Lorsqu'ils reçoivent Rouen II dans leur antre de la patinoire Jacques Raynaud, les Bélougas trônent fièrement à la 3ème place de la poule A avec 4 victoires en 5 matchs, 23 buts inscrits, et 16 buts encaissés. Les visiteurs en revanche trainent en fond de classement, 9ème sur 10 équipes, défaits 5 fois en autant de rencontres, tout juste 12 buts inscrits, et déjà 23 buts alloués. Si l'on en croit certaines légendes, les dragons ne meurent jamais. Il leur arrive en revanche de s'assoupir. Or en ce 14 novembre 2009, visiblement, c'était l'heure du réveil...
Avant que le match ne débute, une minute de silence à la mémoire de Jean-François Pointet voit la patinoire Jacques Raynaud à l'arrêt, dans le silence le plus total. Bon nombre de spectateurs ne sont pas encore installés, mais tous s'immobilisent sans un bruit. L'émotion est palpable, et même visible sur certains visages. Il est rare que de telles minutes de silence soient réellement respectées par l'ensemble d'un public, et ce fût donc une agréable surprise que de voir un réel respect de la part de toutes les personnes présentes dans la patinoire.
Petite cause, grands effets
Les Blagnaco-Toulousains entament le match par le bon bout. Présents, agressifs, déterminés, organisés, ils étouffent les Dragons dans les premières minutes de la rencontre. L'échec-avant très haut dans la zone gêne considérablement les sorties Rouennaises, le nombre de revirements augmente plus vite que celui des minutes jouées... mais le tableau d'affichage reste vierge. Et ce en grande partie à cause de problèmes d'exécution et de finition du côté Toulousain. Une action de Jérémy Pradel illustre bien la situation dès la 3ème minute de la rencontre. Suite à un très bon échec-avant, il récupère le palet dans les crosses adverses, se rapproche de l'enclave sur la droite du gardien dans un espace vide, prend un tir, mais manque la cible. L'opportunité était pourtant bonne. D'autant que même si le portier des Dragons avait réalisé l'arrêt, il aurait vraisemblablement été contraint d'accorder un rebond, et plusieurs Bélougas rôdaient dans l'enclave pour en profiter. Au lieu de cela, aucun arrêt à faire pour le gardien, un palet qui part au loin, et une défense Rouennaise qui se dégage tant bien que mal.
Toujours autant sous pression, les Dragons se retrouvent poussés à la faute, et Thomas Dreyfus est prié de tester le confort du banc de pénalité à 3:51 suite à un cinglage. Toulouse pousse et parvient même à obtenir 3 tirs sur la cage adverse durant le jeu de puissance, mais rien ne rentre. Quelques mauvais contrôles de palet et quelques passes loupées privent également les Bélougas d'occasions qui auraient pu s'avérer dangereuses. Une mauvaise passe va même se transformer en échappée adverse, mais Thomas Picavet veille au grain et rattrape la bourde de ses coéquipiers. Un dernier rush sur le jeu de puissance se conclue par une belle opportunité... et un nouveau tir dans les nuages.
Les Dragons sont très passifs dans cette première période. Ils regardent le jeu plus qu'ils ne jouent, le niveau d'aggressivité est au ras des pâquerettes (lorsqu'il est là), les batailles le long de la bande sont systématiquement à l'avantage des Bélougas, et les attaquants Toulousains ne sont jamais défiés lorsqu'ils portent le palet. Fort de ce constat, Maurice Rozenthal récupère le palet sur une sortie de territoire, et s'avance paisiblement en zone neutre. Un coéquipier l'accompagne, mais trois joueurs Rouennais sont en face. L'action n'a que peu de chance d'aboutir à quoi que ce soit, pense-t-on. Sauf que Rozenthal se joue d'un défenseur trop passif, en fixe un deuxième tout aussi inactif, l'utilise comme écran, et bat Mickaël Muller du côté de la mitaine à 8:46. Enfin! Après une domination sans partage, les Bélougas parviennent à concrétiser au tableau d'affichage, et le public est ravi.
Vers la 10ème minute, un Toulousain (Pradel, m'a-t-il semblé, mais je n'en suis pas certain) s'avance en zone neutre, seul face à quatre Dragons. Aucun d'entre eux ne vient le défier! Ils reculent... reculent... reculent encore... reculent un peu plus, comme terrorisés à la vue de cet effrayant adversaire. Peut-être un peu surpris par l'effet terrifiant de sa seule présence, le joueur Toulousain manque complètement la cage. On peut y voir une réussite du plan défensif orchestré par les quatre effrayés... on peut...
