Photographe Laurent Lardière

Christian Pouget

C. Pouget est sans doute l'un des tous meilleurs joueurs français de l'histoire du hockey français. Après une experience rouennaise puis italienne en tant que coach. Revenu en fin de saison dernière,  du coté de Megève dans un club qu'il connaît très bien , il a bien voulu répondre à nos questions lors d'un match de pré-saison . 




  HH : Après une saison passée comme coach à Valpelicce, tu as retrouvé en fin de saison passée l’équipe du Mont-Blanc pour tenter de maintenir l’équipe dans l’élite française. Malheureusement pour le Mont Blanc cela n’a pas été suffisant. On te retrouve de nouveau sur le banc haut-savoyard pour cette nouvelle saison en D1. Avec une équipe du Mont-Blanc plus jeune, quelles sont les ambitions du club pour cette saison ?

C .POUGET : L’ambition du club est surtout axée sur une stabilisation des finances. Pérenniser le club et permettre aux jeunes joueurs du cru de pouvoir évoluer avec l’équipe une. S’appuyer sur la formation interne plutôt que de faire comme certains clubs qui comptent dans leur effectif plus de joueurs étrangers que de joueurs formés en France. Je pense que cette saison nous aurons une équipe solide pour jouer les premières places. Personne ne nous attend et c’est très bien ainsi. Mon ambition personnelle est de faire travailler et faire progresser le groupe composé de beaucoup de jeunes joueurs français formés au club, quelques cadres restés fidèles après la descente et quelques étrangers pouvant apporter un plus pour le collectif. Notre budget étant assez limité, on va tout faire pour faire une bonne saison sportive tout en maintenant les comptes dans le vert. C’est un plan sur plusieurs années. On possède un centre de formation qui nous permettra d’intégrer sans doute quelques jeunes dans l’équipe une et de tenter de retrouver l’élite du hockey français. A nous d’instaurer une politique sportive et financière saine et exemplaire pour retrouver le haut niveau.

HH : Est-ce difficile pour toi de te retrouver dans l’antichambre du hockey élite français ?

C .POUGET : Non pas vraiment car j’ai toujours aimé les clubs familiaux entre guillemets. Je m’y sens bien, j’ai la confiance de dirigeants là-bas. Comme je te l’ai dit, les deux dernières années n’ont pas été très faciles pour eux au niveau financier et ils manquent d’expérience au niveau administratif. Le club est mal structuré. Je suis un peu l’homme à tout faire actuellement mais je crois que le club va petit à petit se structurer et écouter les conseils que certaines personnes peuvent donner. On a tous à apprendre, c’est un en devenir. Les dirigeants ont justement relancé le pôle espoir pour retrouver des effectifs suffisants pour permettre de composer des équipes. Le manque de joueurs se fait cruellement sentir dans notre région et si l’on peut redonner l’envie aux jeunes de revenir au hockey, ce serait une bonne chose. Le challenge est difficile mais pour moi il est vraiment intéressant.

HH : Concernant ton effectif, as-tu déjà quelques indices sur les joueurs qui peuvent être amenés à se découvrir au fil de la saison et devenir des fers de lance dans ton équipe ?

C .POUGET : Je suis très content de mes deux joueurs finlandais, un défenseur et un attaquant. Tikannen qui avait déjà joué avec le Mont-Blanc. Après un jeune franco-allemand qui arrive et qui est une bonne surprise. Puis beaucoup de gars du club comme Etienne Croz, Lionel Simon, Sébastien Subit qui  a rechaussé les patins. On a aussi un joueur expérimenté qui est pas mal, Satonnay qui arrive de Chambéry. Cela fait une belle petite équipe composée de jeunes, de gars du coin et quelques gars expérimentés. Devant nos filets nous avons des jeunes gardiens plein de talents bref de quoi faire une bonne saison dans laquelle j’espère, on fera tout pour faire parler de nous.
Je pense que la formation de joueurs est l’avenir du hockey en France. Acheter des joueurs étrangers pas cher et les changer à chaque saison , c'est pour moi un chemin qui ne mène nulle part.

HH : Tu nous avais dit il y a quelques années que tu n’avais pas trop l’esprit ni l’envie de devenir coach ou entraineur, et l’on te retrouve depuis deux saisons derrière le banc. Qu’est ce qui t’a fait changer d’avis ?

C. POUGET : J’ai toujours eu de bons rapports avec les plus jeunes que moi. C’est le fait aussi d’avoir joué au hockey juste qu’a un âge assez avancé. J’ai connu beaucoup de générations différentes. Le fait d’être déjà reconnu et d’avoir été apprécié, attendu quelque part et d’avoir appris beaucoup. Surtout  ces dernières années avec Ari Salo qui m’a fait découvrir le métier avec le Mont Blanc. Ensuite je suis allé à Rouen où l’ambiance était assez particulière.

HH : Justement, c’est difficile d’apprendre à la fin d’une saison  reussie avec  un nouveau titre de Ligue Magnus, que tu ne fais plus partie des plans rouennais pour la saison suivante ?

C. POUGET : J’aime bien quand même avoir des responsabilités. Quand j’ai une équipe, j’aime bien avoir la décision. Ce n’était pas vraiment ma situation à Rouen. On était deux entraineurs et en plus il ne fallait pas que je touche à certains joueurs. C’était assez délicat, il y avait certains joueurs très réceptifs comme les Finlandais et les Suédois qui étaient d’excellents joueurs là-bas et le gardien qui était super sympa. Par contre, il y en avait d’autres qui n’écoutaient pas trop et qui préféraient jouer de la manière dont ils avaient toujours jouée par le passé.
C’est difficile dans cette situation d’être entraineur quand certains dans l’équipe se croient au dessus des autres. J’avais le sentiment que de ne pas être écouté par certains. J’ai pris beaucoup plus de plaisir sur les deux derniers mois de la saison passée avec le Mont Blanc. L’équipe entière était sur la même longueur d’ondes et les gars se donnaient à deux cents pour cent pour le même objectif.
 
HH : Le fait d’avoir un vécu comme le tien te donne t’il l’occasion de faire passer plus facilement ton message et ta façon de voir le jeu ?

C. POUGET : C’est sûr que cela aide beaucoup. Les gens de la région où j’entraine me connaissent bien. Je ne pense pas être quelqu’un de prétentieux ni d’avoir la science infuse du hockey. Je dois faire mes preuves en tant qu’entraineur. Je pense que c’est un métier qui s’apprend année après année. J’ai eu la chance de connaître beaucoup de pays, et côtoyer pas mal d’entraineurs différents. Je pense faire évoluer mes joueurs dans un système de jeu assez simple et compréhensif. Non seulement il y a le respect de mes joueurs envers moi même et je pense que le dialogue est clair. Je ne mets pas la pression sur mes joueurs mais je tiens à ce qu’ils travaillent aux entrainements et lors des matchs. Pour le reste du temps je suis en général assez cool et je pense qu’ils aiment bien ce genre de coaching.

HH : Il ya t’il une chance de retrouver l’équipe du Mont Blanc en Play off et voire même jouer pour un retour dans la Ligue Magnus ?

C. POUGET : L’accession, on n’y pense pas encore. De nombreuses équipes du championnat se sont renforcées avec pas mal d’étrangers lors de l’intersaison. Etre dans les huit premiers serait déjà pas mal pour le club.
Je pense que mes gars sont capables de tenir cet objectif.

HH : Il ne nous reste plus qu’à te souhaiter une bonne saison pour toi et tes joueurs.

C. POUGET : Merci à vous. J’en profite pour souhaiter également une bonne saison à Grenoble et Villard de Lans.