Photographe : Christophe Moreau / JC Simonin

Les yeux dans les ... noirs et jaunes

Le jeu commence rapidement, car les deux équipes se connaissent bien et le round d’observation est très court. Les deux équipes s’étaient déjà rencontrées deux fois depuis le début de la saison, et l’issue a été la même à chaque fois, à savoir en faveur de Strasbourg. C’est d’ailleurs un Strasbourgeois, Pierre Antoine Devin, qui ouvre le score à 2’38. Servi par Dufournet puis Marcos, “Pitch” déjoue la vigilance du gardien Spinalien, et ce trio attaquant impose d’entrée l’énergie et la puissance qu’ils vont déployer tout au long du match.

Le compteur est débloqué, et cela donne des idées. Les deux équipes échangent des attaques et le jeu circule d’une cage à l’autre. Après un essai infructueux de Tarantino à 4’42, ce sont les spinaliens qui contre-attaquent et vont menacer la défense strasbourgeoise. Agostini subtilise le palet de la crosse du défenseur et shoot immédiatement. Le tir, légèrement soulevé, passe au-dessus de l’épaule du portier Strasbourgeois, et fournit à Épinal l’égalisation après 5’14 de jeu. L’égalisation du score reflète le jeu sur la patinoire. En effet, aucune équipe ne parvient à prendre l’ascendant sur l’autre. Les actions se multiplient, mais de part et d’autre, la défense semble briser toute construction attaquante, et les tirs menaçants se font rares. Il faudra attendre 9’39 pour admirer la réitération du remarquable trio : Dufournet passe à Marcos, qui tire de loin, et Devin complète l’action en déviant le palet au fond des filets spinaliens (2-1).

Le jeu poursuit son cours, toujours très fair-play : aucune pénalité n’a encore été sifflée. À 15’05, Marcos a la possession de la rondelle et fonce droit vers le but, s’emmêle avec un défenseur spinalien qui l'envoie glisser et percuter le gardien. Lacasse semble blessé, mais il se relève tout de même et reste sur la glace.

La fin imminente de la première période échauffe les esprits. L’attaque strasbourgeoise tourne autour des buts adverses : Devin, auteur des deux premiers buts, signe sa première assistance en plaçant le palet sur la crosse de Marcos, tout proche des cages, permettant à son capitaine de trouver l’ouverture et de marquer le troisième but. Il ne faudra que quelques instants, le temps de changer la ligne attaquante, pour que les jaunes et noirs retrouvent le chemin des filets. Cayer, en embuscade derrière le but, passe à un Cibula parfaitement centré, qui shoot et marque, ce qui conclut ce premier tiers, riche en buts (4-1). Le premier tiers-temps a été le plus équilibré des trois, mais Strasbourg a eu plus de réussite et de conclusion dans ses offensives.

Engagements : 10 - 6 pour Strasbourg

Tirs : 12 - 9 pour Strasbourg

Photographe : Christophe Moreau

L'incident entre Pellegrino et les arbitres

La deuxième période démarre fort. Seulement 46 secondes après la mise en jeu, le trio strasbourgeois frappe encore : Dufournet centre le palet pour Devin juste en face des cages, mais le passage est bouché par le gardien. Il décentre alors à Marcos, qui parvient à trouver l’angle pour glisser la rondelle au fond du filet, 5-1. Strasbourg prend vite le dessus dans cette deuxième période, et le jeu est fréquemment en zone spinalienne. Mais les Dauphins ne se laissent pas faire : ils reprennent le jeu en main, remontent rapidement, et dans un jeu de passe entre Plch, Petrak et Simko, ce dernier arrive à trouver la faille et inscrit le deuxième but spinalien.