Les locaux continuent de pousser tant et plus. Suite à une nouvelle bonne performance de l'échec-avant, le palet est récupéré dans un premier temps, puis cafouillé, puis perdu, et Thomas Dreyfus va mener un contre assassin qui sera conclu par Alexandre Sucre. 1-1 après 11:29 de jeu. Côté Bélougas, on commence un peu à regretter les occasions manquées. Pourtant, les choses ne vont pas vraiment s'améliorer. Même si d'autres bonnes occasions sont obtenues, les mêmes problèmes persistent: des passes imprécises en zone offensive, des contrôles de palet hasardeux, et une armée de tirs hors-cadre.
En toute fin de période, un revirement en zone neutre de la part des Dragons est récupéré par Benoit Pourtanel, qui s'en va seul défier Mickaël Muller. Il tente un tir entre les jambières que le gardien semble avoir arrêté... avant que l'on ne voit réapparaitre le palet, qui glisse lentement mais surement vers la ligne de but. Jérémy Pradel avait bien suivi l'action et bat son adversaire direct dans la course au palet pour redonner l'avantage aux Bélougas à 19:08.
Galvanisés par ce but, les joueurs du TBHC ont un peu la tête dans les nuages sur les dernières secondes de la période. Du relâchement en défense, une couverture défensive atroce, et Valentin Dumelie trouve Kevin Marias-Magill absolument seul dans l'enclave. Thomas Picavet doit s'incliner sans avoir eu la moindre chance de pouvoir arrêter ce tir.
Le buzzer retentit sur un goût amer d'inachevé pour les Toulousains. Bien que dominants, ils payent cher leurs multiples approximations. Manquer l'opportunité de se retrouver à trois-contre-un à cause d'une mauvaise passe ou d'un contrôle de palet loupé, c'est toujours rageant. Obtenir des situations de tir dans l'enclave mais manquer la cage, ce n'est guère mieux. Et les Bélougas ont multiplié ces erreurs lors de ce premier tiers. Quant aux Dragons, ils ont su se montrer opportunistes. Du reste, c'est à peu près tout ce qu'ils ont montré. Laminés dans tous les secteurs du jeu, ils obtiennent 7 de leurs 8 tirs de la période suite à des erreurs adverses. Et ils laissent les Bélougas tirer 13 fois au but... et au moins autant de fois à côté. On pourrait avoir un score de 4-0, voir 5-0, sans qu'il y ait quoi que ce soit à redire. Au lieu de ça, les Bélougas doivent se contenter d'un 2-2 où tout reste à faire.
Le tournant du match
Étant malheureusement pressé par le temps, je n'ai pas pu interviewer qui que ce soit. Et c'est bien dommage, car le tournant de la rencontre a eu lieu en dehors de la glace. Plus exactement dans le vestiaire Rouennais. Il serait bon de savoir ce qui s'y est dit et qui l'a dit, car la différence s'est faite sentir de manière radicale sur la glace pour le restant du match. Autant les Dragons de la première période n'étaient qu'une mauvaise copie de ce qu'est une équipe de hockey, autant les Dragons des deux dernières périodes ont été redoutables d'efficacité. Une véritable machine de guerre qui a tout écrasé sur son passage.
Le souffle du dragon
Dès la reprise, les Rouennais se montrent beaucoup plus agressifs et combatifs, ce qui se traduit vite par un 4-0 aux tirs après un peu plus de 3 minutes. Les locaux tiennent bon, tant bien que mal, mais sont clairement mis en difficulté. Après 27:50 de jeu, l'outrageuse domination des visiteurs pousse les Bélougas à la faute, et Harold Ten Braak sort 2 minutes pour avoir fait trébucher. L'infériorité Toulousaine gère bien la première minute. Puis, suite à une mise en jeu dans la zone offensive des visiteurs, les locaux ont un coup de mou. Le faceoff est perdu (un point noir récurrent pour les Bélougas), une ligne de passe n'est pas coupée, un joueur n'est pas couvert... il reçoit la passe, arme son slap, et renvoi les Bélougas à leurs études. 3-2 pour Rouen à 29:15, sur un but de Kevin Beziau.
Peu avant la mi-période, Terry Prunier reçoit une charge à retardement complètement en dehors du jeu et restera allongé sur la glace pendant un long moment. Le palet était déjà 15-20 mètres plus loin, et les arbitres n'ont pas vu ce mauvais geste. Ils ne sont pas les seuls, vu qu'une bonne partie du public n'a pas mieux vu ce qui s'était passé. Pas vu, pas pris, le fautif échappe au banc des punitions. Mais vu le caractère fougueux de Prunier, on peut se dire que s'il recroise son aggresseur, l'explication risque d'être particulièrement virile...
