L’avant match

Pour ce court déplacement entre Neuilly et Reims, l’ensemble du staff et des joueurs s’est donné rendez-vous à 14h30 à la patinoire de Neuilly. Dans le car qui emmène les Bisons vers la Champagne, l’ambiance est calme. Les joueurs ne sont pas encore rentrés dans la préparation du match. Si certains ont les casques sur les oreilles, les parties de cartes font de nombreux adeptes à l’arrière du car. A l’avant, Frank Spinozzi profite du déplacement pour parfaire sa connaissance de la géographie française avec l’aide de son adjoint Jérôme Veret.
Nous arrivons aux abords de la patinoire à quelques minutes de la fin du match de ligue 2 entre Reims et Le Mans qui se déroule au stade Auguste Delaune qui jouxte la patinoire Bocquaine.
Le car doit être vidé avant que les supporters ne sortent du stade. De Vincent, le responsable matériel, à Dominique, le photographe, tout le monde met la main à la pate pour répondre aux contraintes fixées par la maréchaussée locale.

L’étroit vestiaire visiteur devient vite encombré quand équipements et matériel y ont été déposés. Frank Spinozzi donne rendez-vous à ses troupes à 17h45 pour la causerie d’avant match. Patrick, l’intendant de l’équipe, en profite pour réunir les demandes de place pour les proches des joueurs. A ce jeu, Benjamin Galmiche qui a joué 6 ans à Reims remporte aisément la palme du plus gourmand suivi de près par Miroslav Kecka. La plupart des joueurs se retrouve ensuite devant la machine à café du vestiaire public en attendant le rendez-vous fixé par leur coach.
Franck Spinozzi profite des ces instants pour nous présenter le logiciel de statistiques qu’il utilise et celui qu’il aimerait utiliser à l’avenir. Pour l’instant l’accent est mis sur le temps de présence des joueurs, bientôt les shoots, face-off et mises en échec seront aussi comptabilisés et archivés. C’est Cédric qui sera chargé de saisir les données et de les apporter à la fin de chaque tiers-temps à Frank Spinozzi.
Le coach nous explique l’importance qu’il attache aux statistiques, comme beaucoup de nord-américains. Pouvant s’appuyer sur 3 lignes homogènes, il préconise des présences courtes sur la glace, 50’’ maximum, et a une idée bien précise du temps de jeu total qu’il souhaite accorder à chaque joueur. Les infos transmises par Cédric lui permettront de rectifier le tir en cas de besoin.

Le coach en profite pour nous expliquer qu’il a commencé à préparer le match dès dimanche dernier, une fois évacuée la défaite face à Brest. La planification des entrainements a été faite en fonction des objectifs à travailler pour le match face à Reims. Les séquences vidéos du match aller ont été analysées et partagées avec les joueurs. Au cours de la semaine, le coach a reçu individuellement la plupart de ses joueurs pour une évaluation de leur performance. Ces entretiens sont complétés d’une entrevue plus longue et plus poussée qui intervient toutes les 6 semaines.
L’équipe de Neuilly est jeune et n’a pas un grand vécu collectif suite aux nombreux changements intervenus à l’intersaison. Le coach n’hésite donc pas à modifier fréquemment ses alignements à la recherche de la meilleure alchimie.

Malgré ce faible vécu collectif, le groupe semble bien vivre ensemble et dégage une attitude saine et positive qui est pour beaucoup dans les résultats obtenus depuis le début de la saison.


La préparation

17h45, le coach prend la parole devant ses joueurs. Alternant l’anglais et le français, il insiste sur l’esprit de groupe, la solidarité. L’importance pour les professionnels du groupe de redoubler d’efforts pour être au niveau des sacrifices faits par ceux qui cumulent études ou activité professionnelle avec les entrainements quotidiens et les matchs du weekend. Le coach motive ensuite ses joueurs en insistant sur le fait que le plus dur n’est pas d’arriver en haut de tableau, mais de s’y maintenir. Les risques sont doubles, la baisse de concentration, d’exigence et la motivation des adversaires, déjà décuplée face à un ex-pensionnaire de la Magnus. Ce briefing est essentiellement axé sur l’aspect psychologique. L’aspect tactique sera abordé plus tard, avec les défenseurs d’abord, les attaquants ensuite.

