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Hockey sur glace - Ligue Magnus
CANDELORO S’EST FAIT DRAGUER PAR LE HOCKEY
 
Grande star médiatique du patinage artistique, Philippe Candeloro vient de nouer des contacts avec le hockey sur glace. Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, explique le contexte qui a permis ce rapprochement et retrace également la grande carrière sportive du sympathique champion français.
 
Media Sports Loisirs, Hockey Hebdo Tristan Alric le 13/03/2025 à 11:00

Tribune N°107

 
 

CANDELORO S’EST FAIT DRAGUER PAR LE HOCKEY 
 


En jouant depuis 2005 le rôle de consultant sur France Télévisions avec une spontanéité désarmante et des commentaires parfois très « caustiques » pendant les retransmissions de patinage artistique, Philippe Candeloro a réussi une reconversion spectaculaire. Celle de prolonger dans le temps son statut de star médiatique qu’il avait obtenu grâce à sa brillante carrière sportive dans les années 1990. Une époque incroyable pour le patineur français, adulé par de nombreux fans, qui recevait jusqu’à 4000 lettres par semaines lui réclamant des photos dédicacées.
En effet, le grand public n’a pas oublié les prestations scéniques très créatives et innovantes que ce véritable « showman » a exécuté sur la glace avec un talent et un humour singulier. Encore aujourd’hui, grâce à sa collaboration régulière avec la télévision publique sa célébrité est restée toujours intacte malgré son retrait de la compétition amateur juste après les Jeux olympiques d'hiver de Nagano en février 1998.
La raison de cette fidélité du public est simple : Philippe Candeloro est toujours « en représentation », que ce soit sur une patinoire où en dehors. Il met toujours un point d’honneur à amuser la galerie même quand il ne commente plus du patinage car ce gentil olibrius assez déjanté, qui avait le cœur au bord des lames sur la patinoire, garde son ton grivois qui a contribué à sa grande réputation.
Car ce « titi parisien », né à Courbevoie (d’origine italienne par son père Luigi), à la fois gouailleur et facétieux, avec un franc-parler incontrôlable qui brave avec malice le « politiquement correct », s’est transformé, une fois ses patins rangés, en un nouveau personnage toujours aussi sympathique et truculent qui très recherché pour mettre l’ambiance dans d’innombrables divertissements, qu’ils soient sportifs, télévisuels ou radiophoniques auxquels il participe chaque année.

En lançant parfois de manière incontrôlée et sans respecter la bienséance, des saillies graveleuses assez osées, Philippe Candeloro, qui reste droit dans ses patins, a prononcé des phrases devenues cultes dans le patinage artistique qui ont provoqué quelques sueurs froides notamment à son fidèle compère de la télévision Nelson Montfort ainsi qu’à sa consœur Annick Dumont. Mais les dérapages assumés en forme de fautes de carres de cet ancien champion aux origines familiales venues des Abruzzes ne l’empêchent pas de se regarder fièrement devant la glace.
Pourtant celui qui n’a pas hésité à déclarer, je le cite :« Je ne peux rien pour les gens coincés de la fesse », a provoqué inévitablement quelques remous et de nombreux « hoquets » sur glace chez des réfractaires bien-pensants offusqués et indignés de son humour souvent paillard qui est, il faut bien le reconnaître, assez brut de décoffrage.
Ayant joué depuis ses débuts sur la glace le rôle de « franc-tireur » sans filets lors de ses prestations sportives comme dans son langage, Philippe Candeloro reste malgré tout encore aujourd’hui un électron libre indomptable. C’est un personnage « people » qui plait et qui est très demandé pour la saveur acide de ses bons mots qui surgissent spontanément du tact au tact. Revers de ses médailles, la télévision publique a fini par lui donner un mauvais coup de lame fatal récemment en envoyant ce « fou du roi » aux oubliettes prenant comme prétexte très contestable la retraite de son complice Nelson Montfort atteint par la limite d’âge à 71 ans.



Lors d’un match de la Ligue Magnus à Amiens le 19 novembre dernier contre Grenoble, Philippe Candeloro a donné le coup d’envoi fictif de la rencontre. Photo Nicolas Leleu.

