- DAVE HENDERSON : UN COACH LÉGENDAIRE ! - |
Dave Henderson a pris sa retraite sportive depuis maintenant cinq ans. Ce sympathique Franco-canadien a tellement marqué l’histoire du hockey sur glace français pendant plusieurs décennies que nous ne sommes pas prêts de l’oublier ! En effet, faut-il rappeler qu’il a réussi la performance unique de rester pendant
quatorze ans l’entraîneur de l’équipe de France masculine senior ? Une longévité exceptionnelle puisqu’il a battu le record, que l’on croyait pourtant inaccessible, de son légendaire compatriote
Pete Laliberté (13 ans).
J’ajoute qu’avant cela Dave Henderson fut également le coach de nos internationaux juniors français U20 pendant
cinq ans formant pour l’occasion des duos d’entraîneurs avec Bernard Combe puis James Tibbetts et ensuite Pierre Pousse.
Mais le célèbre coach de Picardie a dirigé également nos juniors internationaux U18 à deux reprises avec Harry Perreault puis James Tibbetts. Bref, le long parcours de Dave Henderson comme entraineur national polyvalent apportant une grande contribution à la formation de nos diverses équipes tricolores force le respect !
Du coup, lorsqu’en 2018 Dave Henderson fit ses
adieux officiels comme entraîneur national des seniors juste à la fin des championnats du monde de Copenhague, les joueurs tricolores, qui furent accompagnés et dirigés par ce coach légendaire depuis le début de leur carrières internationales, lui rendirent un
hommage unanime.
Dave Henderson, qui a consacré presque 50 ans de sa vie à notre discipline, a eu droit à une haie d’honneur mémorable et bien méritée sur la glace par des hockeyeurs qui ne tarissèrent pas d’éloges ensuite devant les journalistes qui le questionnaient à son sujet.
N’oublions pas que Dave Henderson n’a plus quitté la France depuis son arrivée dans l’hexagone à l’âge de 23 ans comme ce fut le cas avant lui de ses compatriotes canadiens
Pete Laliberté et
Camil Gélinas, sauf lors d’un bref retour au Québec du mois d'avril 1984 au mois de janvier 1985 avant que la nostalgie de notre pays ne fasse revenir Dave définitivement.
RESPECT UNANIME DES TRICOLORES
Le célèbre gardien de but
Cristobal Huet, qui fut élu en même temps que lui au Temple de la Renommée de la FFHG en 2018, confia à cette occasion : « Dave est un homme très simple qui aime foncièrement le hockey. De plus, il a de bonnes valeurs qui s’appliquaient bien à notre groupe. Ses grandes qualités sont l’humilité, beaucoup de travail et aussi du cœur. C’est pour cette raison que ça matchait si bien avec lui. »
L’ex-capitaine des Tricolore
Laurent meunier, qui entra également la même année au panthéon de notre discipline, déclara de son côté : « Dave, c’est avant tout un passionné de hockey qui est un amoureux de la France. » Quant à
Fabrice Lhenry et
Baptiste Amar, les deux autres Tricolores qui furent aussi intronisés à cette occasion, on peut résumer leurs sentiments en disant qu’à leurs yeux Dave Henderson est quelqu’un d’assez simple, très proche de ses joueurs, c’est pour ça qu’il a fait l’unanimité pendant autant de temps.
Le capitaine des Tricolores Laurent Meunier et Dave Henderson ont formé un tandem complice et efficace lors des matches internationaux de l’équipe de France senior.
