USA - Suisse : 3 - 4 AP (0-1, 2-1, 0-1, 0-1)
| Photo : Christophe Moreau | Julien Sprunger qui a subit une lourde charge |
Dernier match du groupe E entre la Suisse et les Etats-Unis d’Amérique. Pour les Suisses, les choses étaient claires : une victoire dans le temps réglementaire et l’équipe terminait troisième du groupe derrière la Russie et la Suède, alors que tout autre résultat correspondait à une élimination dès le second tour. Ralph Krüeger le disait dans la presse, « wir müssen alle zusammenhalten »,traduction : « nous devons tous être solidaires ». A noter que l’un des juge de ligne était le Français Eric Bouguin.
Premier tiers-temps
C’est une Suisse conquérante et dominatrice qui démarrait cette partie cruciale le pied au planché. Le retour de Julien Sprunger dans l’alignement impliquait comme principal changement l’absence de Ryan Gardner, pas à son aise dans le système de Ralph Krüeger depuis le début du tournoi et surtout blessé (il était en tribune de presse avec une attelle à la main). Les Helvètes se procuraient les meilleures chances, notamment par Roman Wick et Andres Ambühl, mais Robert Esche restait très attentif. Premier tournant du match, un cross-check à la bande absolument odieux de David Backes sur Julien Sprunger lui valait une expulsion et une pénalité incompressible de cinq minutes (7’15’’). A côté de nous, la petite amie de l’attaquant de Gottéron osait à peine regarder la glace alors que les samaritains, la civière et tout le tremblement étaient présents pour relever le jeune attaquant suisse et le ramener vers son banc, sous les applaudissements de Ron Wilson et de la majorité des joueurs américains. Le Suisse était immédiatement envoyé à l’hôpital (blessure à la nuque). Les choses se gâtaient pour les Américains lorsque Dustin Brown s’en prenait à Mark Streit (7’47’’ pour dureté excessive), sous une trombe de sifflements assez incroyable du public suisse. En double supériorité numérique, la Suisse ouvrait la marque grâce à Andres Ambühl, qui reprenait une rondelle mal dégagée par un défenseur américain sur un rebond de Robert Esche après un tir de la ligne bleue de Severin Blindenbacher (9’42’’, 0-1 pour la Suisse). Toujours avec un homme de plus, la Suisse continuait de presser en multipliant les tirs, mais les USA tenaient sans prendre d’autre but. Sous les yeux du Président de la Confédération helvétique M. Hans-Rudolf Merz, les Etats-Unis retrouvaient petit à petit leurs esprits. Le match était houleux et à la moindre petite occasion, les joueurs se mettaient des petits coups, à l’image d’Andres Ambühl ou Dustin Brown. Deuxième tournant du match: pénalités en faveur des USA contre Goran Bezina (18’36’’, obstruction) et Felicien Du Bois (18’39’’, hooking), ce qui offrait une double supériorité numérique intéressante pour les Américains. Mais ces derniers n’en profitaient pas, Patrick O’Sullivan devant sortir à son tour (19’49’’ pour obstruction).
Second tiers-temps
La période intermédiaire démarrait à l’avantage de la Suisse, plus volontaire que jamais depuis le début de ce mondial. Mais une pénalité contre Thierry Paterlini (24’59’’ pour obtsruction) changeait la donne. Sous les sifflets continus du public, les Etats-Unis égalisaient sur un boulet de canon de l’entrée du slot signé Ron Hainsey (25’57’’, 1-1). Peu de temps après, Yannick Weber était à son tour envoyé sur le banc (27’00’’ pour retarder le jeu). Sur le power play, les USA marquaient un but, annulé à raison par les arbitres pour une crosse haute du buteur américain. Très dangereux et surtout très rapides (marque de fabrique du hockey suisse), les attaquants helvétiques redonnaient l’avantage à la Nati grâce à Romano Lemm, sur assist du routinier Sandy Jeannin (29’03’’, 1-2 pour la Suisse). Dès lors, le match s’emballait ; coéquipiers aux New York Islanders, Kyle Okposo et Mark Streit s’envoyaient des fleurs (31’43’’ pénalités contre les deux joueurs pour dureté excessive. Un peu plus tard, les Suisses touchaient le poteau de Robert Esche et sur le contre, les Américains égalisaient par Chris Higgins, qui trompait Martin Gerber (35’08’’, 2-2). A 36 secondes du terme de la période, alors que Andres Ambühl chauffait déjà le banc (38’21’’ pour slashing), Sandy Jeannin était lui aussi envoyé sur le banc, de manière plutôt contestable (39’24’’ pour tripping). En double supériorité numérique, Ron Hainsey remettait les ouverts et battait Martin Gerber (au dessus de l’épaule) d’un tir parfait de l’entrée du slot… (39’48’’, 3-2 pour les USA). Pour la première fois du match, les joueurs à la bannière étoilée prenaient l’avantage.
