Malgré les séquelles d’une saison jouée avec un engagement maximum, Léo Cuzin et Loic Sadoun blessés, les Bisons attaquent le match tambour battant. Dans la 1ère minute, Sinkovic couche Kristin, mais ne peut redresser son palet puis Pek teste la solidité du gardien lyonnais qui répond présent. « On a subi en début de match, reconnaissait après coup François Dusseau. Neuilly était sur sa lancée du tour précédent et nous avons eu besoin de temps pour nous adapter à la petite glace. On savait que ce serait compliqué. » Lyon commence à montrer le bout de ses patins, tout en vitesse et en technique. Beech répond présent devant Olsson bien servi par Kristin puis face à Figon suite à un rebond capricieux derrière sa cage (4’.)
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Et quand Olsson réussit à lui faire baisser la garde, c’est la défense qui bloque bien le Suédois qui ne peut lancer. Passées ces alertes, Neuilly reprend le match en mains « on fait un gros 1er tiers malgré la fatigue, dira Frank Spinozzi .» Illustration avec Hervato qui remet devant la cage mais personne ne peut reprendre. Sur son 1er jeu de puissance, Neuilly va trouver la faille suite à un gros lancer de Wagenhoffer, repoussé par Kristin, Sinkovic puis Polodna sont bien placés pour prendre le rebond et c’est finalement
Polodna qui pousse la rondelle au fond des filets (1-0 ; Polodna ass. Sinkovic et Wagenhoffer à 5vs4.)
Lyon tente de réagir par Kristin puis Gillet en power play (12’30), mais Beech répond présent. Pas vraiment en réussite cette saison, les unités spéciales des Bisons semblent trouver leur efficacité au meilleur des moments « Notre jeu en infériorité a été très bon ce soir, constatera Frank Spinozzi. » « En infériorité, ils avaient un système avec, à chaque fois, un joueur en bas, il nous a fallu du temps pour nous adapter » lui répond en écho le coach lyonnais.
Après une belle action menée par Rey, aligné en attaque ce soir,
les Lions vont égaliser par Lebey, opportuniste et bien placé pour reprendre devant le but un palet dévié par un patin nocéen (1-1 ; Lebey ass. Biniek et To-Landry.) Malgré une nouvelle supériorité pour chaque équipe, et un break non converti pas Olsson, le 1er tiers s’achève sur ce score de parité.
Dès l’entame du 2nd tiers, Kadic écope de 10’ de prison pour avoir lancé après le coup de sifflet de l’arbitre sur un hors-jeu. Spinozzi est obligé de remanier ses lignes « on s’est adapté. C’est le résultat d’avoir fait jouer tout le monde toute la saison, en cas de coup dur, on a des solutions. » Neuilly est toujours présent, Hervato en supériorité puis Rey et Da Costa portent le danger sur le but lyonnais devant un Kristin solide. Beech n’est pas en reste et s’impose suite à un palet maintenu in extremis en zone offensive qui offre une grosse occasion aux Lions.
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En power play, les Lyonnais vont mettre une grosse pression mais Beech et sa défense ne lâchent rien. Les Nocéens bénéficient à leur tour d’une supériorité mais offrent un contre aux visiteurs qu’un retour de Dubuc stoppe magnifiquement. Le Canadien, qui incarne à merveille les valeurs des Bisons par son engagement sans faille et son refus du renoncement, relance et se projette vers l’avant pour recevoir le palet
suite à un bel échange entre Da Costa et Sadoun. Depuis l’oreille gauche, il envoie un missile qui nettoie la lucarne opposée de Kristin (2-1 ; Dubuc ass. Sadoun et Da Costa à 5vs4.)
Une nouvelle pénalité contre les Bisons va cette fois être exploitée par Lyon.
