Malgré le soutien d’un public venu en nombre, les Aigles de Nice n’ont pas réussi à battre Bordeaux samedi soir. Face à une équipe de Bordeaux solide, la qualification en demi-finale nécessite donc plus que jamais un exploit et une double victoire à Mériadeck le week-end prochain.
Buts : Nice : 06"57 Nicolas Motreff (ass Janne Kumpulainen et Andrej Brejka) ; 13"38 Nicolas Motreff (ass Jan Tomaska et Arne Krotak) ; 36"44 Stefan Majernik (ass Jan Tomaska et Nicolas Motreff) ; 48"47 Joona Peranen Bordeaux : ; 23"40 Andrej Zidan (ass Raphaël Larrieu et Dejan Zemva) ; 29"55 Romain Masson (ass Dejan Zemva et Martin Obuch) ; 49"40 Raphaël Larrieu (ass François Paquin) ; 4"32 Vincent Cadren (ass Romain Masson et Thomas Paradis) ; 6"17 Dejan Zemva
Pénalités
20 minutes (2x10) contre Nice
22 minutes (2x11) contre Bordeaux
Les Aigles mal partis, mais…
Nice attendait mieux. Après avoir joué la finale l’an passé, les Aigles ont connu des résultats en dent de scie tout au long de la saison régulière qu’ils ont terminée à une 6ème place acquise de haute lutte. Le paradoxe de ce championnat serré, c’est qu’ils n’ont fini qu’à deux points seulement de leur adversaire de quart de finale, Bordeaux, une équipe qu’ils étaient parvenus à battre chez elle à l’entame de la saison. Bref, cette joute est, sur le papier, plus incertaine qu’il n’y paraît.
Photographe : Patrick Giaume
Sans doute conscients qu’il ne faut pas laisser les Aigles s’envoler, les Boxers démarrent pied au plancher. Malgré quelques incursions niçoises en zone défensive adverse, les visiteurs concrétisent vite, avec un but dès la 5ème minute, signé Vincent Cadren, assisté sur le coup de Romain Masson et Thomas Paradis (0-1 à 4:32). Sonnés, les Azuréens peinent à réagir et se font piéger, une nouvelle fois, deux minutes plus tard : Dejan Zemva profite de la relative passivité de la défense locale et offre un premier break à son équipe (0-2 à 6:17).
Dans la foulée, Nice réagit enfin, par l’intermédiaire de joueurs rapides : sur une passe offensive d’Andy Brejka, la fusée finlandaise Janne Kumpulainen se met en route et sert parfaitement Nicolas Motreff dont le tir en force trompe Pavol Smik (1-2 à 6:57).
Le jeu bordelais, si efficace en contre-attaque, se tétanise alors quelques instants. Les Boxers restent toutefois dangereux, toujours efficaces à sortir de leur zone pour porter le danger sur la cage de Jimmy Lundberg. C’est par indiscipline qu’ils vont y laisser des plumes : sanctionnés coup sur coup, Jan Majercak et Pavol Smik obligent leurs coéquipiers à jouer à 3 contre 5.
Rapidement, le jeu de puissance niçois s’installe et c’est une nouvelle fois Nicolas Motreff qui est à la conclusion, en position de blue liner, assisté de Jan Tomaska et Arne Krotak (2-2 à 13:38).
L’espoir semble avoir changé de camp, mais, malgré plusieurs occasions niçoises, le score reste inchangé jusqu’au premier repos. Au vu du début de match, les Aigles s’en sortent plutôt bien avec un score de parité.
Bordeaux enfonce le clou…
Coup de théâtre au début de la deuxième période : dans les cages bordelaises, Pavol Smik, blanchi la semaine dernière à Dunkerque, a laissé sa place à Mickaël Gasnier. Le gardien slovaque est en fait malade ! Pas de quoi déstabiliser outre mesure ses coéquipiers. En moins de quatre minutes, les Boxers ont repris les commandes de la partie : un palet perdu en zone neutre profite aux visiteurs, avec Andrej Zidan à la conclusion d’un mouvement associant Raphaël Larrieu et Dejan Zemva (2-3 à 23:40).
Photographe : Patrick Giaume
Un peu trop gourmands peut-être, les Girondins sont sanctionnés pour surnombre, mais voient passer l’infériorité sans dommage. Ils se montrent nettement plus mordants quand les Aigles jouent à leur tour à 4 contre 5, Stefan Rusnak ayant rejoint le banc des pénalités. En effet, 26 secondes après la sortie du Slovaque, les Boxers creusent l’écart par Romain Masson : déséquilibré pourtant, le numéro 20 visiteur réalise un exploit personnel pour convertir les offrandes de Dejan Zemva et Martin Obuch (2-4 à 29:55). Dur pour les Niçois, mais pas illogique.
