Suisse - Allemagne : 3-2 ap (1-1, 1-1, 0-0, 1-0)

Laurent Lardière

Joie suisse devant les fans

Comme vous pourrez prochainement un peu mieux vous l’imagniez en images avec la galerie que vous proposera Laurent Lardière, l’ambiance était assez extraordinaire aux abords de la patinoire avant ce match toujours très attendu : Suisse – Allemagne, le derby germanique, l’affrontement entre frères ennemis, très souvent proches dans la hiérarchie mondiale de cette dernière décennie.
Avant même l’échauffement, la patinoire était déjà très bien garnie ! Enormément d’ambiance lorsque les Helvètes pénétraient sur la surface de glace pour l’entraînement d’avant match, et sifflets en veux-tu en voilà lors de l’entrée de l’équipe allemande. Mais c’était bien évidemment de bonne guerre de la part des supporters helvétiques.
« Hourra die Deutschen sind da ! » scandaient les supporters allemands placés dans un des coins de la patinoire. Une demi-heure avant le début du match, les fans s’envoyaient déjà les traditionnels chants, de quoi  faire monter la sauce avant même l’entrée des joueurs. Qui de la Mannschaft allemande ou de la Nationalmannschaft suisse sortirait gagnante de ce duel fratricide ? Une chose est sûre, l’affiche était équilibrée, avec des Suisses plus techniques et plus talentueux, mais avec une pression assez énorme qui finalement donnait un atout certain à l’Allemagne, qui chaque année rêve battre la Suisse.

Premier tiers-temps
La Suisse démarrait bien son match, avec une première action très dangereuse pour Sandy Jeannin qui déviait devant le portier allemand. Peu avant le premier quart du tiers, Andres Ambühl s’offrait une belle occasion avec un petit slalom dans la défense allemande ponctué d’un joli tir du poignet depuis l’enclave. Dans l’enchaînement (4’47’’), Ivo Rüthemann se faisait pénaliser par l’arbitre Sami Partainen, dans une bronca assez difficilement descriptible. Sur le power play, l’Allemagne ouvrait la marque sur sa première réelle opportunité grâce à Christoph Ullmann, qui reprenait une déviation de Martin Gerber sur un shoot initial de Sven Butenschön, lui-même parfaitement démarqué  dans le slot par Yannic Seidenberg, (6’26’’, 0-1 pour l’Allemagne).
Mais la Suisse réagissait directement. Patinant plus vite, jouant plus intelligemment que contre la France, la Nati égalisait grâce au talent offensif de Sandy Jeannin et Romano Lemm, qui tournaient autour de la défense allemande avant de servir sur un plateau en argent Roman Wick, bien placé dans l’enclave (8’36’’, 1-1). L’Allemagne semblait alors perdre le fil. A  chaque intervention douteuse d’un Allemand, le public mettait une pression complètement folle sur le corps arbitral. Christoph Ullmann sortait d’ailleurs pour avoir fait trébucher son adversaire (9’09’’). Le gardien allemand réalisait des miracles devant Roman Wick et ses coéquipiers en début de situation spéciale.  Puis systématiquement alignés à quatre sur la ligne bleue, les Allemands gênaient considérablement le jeu de puissance helvétique en seconde partie. Un jeu de puissance suisse moins efficace que ces dernières années, dû évidemment à l’absence pour blessure de Paul DiPietro, le chef d’orchestre qui avait battu presque à lui seul le Canada aux derniers Jeux Olympiques de Turin.
Sur l’ensemble de la période, ce score de 1-1 n’était pas illogique du tout. D’ailleurs la statistique de 7-8 au niveau des tirs cadrés l’atteste.

