Une belle occasion de rebondir, c'est tout l'enjeu de ces quarts de finale de la Coupe de France, autant pour les Strasbourgeois que pour les Gapençais. Les Rapaces, avec seulement deux victoires depuis septembre, stagnent en effet à la dernière place du classement. Mais, en ayant surclassé Grenoble puis Villard aux tours précédents, cette compétition pourrait bien sauver leur saison mal engagée. L'Etoile Noire, qui a encaissé quatre défaites d'affilée, ne décolle pas non plus en Ligue Magnus. Si elle est déjà venue à bout des Haut-Alpins en championnat (1-5), les nombreuses absences laissent présager un match beaucoup plus ouvert...
Arbitres : Mr Hauchart assisté de Mrs Courgeon et Geoffroy
Buts : Strasbourg : 23.37 Jan Cibula (ass Hugues Cruchandeau et David Striz) ; 28.46 Sébastien Trudeau (ass Jan Pardavy et Cody Carlson) ; 54.38 Sébastien Trudeau (ass Elie Marcos et Jan Pardavy) ; 57.57 Peter Bourgaut (ass Sébastien Trudeau et Valentin Michel) Gap : ; 52.40 Milan Tekel (ass Jouni Virpio)
Pénalités
12 mn contre Strasbourg
22 minutes dont 10 à Schmitt contre Gap
Lignes Strasbourg 1ère ligne : Trudeau/Marcos/Pardavy [Carlson-Cesnek]
2ème ligne : Cibula/Correia/Schmitt [Turcotte-Stritz]
3ème ligne : Bourgaut /Michel/Burgert [Cruchandeau]
Absents : Dufournet, Suchanek, Lyall
Lignes Gap 1ère ligne : Valchar/Moore/Arrossamena [Hirvonen-Tekel]
2ème ligne : Virpiö/Circelli/Vondracek [Mäntylä-Syväsalmi]
3ème ligne : Lacheny/Nilsson/Schmitt [Cornaire-Baridon]
Absent : Pérez
Une première partie équilibrée et indécise
Le match est lancé par une frappe hors-cadre de Nicolas Arrossamena (53’). Les premières minutes consistent en une série d’attaques-défenses au cours de laquelle les Rapaces démontrent déjà leur rapidité en contre. Après un violent slap de Turcotte, Trudeau trouve Marcos au second poteau qui manque de peu la reprise (3’14).
Photographe : Christophe Moreau (archives)
Moins d’une minute plus tard, le capitaine strasbourgeois envoie du poignet dans le plastron de Garman sur une entrée en zone offensive (4’01). Correia tente un centre après un gracieux 360° (6’30), mais les Gapençais récupèrent et partent tout de suite en un contre fulgurant (6’42).
Mäntylä, bien décalé dans l’axe, rate le cadre (9’43). Cesnek, à angle fermé au second poteau, puis Burgert qui récupère son rebond ne réussissent pas à mettre au fond la plus grosse occasion strasbourgeoise de la période (13’58). De leur côté, les Rapaces se projettent vite vers l’avant, comme sur cette percée de Circelli neutralisée par un puck check de Hiadlovsky (14’28). C’est par les montants de sa cage que le gardien local est ensuite sauvé sur un shoot de Nilsson (15’21).
En fin de tiers, Paul Schmitt est sanctionné d’un 2+10 minutes pour charge contre la tête, l’occasion pour les Bas-Rhinois de déployer le premier power play de la rencontre. Celui-ci demeure encore infructueux malgré la passe de Correia pour Cruchandeau de l’autre côté qui aurait pu se conclure en one-timer (18’11), ou la frappe de Carlson, bien esseulé à la pointe après un jeu derrière la cage (19’00).
Une seconde partie moins équilibrée et plus décisive
Pardavy confirme d’un tir du poignet dans le plastron que Garman est bien rentré dans la deuxième période (20’21), avant que Vladimir Hiadlovsky prouve la même chose de la mitaine face à un débordement de Virpiö (20’54).
Le banc de Gap est pénalisé pour surnombre et Strasbourg va, cette fois, démontrer que sa troisième place sur le podium des power play de la ligue Magnus n’est pas usurpée, même avec des unités spéciales remaniées. Après un pilonnage de la bleue de Carlson, Cibula lance dans le trafic depuis la pointe et trouve la faille (1-0 à 23’37, assisté de Hugues Cruchandeau et David Stritz, en sup. num.).