Les défenseurs sont les premiers à être convoqués autour d’une table de la cafeteria. Dans le vestiaire, le staff médical composé de Fabrice et Philippe est à la disposition des joueurs.

Crédit photos : mav94.free.fr

Le coach veut que ses défenseurs se fassent respecter, prennent plus de shoots, et surtout sélectionnent mieux leurs lancers. Fin psychologue, il insiste sur les points faibles avant de dédramatiser la situation par un trait d’humour. Mais les messages passent. Jérôme Wagner, légèrement blessé ne jouera pas ce soir et sera chargé de filmer le match.

Place aux attaquants, à qui on demande un parfait respect des systèmes tant offensifs que défensifs. Frank Spinozzi aime a dire qu’il a une équipe de cols bleus, il insiste donc sur l’importance de faire l’effort, pour soi comme pour l’équipe. Il n’hésite pas en cours de match à se passer des joueurs dont l’investissement ne le satisfait pas et personne ne dispose de passe-droit. Mais le coach appelle aussi ses joueurs à ne pas accepter toutes ses décisions et à se révolter. Il alterne sans cesse entre système et motivation, n’hésitant pas à piquer un joueur devant le reste de l’équipe. Pour ce soir, en phase défensive, la consigne est au marquage individuel sur le capitaine rémois, Francis Desrosiers. Un exercice qui avait été parfaitement appliqué lors du match aller. Pour les unités spéciales, le coach a choisi de ne pas s’enfermer avec des compositions préétablies et annonce à ses joueurs qu’il décidera en fonction de ses sensations et du déroulement du match.

Place maintenant au gardien qui a le droit à un entretien individuel. On connait l’importance de l’aspect psychologique dans la performance d’un gardien, c’est donc de confiance dont il sera question avec le portier des Bisons.

L’échauffement peut alors commencer dans l’ambiance déjà chaude de Bocquaine. Le speech du capitaine se déroulera dans l’intimité de « la chambre ».
 

Un premier tiers équilibré

C’est dans une ambiance chaude et devant une patinoire bien remplie que commence le match. Dans ce contexte peu propice à un round d’observation, les deux équipes se créent rapidement des occasions. C’est Jérémy Sabatier qui ouvre le bal pour les Phénix, mais Galmiche puis Pek lui répondent. Les deux gardiens sont bien présents et Goeckner-Zoeller se crée une belle occasion mais ne trouve pas le cadre (4’45), tout comme Birolini d’un lancer de la bleue quelques minutes plus tard.

Crédit photos : mav94.free.fr

Le match est agréable, le jeu passe vite d’une cage à l’autre et l’arbitre semble décidé à ne rien laissé passer. Appel est ainsi envoyé en prison pour d’obscures raisons alors que son équipe était en supériorité numérique depuis quelques secondes. Quelques minutes plus tard, Neuilly se voit offrir une première vraie supériorité et installe bien son jeu de puissance. Après un premier lance non cadré de Gauthier-Lebreton, Appel conserve bien le palet derrière la cage, et c’est Cacciotti qui réussi à trouver Pittarelli devant le but pour l’ouverture du score (0-1 à 8’18 ; Pittarelli ass. Cacciotti et Goeckner-Zoeller à 5vs4.)

Les Phenix évoluent à leur tour en supériorité et Rehor pourtant en bonne position ne trouve pas le cadre (11’.) Desfossés sort ensuite un bel arrêt face à Savoie (12’) et la défense nocéenne se sort bien de cette infériorité. Grill, bien servi par Desrosiers, se heurte encore à Desfossés (13’50) avant que Kubis ne repousse de la jambière un lancer de Gauthier-Lebreton, excellent tout au long du match. Neuilly est ensuite sanctionné pour un retard de jeu sévère, la colère de Frank Spinozzi n’est pas du goût de l’arbitre et Reims bénéficie d’une double supériorité. Mais malgré une grosse occasion de Savoie puis de Gervais, les rémois peinent à installer leur jeu de puissance, bien gênés par la défense nocéenne. La dernière occasion est pour Malat, bien servi par Goeckner-Zoeller, mais Kubis sort un bel arrêt de la jambière (19’45.)

Le jeu a été équilibré avec un léger avantage aux Bisons qui ont mieux réussi à poser leur jeu et se sont procurer de belles occasions. Mais les défenses, et les deux portiers, prennent pour l’instant le pas sur les attaquants.