Laurent Lardière

Le capitaine Mark Streit

Second tiers-temps
Le tiers-temps médian commençait très bien pour la Suisse, qui dominait les débats. Le 2-1 tombait comme un fruit mûr après plusieurs tirs suisses successifs, lorsque Mathias Seger héritait du puck à la ligne bleue et… « boum ». Le défenseur des ZSC Lions donnait l’avantage aux joueurs locaux d’un boulet de canon dont il a le secret (23’25’’, 2-1 pour la Suisse). Ryan Gardner ratait ensuite le coche, pourtant extrêmement bien placé face à Dimitri Pätzold. Suite à un check contre la bande de Martin Plüss (28’45’’), l’Allemagne se procurait des belles chances de revenir sur le power play, mais Martin Gerber sortait un match époustouflant. Le gardien des Toronto Maple Leafs n’était pas le seul à impressionner, le jeune défenseur Roman Josi, né en 1990, recevait pas mal de temps de glace et de responsabilités en infériorité  numérique. Le jeune défenseur du SC Bern sera assurément en NHL d’ici peu de temps. Après cette pénalité, la Suisse remettait la compresse, notamment par Julien Sprunger, qui manquait de peu une reprise directe devant Dimitri Pätzold. Les Allemands n’avaient pas d’autres alternatives que d’envoyer la rondelle en fond de patinoire. Acculée, dominée, la Mannaschaft prenait une nouvelle pénalité (32’10’’, Frank Hördler). Et comme souvent en hockey sur glace, c’est l’équipe dominée qui marquait, soit l’Allemagne. Après un rebond heureux, les Allemands partaient en contre et le défenseur des Ottawa Senators Christoph Schubert battait Martin Gerber (33’02’’, 2-2). Le tout en infériorité numérique, de quoi agacer Ralph Krüeger… A moins de deux minutes de la pause, Mark Streit manquait à son tour le coche en concluant mal une sublime triangulation avec Roman Wick et Romano Lemm, le score restait bloqué à 2-2. Situation des tirs cadrés : 24-18 pour la Suisse.

Dernière période
Malgré une petite période en double supériorité numérique (40’44’’ Christoph Schubert pour holding, 41’47’’ Moritz Müller pour hooking), la Nati ne parvenait pas à reprendre l’avantage. La Suisse est un pays presque exclusivement montagneux. Et les joueurs suisses en auront raté, des montagnes ! Il faut dire que Dimitri Pätzold réalisait un match absolument incroyable devant la cage allemande. Poissarde, la Suisse continuait de manquer des occasions, des parties de billard devant la cage allemande, des reprises instantanées à ras le poteau, des déviations in extremis de Dimitri Pätzold,  bref, la Suisse était presque aussi maladroite à la conclusion que contre la France. A cinq grosses minutes de la fin du match, l’Allemagne revenait dans le coup avec une double supériorité numérique (51’24’’ Andres Ambühl pour elbowing, 53’07’’ Roman Josi pour retarder le jeu). Un Sandy Jeannin héroïque écartait plusieurs fois le danger en plongeant sans canne sur les lourds shoots allemands de la ligne bleue. Martin Gerber assurait le reste et le score restait de 2-2.  Comme aucune équipe ne parvenait à prendre le dessus, les prolongations étaient nécessaires, comme si la pression n’était déjà pas assez forte. A noter que le « mal offensif helvétique » est toujours bel est bien présent, avec 14 tirs cadrés contre 4 en faveur des Suisses dans la dernière période, pour un total de 38-22 sur l’ensemble du match. Avec cette situation, on ne peut que regretter que des attaquants aussi déterminants en NLA comme Michel Riesen, Marcel Jenni ou Reto Von Arx soient systématiquement écartés sous prétexte que le coach ne les aime pas…

Laurent Lardière

Le but victorieux de Mark Streit

Prolongation
Après 41 secondes, Michael Bakos sortait pour avoir fait trébucher son adversaire. Vu que l’engagement à suivre avait lieu en zone allemande, Ralph Krüeger prenait son temps-mort. Coaching gagnant de la part du sélectionneur helvétique. Le but de la  victoire qui délivrait les 11'423 spectateurs tombait de la crosse de Mark Streit, qui envoyait un missile de la ligne bleue qui transperçait littéralement Dimitri Pätzold (61’18’’, 3-2 pour la Suisse).
C’est donc au bout d’un match rempli d’émotions, de beau jeu, de technique, de tactique, de jeu physique et dans une ambiance de fête exceptionnelle que la Suisse obtenait sa deuxième victoire du tournoi. Quand toute la patinoire chante l’hymne national après une victoire suisse, c’est assez fantastique. On en redemande !

Les étoiles de Hockey Hebdo
*** Dimitri Pätzold
**Martin Gerber
*Mark Streit

Buts (Suisse) : 8'36 : Roman Wick, 23'25 : Mathias Seger, 61'18 SUP1 : Mark Streit

Buts (Allemagne) : 6'26 SUP1 : Christoph Ullmann, 33'02 : INF1 Christoph Schubert

Tirs
Suisse : 38
Allemagne : 22

Pénalités
Suisse : 14'
Allemagne : 12'