Sur une magnifique passe en retrait de Biniek, c’est To-Landry qui est à la conclusion pour égaliser (2-2 ; To-Landry ass. Biniek et Styf à 5vs4.) Va alors débuter une longue, très longue, période de domination lyonnaise. Frank Spinozzi : « Les punitions nous ont enlevé du rythme et, de la 30ème à la 50ème minute, Lyon nous a servi une leçon de hockey. C’est une grosse équipe, il fallait s’attendre à être dominé. » Ce temps fort lyonnais est plus marqué par l’incapacité des Bisons à sortir de leur zone ou à gratter des palets le long des bandes que par les occasions lyonnaises. Mais le danger est clairement maintenu sur le but de Beech. On pense que les locaux vont pouvoir rentrer aux vestiaires sur ce score de parité, quand
Gillet, servi en retrait par Lebey, trouve la faille entre les jambières de Beech d’un lancer ras de glace (2-3 ; Gillet ass. Lebey et Olsson.)
Le dernier tiers reprend sur le même tempo, Lyon contrôle, Neuilly est réduit à protéger son but et ne parvient plus à se projeter vers l’avant. Sadoun, aligné 12’ malgré sa blessure, Wagenhoffer qui alterne courts passages sur la glace et soins avec le kiné, suite à un coup contre la bande, ou encore Léo Cuzin qui bénéficie de quelques présences, illustrent l’esprit guerrier de Bisons qui ne veulent pas mourir « J’ai embarqué des joueurs qui n’étaient pas aptes physiquement, mais ils ont trouvé les moyens d’aider l’équipe. Dans ces matches de play-off, il faut se dépasser, c’est sûr que ça fait mal » reconnaîtra Spinozzi.
Lyon contrôle, Neuilly plie mais ne rompt pas. Beech s’impose face à Laberge, Kristin ou Biniek. Alors qu’il reste 10’ à jouer, le coach des Bisons appelle un temps mort « le message a été clair, on démissionne ou on donne un dernier coup. »
Mais suite à une faute « stupide » en zone offensive, les Nocéens offrent une supériorité aux Lyonnais et il ne faut que quelques secondes à
Olsson et Kristin pour entamer un superbe mouvement qui met hors de position la défense des Bisons et permet à Laberge de marquer le but du break (2-4 ; Laberge ass. Olsson et Kristin.)
Réduits à défendre depuis 20’, on voit mal comment les Bisons pourraient revenir dans le match. Mais « le temps mort nous a redonné de l’énergie » dira Loïc Sadoun.
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« On contrôlait le match et le palet, mais on s’est mis à faire des erreurs individuelles, de placement, on ne ressortait plus le palet. On a remis Neuilly dans le match, on ne peut s’en prendre qu’à nous » analysera Dusseau.
Vont alors débuter 7’ de folie, 7’ irrationnelles. « Notre équipe joue avec intensité et émotion, c’est notre ADN. Pendant notre passage difficile, on ne retrouvait pas notre rythme, mais je sais que plus le match avance, plus on est présent » dira Spinozzi. Pek allume une 1ère mèche bien bloquée par Kristin (52’), puis
Hervato est bien placé pour prendre un rebond laissé par Kristin et remettre les siens dans le match (3-4 ; Hervato ass. Kadic et Dubuc.) Neuilly pousse à nouveau, mais s’offre aux contres des visiteurs, et il faut un grand Beech pour enrayer un 2 contre 1 emmené par To-landry et Biniek (55’17.) Alors qu’on évolue à 4 contre 4, Dubuc et Vsetecka enrayent une attaque et relancent vers
Da Costa, laissé seul par la défense lyonnaise. Il fixe Kristin d’une superbe feinte avant de lancer dans la lucarne gauche dans une ambiance de folie (4-4 ; Da Costa ass. Dubuc et Vsetecka.)
