Les Boxers montrent, dès le début du match, qu’ils ont basculé en mode play-off. Evoluant avec beaucoup de rythme et d’intensité, ils s’installent en zone offensive. Grattant de nombreux palets le long des bandes, ils contraignent les Bisons à défendre. Mais cette domination ne se traduit pas en occasions nettes, ni même au nombre des lancers. Il faut dire que les attaquants bordelais ont du mal à régler la mire et arrosent allègrement le plexi situé derrière le but de Pek. « Bordeaux est en mission et ça se sent » constate Frank Spinozzi après cette grosse entame.

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Même sur leur 1ère supériorité, ils ne parviennent pas à porter le danger sur le but de Pek. Mais les Boxers ne desserrent pas leur étreinte, contestent tous les dégagements interdits et Kulha se met particulièrement en évidence, faisant parler son gabarit et sa vitesse. « On est sorti fort admet Martin Lacroix. J’ai beaucoup tourné avec 4 blocs. Mon 4ème bloc apporte beaucoup d’énergie et de physique. On voulait clairement les éprouver, les user.» Les Nocéens en sont réduits à procéder par contres et, s’ils comptabilisent plus de lancers que leurs adversaires sur cette période (8 à 5), Ylonen n’est que rarement mis en danger. Il connaîtra une petite frayeur à 10’, sur un lancer de Sinkovic repoussé que Pek essaie de reprendre en l’air à la manière d’un joueur de baseball. En supériorité, les unités spéciales des Bisons ne créent-elles non plus aucun danger sur la cage bordelaise, une inefficacité qui sera une des clés de la soirée.

Il faut attendre les 5 dernières minutes pour voir Bordeaux se créer 2 grosses occasions. C’est d’abord Hampl qui récupère un palet devant la cage mais son lancer manque de précision (14’52), puis, en supériorité, Gillet feinte le lancer et décale parfaitement Desrosiers qui manque une cage pourtant grande ouverte, sa déviation passant devant la cage. « Dominer sans marquer, ça peut être dangereux, reconnaît Martin Lacroix. Après ce 1er tiers, il fallait rester calme, rester positif. C’est ce qu’on s’est dit au vestiaire. »

Largement dominateurs et maîtres du palet, les Boxers n’ont pas su concrétiser. Neuilly a laissé passer l’orage mais on peut craindre que le rythme imposé par les Bordelais ne finisse par user les Bisons.
 

Changement de physionomie en ce début de 2ème tiers, les Nocéens, visiblement revenus avec d’autres intentions, ont haussé leur niveau de jeu et se montrent à leur tour dominateurs. Niskakangas crée le premier danger sur la cage d’Ylonen dès la 1ère minute. Puis c’est Tomasek, parfaitement mis sur orbite depuis sa zone défensive qui s’arrache en break et fixe Ylonen avant de glisser le palet derrière la ligne (1-0 à 22’50 ; Tomasek ass. Sadoun et Dana.) Une action qui montre que l’ancien Amiénois a encore de beaux restes. Vinatier maintient la pression en interceptant à la bleue mais ne cadre pas (23’50). Une physionomie de jeu qui ne surprend par Martin Lacroix « On s’attendait à un match compliqué et on s’était préparé mentalement pour ça. On a eu un petit coup de moins bien en début de tiers. »

Photographe : Mav94

Gillet, de retour dans l’alignement défensif bordelais ce soir, est pénalisé d’un 2+2 suite à une faute sur Cuzin et les Bisons se voient offrir une belle occasion de creuser l’écart. Mais si le palet circule bien sur le jeu de puissance, la défense bordelaise est rarement mise hors de position, et quand Sadoun trouve enfin le décalage pour Basic, le lancer du Slovène n’est pas cadré (27’35). Les lancers se multiplient mais manquent de précision, ou trouvent Ylonen sur leur route, les Nocéens ne parvenant pas à se positionner devant la cage pour lui rendre la tâche plus difficile.  « On a excellé en désavantage numérique, se réjouissait le coach bordelais. Neuilly a eu sa chance, notamment sur ce 2+2 et le fait de tuer ces 4’ nous fait un bien énorme. Grand coup de chapeau à mes unités spéciales qui ont eu un gros impact sur le résultat ce soir, d’autant plus qu’il nous manquait Dratzen qui est un défenseur défensif très utile sur ces situations. »