Paradoxalement, les Rapaces vont monter en puissance après cette ouverture du score. Jouni Virpiö s’échappe (24’07), puis Milan Tekel loupe superbement une cage parfaitement vide alors que la défense locale est aux abois (25’). Hiadlovsky bloque un slap de Lacheny en break (26’16). La séquence "panique à bord" s’achève lorsque Moore est pris par la patrouille pour avoir accroché Trudeau qui filait au but (27’21).
La supériorité est déjà bien entamée quand Kai Syväsalmi rejoint son camarade pour charge avec la crosse et plongeon (2+2 minutes), suivi de Correia, également pour charge avec la crosse (28’16). Il résulte de toutes ces condamnations un jeu à cinq contre trois pour l’Etoile Noire, rondement exécuté par un imparable jeu en triangle. Carlson, de la ligne bleue, adresse une transversale à Pardavy qui redonne immédiatement à Trudeau au second poteau (2-0 à 28’46, en double sup. num.).
Pasi Hirvonen part regarnir le banc des pénalités pour un faire trébucher de deux minutes et une méconduite de dix (30’22). Mais cette fois, le power play ne s’installe pas et reste muet. Les minutes s’égrènent sans véritables occasions, à part ce contre de Michel et Burgert (35’05).
Gap reprend le momentum en fin de période grâce à un accrocher de Cruchandeau (36’07). Tekel, mis en condition de tir favorable par ses coéquipiers, frappe juste à côté (36’55) avant que Hiadlovsky arrête du bout de la botte un tir du poignet dans l’axe de Syväsalmi (38’00). Mäntylä enfin est proche de débloquer le compteur des siens par une déviation dangereuse (38’05). Le tiers-temps se clôt par une pénalité sifflée à l’encontre de Cesnek pour faire trébucher, pris de vitesse par le patinage véloce des avants haut-alpins (39’35).
Strasbourg gère son avance
La fin du power play est bien maîtrisée par les Strasbourgeois jusqu’à ce que Stritz prenne la relève de Cesnek pour deux minutes (41’21). Hiadlovsky multiplie les parades, comme ce blocage de la rondelle, couché sur le dos après avoir été déséquilibré (42’55), ou devant Valchar qui fond sur lui depuis l’aile (43’20).
Les sanctions de Trudeau pour accrocher (45’16) puis Cruchandeau pour le même motif (47’04) témoignent de la pression grandissante exercée par les Rapaces. Mais le dernier geste manque systématiquement pour concrétiser : hors-jeu, contrôle raté au moment fatidique...
Kai Syväsalmi retourne en prison pour deux minutes de charge contre la tête ou la nuque et dix minutes de méconduite (50’28). La supériorité est à nouveau mal négociée par les visiteurs. Une fois revenu à égalité numérique, Virpiö remporte un combat contre la bande, derrière les filets alsaciens. Le palet revient juste sous le nez de Hiadlovsky et Tekel, libre au marquage, peut l’exécuter froidement (2-1 à 52’40).
Les Gapençais peuvent reprendre espoir, mais le gardien jaune et noir sauve in extremis le palet de l’égalisation en plongeant pour capter un rebond au bout de sa jambière (53’57). Les locaux vont même rapidement regagner leur double avance. Marcos, en zone neutre, se jette en avant pour lancer, du bout de la crosse, Trudeau en échappée. L’ailier canadien contrôle du patin, rentre en zone, seul dans l’axe, puis feinte superbement Garman (3-1 à 54’38, assisté d’Elie Marcos et Jan Pardavy).
Ari Salo prend son temps mort avant la remise au jeu et ne tarde pas à sortir son gardien (56’52). Entre-temps, Hiadlovsky remporte un duel face à Colin Moore (55’38). Les Rapaces voltigent autour des filets, mais Bourgaut parvient à leur fausser compagnie et expédie le palet dans la cage abandonnée (4-1 à 57’57, assisté de Sébastien Trudeau et Valentin Michel).
Niklas Nilsson visite une dernière fois la maison d’arrêt pour dureté (58’51), sans incidence sur le résultat final.
Strasbourg renoue avec la victoire et empoche avec abnégation son ticket pour les demi-finales. En dépit des nombreuses absences majeures dans l’alignement, et paradoxalement dominée aux nombres de tirs et d’occasions de marquer, l’Etoile Noire a fait preuve de réalisme devant, soutenu par un Vladimir Hiadlovsky bien dans son match.
