ont dominé la saison régulière dans leurs ligues respectives. Qu’a-t-il manqué au Crunch pour confirmer en playoffs ?
Alex Barré-Boulet – Je te dirais qu’il a manqué d’un peu de tout. Lors des deux premiers matchs à la maison, on n’a pas vraiment été convaincant. Tout le monde faisait des erreurs. Après deux défaites à Syracuse on s’est réveillé en gagnant le troisième match à Cleveland mais ensuite on a du faire face à un très bon gardien.
Hockey Hebdo – Qu’as-tu pensé de l’élimination précoce de Tampa Bay au premier tour des playoffs NHL ?
Alex Barré-Boulet – On était à Syracuse, on regardait ça avec une grande attention. On a été assez surpris, on ne s’attendait pas à ça.
Hockey Hebdo – Tu termines donc ta première saison professionnelle avec 68 points dont 34 buts, ce qui fait de toi le co-vainqueur du trophée Willie Marshall avec ton co-équipier Carter Verhaeghe. Tu remportes aussi le trophée Dudley « Red » Garrett récompensant le meilleur rookie de la saison en AHL. De quelle manière vas-tu aborder la saison prochaine ?
Alex Barré-Boulet – je vais arriver avec le « couteau entre les dents ». Mon but c’est de jouer dans la Ligue Nationale. C’est pour ça que je vais arriver au camp à Tampa avec une grande détermination. Si il m’envoie à Syracuse je ferai tout pour revenir à Tampa, sinon, je ferai tout pour gagner avec le Crunch à Syracuse.
Hockey Hebdo – Lequel de tes co-équipiers actuels au Crunch t’impressionne le plus ?
Alex Barré-Boulet – Au Crunch, il y a beaucoup de joueurs talentueux qui ont tous connus la Ligue Nationale, Cory Conacher par exemple. Mais cette année Carter Verhaeghe a été particulièrement impressionnant. Au niveau leadership, j’ai beaucoup été impressionné par notre capitaine, Gabriel Dumont ou encore par Cameron Gaunce qui sont plus âgés mais qui ont toujours la motivation de se rendre en NHL.
Hockey Hebdo – Certains de tes buts cette saison, sont de véritables bijoux. Quel est ton but favori ?
Alex Barré-Boulet – (sourire) Probablement le but en prolongation contre Toronto.
Hockey Hebdo –A quel joueur aimes tu être comparé et pourquoi ?
Alex Barré-Boulet – Quand j’étais plus jeune, j’aimais me comparer à David Desharnais car c’était un gars avec un petit gabarit qui avait une bonne vision du jeu. Sinon en ce moment j’essaye de me comparer un petit peu à Jonathan Marchessault ou encore à Yanni Gourde, des joueurs de petite taille mais qui travaillent énormément. J’aime être comparé à des gars qui travaillent fort.
Hockey Hebdo – En 2017-2018, le Lightning fait appel à Anthony Cirelli alors qu’il n’avait disputé que 54 rencontres en AHL. En 2018-2019, c’est au tour de Matthieu Joseph après seulement une saison avec le Crunch. Penses-tu pouvoir te faire une place à Tampa dès la saison prochaine ?
Alex Barré-Boulet – Écoute, c’est une bonne question. Je vais arriver là-bas avec l’envie d’y rester. Je vais tout faire pour y rester mais s’il décide de me renvoyer à Syracuse, je ne vais pas retourner là-bas en boudant et en étant frustré. Je retournerai à Syracuse avec la mentalité d’un gars qui veut revenir le plus vite possible dans la Ligue Nationale.
Hockey Hebdo - Que dois-tu encore travailler pour pouvoir prétendre à la NHL ?
Alex Barré-Boulet – Il faut que j’améliore mon coup de patin et ma force physique. Mon jeu défensif doit aussi être travaillé. Ce sont des petites choses qui font des joueurs de NHL.
Hockey Hebdo - Que pouvons-nous te souhaiter pour la saison prochaine et pour le reste de ta carrière ?
Alex Barré-Boulet – On peut me souhaiter éventuellement de jouer dans la Ligue Nationale avec le Lightning et d’y gagner une coupe Stanley.
La rédaction de Hockey Hebdo remercie Alex Barré-Boulet pour sa disponibilité et sa gentillesse. Alex Barré-Boulet est un talent pure qui n’oublie pas d’où il vient. Hockey Hebdo remercie aussi le staff du Crunch de Syracuse pour les photos ainsi que l’Armada de Blainville Boisbriand pour avoir rendu cette entrevue possible. Nous souhaitons à Alex Barré-Boulet une excellente préparation en espérant le voir rapidement évoluer dans la baie de Tampa avec le Lightning.