C’est le début d’une remontée fulgurante, car deux fois en cinq minutes, on assiste a un scénario sensationnel : une pénalité de la part d’un spinalien qui entraîne un powerplay strasbourgeois, et à chaque fois, les spinaliens en infériorité contre-attaquent et marque. La première fois, c’est par surprise que Kuuluvainen chipe le palet, remonte la patinoire seul et feinte Beck pour inscrire le premier but en infériorité et confirmer le retour d’Épinal ! Trois minutes après, les spinaliens, à nouveau en inferiorité, reprennent le palet pour contre-attaquer, Benchabane l’envoie à Chipaux, seul devant le gardien, qu’il feinte. Les dauphins remontent à un seul but de retard, 4 à 5.

Mais si les dauphins font preuve d’habileté et de contre-attaques surprenantes lors des jeux en sous-nombre, ils arrivent aussi à brouiller la défense strasbourgeoise lors de leur premier power-play. C’est à travers une frappe de Plch, servi par Boisclair, que les vosgiens égalise. Les strasbourgeois sont auteurs de nombreuses actions et de gestes tactiques offensifs rondement menés, mais cela ne paie pas. En contrepartie, ils présentent des failles en défense en ce début de période et autorisent presque chaque perte du palet à se transformer en tir, puis en but spinalien.

L’égalisation d’Épinal remet les pendules à l’heure, et Strasbourg, qui menait en terme de tirs et de temps de possession du palet, en remet une couche, multiplie les offensives, et inflige une pression considérable sur la défense spinalienne. La loi des séries prend effet : Épinal vient d’enchaîner 4 goals, c’est au tour des locaux d’en inscrire 6 à la suite ! Ce sont Cibula, Bradley et, pour conclure entre les jambes du gardien, Svete qui ouvriront le bal à 28’13 (6-5). Ils seront immédiatement suivis par Cruchandeau, qui passe à Lehtisalo, remontant en direction des cages. Il décoche un tir ciblé dans la lucarne du but, juste au-dessus du gardien spinalien impuissant (7-5). Moins d’une minute après, le déluge qui s’abat sur les cages d’Épinal continue. Cayer shoot, mais le palet ricoche sur le gardien, Cibula le récupère et enfonce le clou pour inscrire le 8ème but.

À ce point du jeu, 29’45, les arbritres demandent à discuter avec le coach de la dernière action, impliquant une pénalité de banc pour Épinal, mais le coach refuse de descendre de son banc et d’obtempérer. S’ensuit un long moment de flottement, de parlementations entre arbitres et spinaliens. Les joueurs s’impatientent, tout comme le public. Cet incident se conclut par une sanction à l’encontre du coach pour une méconduite pour le match et attitude anti-sportive.

C’est dans cette ambiance étrange que le jeu reprend enfin. La pression strasbourgeoise ne faiblit pas et 10 secondes suffisent aux jaunes et noirs pour reprendre leur cadence de buts. Marcos et Dufournet montent, font un “une-deux” et le capitaine déjoue l’attention de Ravel (9-5). C’est ensuite Maxime Mallette, assisté de Lehtisalo, qui inscrit le 5eme but en 3 minutes (10-5) ! La fin de la deuxième période approche, émaillée de quelques frictions et la tension est palpable. Cibula conclut par un centre sur Cayer, qui lui repasse le palet, et le slovaque marque, mettant fin à la période ainsi qu’aux espoirs spinaliens, ensevelis sous le score de 11-5. La période a été dominée de la tête et des épaules par Strasbourg, malgré un début tonitruant d’Épinal.

Engagements : 17 - 11 Strasbourg

Tirs : 24 - 7 Strasbourg

Photographe : Christophe Moreau

Le hat-trick pour Pitch !

Le troisième tiers commence moins fort dans le jeu mais paradoxalement plus tendu dans l’ambiance. À 40’54, Cayer attaque mais rate son tir, et son élan l’envoie violemment dans le gardien qui est sonné. Il reste allongé immobile pendant quelques minutes, laissant présager le pire, mais il finit par se relever et restera jusqu’à la fin du match. Strasbourg défend néanmoins férocement pendant la pénalité de Cayer, et très peu d’occasions sont laissées aux Dauphins. C’est finalement quand les équipes sont au complet que Plch et Simko trouvent les filets Strasbourgeois dans un habile jeu de passe, et les Dauphins remontent 11-6.