 
UNE PREMIÈRE CARRIÈRE SPORTIVE TRÉS MÉDIATISÉE


Il serait injuste de résumer le véritable personnage que représente encore aujourd’hui Philippe Candeloro uniquement par le prisme forcément déformant et beaucoup trop caricatural avec son rôle très médiatisé de consultant à la télévision. Car l’ancien locataire de la patinoire de colombes où il s’entraîna pendant toute sa carrière sportive, âgé aujourd’hui de 53 ans, fut avant tout un grand champion de patinage artistique.
En effet, sous la direction de son fidèle entraîneur André Brunet, il a réussi à remporter deux médailles de bronze olympiques : lors des Jeux d’hiver de Lillehammer en 1994 puis ceux de Nagano en 1998. Sans oublier son titre de vice-champion du monde obtenu en 1994 à Chiba au Japon.
Philippe Candeloro fut par ailleurs sacré dix fois champion de France : quatre fois en senior, quatre fois en junior et deux fois en espoir. Sa grande maîtrise technique dans les différents sauts et son style artistique (très masculin et théâtral) ont été reconnus et appréciés par tous dans le milieu du patinage.
Si on ajoute à son palmarès deux trophées NHK au Japon et un titre de champion du monde professionnel remporté à San José aux Etats-Unis en 2000 (qu’il n’avait jamais obtenu chez les amateurs), on mesure la profondeur de la trace indélébile que ses patins ont laissé sur la glace.
Ce n’est pas sans raison si quatre patinoires françaises portent désormais son nom : celle de Colombes dans les Hauts-de-Seine (qui est malheureusement fermée), celle de Font-Romeu dans les Pyrénées-Orientales, celle de Valloire en Savoie et celle de la station de Samoëns en Haute Savoie.
D’autant que son personnage public jovial et avenant, avec un humour cinglant très communicatif, a conquis définitivement le cœur des gens bien après avoir raccroché ses patins. Quelle est la recette de son succès qui se prolonge encore aujourd’hui ? Philippe Candeloro répond : « C’est parce que j’aime avant tout les gens et ils le sentent. »
 

UN PROFIL QUI RESSEMBLE À CELUI DU HOCKEYEUR


Si je consacre aujourd’hui une Tribune entière à Philippe Candeloro, c’est que j’ai toujours pensé que ce véritable athlète, qui avait certes un gabarit plutôt modeste (1,70 mètre et 72 kilos), mais qui possédait à la fois une grande technique de patinage ainsi qu’un esprit fougueux et très rebelle, aurait très bien pu effectuer également une carrière prometteuse s’il avait choisi de jouer au hockey sur glace car il cochait à mon avis toutes les cases nécessaires pour réussir dans notre discipline.
Je veux parler notamment de sa technique de patinage, de sa fougue, de sa hargne, de sa grande condition physique ainsi que ses nombreuses prises de risques. C’est d’ailleurs un accident de moto qui va freiner sa préparation et le priva de ses premiers Jeux olympiques d’hiver en 1992 à Albertville auxquels il a assisté comme simple spectateur à cause également d’une injustice fédérale lors des championnats de France organisés pourtant chez lui à Colombes. Mais ce jeune sportif teigneux, âgé de 20 ans, va se servir de cette grande frustration et de cette épreuve pour rebondir.
D’autant que les programmes libres de patinage artistique qui ont rendu célèbre Philippe Candeloro dans le monde entier en prenant à chaque fois la forme d’un « entertainment » comme disent les anglophones, vont faire exploser sa carrière car ses prestations ont toujours mis en exergue son côté très masculin et viril qui correspond à l’image type du joueur de hockey sur glace.

Pour preuve, il suffit de rappeler par ordre chronologique les rôles emblématiques que Philippe Candeloro a joué dans les grands championnats internationaux de patinage artistique pour se faire une idée de sa concordance possible avec le rôle de hockeyeur. Il a joué en effet successivement avec un talent indiscutable et une grande dose de testostérone Conan le barbare en 1992, Le Parrain en 1993, Lucky Luke en 1995, Napoléon 1er en 1996 puis surtout le fameux Dartagnan.
Son inoubliable combat simulé avec une séquence de pas en diagonale sur ses patins en mimant un duel à l’épée fut acclamé par les foules de la planéte car notre Parisien a mis le feu dans toutes les patinoires du monde entier par son réalisme très artistique notamment au Japon, un pays qui lui voue un véritable culte. A tel point que Philippe Candeloro a dû avoir recours parfois à des agents de sécurité pour pouvoir se frayer un passage parmi ses fans et monter sur la glace après avoir sauté plusieurs rangées de gradins lorsqu’il mimait Rocky Balboa !
J’ajoute également ses rôles lors de ses galas et de ses exhibitions qui furent tout aussi viriles et percutantes sur les patins (avec parfois un salto arrière interdit en compétition et torse nu) comme celui de William Walace (chevalier écossais), Rocky (incarné au cinéma par Sylvester Stallone), Tony Manéro (incarné par John Travolta) ou encore Sir Phileas Fogg (du roman de Jules Verne).

 


Ayant des prédispositions physiques très favorables dans le sport Philippe Candeloro aurait très bien pu effectuer une carrière honorable dans le hockey sur glace français. Photo Laurent Rousselin.