Bordeaux a repris l’ascendant et, à l’image d’un gros shoot à bout portant du défenseur slovaque Martin Dubaj, les quelques occasions niçoises restent stériles. C’est à cet instant précis que survient le deuxième coup de théâtre de la soirée : la blessure de Mickaël Gasnier ! Pas verni sur le coup, le jeune gardien bordelais touché au genou est évacué sur une civière après un jeu rugueux devant sa cage. Le temps pour Stephan Tartari d’aller rechercher Pavol Smik au vestiaire et aux arbitres d’appeler une pénalité pour Jozef Slaninak, le jeu reprend.
Bordeaux tient la baraque jusqu’à la 37ème minute : une nouvelle double supériorité numérique niçoise profite alors à Stefan Majernik qui, de près et grâce à la complicité du tandem Jan Tomaska et Nicolas Motreff, se joue du pauvre Pavol Smik (3-4 à 36:55).
Derrière, les Boxers gèrent bien la fin de période et se retrouvent même en mesure d’achever la période en supériorité, après un cinglage de Stefan Rusnak. Le tableau de marque reste figé jusqu’au buzzer final, lors duquel un petit accrochage entre Vincent Cadren et Stefan Majernik conduit les deux attaquants en prison.
La pénalité de trop…
Avec donc un but de retard à l’entame de la dernière période, Nice doit aussi penser à gérer une grosse minute d’infériorité numérique. Les Aigles tiennent le choc, sans parvenir toutefois à conserver le contrôle de la rondelle. En gros, la première ligne joue crânement l’attaque, mais le reste de l’équipe semble accuser un peu de fatigue. Pas étonnant…
Moins de cinq minutes passent et le Bordelais Lukas Zeliska est sanctionné. De quoi offrir aux Aigles l’occasion de jouer à 5 contre 4 ? Non, car, sur la pénalité différée, Joni Raikkönen est à son tour appelé sur le banc de la prison. Des boulevards glacés se libèrent à 4 contre 4. Pourtant, aucune des deux formations ne parvient à en tirer quelque chose. Il faut que l’arbitre siffle un accrocher de Jan Majercak sur Arne Krotak pour que les Niçois se remettent en ordre de bataille. Trop écrasée, une frappe de Joni Raikkönen ne trouve que le gardien bordelais sur son chemin. Solidaires, les Boxers cèdent un peu plus tard, à un moment où ils jouent pourtant en supériorité numérique : Seul, Joona Peranen profite d’une relance approximative de la défense visiteuse et trompe Pavol Smik d’un maître tir (4-4 à 48:47).
Photographe : Patrick Giaume
Avec moins de douze minutes à jouer, le match semble alors pouvoir basculer. Pour renverser la partie, Nice doit toutefois commencer par tuer la pénalité en cours. Payant probablement leurs efforts passés, les Aigles ne vont pas y parvenir : sous les yeux de Mickaël Gasnier, installé le long de la balustrade avec un gros sac de glace sur le genou, Raphaël Larrieu profite d’une passe de François Paquin pour ajuster Jimmy Lundberg (5-4 à 49:40). Opportunistes et concentrés sur l’objectif, les Boxers mènent pour la troisième fois !
Les dix dernières minutes offrent du beau spectacle au public de Jean Bouin : les supporters niçois veulent encore y croire et donnent de la voix. En face, les partisans bordelais ne sont d’ailleurs pas en reste. Sur la glace, ça patine à toute allure et ça joue ! Le chrono semble filer à toute vitesse, sans arrêt de jeu. Un accrochage entre Jozef Slaninak et Fredrik Drantzen laisse les deux équipes à égalité numérique.
Les Niçois se voient pourtant offrir une chance d’égaliser quand, à moins de cinq minutes de la fin du temps réglementaire, Romain Masson laisse ses coéquipiers à quatre. Malheureusement pour les Aigles, leur jeu de puissance demeure stérile et le temps ne cesse de s’écouler, sans succès. Stefan Majernik trouve finalement… le poteau ! Et même si les passes trouvent preneurs dans le petit périmètre autour du but, l’application défensive des visiteurs leur permet de finir le match sur ce score favorable.
Finalement sevrés de palets, les Niçois s’inclinent d’un but, sans avoir eu l’occasion de faire sortir leur gardien. Ils ne sont pas morts ce soir, mais devront signer un exploit en Gironde, samedi prochain, pour garder un espoir de qualification en demi-finale. Bordeaux mérite largement sa victoire et son premier point dans cette série : solidaires, les Boxers ont fait preuve d’un mental d’acier pour gérer les difficultés de leurs propres cerbères.