Les deux camps ont des mauvais gestes ici et là et les pénalités tombent dru. Mais les powerplay sont mal exploités et ne concluent pas à des buts. On remarque tout de même de belles actions : un slapshot puissant de Mallette depuis la bleue à 46’59, mais bloqué ; un beau tir de Simko qui va faire résonner la transversale à 50’04. En bon capitaine, Marcos met à profit la supériorité numérique à 52’18. Devin arrive au centre, décale sur la droite à Marcos, qui trouve l’ouverture qui lui a déjà souri un peu plus tôt et inscrit là son 4ème but de la soirée (12-6).

Lors d’un énième powerplay Strasbourgeois, à 53’20, Petrak s’empare du palet et remonte la patinoire seul. Une formule qui a marché plusieurs fois en 2eme période, mais malgré un tir bien placé en hauteur, Beck ne se laisse plus surprendre et l’arrête. Le jeu est moins rythmé de part et d’autre, en partie à cause des pénalités et arrêts de jeu nombreux.

À 53’44, pendant d’une action spinalienne, Devin charge l’attaquant dans le dos. Boisclair, furieux, lui saute à la gorge et le malmène violemment, à tel point que les arbitres ont du mal à s’interposer. Devin écope de 10+2+2+2 minutes de pénalité, alors que Boisclair s’en tire avec 2+2 pour jeu dur. Les pénalités s’annulent entre elles, et Épinal se retrouve en supériorité pendant 2 minutes. Cela suffit à Petrak et Agostini, qui servent royalement Plch. Il tire loin des cages mais vise juste et inscrit l’ultime but du match, pour revenir 12-7.

Par la suite, la partie reste intense même sans but. À 17’39, Chipaux envoie un tir puissant sur un gardien strasbourgeois mis à forte contribution en cette fin de match, qui l’arrête. Quelques secondes après, Chipaux tombe au sol, probablement touché à la tête par un mouvement de crosse d’un défenseur. Il se tient la tête et reste au sol un long moment, avant de se relever en un éclair et d’attaquer violemment Burgert, peut-être à l’origine du mouvement de crosse. Les arbitres le jettent au sol et le ceinture à deux, tant Chipaux est virulent.

Le troisième tiers s’achève beaucoup plus tranquillement, comme si assez de coups et de pénalités avaient été distribués, et que les 2 dernières minutes ne changeront rien à l’issue du match.

Engagements : 12 - 4 Strasbourg

Tirs : 12 - 7 Strasbourg

Le rideau tombe donc sur la dernière rencontre des qualifications de la coupe de la ligue. Ce soir à l’Iceberg, les Dauphins étaient une espèce en voie de disparition, emportés par les filets Strasbourgeois. À l’inverse, la bonne étoile de Strasbourg brille toujours, car ils se qualifient en tête du groupe B et affronteront donc Angers, 2eme du groupe A, en quart de finale.

En attendant, les hommes de Bourdages ont montré un talent offensif et tactique remarquable, à l’image de leur début de la saison, voire meilleur. Mais tenter de belles actions en attaque est souvent synonyme de gros risques, et Épinal, très fort en contre, a su profiter des erreurs défensives strasbourgeoises. Quoiqu’il en soit, le public a assisté à un déferlement de buts spectaculaire, 19 buts un 19 octobre... On est impatient de voir le match du 23 !

Total :

Engagements : 39 - 21 Strasbourg

Tirs : 48 - 23 Strasbourg

Arrêts des Gardiens : Beck : 16/23 (70%) ; Lacasse : 13/18 (72%) ; Ravel : 23/30 (77%)