Mais celui qui le connait certainement le mieux, c’est son ami
Pierre Pousse qui fut son très fidèle adjoint puisqu’il resta à ses côtés tout au long de sa longue carrière, d’abord comme joueur puis comme entraîneur : « Dave, c’est la passion incroyable pour notre sport. Il allait tous les matins aux entraînements des Gothiques. Il passait sa vie dans les patinoires ! Ce gars respirait le hockey. Comme coach, il a toujours eu du succès. D’abord avec les juniors tricolores U20, puisqu’il est le seul à les avoir fait monter dans élite mondiale. Avec l’équipe de France senior, il a également réussi le retour dans l’élite planétaire en 2007. Ensuite, il a ajouté à son palmarès une victoire historique contre la Russie en 2013 puis un quart de finale inoubliable au mondial en 2014 et aussi une victoire très symbolique contre la Finlande lors du Mondial organisé à Paris en 2017. J’ai eu vraiment beaucoup de chance de pouvoir côtoyer aussi longtemps un tel entraîneur charismatique. »
UN COUP DE FOUDRE AVEC LA FRANCE
Natif de Winnipeg au Canada et aîné d’une famille de cinq enfants (deux frères et deux sœurs), Dave Henderson, avait vingt-trois ans lorsqu’il reçut des propositions venues d’Europe pour aller jouer comme renfort étranger notamment en Angleterre et en Italie. Mais, en
1975, il préféra choisir la France et plus précisément la ville d’Amiens à la suite d’un concours de circonstances. « J’avais étudié l’histoire et la géographie et je voulais apprendre le français, dit-il. C’est le renfort franco-canadien de l’équipe d’Amiens à l’époque, Philippe Duval, avec qui j’avais travaillé à Pierrefonds au Québec, qui est à l’origine de mon aventure. Comme il ne pouvait pas revenir jouer à Amiens pour des raisons personnelles, il m’a mis en contact avec son club. C’est comme ça que l’affaire s’est conclue. Mais au départ, je pensais que j’étais venu dans ce club très provisoirement pour jouer pendant un an seulement… »
Au départ, le jeune Dave Henderson ne parlait pas un mot de français et il profita que le club d’Amiens était privé de patinoire pendant six semaines pour apprendre quelques rudiments de notre langue. Il faut dire que son grand-père était décédé comme soldat dans le nord de la France lors de la première guerre mondiale. C’était donc dans son esprit un voyage mémoriel dans notre pays qui lui tenait à cœur.
Dave Henderson obtint très rapidement sa
naturalisation car quelques mois seulement après son arrivée en France, le Canadien rencontra par un heureux hasard sa femme Christine. Un véritable coup de foudre ! Ce fut un samedi soir à l’hôpital d’Amiens, où sa future épouse avait l’habitude de recoudre les arcades des hockeyeurs en tant qu’infirmière… C’est ainsi que le couple se forma (après quelques nouvelles rencontres à la patinoire) et qu’en 1980 il a obtenu sa naturalisation
.
Dave Henderson, placé juste devant l’ancien gardien tricolore Frédéric Malletroit lors d’un tournoi de préparation, a disputé en 1981 les championnats du monde du groupe C organisés à Pékin en Chine. Ce fut son unique apparition comme joueur avec le maillot tricolore.
Ce que beaucoup ignorent, c’est que Dave Henderson fut ainsi
sélectionné en équipe de France. Ce dernier n’effectua cependant qu’un très bref passage au sein de la formation tricolore senior dirigée pour la toute dernière fois par son légendaire compatriote Pete Laliberté. En effet, Dave Henderson disputera uniquement les Championnats du monde du Groupe C organisés à Pékin en Chine en 1981 soit au total sept matches et deux buts à son actif.
Mais son fils,
Brian Henderson, qui est donc né en France, porta également le maillot tricolore beaucoup plus tard, d’abord en juniors U20 puis avec l’équipe de France senior de 2009 jusqu’en 2017. Le fiston a joué dans un premier temps sous les yeux de son père à Amiens pendant trois saisons en Ligue Magnus puis surtout il disputa neuf saisons consécutives, toujours en Ligue Magnus, mais cette fois-ci avec les Ducs d’Angers.
UNE GRANDE FIDÉLITÉ AU CLUB D’AMIENS
Contrairement à son fils, Dave Henderson est resté résolument attaché au club d’Amiens et à la région de Picardie tout au long de sa double carrière puisqu’il refusa systématiquement toutes les propositions qui lui furent faites par d’autres clubs. Le futur entraîneur national fut donc pendant vingt ans le
joueur-entraîneur chez les « Renards » baptisés ainsi en 1984, puis des « Ecureuils » à partir de 1987 et enfin des nouveaux « Gothiques » en 1991.
Comme tout a une fin, Dave Henderson mit un terme définitif à sa carrière de joueur le 18 avril 1991, à l’âge de quarante ans, après avoir disputé un ultime match de play-off à Grenoble. « J’aurais bien voulu continuer à jouer mais mon corps ne suivait plus. A un moment, il faut être lucide et savoir s’arrêter, confia-t-il. Je ne risque pas d’oublier la date de mon arrêt car l’année est gravée au dos d’une montre que le club m’a offert à cette occasion. Comme elle marche bien, je la porte toujours au poignet. »
Le célèbre numéro 10 amiénois aura donc joué au total
seize saisons avec l’équipe de la Somme. Un sacré bail !