Neuilly domine mais ne concrétise pas

Les Phenix vont égaliser dès la reprise suite à un face-off gagné en zone offensive, Rehor envoie un missile qui laisse Desfossés sans réaction (1-1 à 20’46 ; Rehor ass.Savoie).

Si le début de période est à l’avantage des locaux qui se procurent encore deux belles occasions par Desrosiers (22’58) puis Savoie (23’50), Neuilly va prendre progressivement le jeu à son compte. Kecka, pourtant bien placé, se heurte à 2 reprises à un Kubis en forme. Les Rémois procèdent en contre et Desrosiers est mis sur orbite mais perd son face à face avec Desfossés. Appel, bien servi par Pittarelli (26’) ne parvient pas à contrôler la rondelle devant Kubis qui se montre ensuite solide face à Galmiche idéalement servi en retrait par Appel. Toujours en contre, les Phénix s’offrent un 2 contre 1, mais Gauthier-Lebreton se couche bien pour bloquer le tir des attaquants rémois.
Desfossés sort ensuite un très bel arrêt face à Grill superbement servi par Desrosiers (30’09.) Au tour de Neuilly de s’offrir un 2 contre 1, Appel sert Brovanski dont le lancer trouve le poteau de Kubis (31’.) La pression s’accentue sur la cage du portier des Phenix et Cacciotti manque de peu la cadre. Neuilly ne trouve pas la faille malgré de nombreuses occasions et s’expose aux contres des rémois, très habiles dans cet exercice.
Grill se fait oublier dans le dos de la défense des Bisons et s’offre un face à face avec Desfossés qui réalise encore un très bel arrêt (33’). Le trio Malat-Kecka-Borovanski s’offre une grosse séquence qui permet à Kubis de s’illustrer à plusieurs reprises (35’). Kubis, encore lui, s’impose devant Cacciotti mais ne pourra rien sur l’action suivante. Le lancer de Wagenhoffer depuis la bleue est dévié par un défenseur et finit dans la palette de Goeckner-Zoeller qui ne laisse pas passer l’occasion de donner l’avantage aux siens (1-2 à 39’37 ; Goeckner-Zoeller ass Wagenhoffer et Kecka.)

Neuilly n’a pas su concrétiser sa domination dans le jeu, se heurtant à un très bon Kubis. Les rémois se sont montrés très dangereux en contre mais Desfossés a été vigilant. Le match reste indécis et peu basculer d’un coté comme de l’autre au cours de la dernière période.

La renaissance des Phenix

Neuilly se voit rapidement offrir une supériorité mais Galmiche ne peut convertir un beau service de Appel. Toujours en supériorité, Pek qui devance la défense rémoise pour récupérer un palet en fond de zone, est volontairement bousculé par Kubis et Neuilly pense se voir offrir une double supériorité. Mais à la surprise générale, l’arbitre sanctionne l’attaquant des Bisons, arrachant un sourire de surprise au portier des Phénix. A 4 contre 4, Desrosiers perd son face à face avec Desfossés mais récupère le palet et réussi à servir Grill qui se heurte encore au n° 35 des Bisons. Neuilly réussi à faire le break sur un lancer de Malat, toujours bien servi par Appel (1-3 à 46’47, Malat ass. Appel et Kecka.)

Crédit photos : mav94.free.fr

Fort de leur avantage, les Bisons essaient de tuer le match, mais Borovanski se heurte à Kubis. Le match se durcit un peu à l’approche des 10 dernières minutes et les nocéens vont avoir du mal à rester dans le match. Après un palet perdu, Grill s’offre une double occasion mais Desfossés reste impeccable. Poussés par leurs supporters, les rémois tentent de revenir dans le match et vont bénéficier d’une double supériorité. Suite à une pénalité pour surnombre, les Phenix mettent le feu autour de la cage de Desfossés et un défenseur est contraint de déplacer la cage pour endiguer une action offensive. Il ne faudra que 11’’ à Vesely pour trouver la faille d’un lancer ras de glace de la bleue et relancer complètement le match (2-3 à 49’59 ; Vesely ass. Gervais et Savoie à 5vs3).