Réactions d’après-match
Stephan Tartari (coach de Bordeaux)
« Ce soir, on a connu quelques problèmes avec les gardiens. Pavol Smik, qu’on avait décidé d’aligner et qui était prêt à jouer, s’est mal senti à la fin du premier tiers. Du coup, on fait rentrer Mickaël Gasnier, qui démarre très bien, tient la baraque, mais se blesse. On doit donc rappeler Pavol Smik. Mickaël Gasnier a le genou enflé : on verra bien dans un jour ou deux. Le match, lui, pouvait basculer des deux côtés. On a été opportuniste au bon moment. On a aussi été un peu trop indiscipliné, mais à 5 contre 5, on a fait du bon boulot tout le match. Nice a poussé fort à la fin, mais nous avons eu quelques arrêts énormes, qui nous ont offert cette victoire. Ce n’est qu’un point et il faudra donc gagner la semaine prochaine. Passer Nice sera très dur. Nos deux équipes se ressemblent : elles patinent, elles se montrent agressives dans le bon sens du terme. Les Niçois arrivent avec de la vitesse dans les coins, travaillent sans chercher à faire mal et jouent avec trois blocs homogènes : ils sont tout à fait capables d’avoir le dessus chez nous, puisqu’ils l’ont fait en saison régulière. On se re-concentre donc sur l’objectif de la demi-finale. C’est normal d’en avoir un, en tant que compétiteurs. Il n’y a pas de fête ce soir, on rentre à la maison et on bosse cette semaine pour préparer la suite. L’objectif de début de saison, c’était les « play off ». On a connu quelques petits soucis au départ avec Dimitri Fokine, mais on prend désormais beaucoup de plaisir dans un petit travail à trois avec Michel Girard et Guy Dupuis. Le groupe est à l’écoute : ça joue pour l’équipe et pas pour ses stats personnelles. On savoure, c’est plus facile quand on gagne, mais on ne veut pas s’arrêter là. Et je sais que Nice va revenir très fort la semaine prochaine ». Jean-François Savage (capitaine de Bordeaux)
« C’était un match serré, ça ne s’est pas joué à grand-chose et c’est un gros début de playoffs pour nous. C’est une victoire d’équipe, avec un collectif qui a eu de la réussite ce soir. Franchement, c’est aussi beaucoup de travail : venir gagner à Nice, peu d’équipes le font. C’est un début du bon pied. On sait qu’en « play off », ce sont les détails qui font la différence. Peu importe ce qui arrive dans la partie : il y a des moments forts, d’autres faibles, mais il faut rester un groupe et faire attention à ces détails, jouer à fond sur chaque présence, amener plus de palets au filet. Aujourd’hui, on s’est montré opportunistes, mais je crois que ça vient également avec le travail effectué derrière. Il faut commencer avec une mentalité de gagnants. C’est ça, Bordeaux ! Voir sortir les deux gardiens, c’est rare, mais on n’a jamais paniqué. Nous avons confiance en nos deux gardiens. En séries, il n’y a pas d’excuse : les faits de jeu sont là et c’est à nous de rester dans le plan de match et de nous serrer les coudes. Nous avons des joueurs qui évoluent ensemble depuis quelques années, d’autres qui sont venus se greffer avec une bonne attitude… une bonne façon de commencer, mais c’est seulement une joute ! Le plus gros reste à faire. Ce n’est jamais gagné d’avance. Nice a de la vitesse et du talent avec de bonnes individualités. Cette première manche, il faut qu’on l’efface de nos mémoires pour remettre nos bottes de travail et envoyer un autre gros ‘60 minutes’. On veut faire travailler Nice et on veut gagner dans notre patinoire, mais il va encore falloir s’investir ». Stanislav Sutor (coach de Nice)
« La guerre n’est pas perdue. En « play off », à domicile, ce n’est jamais facile, et il n’est pas impossible d’aller chercher deux victoires là-bas. Il faut nous ressaisir : si on joue vraiment notre jeu, tout est possible. Bordeaux a surtout montré plus de cœur. Nous, on s’est regardé lors du premier tiers : il y avait beaucoup de tension, de passes loupées… on leur offre donc les deux premiers buts. Après, c’est difficile de revenir dans la partie. On y arrive pourtant. Après, on ne parvient pas à tenir : je nous trouve assez fébriles, psychologiquement parlant. Maintenant, si on veut prolonger la saison, il va falloir mouiller le maillot. Sinon, les vacances arriveront plus tôt que prévu. Ce soir, je suis déçu de notre prestation. Si tout le monde joue normalement à son niveau, on ne peut pas perdre comme ça. La semaine prochaine, on va d’abord analyser la rencontre de ce soir pour préparer les deux matchs à Bordeaux ». Sylvain Roy (capitaine de Nice)
« Comme on dit souvent, on a perdu une bataille, mais on n’a pas perdu la guerre. J’ai envie de dire qu’au vu de ce qu’on a montré ce soir, on est capable d’aller gagner chez eux. On a connu des hauts et des bas au niveau de l’envie, mais on finit plutôt à égalité. Tout s’est joué sur la réussite : ils ont souvent vite marqué après nos retours au score. Il faudrait un peu plus de concentration de notre part. En rentrant au vestiaire, je n’ai rien dit : d’autres s’en sont chargés. Ce n’est pas toujours évident de trouver les mots. Ce qu’on s’est dit, c’est qu’on a encore nos chances, vu qu’on n’a pas fait un mauvais match ce soir. Mickaël Gasnier ? C’est un peu dommage qu’il se blesse, même si ça arrive. Apparemment, d’après l’arbitre, il fait ça tout seul. C’est un aléa. On a une pensée pour lui et on lui souhaite un bon rétablissement ».