Les U18 Elite B de Martin Boulianne, bien partis pour remporter le titre et monter en Elite A, et la D3, qui tient en échec une équipe de Deuil-Garges invaincue depuis le début de la saison (4-4), auguraient d'une belle soirée rue de l'Elysée.
Arbitres : M. Ernecq assisté de Bornais A; et de Gardiol G.
Buts : Tours : Courchevel-Méribel-Pralognan :
Pénalités
32 minutes (6-4-22) dont 1 x 10 minutes contre Tours
14 minutes (2-6-6) contre Courchevel-Méribel-Pralognan
Photo : Faustine Le Terrien
L'aréna était déjà comble à une demi-heure du début du match et, à l'entrée de la patinoire, on s'affairait pour refuser du monde pour des raisons évidentes de sécurité. Il fallait faire preuve de tact pour expliquer aux gens, pas toujours très conciliants avec le personnel féminin, ce qu'il en était. C'est vrai qu'ils allaient rater le match de la saison. Celui que tout le monde attend depuis tant d'années, celui qui doit lancer la jeune équipe des Remparts vers d'autres horizons.
En tous les cas, ceux qui n'avaient aucun souci à se faire sont bien les joueurs du Tours Football Club venus encourager leurs homologues hockeyeurs. Ils n'allaient pas regretter de s'être déplacés.
Le show habituel pour chauffer le public ayant fait son œuvre, il était temps de lancer les guerriers dans la bataille. Une guerre de tranchées, où il fallait marquer son territoire pour ne pas céder le moindre centimètre de terrain, se profilait à l'horizon.
Les Bouquetins, en ordre de bataille, n'ont cure de la pression hostile d'un public déchaîné et montrent rapidement leurs intentions. Le valeureux Stoklasa commence à faire trembler les tribunes, mais pas pour longtemps car Domin s'en va déjà vers son destin. Seul, sur le flanc gauche, il décoche un tir qui surprend tout le monde. Il trouve la lucarne opposée d'un Chamel estomaqué par tant d'audace. On joue seulement depuis 1.34'.
Mais le pire arrive pour Rossat-Mignod. A la cinquième minute, alors que les visiteurs prennent un peu plus le jeu à leur compte, Klimek et toujours ce diable de Domin se font la belle. Résultat, un but d'école qui enflamme tout une patinoire. Jérôme Pourtanel, sur son banc, esquisse un premier sourire tandis que son homologue, bonnet vissé sur la tête, fait grise mine.
Les Bouquetins, solides comme des rocs, leaders incontestés et incontestables de la poule A, sont désormais menés 2-0 alors que le duel ne fait que commencer.
Il faut repartir de zéro, oublier cette entame catastrophique et se lancer corps et âmes dans la lutte. Ce n'est pas un simple match que l'on joue là. C'est une demi-finale de playoffs qui doit conditionner l'avenir d'un club. Il n'y a plus de calculs à faire.
Sur la première supériorité numérique de la rencontre, parfaitement maîtrisée, Vrtek, l'un des fers de lance de cette équipe, montre qu'un Bouquetin n'est jamais abattu. Pas un grand but, certes, même plutôt chanceux pour tout dire, mais qui a le mérite de calmer les velléités locales.
Val Vanoise repart de l'avant et démontre au public tout son savoir faire et sa grande maîtrise technique. Les Remparts ne sont pas en reste. Ils savent que le moment est crucial et qu'il ne faut pas laisser le moindre espoir à leur adversaire mais, dès que l'on joue à un homme de plus, Tours a bien du mal à s'installer. Alors Vrtek, toujours lui, en profite et met tout le monde d'accord et surtout son banc qui respire un peu mieux.
Les deux équipes ont déjà proposé tout un tiers et personne n'a lâché. Tours a fait une entame de match digne de ce nom pour assommer son adversaire, mais Val Vanoise a su répliquer et ainsi rester dans la partie.
Photo : Faustine Le Terrien
Le joli bonnet de Rossad-Mignot
Le deuxième tiers qui se profile sera bien différent du premier. Les Remparts ont-ils pris un coup au moral ? Quoi qu'il en soit, l'équipe se relâche et tombe dans la facilité selon Jérôme Pourtanel. "On a joué ce tiers sur la pointe des pieds". Alors forcément les Bouquetins profitent de la situation et Cayer, l'homme aux 41 points en Ligue Magnus avec Strasbourg, affûte son arme et décoche un tir qui permet à son équipe de mener pour la première fois du match.
C'est évidemment la stupeur dans le public. On entendrait presque une mouche voler surtout lorsque Sorfza profite d'une errance de Lacerte pour donner deux longueurs aux Bouquetins quatre minutes plus tard.