On atteint la mi-match et les Nocéens baissent un peu de rythme et vont rapidement se faire punir. Sur un palet perdu en zone offensive par Neuilly, les Boxers partent en break et pensent avoir marqué mais Pek récupère le palet avec sa crosse juste avant qu’il ne franchisse la ligne (32’46). La pression est sur la cage nocéenne et on retrouve la physionomie du 1er tiers. Sur un palet récupéré derrière la cage qui récompense le gros pressing des bordelais, Hampl décale parfaitement Zeliska, libre de tout marquage, qui loge le palet sous la barre de Pek (1-1 à 35’51 ; Zeliska ass. Hampl et Cadren.)

A 4 contre 4 suite à une double pénalité, Pek réalise un beau puck check pour écarter le danger mais, à force de subir, les Bisons se mettent à la faute et offrent une 4 contre 3 à leurs adversaires. Sanction immédiate avec le face off gagné par Bordeaux et un lancer croisé de Gillet qui trompe Pek sur sa gauche, le gardien nocéen semblant long à réagir malgré une vision dégagée (1-2 à 35’49 ; Gillet ass. Kulha et Zeliska). Sentant son équipe lâcher prise, Frank Spinozzi appelle son temps mort « Avoir un temps faible sur un match, c’est normal. Mais cette saison on a eu des difficultés à gérer ces temps faibles. C’est le tournant du match. On joue sur les talons, on rend le palet à l’adversaire et on se fait punir. » Au buzzer, Cuzin, excellent ce soir, gratte un palet et effectue un beau lancer repoussé par Ylonen.

Patients après un début de période à l’avantage des Bisons, les Bordelais ont su se montrer efficaces pour inverser la tendance. Neuilly paie cher son temps faible alors qu’il aurait pu rentrer au vestiaire sur un score de parité.

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C’est Bordeaux qui se montre le 1er dangereux dans ce dernier tiers et Obuch fait briller Pek. Une pénalité appelée contre Esipov provoque la colère du banc bordelais, mais des 2 côtés on s’accordera à saluer le bon match du trio arbitral « Les arbitres ont fait du bon boulot. On crie et on s’agite sur le banc, mais ça fait partie du jeu et de notre rôle » reconnaît Martin Lacroix. « Il a appelé ce qu’il a vu et a toujours été cohérent. Il n’y a jamais de compensation. Quand il siffle, c’est qu’il y a faute » abonde Frank Spinozzi.

Photographe : Mav94

Mais en supériorité les Bisons sont toujours inefficaces, à l’image de cette passe de Pek que Tomasek ne peut reprendre devant le but. Kulha, à son tour pénalisé, en zone offensive, on se dit que le power play nocéen, si efficace en saison régulière contre ce même adversaire, va finir par trouver la faille. Mais c’est au contraire un bon pressing des Boxers qui provoque une relance hasardeuse interceptée par Cadren qui part en break, Pek repousse bien mais Decock a bien suivi et est le 1er pour reprendre le palet et le glisser au fond des filets (1-3 à 45’55 ; Decock ass. Gillet à 4vs5.) Les Boxers ont su se montrer cliniques pour capitaliser sur les erreurs nocéennes. Martin Lacroix « Le hockey est un jeu d’erreur. Sur chaque but, sauf en  supériorité, il y a forcément une erreur quelque part. On a du talent offensif et sur des revirements on peut faire très mal et être opportunistes comme on l’a été ce soir. »