Dernier tiers-temps
La première partie de l’ultime période passait très vite avec peu d’arrêts de jeu. Les Suisses manquaient de peu l’égalisation à plusieurs reprises sur un power play suite à une pénalité contre Zach Bogosian (45’41’’ pour tripping). Mais quand elle veut, la Suisse peut atteindre les sommets. Sur un contre rapide lancé par Ivo Rüthemann (avec un rebond heureux), Martin Plüss égalisait en reprenant depuis le rond d’engagement en zone américaine un centre de Felicien Du Bois (49’42’’, 3-3). Alors qu'il ne restait que 77 secondes à jouer, Ralph Krüeger demandait son temps-mort et Martin Gerber sortait se sa cage. Les Américains, par Jason Blake, rataient le but de la victoire, tout d'abord en dégageant sur le poteau, puis en se faisait prendre tout seul en position de hors-jeu (...). Le match se terminait sur ce score de 3-3, ce qui disqualifiait l'équipe de Suisse
Malgré le coup, la Nati remportait quand même le match après seulement 13 secondes de prolongations grâce à Roman Wick (60'13'', 3-4 pour la Suisse). Avec cette victoire, la Suisse s'assure quand même une (bien décevante) neuvième place, ce qui lui permet de rester devant la Slovaquie et l'Allemagne au classement de l'IIHF.
Les étoiles de Hockey Hebdo
*** Ron Hainsey (USA)
** Martin Plüss (SUI)
* Roman Wick (SUI)
Il est évident que le fait de jouer à domicile n'a pas aidé la Suisse. La forte médiatisation du hockey sur glace en Suisse a mis une pression trop forte sur l'équipe. Comme le disait Ralph Krüeger, le match clé (contre la Lettonie) joué au Kazakhstan ou au Canada aurait vu une victoire suisse sans problème. C'est donc surtout dans la tête que cela n'a pas fonctionné comme prévu. Les seuls bons matchs disputés par la Suisse dans ce mondial auront été ceux contre la Russie (perdu 2-4) et les Etats-Unis (victoire 4-3 après prolongations).
Pour la presse suisse, ce cuisant échec marque la fin de l'ère Ralph Krüeger. A son arrivée en 1998, il reprenait l'équipe avec les championnats du monde en Suisse. Moins attendue qu'aujourd'hui, l'équipe helvétique avait terminé au quatrième rang final, grâce notamment à une victoire 4-2 contre la Russie dans le tour intermédiaire. A cette époque, Ralph Krüeger ne pouvait pas se permettre le luxe d'écarter les têtes qui ne lui revenaient pas, étant nouveau à son poste. La Suisse n'était, en 1998, pas loin de présenter la meilleure équipe possible, ce qui n'était malheureusement pas le cas cette année. Le système de jeu de Ralph Krüeger est aussi remis en cause, n'ayant presque pas évolué avec le temps. Ce manque d'ambitions commence à soulever toujours plus de contestations et un prolongement du contrat de Ralph Krüeger après 2010 semble difficilement imaginable.
Buts USA : 25.57' Hainsey PP1 (Pavelsky), 35.08' Higgins (Ballard), 39.48' Hainsey PP2
Buts Suisse : 9.42' Ambuhl PP2 (Blindenbacher), 31.03' Lemm (Jeannin), 49.42' Pluss (Du Bois), 60.13' Wick
Pénalités
USA : 33'
Suisse : 14'
Tirs
USA : 24
Suisse : 25
Classement
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