Le regard fixé en direction de la tribune de presse, Baptiste Amar est resté plusieurs longues secondes avant de reprendre son échauffement, comme pour souligner son grand retour à Pôle-Sud après des semaines d'absence forcée. Comme un symbole, on voyait ainsi le Grenoblois se préparer tandis qu'en face, Carl Lauzon restait en tenue de ville sur le banc pour une absence momentanée. Avec le retour d'Amar, de Bedin et de Suzzarini (lequel semblait avoir assez mal à sa cheville en fin de rencontre), l'infirmerie s'était bien vidée et seuls Aquino et Desrosiers manquaient à l'appel.
Vous retrouverez l'interview de Baptiste Amar au bas de l'article
| Photographe: Jean-Christophe Salomé | Le Blond inscrit le troisième but de Grenoble |
Ronan de Roncevaux
Le début de rencontre voyait les deux équipes se répondre par plusieurs incursions dangereuses ponctuées de tirs sur les gardiens, Avenel s'y collant le premier avant que Kara ne rétorque sur le même ton. Plusieurs offensives grenobloises échouaient toujours sur Hardy bien placé, tandis que les réponses plus sporadiques des Hauts-Savoyards se voyaient repoussées par une défensive grenobloise en net progrès par rapport au premier face à face entre les deux équipes à Pôle-Sud cette saison.
L'impression de voir des Isérois plus décidés et une équipe de Chamonix pas franchement en forme allait perdurer jusqu'à une première pénalité contre Grenoble. Le jeu de puissance chamoniard était à deux doigts de marquer mais trouvait Quemener qui repoussait avec autorité, les visiteurs manquant tout de même de cette vitesse d'exécution et de ce réalisme qu'on avait vu dans la rencontre précédente.
Plus actifs, et maîtrisant nettement mieux leurs relances, les Brûleurs allaient se créer de très nombreuses occasions mais jamais de lancers ou slaps rapides et cadrés qui auraient pu faire la différence. Malgré deux pénalités, les joueurs de coach Dufour présentaient ainsi un visage incontestablement séduisant dans tous les compartiments du jeu sauf en matière de finition proprement dite et de pénalités stupides concédées (12x2 au final tout de même), bénéficiant au passage de très nombreuses largesses d'un adversaire décidément très en dedans ce soir.
On peut dès lors voir défiler les occasions sérieuses, comme Sivic bien lancé par Avenel qui voit son palet revenir devant la cage ouverte sans partenaire pour le reprendre à 6"24, ou encore Arrossamena qui manque un centre de Tartari, lequel se créera également deux possibilités de marquer mais verra ses palets manquer la cible à 11"39. Côté chamois, Hardy fait le métier mais sans avoir d'arrêts déterminants à effectuer.
On se met alors à penser que Chamonix pourrait faire payer cash ce manque de finition aux Grenoblois, mais sur les trop rares occasions des Chamois, Quemener dit non seulement "non", mais avec une autorité et une précision qui nous renvoient l'image d'un gardien enfin en confiance, ce qui fait clairement toute la différence avec son début de saison.
Tirs 21/6 pour Grenoble
| Photographe: Jean-Christophe Salomé | Bat is back !!! |
Buvez, Elie-minez!
A peine revenu de la pause, on allait voir un Grenoblois enfin faire exactement ce qu'il fallait pour marquer et logiquement y parvenir. A 20"46, Elie Raibon faussait compagnie à un défenseur chamoniard qui heurtait la bande avec violence en tentant de le bloquer à mi-glace, et filait vers le but. Le jeune Grenoblois arrivé à la bonne distance levait sa crosse et collait un slap qui trouvait la lucarne de Hardy totalement impuissant dans l'affaire, vérifiant du même coup le bon conseil donné par certains coachs de la vieille école canadienne à l'auteur de l'article quand il jouait encore il y a des années: "Quand tu es pas doué pour les feintes, lancers rapides et autres tricotages, tu slappes à fond et cela rentre souvent si tu le fais sans te poser de questions". (1-0)
Déjà victime de tangages sérieux, le navire haut-savoyard allait prendre l'eau dans les minutes suivantes. Dufresne servait Ouimet idéalement à mi-glace et, à 26"34, et il s'en fallait vraiment de peu que les Isérois ne doublent la mise, bénéficiant de largesses défensives surprenantes. Mais que se passait-il donc chez les Chamois pour voir de tels oublis et retards dans le replacement ? Fatigue après la rencontre face à Morzine ? Mauvaise soirée de joueurs clefs ? Sauf à considérer que Chamonix n'ait pas d'intérêt pour la Coupe de France, ce qui semble étrange, avouons que le coup de moins bien est tout de même assez surprenant même si ce n'est clairement pas la même équipe de Grenoble par rapport au mois écoulé à Pôle-sud.
A 24"36, ce qui devait arriver arriva avec un déboulé de Sivic, ponctué comme à son habitude d'un recentrage vers le gardien. De manière étonnante à ce niveau, on ne trouve aucun défenseur pour venir contester son mouvement et lancer potentiel, ce bon Mitja presque surpris ayant le temps de glisser plein centre vers Hardy, de le fixer, d'ajuster comme à l'entraînement entre copains, et de placer le palet en bas au ras du poteau, et ceci sans qu'un seul Chamoniard ne vienne le contrarier. (2-0)
Les 15 minutes suivantes seront marquées par une pluie de pénalités que l'on pourra voir comme un peu trop nombreuses (9 tout de même) vu le caractère extrêmement correct de la rencontre et certains choix de ne pas siffler les mêmes contacts en première période.