Mais devenu entraîneur des « Gothiques », Dave Henderson ajouta à son palmarès
le premier sacre historique du club d’Amiens qui remporta la Coupe Magnus en
1999. (photo ci-contre)
A cette occasion, le Maire d’Amiens, Gilles de Robien, se laissa emporter par le grand enthousiasme de ses concitoyens. Depuis le perron de l’Hôtel de ville, l’ancien ministre fit monter les larmes aux yeux de
Dave Henderson et de ses joueurs en qualifiant la performance de l’équipe de hockey sur glace d’Amiens comme étant ni plus ni moins que « l'événement sportif du siècle pour la ville ! »
Et le Maire de poursuivre : « Il y a eu un avant et un après le 14 avril 1999 car ce jour-là Amiens avait rendez-vous avec l’histoire du sport. » La foule, ivre de bonheur, assista à la remise de la médaille de la ville non seulement au président du club
François Désérable, mais aussi à Dave Henderson ainsi qu’à deux joueurs exemplaires, Antoine Richer et Christophe Moyon.
Légende de la photo
Dave Henderson connut un triomphe « fracassant » lors du premier titre de champion de France obtenu par le club d’Amiens en 1999. Mais la Coupe Magnus a survécu…
UN ENTRAINEUR NATIONAL TRÉS ÉFFICACE
Nommé coach adjoint de l’entraîneur national Heikki Leime en 2003, le sommet de la carrière internationale de Dave Henderson - qui allait donc être unique - débuta dès l’année suivante. En effet, au mois de septembre 2004 Dave Henderson fut nommé par le Directeur technique national de la FFSG
Patrick Ranvier à la tête de l’équipe de France senior après s’être vu confié la direction des juniors tricolores.
Quelques semaines plus tard l’ex-international Pierre Pousse vint le rejoindre comme adjoint. Ce dernier, qui était alors le coach de Chamonix, fut très heureux de retrouver aux côtés de Dave Henderson avec qui il avait joué à Amiens lors de la saison 1989-1990. Le Franco-canadien était devenu ensuite son entraîneur lorsque Pierre Pousse retourna jouer dans le club de la Somme en 1992. Bref, voilà désormais
deux amiénois d’adoption à la tête de la sélection tricolore senior pour une longue histoire d’amitié et de performances sportives.
Elle démarra avec un retour dans la Division 1 mondiale pendant trois saisons (2005-2007) avant de se poursuivre jusqu’à son départ il y a cinq ans dans l’élite mondiale (2008-2018).
UN RETRAITÉ TOUJOURS ACTIF
Aujourd’hui retraité, Dave Henderson (71 ans) vit toujours à Salouël, un petit village situé tout près de la ville d’Amiens. S’il a définitivement rangé ses crosses, il ne reste pas inactif pour autant en s’amusant notamment avec une autre sorte de club. Au téléphone sa voix est toujours alerte pour m’expliquer ce qu’il devient aujourd’hui : « Maintenant que je ne suis plus en mission dans le sport, il faut bien s’occuper ! Je ne vais quand même pas rester enfermé chez moi ! Du coup, j’ai repris le golf que j’avais un peu délaissé pendant ma carrière d’entraîneur de hockey. Je fais neuf trous le matin et neuf trous l’après-midi quand c’est possible. Avec un club local de golf, je joue aussi parfois en tournoi avec des vétérans. J’ai également un chien, un Border Collie, que je promène régulièrement dans les forêts ou les champs des alentours. Ça me fait bouger de chez moi et ça me permet aussi de croiser des gens que je connais ou avec qui je sympathise au hazard. Vous voyez, je n’ai pas le temps de m’ennuyer ! »
Concernant le hockey sur glace, Dave Henderson avoue avoir pris du recul comme d’ailleurs le reste de sa famille. En effet, son fils
Brian, ancien international tricolore, travaille désormais en alternance pendant six mois à Saint-Tropez puis six mois à Dubaï où il s’occupe de la logistique d’une chaîne de restaurants. Quant à sa fille
Kelly, elle travaille dans une société de formation à Amiens. « Malheureusement, je ne suis pas grand-père pour le moment car tous les deux sont célibataires et trop occupés par leur travail », dit-il.
Si la passion de Dave Henderson reste toujours intacte pour le hockey sur glace, il n’est cependant plus sa priorité. « Je suivais beaucoup les matches surtout pendant le Covid mais depuis j’ai perdu l’habitude, confie-t-il. Bien sûr, je regarde de loin les résultats des équipes de France et notamment celle des seniors. Je constate qu’il y a beaucoup de jeunes avec du talent qui arrivent dans la sélection nationale. Je pense qu’ils vont rester dans l’élite mondiale. En tout cas, je l’espère ! A vrai dire, je n’ai pas trop de contact avec mon successeur Philippe Bozon car je préfère rester discret dans l’ombre. C’est mon tempérament. J’ai définitivement passé le relais. Et puis, je sais que ce n’est jamais facile de diriger une équipe nationale. »