Si vous vous sentez l'äme d'un écrivain et que vous voulez partager l'histoire du club qui vous tient à coeur, Hockey Hebdo vous invite à faire comme Patrick en nous faisant parvenir à redaction@hockeyhebdo.com une page d'histoire avec quelques photos pour l'illustrer. Allez vite à vos plumes.
Extrait : Les archives du hockey clermontois : la saison 1989-90
Cette saison 1989-90, tout en nous replongeant bien 30 ans en arrière, nous rappelle pourtant à l’actualité du club. En effet cette saison là les dirigeants, de ce que l’on appelait alors l’Auvergne Hockey Club, avaient également fait le pari de prendre un entraîneur-joueur, ce qui en soit n’était pas une première; mais un gardien, si ! Ce n’était pas chose courante et en tout cas une première pour Clermont qui ne sera renouvelée... que 31 ans plus tard !
|
Photo Archives AHC |
Equipe 1 Auvergne Hockey Club 89/90 |
Mais commençons par évoquer la saison précédente, une des plus brillantes de l’histoire du club puydomois. Elle fut menée de main de maître par l’entraîneur-joueur canadien André Saint-Laurent, cela malgré le handicap de nombreuses blessures et maladies, à commencer pour lui-même. Il fut gêné toute la saison par une hernie discale sur un corps certainement usé par une longue et épuisante carrière (8 ans de NHL avec participation à une demi-finale de coupe Stanley, 4 au plus au niveau suédois et j’en passe; excusez du peu !). Ses problèmes de santé feront d’ailleurs de cette saison 88/89 sa dernière comme joueur. Remise à temps pour les play offs de tous leurs maux, l’équipe sut se galvaniser sous l’autorité de son charismatique coach et finira 3ème de cette D1, à égalité de points avec le second Reims et 1 point derrière le premier Caen*. Les 2 premiers montants en élite, Clermont rate donc de peu la montée. Saint Laurent très demandé, le président Michel Condat ne put le retenir ainsi que son gardien emblématique clermontois, Patrick Partouche, parti donner un nouveau virage à sa carrière professionnel. (Son nom doit vous dire quelque chose, il est depuis de nombreuses saisons le président du club d’Amneville).
A savoir : les playoffs alors ne se jouaient pas par tour éliminatoire mais comme une poule finale où les 6 meilleures équipes se rencontraient.
Voilà donc le hockey clermontois orphelin à la fois de son entraîneur et de son gardien. Les dirigeants voulant retrouver performance et sûreté devant les cages et le dynamisme de l’école canadienne qui plaisait tant aux joueurs comme au public, ils pensèrent qu’une seule et même personne pouvait remplir ces 2 conditions. Ce fut donc Michel Vallière. Pour l’intéressé c’était aussi une première que de prendre en main des séniors. Ce joueur n’est pas n’importe qui, même si inconnu en France. Il était dans la sélection canadienne préparée depuis plusieurs mois pour représenter la feuille d’érable aux JO de Calgary (1988). Mais tout fut balayé quand le CIO permit la présence des pros. La fédération canadienne ne se fit pas prier pour dissoudre sa sélection et en bâtir une nouvelle avec des joueurs NHL à partir des franchises éliminées des play offs. Gardien remarquable et spectaculaire, capable par ses relances d’être le premier attaquant. (fait remarquable, il sera même gratifié d’une assistance lors d’un match), il ne restera pas longtemps un inconnu en France.
Jamais évident de porter les 2 casquettes de joueur et d’entraîneur ; encore moins pour un gardien qui ne peut que difficilement faire passer les consignes sur le banc lors des matchs. Il sera en cela secondé par Serge Messier lors des entraînements comme des rencontres. Cette saison, pour être tout à fait franc ne fut pas des plus performantes mais on était alors sur un nouveau cycle à relancer. Michel Vallière contribua beaucoup à le faire, sur la glace comme en dehors. D’ailleurs, si nous faisons abstraction du classement final, l’équipe sut être par moment brillantes et combative. Elle réussit plus d’une fois à arracher l’égalisation (les matchs nuls étaient alors possible) à la dernière minute en faisant sortir le gardien pour un joueur de champ. Ce jeu plaisait à un public qui répondit présent dans les gradins tout au long de la saison. Il a permis à de nombreux jeunes joueurs de s’aguerrir, prendre de l’expérience et de la confiance en soi ; bref il a fort bien préparé le groupe pour les échéances futures. Outre le fait qu’il permit quand même à l’équipe de participer au play offs (de justesse au détriment de Lyon), il eut aussi des initiatives solidaires comme repeindre le vestiaire de l’équipe première avec logo du club et citations d’abnégation et d’encouragement au travail, comme cela se fait beaucoup maintenant.
|
Photo Archives AHC - Michel Vallière |
Michel Vallière Gardien de But Clermont saison 89/90 |
Ce fut aussi cette saison là qu’on adopta définitivement le nom-totem que j’avais proposé il y a quelques années au club et que tout le monde connaît dorénavant : les Sangliers Arvernes. Je reste persuadé qu’il n’y est pas pour rien. L’équipe terminera dernière de cette poule de play offs mais Michel aura tapé dans l’œil de bien des observateurs, à commencer par un certain Bob Gainey, ancien joueur-capitaine vedette des canadiens de Montréal et qui cette même année faisait une « expérience exotique » remarquée en tant qu’entraîneur-joueur à Epinal. Il n’y resta qu’une saison avant de repartir en NHL en tant qu’entraîneur-chef puis directeur-gérant des North Stars du Minnesota. Il n’oubliera pourtant pas Michel Vallière qu’il convia au stage de pré-saison de sa franchise. Malheureusement pour lui il ne sera finalement pas gardé et Michel regagnera Clermont en novembre 90 mais cette fois avec la double nationalité franco-canadienne. Cela permit au nouvel entraîneur Jacques Delorme de pouvoir être aussi présent sur la glace où il fut un précieux renfort à l’arrière.
La suite : après une brillante saison, l’équipe finira à nouveau 3ème (suivant cette fois la formule qui prévaut toujours aujourd’hui dans les play offs). Cela ouvrit, un peu à leur corps défendant, les portes de l’élite aux Sangliers.
Michel Vallière ne resta pas et il part d’abord pour Chamonix avant de rejoindre un nouveau venu en élite aux dents longues, Brest, avec lequel il sera champion de France. Mais surtout grâce à sa naturalisation il sera appelé rapidement en équipe de France; certes trop tard pour Alberville (92*) mais à temps pour participer à la grande fête olympique de Lillehammer en 94*. Il accomplissait par la même un rêve de jeunesse.
Pour le hockey clermontois ce fut moins glorieux car cette montée en élite lors de l’année des JO d’Albertville – raison d ‘ailleurs de cette promotion – se révélera être un cadeau empoisonné mais ceci est une autre histoire.
Rappel : Les JO de Lillehammer ont bien eu lieu 2 ans après Albertville puisque ce fut là l’occasion de créer ce décalage avec les JO d’été que l’on connait de nos jours pour que ceux d’hiver n’est plus lieu la même année.