Si les Gapençais ont développé un jeu séduisant avec des sorties de zone éclair et une vitesse de patinage redoutable, les approximations en zone offensive, notamment sur le power play, ont grandement facilité la tâche du penalty kill strasbourgeois très en forme (100% sur le match).
En attendant le tirage au sort et les demi-finales du 7 janvier, retour au championnat, où Strasbourg face à Caen et Gap face à Morzine ont tous les deux une obligation de rachat.
Etoiles Hockey Hebdo
*** : Vladimir Hiadlovsky
** : Sébastien Trudeau
* : Michal Cesnek
« On avait encore plus souffert au premier tiers chez eux, ici on avait encore un peu d’air. Je tire mon chapeau à Gap, ils ne sont pas venus pour faire semblant. Là où on s’en sort bien, c’est qu’ils ratent des occasions, surtout après. En fait, le match était très équilibré jusqu’au moment où, nous, on marque le premier but et, là, il devient déséquilibré mais en leur faveur, complètement.
Il fallait s’en douter, j’ai joué à cinq défenseurs, Michal n’avait pas joué depuis très longtemps. Ce n’est pas la même chose entraînement et match, et c’est là que tu vois la discipline de Michal Cesnek, comment peut-il arriver et jouer un match comme ça, à cinq défenseurs ? C’est vraiment un professionnel, y en a qui aurait été amoindri à 50% de leur condition physique.
Ce que j’ai aimé, c’est qu’on a bien profité de notre cinq contre trois. Heureusement qu’on marque, c’est là qu’on gagne le match avec les PK (penalty kill=infériorité numérique) qu’on tue régulièrement. On a bien joué en PK, j’avais l’impression qu’on était plus confortable en PK qu’à cinq contre cinq.
Là où ils devenaient dangereux, eux, c’est quand ils récupéraient leur palet en zone défensive et ils sortaient bien, ils prenaient beaucoup de vitesse et ils risquaient de marquer sur le rush, alors qu’en contrôle de power play... Plus ça allait, moins ils avaient d’occasions. C’est souvent le problème, même pour n’importe quelle équipe, quand t’as trois ou quatre power play en ligne, le quatrième tu sais plus trop quoi faire. Autant t’es bon dans les deux premiers, autant les troisième et quatrième, ce sont des cadeaux empoisonnés...
On voulait bloquer leur centre, ils nous faisaient très mal au centre, ils sortaient bien par le milieu. Moi j’ai beaucoup de respect, d’estime, pour ce genre de jeu. C’est un haut risque, mais c’est beau. C’est vrai que parfois ça peut te coûter effectivement très cher si tu le rates, t’es dans l’enclave. Mais ce soir ils se sont sortis d’embarras très souvent dans les deux premières périodes grâce à ça, il fallait le bloquer, et on l’a bien fait en troisième période.
On a trois absents de marque, nos deux premiers centres, Lyall et Dufournet, avec Suchanek. Je savais que pour battre Gap, le match serait très difficile. Il l’a été. Je dirais que le fait de jouer à la maison aide sûrement, on n’a pas voyagé. Le jeu de Gap nous a fait plus de mal que le jeu d’Epinal, mais Epinal a des scorers, c’est la seule différence. Le jeu de Gap est beaucoup plus construit, beaucoup plus raffiné, c’est un jeu de pro. Je trouve qu’ils jouent vraiment bien, même le premier match qu’on gagne chez eux 5 à 1. Ce soir, ils sont venus les dents longues. Nous, c’est la même chose, à cinq défenseurs, trois lignes presque toutes reconstruites, il fallait aussi avoir du caractère. »
Vous avez raison de me corriger, merci. Normalement je vérifie toujours avec la vidéo, mais là j'ai pas eu le temps ! ;)
seb a écrit
le 12/12/2013 à 22:00
Je suis d'accord avec Tok. Très bien écrit et très représentatif de ce qui s'est déroulé sur la glace.
Petite rectification: c'est Pardavy (et non Marcos) qui se jette lors de la passe pour le second but de Sébastien Trudeau. A 42 ans, un bel exemple à suivre.
http://www.totalsportlive.com/alsace/11122013-etoile-noire-gap-le-resume-41662/
Tok a écrit
le 12/12/2013 à 21:32
Superbe résumé de passionné(e)s , on s'y croyait !