Cet incident aurait pu raviver la flamme des Toulousains. Doux espoir. Au lieu de ça, les Dragons continuent leur marche en avant. Aggressifs en zone neutre, ils forcent un revirement et se retrouvent avec une situation de contre à trois-contre-un, qu'une passe intelligente de Kevin Beziau transforme vite en deux-contre-zéro. Livré à lui-même, le pauvre Thomas Picavet fait ce qu'il peut pour protéger le filet du TBHC. En l'occurrence, il ne peut rien, et Arnaud Briand offre deux buts d'avance à son équipe. Le chrono affiche alors 13:36 de jouées en deuxième période, et les tirs sur ce second tiers en sont à un 9-1 sans appel en faveur de Rouen. Le public est éteint. Après 20 minutes de totale domination Toulousaine, Rouen a répondu par un peu plus de 13 minutes de totale domination. Seule "petite" différence cependant: Rouen n'a pas fait d'erreur grossière qui leur coûte des buts. Et c'est ainsi qu'ils se retrouvent avec deux longueurs d'avance. Le souffle du dragon a fait très mal...
Retour de flamme
Sans doute un peu lassés, voir agacés, d'être relégués au rang de simples spectateurs, les Bélougas font ce qu'ils savent faire le mieux: se donner à fond. L'équipe n'est sans doute pas la plus talentueuse du circuit (malgré quelques grandes individualités), mais il y a au moins une chose que l'on ne peut pas lui retirer: elle a du cœur! Si elle accroche un "gros" à son tableau de chasse de temps à autre, c'est en grande partie grâce à sa combativité. Si le public vient de plus en plus nombreux à la patinoire Jacques Raynaud de Blagnac (encore 1.100 spectateurs pour ce match... et dire que la future patoche n'aura que 900 places...), et ce malgré des travaux qui perturbent l'accès en bus, et malgré le fait que Toulouse soit plutôt une terre de rugby (et plus marginalement de foot), c'est parce que le public sait que les joueurs qu'ils vont supporter vont se donner à fond. Et que rien que pour la beauté de l'effort, ils méritent d'être soutenus et encouragés.
Peu après avoir encaissé ce nouveau but, les Bélougas affichent donc un sursaut d'orgueil et finissent (enfin!) par obtenir leur second tir de la période. Ils poussent de plus en plus fort, et les Dragons sont passablement dépassés, même s'ils continuent à proposer du bon hockey. Les locaux finissent par forcer leurs adversaires à prendre deux pénalités sur la même action, s'octroyant ainsi deux minutes pleines à 5-contre-3. Et au bout de 42 secondes, Maurice Rozenthal inscrit son deuxième but de la rencontre et ramène son équipe à une petite longueur des Dragons.
La fin de la période est à sens unique. Sur les 6 dernières minutes, Toulouse inflige un cinglant 10-0 aux tirs! Mais Mickaël Muller tient la baraque et permet aux siens de rentrer aux vestiaires avec un but d'avance.
Bien que dominés la majeure partie du temps, les Bélougas ont obtenu 11 tirs sur l'ensemble de la période, contre seulement 9 pour leurs adversaires. Après 40 minutes, l'avantage passe donc à 24-17 en faveur des locaux. Mais la seule stat qui compte reste à l'avantage de Rouen, qui mène 4-3 au tableau d'affichage.
Si près... et en même temps si loin
Comme on pouvait s'y attendre, le troisième tiers voit une équipe Toulousaine bien décidée à égaliser, puis éventuellement à virer en tête, tandis que les Rouennais ont un point de vue singulièrement différent. La première occasion sera pour les Bélougas, mais l'espoir suscité sera égal au gâchis de la réalisation. Quelques minutes plus tard, Rouen lance une attaque simple et rapide. Clément Hondier passe à Valentin Dumelie pour la sortie de zone, ce dernier parvient jusqu'en zone offensive où il trouve Quentin Berthon dans le haut de l'enclave. Tir de Berthon que Picavet dévie du bouclier... plus ou moins... en tout cas, pas assez. 5-3 pour Rouen à 45:30.
Un peu moins de cinq minutes plus tard, c'est un palet bêtement perdu par les Toulousains dans leur enclave qui va offrir un but tout fait à Bryan Ten Braak à 49:55. 6-3, tout juste 10 minutes à jouer, le match est plié.