Note : La fin pour les Remparts ! Oui, très sincèrement c'est que je pense à l'issue du deuxième tiers. A ce moment de la partie, je vois une équipe de Tours en perdition et une grande équipe de Val Vanoise qui maîtrise parfaitement son sujet. Menés 2-0, les Bouquetins marquent quatre buts de rang sans qu'il n'y ait rien à redire et, d'un point de vue personnel, je ne vois pas comment Tours pouvait renverser la tendance tant le message venait d'être clair. Mea Maxima Culpa d'avoir douté un seul instant d'une équipe revigorée par le discours dans le vestiaire d'un coach remonté et qui allait démontrer une force de caractère hors du commun durant ce dernier vingt. Mais honnêtement, y avait-il une seule raison d'y croire au vue de la physionomie de la rencontre ? Que celui, dans le public, qui ne disait mot et qui voyait Tours revenir, me jette la première pierre. Alors oui, pour la première fois de la saison, j'ai émis des doutes sur la capacité de cette équipe à se relancer et à revenir de l'enfer. Car c'est bien d'enfer dont on parle. Quatre buts d'affilée, voilà ce que viennent d'encaisser Lacerte et ses partenaires. Et pourtant...
Photo : Faustine Le Terrien
C'est la guerre
Kukucka devient fou. Il défie les lois de l'apesenteur, accélère et marque un but enragé en déjouant parfaitement Chamel qui avait vécu un tiers médian des plus tranquilles.
La marque est désormais de 4-3 pour les visiteurs qui supportent le choc sans broncher et continuent à jouer leur jeu. Mais la physionomie du match change aussi, les Remparts et leur public retrouvent leur hockey. Celui que l'on aime voir, celui qui embrase les foules, celui qui peut faire douter le plus redoutable des adversaires. C'est la révolte.
Alors le match devient rude et le moindre accrochage est désormais prétexte à un règlement de compte. C'est aussi ça les playoffs. On donne tout et il ne faut plus calculer. Sur son banc, Pourtanel sent que c'est le moment. Il l'a dit et répété dans le vestiaire : "On est mené, ce n'est pas fini. On lâche tout maintenant. On se vide et on joue notre hockey." Et le sursaut d'orgueil, celui que tout le monde attend, a lieu. En deux minutes et cinquante quatre secondes les Tourangeaux enflamment la rue de l'Elysée comme jamais. Colombel, Kiska et Saint André sonnent la charge.
La cavalerie est lancée et plus rien ne peut l'arrêter. Les Bouquetins n'en reviennent pas. Ils viennent d'encaisser trois buts en un temps record. Rossat-Mignod est dépité sur son banc tandis que Pourtanel tombe la veste.
Il reste dix minutes de jeu et le tableau d'affichage s'est affolé d'un coup d'un seul. C'est désormais 6-4 pour les Bleus et Noirs.
Rien n'est fini cependant, les Alpins qui avaient entre-temps pris leur temps mort, se relancent pour l'ultime charge. Celle de tous les espoirs car, on le sait, en hockey deux buts d'avance ce n'est rien. Surtout lorsque Chamel sort de ses buts et que Pierrel dans la dernière minute ramène son équipe à une unité.
Cette dernière minute sera terrible de suspense et de souffrance. Pénalisés, les Tourangeaux font face à six Bouquetins fous furieux (dans le sens noble du terme) qui tentent de toutes les positions des tirs tantôt repoussés par Lacerte tantôt écartés par un plongeon désespéré. Le public n'en peut plus. Debout, il souffre aussi, tout le monde est éprouvé. La fin approche, Tours tient son match, Val Vanoise est impuissant malgré pléthore d'occasions. La sirène retentit et c'est un ouf de soulagement alors que les altercations font leur apparitions.
Tours vient de remporter un match ô combien important. Celui qu'il ne fallait pas perdre. Il y a quelques jours, dans nos colonnes, nous parlions de malheur à celui qui ne pourrait voir cette rencontre mais aussi et surtout à l'équipe qui perdrait cette première manche. Certes, il reste deux matchs à Val Vanoise pour forcer la décision puisqu'ils sont censés avoir l'avantage de la glace, mais est-ce un si gros avantage lorsque l'on vient de perdre la première rencontre, qui plus est la première de la saison dans le temps règlementaire ? Réponse dans moins d'une semaine à Méribel.
La patinoire de Tours a vécu une soirée forte en émotion comme elle n'en avait plus vécu depuis longtemps. Et ça fait du bien. Mais si cette soirée fut une réussite, surtout pour les locaux, c'est parce qu'à Tours, il y a un vrai public, une vraie ambiance mais aussi parce que, derrière un match comme celui-ci, l'organisation prônée par le président Mariano est parfaitement rodée et que rien ne semble laissé au hasard. Enfin, ce fut un grand match parce que nous avons eu affaire à deux grandes équipes qui ont tout donné avec un trio arbitral à la hauteur.