On se dirige vers les prolongations quand, à 40’’ de la fin, Lyon s’offre une énorme occasion que Beech repousse avant qu’un défenseur ne contre un nouveau lancer alors que son gardien n’était pas encore relevé. Dans la continuité, les Bisons s’offrent à leur tour une occasion mais ne peuvent conclure. Le palet est récupéré par Da Costa qui voit Wagenhoffer, qui vient de sortir du banc, esseulé à la bleue. Le géant slovaque est servi et le temps semble se figer un instant. Les défenseurs lyonnais restent positionnés devant leur but, Kristin est à peine revenu sur ses appuis.
Wagenhoffer a le temps de contrôler et de s’avancer pour déclencher son lancer surpuissant qui transperce l’arrière-garde lyonnaise pour offrir la victoire aux siens (5-4 à 59’27 ; Wagenhoffer ass. Da Costa et Kadic) dans une patinoire en délire. Un but qui réjouit bien évidemment le capitaine nocéen, Loïc Sadoun « Gabriel marque un but venu d’ailleurs pour égaliser. Ensuite Jozef, on sait qu’il a un lancer surpuissant, peut-être le plus puissant du championnat. Là, il prend le temps de bien se positionner pour cadrer, et pour contrer ses lancers, il faut plus que du courage. C’est génial, qu’est-ce qu’on peut faire de plus ? 13 victoires de suite à domicile, c’est juste énorme. »
Ce que les Bisons peuvent faire de plus, Frank Spinozzi le sait « Il va falloir se préparer à jouer beaucoup mieux ce weekend. On savait que ce serait dur, mais il ne faut pas penser qu’on a fini notre championnat ce soir. Samedi, ce sera certainement encore plus dur. Ils vont avoir la pression après cette défaite. Ca peut les abattre, ou au contraire les lancer. » Mais avant de se projeter vers le prochain match, le coach des Bisons savoure avec émotion cette victoire « Les play-offs, c’est magique. Il y a toujours des revirements, des histoires qui s’écrivent. J’ai un groupe de joueurs qui croient en eux. A 2-4, ils n’ont rien. Depuis qu’on a trouvé notre rythme en novembre, on trouve des moyens de gagner les matches. Ceux qui ont vu le match ce soir sont obligés d’aimer le hockey.»
La fameuse pression après la perte du 1er match, son capitaine l’a déjà vécu « Avec Tours en finale Magnus, on perd le match 1 à Mulhouse et ensuite on perd à domicile. Ces séries en 2 victoires, c’est souvent à l’avantage du moins bien classé, c’est mal fait. Mais j’ai aussi des souvenirs avec Amiens où, malgré la perte du 1er match, on était tellement sûr de notre force qu’on n’a pas paniqué. Ils sont peut-être touchés moralement par le scénario du match mais, là-bas, sur une grande glace, ce sera autre chose. On se présentera sans pression, avec 2 balles de match. »
François Dusseau ne dira pas autre chose « Le format des séries, on le connaît, il faut faire avec. Ca fait 1-0, maintenant on va voir la capacité de réaction du groupe dans la difficulté. On va être soutenu par 3 000 personnes, il faudra qu’on fasse une bonne entame. La pression, on l’a depuis le début de la saison. On est les seuls à avoir annoncé nos objectifs alors que les autres se sont protégés, on a donc été attendu partout, on a eu des matches durs et on a toujours su réagir. Il faut que tous mes joueurs passent en « mode » play-off, ce n’est pas encore le cas. Chez nous, on a été costaud toute la saison, samedi il faudra leur mettre la pression, montrer qu’on est des guerriers pendant 60’, sinon c’est les vacances. »
Après une victoire acquise à 1’30 de la fin contre Anglet, puis une égalisation à 50’’ de la fin lors du match 3, c’est une victoire à 23’’ du terme qu’ont décrochée les Bisons. De quoi faire dire à certains qu’ils sont placés sous une bonne étoile. On préfère croire que ces dénouements ne sont pas le fruit du hasard, mais la juste récompense de leur engagement sans faille.