Les Bélougas vont quand même tenter de remonter, se créant même deux très belles occasions par l'intermédiaire de Tommy Flinck, mais Mickaël Muller ne semble pas décidé à aller chercher la rondelle dans ses filets.
Après 14:00 de jeu en troisième période, les visiteurs lancent une belle attaque qui perfore la défense, Alexandre Sucre se paye le luxe d'un spinaround dans l'enclave qui gèle Picavet sur place, passe au second poteau pour Thomas Dreyfus, et ce dernier s'offre son troisième point du match (1+2) en ne ratant pas la cage grande ouverte.
A défaut de pouvoir gagner...
Quelques secondes après le but, Terry Prunier est de nouveau victime d'une charge à retardement de Kevin Beziau, bien en dehors de l'action. Sauf que ce coup-ci, l'aggresseur a fait l'erreur de ne pas achever Prunier. Grave erreur. Terry se relève et lui décoche une droite qui atteint la cible. Si l'on avait été en Amérique du Nord, la suite logique aurait été une bagarre en bonne et due forme, et un public ravi. Mais nous ne sommes pas en Amérique du Nord. Et si les gants furent effectivement jetés, les arbitres se sont vite interposé, comme le règlement le prévoit, et nous ont privé d'un duel pourtant très attendu par une foule qui s'est levée d'un seul homme pour assister au spectacle.
Enfin, à 20 secondes du buzzer final, les Bélougas s'offrent LE tampon du match. Réglementaire celui-là. Un terrible hipcheck parfaitement exécuté détruit littéralement Clément Gaudeaux, qui aura besoin de l'aide de ses partenaires pour se relever et rejoindre le banc. De là où je me trouvais, dur de dire qui était l'auteur de cette "Phaneufade", mais il semblerait que ce soit Harold Ten Braak qui ait suscité les acclamations du public.
Dans l'ensemble
Défaite assez décevante pour les Bélougas, tant les Dragons semblaient à leur portée. Des erreurs grossières en défense et un trop grand nombre d'approximations à l'offensive auront transformé une victoire plus que possible en une défaite qui laisse des regrets. Lorsque l'on domine son adversaire 35-23 aux tirs, il arrive que l'on perde le match. Mais il n'est pas normal de se retrouver du mauvais côté d'un score de 7-3.
Notons également le bon arbitrage dans l'ensemble de messieurs Jean-Charles Llorca et Laurent Garbay. En dehors de la première charge à retardement sur Prunier qu'ils n'ont pas vu (à leur décharge, l'action était assez loin du palet), ils ont fait un très bon travail.
ho surprise devinez ce que je viens de voir sur le site de la fede ce cher mr prunier que vient de prendre deux matchs ferme et deux avec sursis
je suppose qu'il a du encore se faire agresse le pauvre !!!!!!!!!!!!!
burger15 a écrit
le 24/11/2009 à 00:18
mdr! un coup de crosse! je suis un jour de rouen ca s'est passé juste devant notre banc!
on peut debattre 1000ans sur les agressions sur prunier, il y a peut être faute... mais ca ne justifie pas son geste.
WashCaps a écrit
le 23/11/2009 à 13:19
Non non, pas de coup de crosse !
Une droite suite à deux agressions dont il a été victime, et que n'a pas sifflé l'arbitre.
Aux étas-unis ? ça finirait sur un "tombé de gants" et une bagarre. :-)
burger15 a écrit
le 20/11/2009 à 01:50
Tout a fait d'accord avec toi Christophe... De plus prunier n'a pas décoché une droite qui a atteint la cible mais plutot un coup de crosse qui a effectivement atteint la cible (dans la tete)... grosse nuance. En amerique du nord comme en france c'est une exclusion de match... Revoir aussi le nombre de shoot, ce n'est pas du tout le nombre que j'ai relevé. De plus 2 potos sur la cage de toulouse. Ca en fait des details oubliés... et j'en passe.
Victoire tout simplement méritée.
letaz a écrit
le 15/11/2009 à 22:11
ceux ci dit sa l'enleve en rien mon plaisir a aller sur votre site
christophe berthon
letaz a écrit
le 15/11/2009 à 22:04
interressant ce reportage mais il me laisse un sentiment comme si le journaliste etait de toulouse
le paragraphe "a defaut de pouvoir gagner" ne semble inutile
arretez-moi si je me trompe mais on a beau tire 250 fois sur une cage comme toulouse l'essentiel comme rouen c'est de tire une fois mais de le mettre au fond
Christophe Berthon supportaire de rouen