Suite aux dernières informations de la FFHG sur les divers championnats, je lis beaucoup de choses intéressantes et pertinentes, ici et là, sur la problématique et la situation du hockey français
Les joueurs ont besoin d'être protégés et soutenus par un « syndicat » fort. Celui-ci existe, et sans doute fait-il comme il peut. Tout comme les clubs font comme ils peuvent puisque la réalité est que les moyens sont tellement médiocres (entendre « faibles et fragiles ») qu’il leur est difficile d’avoir une vision, si ce n’est à long terme, mais même à moyen terme.
La réalité des clubs est donc à court terme : livrer un dossier crédible pour la seule saison à venir.
Finalement qu’est-ce qui a changé depuis les années 70 et 80 ?
Ce sont les mêmes salaires (de FF en €) sauf qu’au lieu d’avoir entre 1 et 5 joueurs qui avaient un salaire (un seul étranger dans ces années-là) et des primes de matches pour les autres, tous les joueurs sont "payés".
Mais comment et combien ?
Aujourd’hui, comme je l’ai déjà fait remarqué suite à un papier de l’Equipe, 10 joueurs gagnent entre 3500€ et 5000€, les autres « gros » salaires doivent être à 2500€, et la majorité des joueurs sont des smicards, voire moins, et le tout, non sur l’année, mais sur la saison !
Quelle précarité !
Et comment fédérer tous ces joueurs, alors que la moitié des effectifs sont des étrangers, et que ces effectifs sont renouvelés tous les ans, la plupart du temps à 50%, voire plus.
Comment fédérer un projet sportif en manque de moyens récurrents, fédérer un esprit d’équipe avec des effectifs changeants, fédérer et fidéliser un public, et trouver des sponsors sur le moyen et long terme pour pérenniser un club ?
Si Rouen a cette pérennité, c’est grâce au travail de long de terme de Thierry Chaix, Vert Marine et la qualité du travail de Guy Fournier.
Idem, pour d’autres raisons, à Grenoble, ainsi qu’à Angers grâce à l’investissement personnel du Président Juret, pour ne citer que quelques exemples.
Tous les autres clubs sont fragiles, et ainsi tous les ans, les mêmes causes créent les mêmes effets, un club (ou plus) chute : aujourd’hui, Lyon, hier Dijon, Epinal, Strasbourg, Reims, Brest dans les années 90, Tours et les Français-Volants dans les années 80, etc…, liste non exhaustive de la difficulté du hockey français depuis des décennies (depuis toujours ?).
Dans l’après Albertville, et le formidable quart de finale de la France et des audiences télé supérieures aux grands matches du tournoi des 5 nations de rugby (ce qui n’est pas rien !), j’avais spontanément proposé un projet avec un business plan sur 5 ans au Président Goy de feu la FFSG.
Il avait été intrigué de cette démarche en se demandant ce que je lui voulais bien…
« Mais rien Cher Président ! Juste aider le hockey français et lui rendre le plaisir qu’il m’a procuré au cours de mes 16 ans de pratique ». Il m’avait mis en contact avec Laurent Bellet qui était déjà journaliste TV, et nous avions travaillé ensemble pour proposer un projet viable et crédible. Déjà, il me semblait important de trouver un « opérateur » capable de sponsoriser non pas un club, mais l’ensemble du championnat élite avec une répartition égalitaire de cet investissement pour l’ensemble des clubs pour que les budgets soient solides et consolidés.
Un seul opérateur, alors, me paraissait capable de faire cela à l’époque (début des années 90), c’était Canal+ et Charles Biétry qui investissait dans le Basket, mais aussi le hand. Des sports qu’il avait pratiqué… S’il avait pratiqué le hockey sur glace jeune, la face de notre sport aurait-elle changé ?
Cela ne s’est donc pas fait, et finalement, la réalité reste la même: quel opérateur capable d'investir des sommes vraiment conséquentes sur le moyen terme?
Bien sûr que le hockey français a bien évolué : nous avons désormais une fédération autonome, la FFHG, l’Equipe de France a longtemps fait partie de l’élite mondiale, nous avons des joueurs qui évoluent dans des championnats majeurs (NHL, KHL, Finlande, Allemagne, Suisse, etc…).
Mais c’est là aussi que le bât blesse. On a laissé l’équipe de France être la seule vitrine du hockey français, et oublié que la locomotive d’un sport c’est son championnat. Parce que c’est le quotidien, celui qui permet d’en parler « tous les jours ». Notre équipe de France a été performante : elle s’est maintenue en élite pendant de nombreuses années, elle a su battre des nations majeures en matches officielles (Canada, USA, Russie, Finlande, etc…), mais elle est aussi fragile, parce que notre fond de banc est faible.
La preuve 4 joueurs majeurs absents en 2019 (Bellemare, Roussel, Da Costa, Auvitu), un exceptionnel gardien retraité (Huet), et nous voilà incapable de battre le Danemark et la Grande-Bretagne pour nous maintenir, ce qui nous verse en catégorie inférieure. Et l’obligation de remonter, et vite. Tout de suite, car sinon cela peut être le grand plongeon vers l’anonymat, ce que personne ne souhaite, mais redoute.
Il faut donc aussi en parallèle de cette remontée, consolider la Magnus : mais les structures sont fragiles (les finances des clubs) et les infrastructures (les « Arena ») loin d’être au niveau de quelques pays frontaliers : Suisse et Allemagne, pour n’en citer que deux. Tout ça pour dire que rien n’est facile dans le hockey français (voire dans le sport français en général, hormis le football), rien ne lui est donné, rien ne lui est épargné.
La faute des clubs ? La faute de la Fédération ? Franchement, qui aimerait être à la place des uns ou de l’autre ?
Ce qui est dommageable, néanmoins, c’est aussi (surtout) l’incapacité de se fédérer. Il règne en permanence de la suspicion, personne ne fédère ni ne rassemble, c’est une guerre (guéguerre) de clochers digne d'une cour d’école, et c’est franchement ce qui m’avait éloigné des patinoires.
Amener des idées et de l’expertise ne semble guère intéresser qui que ce soit.
Ce que j’ai pu vérifier lors des derniers Mondiaux parisiens, et pourtant je pensais qu’il y avait une écoute possible alors que nous étions proches des décideurs.
A l’arrivée, ce ne fut qu’un demi-succès puisque l’on n’a pas su rassembler l’ensemble du hockey français (trop de matches de l’EdF n’étaient pas remplis), ni réussi à amener un nouveau public aux matches, ni des medias plus « grand public ».
Surtout pour les retombées espérées derrière : pas plus de visibilité médiatique des medias grand public, la chaîne L’Equipe incapable de diffuser la finale 2019 (!), une exposition qui se cantonne aux media locaux, sportifs (l’Equipe) et Fanseat qui comme son nom l’indique satisfait les amateurs du hockey (et bravo à eux), mais ne sert pas à « recruter ».
Aram Kevorkian