Neuilly doit ouvrir le jeu « une situation dans laquelle on n’est pas très à l’aise, surtout face à une équipe aussi forte défensivement » reconnait Frank Spinozzi. Les Bisons tentent de réagir mais s’en remettent trop souvent à des actions individuelles, même en supériorité, à l’image de ce beau slalom de Vinatier qui élime 3 adversaires mais ne trouve pas le cadre (46’45.) « On a eu nos chances en power play. On avait beaucoup insisté là-dessus à l’entrainement en fin de semaine. Mais pour réussir en supériorité, il faut du sacrifice. Ça prend des lancers et des gars devant le but pour masquer le gardien ou faire les déviations. Tous mes joueurs ne sont pas prêts à ça. On a trop voulu faire de fantaisies ce soir. » Quand ils jouent en équipe, ils se montrent plus dangereux à l’image de ce beau jeu à 3 conclu par un lancer de Cuzin bloqué par Ylonen. Ou sur cette entrée de zone de Sinkovic qui laisse le palet derrière lui pour Pek dont le lancer trompe Ylonen (3-2 à 49’56 ; Pek ass. Sinkovic et Dubuc.)

Un but d’écart avec 10’ à jouer, le match est relancé pour la plus grande joie des supporters nocéens venus en nombre. Mais c’est bien le groupe de supporters bordelais qui se fait entendre dans l’antre des Bisons et qui va avoir des raisons de se réjouir. Zemva travaille bien devant la cage et décale Horrut qui couche Pek avant d’envoyer le palet derrière la ligne (2-4 à 52’10 ; Horrut ass. Zemva et Paquin.) « Le score a été serré très longtemps, on a même tiré de l’arrière, le score final ne reflète pas forcément la difficulté du match » admettait un Martin Lacroix soulagé.

Ce but assomme définitivement les Bisons. Le trio Fournier-Desrosiers-Decock cause des sueurs froides à Pek, et c’est encore Desrosiers, en infériorité cette fois, qui profite d’un contre pour se procurer une grosse occasion avec une cage encore grande ouverte mais le n° 63 ne trouve pas le cadre (57’36.)

A 2’ de la fin, Spinozzi sort son gardien mais son équipe est pénalisée et finira le match en infériorité. C’est finalement Kulha qui clôt le score en cage vide (2-5 à 59’16 ; Kulha ass. Gillet.)

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Si l’on en juge à l’explosion de joie du banc et du staff bordelais, cette victoire est un gros soulagement pour le vainqueur de la saison régulière. Martin Lacroix : « On l’a dit et répété, Neuilly n’était pas à sa place en terminant 8ème. C’est une équipe de play-off, très difficile à battre sur sa glace, comme on avait pu s’en apercevoir en saison régulière. C’était un bon match de hockey, et ça prend 2 bonnes équipes pour réaliser ce type de prestation. Mais c’est juste un match, c’est loin d’être terminé. Neuilly va tout donner mardi, à nous d’être prêt. »

Du côté nocéen, si la déception était palpable, à l’image de Maxime Dubuc, le capitaine et l’âme des Bisons, très touché par l’issue du match, on rejoignait l’analyse bordelaise sur la qualité du match. Frank Spinozzi « On a vu un gros match. Les 2 équipes ont travaillé fort. Bordeaux a une excellente équipe, c’est une évidence. On a bien fait pendant plus de 30’ et on a eu ce creux de 5’ au 2ème tiers qui nous coûte le match. On va travailler fort lundi pour être prêt mardi. Ça ne se joue pas sur grand-chose ce soir. » Quand on le lance dans le jeu des comparaisons par rapport au Lyon de l’an dernier qui avait élimé Neuilly en ½ finale, le coach des Bisons se prête volontiers au jeu « Les 2 équipes ne sont pas faites pareil. Lyon était très fort techniquement et offensivement. Mais défensivement Bordeaux est supérieur, les avants sont prêts à tout défensivement, autant que les défenseurs. Collectivement c’est une très belle équipe. On peut les battre mais il faut revenir plus fort. On a 2 échappées à 3-2 mais on ne compte pas. Ils ont été très bons sur les détails, ont capitalisé sur nos erreurs. Je suis content de rejouer dès mardi. On a le banc qu’il faut pour enchaîner. Le bloc que j’ai mis face à la 1ère ligne bordelaise (Vit-Tomasek-Niskakangas) a fait son job. Les autres doivent se hisser à leur niveau pour qu’on ait notre chance. »