IL A D’ABORD CÔTOYÉ DES HOCKEYEURS


Bref, vu le profil très masculin et robuste du bonhomme, j’ai posé directement la question à Philippe Candeloro pour savoir pourquoi il n’a pas choisi plutôt de jouer au hockey sur glace que faire du patinage artistique. « J’ai été très longtemps dragué par les hockeyeurs de Colombes ! explique-t-il. Quand j’ai commencé l’artistique, je ne le criais pas sur tous les toits. Vis-à-vis de mes copains ça ne faisait pas très masculin. C’était presque une honte alors je leur disais que j’allais uniquement patiner en séance publique. Mais quand ils l’ont su, ils m’ont dit : « Tu ne vas quand même pas faire ce sport de gonzesses ! » La preuve que mon sport n’est pas aussi facile qu’on le croit physiquement, aujourd’hui, arrivé à la cinquantaine, j’ai deux prothèses de hanche ! »
Quand Philippe Candeloro était jeune, vers onze ou douze ans, il accompagnait l’équipe de hockey locale en voiture pour voir ses potes qui allaient jouer dans la région parisienne. « Les Français Volants sont venus également chez nous pour s’entraîner et pour jouer. J’avais donc un contact direct avec le hockey sur glace. J’aimais bien ce sport, mais finalement, j’ai préféré faire du patinage artistique car c’est une discipline individuelle où on m’a reconnu surtout pour ma performance. Je ne regrette pas ce choix car j’ai eu plus de conquêtes féminines que les hockeyeurs avec leurs casques sur la tête ! » 
Malgré tout, il est arrivé à Philippe Candeloro d’assister parfois à des matches de hockey sur glace notamment aux Etats-Unis. « A l’époque, je faisais partie de la troupe américaine « Champions on Ice ». A cette occasion, je me suis préparé dans plusieurs vestiaires des différents stadiums de la NHL. Avec mes diverses accréditations, j’ai pu assister dans ma carrière à de très grands matches de hockey notamment en France dans la patinoire de Méribel lors du quart de finale des Jeux olympiques d’Albertville qui opposait la France et les Etats-Unis. Quand je suis passé professionnel en patinage artistique, j’ai vu aussi quelques matches de la NHL comme ceux des Flyers à Philadelphie. »
 

IL S’INTÉRESSE AU BUSINESS DU HOCKEY FRANÇAIS


Même s’il n’a pas joué lui-même au hockey sur glace (ni ses deux frères Alain et Laurent ainsi que sa sœur Marinelle), Philippe Candeloro vient de nouer ces derniers temps un contact plus étroit avec notre sport. « Je fais parfois des animations et des séminaires en entreprise, explique-t-il. Comme j’ai toujours adoré faire du ballet-ballon ou à l’époque de la ringuette, ce concept peut servir. Grâce au hockey, il y a plusieurs manières ludiques de jouer. Une fois, avec les Dragons de Rouen et l’ami Guy Fournier, pour s’amuser et se défier nous avons organisé un démarrage de course sur la glace. Je leur ai mis vingt mètres dans la gueule grâce aux pointes de mes patins d’artistique ! Mais je ne vais pas faire le beau car pendant la course les hockeyeurs ont eu l’occasion de me rattraper vite fait pour sauver l’honneur. »
Depuis trois ans, Philippe Canadeloro anime à la radio des interviews et des commentaires pour parler parfois de business et du professionnalisme qui s’est mis en place dans le hockey sur glace français. Il m’a confié qu’il jetait également un œil sur les différentes « Tribunes Libres » publiées tous les quinze jours sur Hockey Hebdo. « Cela me permet de me tenir au courant malgré mes très nombreuses activités », dit-il.
 

IL MILITE POUR UN ÉVÉNEMENT RÉUNISSANT HOCKEY ET ARTISTIQUE


« Le hockey sur glace est un sport très télégénique même s’il est souvent difficile de suivre le palet, confie Philippe Candeloro. Pour ma part, je préfère le regarder en live car ce qui m’attire avant tout dans le sport en général, c’est l’ambiance et la ferveur des supporters et du public. J’aime ressentir les vibrations de la foule. Il m’est arrivé très rarement de donner le coup d’envoi symbolique d’un match de hockey comme par exemple à Amiens car j’étais dans le coin pour la promotion d’un spectacle. Ce que je constate, c’est que le hockey français a su rattraper le Canada ou les Etats-Unis concernant leur tradition en donnant des noms originaux aux clubs qui jouent dans la Ligue Magnus. C’est bien car ça donne une originalité au hockey français. Il lui reste maintenant à progresser dans la hiérarchie mondiale sur le plan sportif. »

Philippe Candeloro en profite pour faire une suggestion qui lui tient à cœur : « Contrairement au patinage artistique où on a malheureusement perdu deux grands événements médiatiques, le Trophée Lalique puis le Trophée Bompard, je constate que le hockey sur glace français remplit chaque saison l’Accor Arena de Bercy lors de la finale de la Coupe de France. Quand je vois la grande patinoire archicomble avec 13 800 spectateurs pour le hockey, je suis admiratif et envieux plutôt que jaloux. Je pense qu’on pourrait créer à cette occasion un événement commun avec les patineurs et les hockeyeurs réunis car depuis la séparation entre la FFSG et la FFHG il n’y a plus aucun contact entre ces deux sports qui ont pourtant la glace en commun. A mon avis, ce serait bien d’unifier le hockey et l’artistique pendant ces deux jours. C’est dommage qu’il y ait un seul événement avec la finale de la Coupe de France. On pourrait s’entendre pour inclure également un événement de patinage artistique en partageant pourquoi pas les frais d’organisation. »

 




Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 


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