De Rouen à Toulouse en passant par Lyon et Bordeaux, de Chloé à Fabrice Lhenry, nul doute que tous les encouragements reçus ici ou là auront aidé les Dragons à « dominer la glace » et à « se battre comme des chiens » face à des Basques surpris durant deux périodes par l'engouement des Dragons. Dans une patinoire chaude bouillante galvanisée par 1300 supporters, le chaudron basque faisait honneur à sa réputation et faisait renaître les ambiances de lustre d'antan en mettant la pression d'entrée de jeu sur les Dragons.
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Stéphanie OUVRY©0614603282 |
Rodolphe Goechon (archives) |
Loin d'être impressionnés, les Rouennais, bien au contraire, enthousiastes comme jamais, chaussaient leurs patins à réaction d'entrée de jeu. Contrariant les plans des Basques dans tous les secteurs du jeu, les Rouennais jouaient la partition parfaite sur le début de la rencontre. Profitant de chaque espace de glace pour se mettre en évidence sur le but gardé par Guillaume Drouot, les Normands ne tardaient pas à se voir récompenser de leurs efforts. Après avoir hésité sur le premier jeu de puissance proposé par le duo arbitral (00'19), la deuxième tentative était la bonne pour les Rouennais sur une prison subie par Xavier Daramy. En glissant le palet au fond des filets angloys sur une hésitation coupable du portier basque, Alexandre Mulle venait de mettre le feu sur le banc de son équipe (11'14).
Transportés par l'ouverture du score, les joueurs de Julien Guimard, plutôt que de reculer, continuaient de forcer le jeu et de presser une arrière garde déjà proche de la rupture. Bien que bénéficiant de moments de relâche sur deux prisons sifflées à l'encontre des Dragons (12'05 & 16'31), les locaux ne parvenaient pas à trouver la solution tant les rouennais se livraient sur le glaçon basque. Les Seino-marins, à l'image de leur portier Rodolphe Goechon, donnaient le change aux tentatives adverses et laissaient passer l'orage. En dépit d'une égalisation basque refusée par les arbitres, le palet ayant franchi la ligne de but après le coup de sifflet, les Rouennais attendaient patiemment le rayon de soleil et profitaient des dernières secondes de la période pour doubler la mise.
Sur une nouvelle prison concédée par le capitaine basque, l'unité spéciale jaune et noire se montrait à nouveau particulièrement efficace cette fois par le « niño » de l'équipe Anthony Rech qui déviait le palet jeté violemment par Lionel Tarantino (19'18) Un 0-2 logique au regard de la période livrée par les rouennais qui leur permettait de regagner le vestiaire sereinement.
Déjà lors du match aller, les Rouennais étaient parvenus à dominer les Basques 2 buts à 0 avant de voir le retour en grâce de leurs adversaires. Avec le spectre de la déception de la semaine dernière dans la tête, les rouennais attaquaient le tiers médian en laissant leurs opposants développer un peu plus de jeu offensif. Cinq premières minutes « difficil » où les rouennais devront faire preuve d'abnégation pour tenir le score en l'état. Certes, le but rouennais était assiégé, certes les palets volaient dans tous les sens mais le fort rouennais tenait toujours et aucun palet basque ne franchira la ligne fatidique à ce moment là de la rencontre.
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Stéphanie OUVRY©0614603282 |
Alexandre Sucre (archives) |
Bien au contraire, la domination basque s'achevant sur une prison concédée (24'51), les rouennais toujours aussi opportunistes utilisaient le quatrième power-play de leur match pour inscrire un troisième but en avantage numérique. Une réussite offensive symbolisée par l'audace d'Anthony Rech qui profitait d'une passe d'Alexandre Mulle pour donner le 3-0 dans un silence de cathédrale (25'02) Cette fois, sous le choc, le public et les joueurs d'Anglet peinaient à se remettre dans le sens du jeu. En effet, l'édifice de l'Hormadi tout proche de l'effondrement subissait un nouveau coup dans ses fondations sous la houlette d'un Anthony Rech tout foufou qui voyait son lancer ricocher sur le poteau du filet de Guillaume Drouot (27'00).