Chamonix va alors bénéficier de plusieurs pénalités après un surnombre puis un retard de jeu des Grenoblois pour s'offrir près d'une minute et demie de 5-3 préparée par un temps mort à 33"22. Pourtant, sur la seule occasion de Kara bien servi plein centre, le Chamoniard voit sa reprise rapide et bien cadrée trouver Quemener qui fait sans doute l'arrêt de la rencontre en se couchant horizontalement pour occuper un maximum d'espace et repousser ainsi ce coup violent à bout portant. Cet exploit qui conduira la presse à le désigner meilleur joueur de la rencontre avec un blanchissage à la clef, plutôt qu'un Elie Raibon qui pouvait largement y prétendre, va également dégoûter quelque peu des visiteurs qui comprennent que l'affaire est bien mal engagée.
Tirs 10/11 Grenoble
Ronan le Barbare
Le début de troisième période peut laisser espérer une réaction des visiteurs, après une fin de période plus équilibrée. Pourtant, c'est à nouveau Grenoble qui met la gomme avec Elie Raibon qui propose clairement son match le plus complet à Pôle-Sud depuis le début de la saison. Le buteur cette fois va s'en aller lancer sur Hardy qui repousse péniblement et c'est Le Blond qui reprend derrière pour compter, un but qui récompense la très forte activité du joueur depuis plusieurs rencontres. (3-0)
Avec un jeu de puissance hors du coup, Chamonix paraît encore en quête d'oxygène et ne va pas profiter d'une énième pénalité grenobloise avec un Quemener solide comme un roc et qui commence à parler du pays à ses défenseurs lors de leurs erreurs ce qui est plutôt bon signe pour les Isérois.
A 47"51, Sivic transmet à Avenel qui va copier son ami Raibon pour un nouveau slap lucarne qui commence à donner au score une ampleur certaine. (4-0)
C'est le moment que choisit Rouleau pour faire deux fautes coup sur coup et la seconde va enfin permettre à Chamonix de réduire le score à 51"28 par Kara, sans doute le meilleur Chamois ce soir, assisté par Aimonetto. (4-1)
Sentant son groupe un peu trop joyeux, Dufour va alors demander un temps mort et malgré deux nouvelles pénalités grenobloises dont une pour un surnombre vraiment superbe avec les six joueurs en train de s'activer en zone offensive, plus rien ne sera marqué.
tirs 14/7 Grenoble
| Photographe: Jean-Christophe Salomé | Quemener dit non ! |
Le Ronan de Renard
Grenoble cherchait un match référence, c'est fait. Face à une équipe du haut de tableau de Magnus, les joueurs de Jean-François Dufour ont présenté un visage séduisant qui souligne toute la différence entre une équipe sans confiance ni fondamentaux dans la relance en particulier, et une autre avec des solutions pour remonter le palet, et de la vitesse au service d'un collectif qui lui donne l'assurance en ses moyens. Défensivement, les Brûleurs ont non seulement des arrières qui font leur travail et plutôt bien ce soir à l'image d'un Dusseau très sobre, et avec la rentrée prudente d'un Amar qui avait laissé le capitanat à Baylacq ce qui paraît intelligent vu l'effet produit, mais également un gardien qui dit non. Car ce soir on a vu un Quemener qui nous a donné quelques informations sur ce qu'il peut faire de mieux, et qui paraît en confiance ce qui fait toute la différence pour un joueur aussi jeune à ce poste. Utilisant bien son physique et sa taille pour un papillon rapide, il occupe bien la cage et propose tant une mitaine qu'un bouclier performants, avec des réflexes très rapides vu sa grande taille. Jusqu'ou peut-il aller? Sans doute encore plus loin que ce que l'on a vu ce soir, en particulier dans la communication avec sa défense et un côté intimidant qu'il commence à avoir par très courtes séquences, en particulier dans le contact avec l'adversaire. A suivre avec intérêt ces prochaines semaines en sachant qu'il faut désormais lui donner le droit de prendre un but stupide sans crier au scandale.
Offensivement, Grenoble propose un jeu plus collectif, avec des cadres comme Ouimet qui est franchement plus dangereux quand il propose ce petit plus en jeu collectif, ou encore le duo Le Blond-Avenel dont on attend raisonnablement une certaine régularité. S'il reste le problème de l'efficacité offensive, il ne faut pas cracher sur le nombre d'occasions très élevé car l'expérience doit améliorer la statistique et surtout on verra ainsi des fautes provoquées et des efforts défensifs fatigants chez l'adversaire.
Côté mauvais points, 24 minutes de pénalités mineures vous condamnent face à un adversaire possèdant un jeu de puissance compétitif.
Alors Grenoble peut-il repartir à l'assaut de la Magnus ? Encore un poil trop tôt pour le dire car les Brûleurs sont passés face à une bonne équipe déjà qualifiée en Coupe de la Ligue, à une autre ne jouant pas devant son public, et une troisième dont ce n'était clairement pas le soir. Que d'excuses pour minimiser une bonne série peut-on répondre. Certes, mais la machine grenobloise ne doit pas s'emballer et surtout montrer qu'elle peut gagner face à un haut de tableau qui sera lui dans un bon soir et ne laissera pas 45 tirs et des trous d'air en défense...tout en capitalisant davantage qu' un seul but sur douze tentatives de jeu de puissance...
Interview de Baptiste Amar :
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