Le momentum est maintenant coté rémois et la pression s’accentue encore sur le but des Bisons. Vigners d’un joli numéro solitaire va contourner la cage, se remettre dans l’axe et glisser le palet sous Desfossés pour égaliser (3-3 à 52’51 ; Vigners).
Le jeu est débridé, les occasions se multiplient des 2 cotés, mais les Bisons vont devoir évoluer en infériorité suite à des décisions sévères de l’arbitre. Sur la première infériorité, la défense des Bisons ne laisse pas Reims s’installer. Après une petite altercation entre 2 joueurs qui voit le seul Pittarelli prendre la direction du cachot, les Bisons se montreront plein d’abnégation pour bloquer les tentatives rémoise. Alors que l’on se dirige vers la prolongation, Williams plein axe récupère un palet mais ne trouve pas le cadre de Kubis, l’action se poursuit et Rehor part seul en contre, il entre en zone offensive entouré de 2 défenseurs et envoie le palet vers le but pour le lancer de la dernière chance. Le palet file doucement entre les jambières de Desfossés qui, peut-être masqué, se fait surprendre (4-3 à 59’54 ; Rehor ass. Desrosiers et Sabatier.)
La joie des rémois et de leur public contraste avec l’abattement des nocéens qui se demandent encore comment ils ont pu laisser échapper le match.


Les Rémois réalisent une très bonne opération avec cette victoire qui leur permet de revenir à 1 pt de leurs adversaires du jour. Sans avoir maîtrisé la partie, ils ont su rester dangereux et profiter des pénalités nocéennes pour revenir au score. Solide défensivement autour d’un excellent Kubis, ils ont su s’appuyer sur le talent de leurs joueurs offensifs pour faire plier les Bisons. Le résultat, autant que les conditions dans lesquelles il a été acquis, devrait être un excellent booster avant d’aller défier Mulhouse.

Neuilly peut nourrir de nombreux regrets sur ce match. Dominateurs, les Bisons n’ont pas su tirer profit de leurs temps forts, un défaut déjà entrevu face à Brest une semaine plus tôt. Et quand la pression rémoise s’est faite plus forte, il a manqué un petit quelque chose pour repousser les assauts des Phénix, Desfossés, impérial pendant 50’, se montrant fébrile en fin de match. Pas assez disciplinés et pas gâtés par l’arbitrage, les nocéens enregistrent leur 3ème défaite consécutive en championnat.

Retenons enfin que l’arbitrage a parfois eu du mal à se mettre au diapason d’un niveau de jeu élevé.

L’après match

Après un tel scénario, c’est l’abattement qui domine dans le vestiaire des Bisons. Pendant que le staff refait le match et peste contre les décisions surprenantes du trio arbitral, Frank Spinozzi prend la parole devant ses joueurs. Il leur demande de réagir en équipe, de ne pas chercher de responsabilités individuelles dans la défaite. Après une série de défaites, il veut voir sa jeune équipe réagir et montrer son vrai caractère. Pas besoin d'un long discours tellement les joueurs semblent touchés par le dénouement du match.

A la sortie des vestiaires, Frank Spinozzi, nous accorde quelques mots : « Je suis bien sur déçu du résultat, mais ce n’est qu’un match. Il va falloir qu’on apprenne à concrétiser nos chances, car c’est le 2ème match qu’on perd après avoir dominé. On a également manqué de discipline en dernière période. J’ai senti mon équipe abattue dans la chambre pour la première fois de la saison. Après une première période équilibrée, on a dominé la deuxième. Après quand tu mènes 3-1 à 10’ de la fin, tu dois savoir fermer le match et rester discipliné. C’était un bon match pour les partisans. La patinoire était pleine, c’est bon pour le hockey. »

Les interviews succèdent aux discussions avec les proches devant la porte des vestiaires. Les sourires rémois contrastent avec la frustration des nocéens.

Avant de remonter dans le car, les joueurs échangent quelques mots avec les supporters qui ont fait le déplacement.
Les hamburgers XXL commandés par Patrick sont enfin livrés et seront avalés dans le car. Comme à l’aller, le trajet sera calme.
Le coach et son adjoint évaluent rapidement les performances collectives et individuelles. L’analyse vidéo permettra de conforter ces premières impressions. Le coach cherche toujours à comprendre comment son équipe a pu laisser échapper le match.
Arrivée à la patinoire de Neuilly à 1h du matin. Rendez-vous est fixé lundi pour le prochain entrainement, il sera alors temps de se tourner vers la réception de Toulouse.

HH tient à remercier l’ensemble du staff, des joueurs et des accompagnateurs pour leur excellent accueil.