Période difficile pour l'Hormadi qui subissait les assauts des troupes rouennaises pendant des longues minutes avant de voir l'élan rouennais bloqué par deux coups de sifflets qui bouleverseront la fin de la période (36'39 & 37'54) Réduits à 3 contre 5, cette fois, les Rouennais ne parviendront pas à tenir la maison dragon inviolée. Sentant le bon coup, les supporters basques donnaient de la voix pour pousser les leurs vers le but de Rodolphe Goechon. Expérimenté, Géraud Maréchal savait y faire face aux trois rouennais et parvenait à réduire la marque à 1-3 avant la deuxième sirène (38'06)
Loin d'être anecdotique ce but subi dans les dernières minutes de la période aura de lourdes conséquences sur le déroulement de la troisième période. En effet, l'espoir de retour, les basques livreront bataille et accéléreront nettement la pression face à des Dragons plus nerveux, moins habiles à gérer la situation. De fait, en conséquence, les Angloys trouveront les ressources pour revenir à 3-2 par Géraud Maréchal. Certes de façon un peu fallacieuse tant le hors-jeu était criant (45'31) mais plutôt logiquement au regard du début de la période. Quoiqu'il en soit, loin de céder les dragons tentaient de continuer de tenir tant bien que mal leur désormais bien frugal avantage. Pris sous le joug d'une offensive basque qui essayait par tous les moyens « de d'égaliser », la défense rouennaise se livrait « corps » et âme pour contrer les tentatives angloys.
Une longue et fastidieuse bataille de tranchée s'installait dans la zone défensive des Dragons. Arc-boutés violemment, l'ensemble de l'équipe rouennaise devait défendre son bien face à une équipe d'Anglet désormais déchainée soufflant le chaud et le froid sur sa glace dans une ambiance tonitruante. Dans un contexte particulièrement délicat après avoir subi plusieurs frayeurs intenses, les rouennais finiront par concéder l'égalisation peu après le début des cinq dernières minutes. Presque de façon attendue, Jimmy Ferrez faisait exulter de joie toute la patinoire basque en ramenant le score à 3-3 (55'52).
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Stéphanie OUVRY©0614603282 |
Germain Raimbourg (archives) |
A l'instar du match aller où les Basques étaient parvenus à décrocher le 3-3 sur l'Ile Lacroix, là encore, au caractère, Patrice Bellier et les siens venaient de rééditer le même tour de force sur leur glaçon. Ce qu'ils ignoraient en revanche, c'est que du caractère ce dragon là en était rempli également et bien que finissant le temps réglementaire dans la douleur en subissant de nouveaux cinglants assauts basques, la solidarité rouennaise permettait aux rouennais de décrocher la prolongation.
Les amateurs de "happy end" pourront être comblés par le dénouement de cette rencontre là. Après avoir mené au score largement par deux fois sur les deux matchs, cruel aurait été de faire perdre ce Dragon là. Le journaliste québécois Jean Dion avait bien raison, « le sport est bien une affaire de frisson » et seul ce dernier peut procurer une émotion aussi intense lorsqu'un palet franchi la ligne de but en prolongation d'un match couperet.
C'est ce type d'intense moment émotionnel que vivront les Dragons et leur encadrement durant la prolongation avec un but extatique inscrit en avantage numérique par Kévin Beziau (62'25) qui rendra ivre de bonheur tout un banc le temps de quelques minutes. Au final, ce que les Dragons retiendront c'est qu'ils continueront d'exister au sein de cette Division 2 avec un prochain défi à relever face aux Lions de Lyon en quart de finale du championnat de France de Division 2 avec toujours en tête la notion simple du plaisir de jouer.
Anglet – Rouen : 3 - 4 (0-2/1-1/2-0/0-1) Pénalités : Anglet : 18 mm – Rouen : 10 mm