Le match commence par une passe mal assurée de Dubuc, mais Horrut ne profite pas du cadeau et rate de peu le cadre. «Rater des passes, ça arrivera à tous les matches, prévient Spinozzi, mais on a besoin que notre gardien soit là pour rattraper ces erreurs et nous maintenir dans les matches pendant nos temps faibles.» Un vœu qui sera entendu car, autant le dire tout de suite, les 2 gardiens seront les hommes du match. Passée cette frayeur, le début de match est nocéen « On a commencé fort et ça nous a donné de l’énergie. Ce n’était pas évident, notre échauffement a été vite interrompu par le bris d’un plexi et on se demandait comment on allait rentrer dans la partie. » Plutôt bien donc, et les Boxers semblent étouffés par le pressing des Bisons. Il faut tout le talent d’Ylonen et l’aide d’un de ses défenseurs qui sort un palet sur la ligne pour empêcher Neuilly de concrétiser sa première supériorité.
L’ouverture du score ne tarde pas.
Une jolie sortie de zone et, en 2 passes, Polodna, mis sur orbite par Hervato, se présente face à Ylonen pour ouvrir le score. « Je ne veux plus qu’on passe de temps en zone défensive, quand on récupère le palet, on doit le sortir au plus vite et se projeter en attaque » expliquait le coach nocéen. Message reçu.
A peine plus d’une minute plus tard, les Bordelais perdent le palet en zone défensive et
Guimbard trouve Plaire qui feinte Ylonen avant de lever son palet du revers pour doubler la mise.
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Photographe : D. Roux |
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Un début auquel s’attendait pourtant Martin Lacroix « On s’attendait à ce que Neuilly sorte fort. On n’a donc pas été surpris.
Mais comme cela nous est déjà arrivé dernièrement, on a eu un début difficile. » Lucide, le coach des Boxers ne cherche pas d’excuse « L’adaptation à la petite glace de Neuilly n’est pas une excuse. Que la glace soit petite ou grande, qu’il y ait ou non des balustrades, ce ne sera jamais excuse. Ca reste 2 équipes sur la même surface. Mais j’ai aimé la réaction de mes joueurs après ce début difficile. On a réussi à inverser la tendance. »
Après une 1ère pénalité appelée pour retenir (7’53) , Beech sort 2 beaux arrêts avant qu’un nouveau retenir n’offre une "plus d’1’30 de double supériorité" aux visiteurs. Le siège du but des Bisons est intense, Beech se multiplie, perd sa crosse, se couche, 2 défenseurs se mettent devant le but et contrent les lancers bordelais, « On a eu des cages vides, rien ne voulait rentrer » dira Lacroix alors que son homologue louera le sacrifice de ses défenseurs « ils ont donné leurs corps à la science. » Après cette résistance héroïque, Neuilly évolue à son tour en supériorité, mais Desrosiers part en contre et perd son face à face avec un Beech impeccable.
Débutant le 2ème tiers en supériorité, les Nocéens combinent bien pour démarquer Sadoun, mais son lancer n’inquiète pas Ylonen, bien protégé par sa défense (21’30.) Après un nouvel arrêt de leur gardien sur un lancer de Fritsch, les Boxers vont revenir dans le match.
Suite à un palet récupéré en zone offensive, Dratzen élimine le dernier défenseur avant de lancer côté mitaine pour réduire le score.
Après un arrêt énorme de la jambière d’Ylonen, que tout le monde voyait battu face à Pek (26’), les Boxers vont égaliser par
Desrosiers parti dans le dos de la défense et dont le lancer, à mi-distance et en angle, trouve la lucarne opposée de Beech «On travaille depuis 3 semaines à réduire les espaces en défense et le temps laissé aux attaquants. Ca a plutôt bien marché ce soir. Mais, sur ce but, Lafrance vient aider Wagenhoffer et laisse Desrosiers dans son dos. On a appelé un temps mort pour redynamiser l’équipe. Le message était clair, dès qu’on sort de nos systèmes, on en paie le prix.» expliquait après coup Spinozzi.
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Photographe : D. Roux |
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Et effectivement, Neuilly se remet en ordre de marche. Da Costa puis Pek et Sinkovic en supériorité se créent des occasions, mais manquent de précision quand ce n’est pas Ylonen qui fait barrage. Les rapides attaquants bordelais posent des problèmes à l’arrière-garde des Bisons en partant souvent dans son dos. A l’image de Brodeur qui s’offre un break dont Beech sort encore vainqueur « mon gardien fait un gros match ce soir et ça change une équipe » se félicitera Spinozzi.
Après un but logiquement refusé aux Boxers pour une cage déplacée, le jeu continue sur un rythme élevé avec beaucoup d’engagement de part et d’autre. Les 2 équipes ont les occasions de prendre les devants, à l’image de Pek, qui tente un tour de cage, ou de Polodna qui manque le cadre dans la dernière minute côté nocéen. « On aurait pu prendre les devants au 2ème tiers » regrettera Lacroix « Mais à 2-2, je nous sentais bien. Je pensais qu’on pouvait gagner. » Il trouvera de l’écho chez Spinozzi « Ca pouvait aller d’un côté ou de l’autre. Si on est plus réaliste, on peut faire le break, s’ils convertissent leurs occasions, ça peut tourner pour eux. »
La dernière période débute donc sur ce score de parité, Le rythme est toujours soutenu et, comme souvent, c’est la discipline qui va faire la différence. « L’histoire du 3ème tiers temps, c’est notre indiscipline et on l’a payée cash » constatera le coach bordelais. Coup sur coup, 2 de ses défenseurs se font pénaliser et alors que la 1ère pénalité se termine,
Dubuc envoie un missile de la bleue qui se loge dans la lucarne d'Ylonen. « Notre power play nous donne un gros but et notre jeu en infériorité (pourtant le moins bon du championnat) a été efficace ce soir. »
La preuve avec une supériorité bordelaise qui ressemble au tournant du match. Lacroix appelle d’ailleurs un temps mort pour bien la préparer. Mais Beech sort l’arrêt qu’il faut (54’30) et la frustration gagne les rangs des Boxers. « On pouvait revenir, même après la supériorité. J’avais confiance. Mais la pénalité de match nous a enlevé nos derniers espoirs. » Un geste de frustration de Dratzen permet en effet aux Bisons de jouer les 4 dernières minutes en supériorité. Ils gèrent le palet et le temps, avant de porter
le coup de grâce par Kadic alors qu’Ylonen a regagné son banc pour tenter le tout pour le tout.
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Photographe : D. Roux |
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Neuilly remporte donc ce match de haute tenue, dans le plus pur style des Bisons. « Il ne faut plus perdre à la maison. C’est notre 4ème victoire de suite chez nous, on retrouve notre style. Les défenseurs sont impliqués. Mes joueurs ont eu de l’énergie pendant 3 périodes, c’est comme ça que Neuilly doit jouer. Nous sommes un collectif, sans star, dans lequel tout le monde doit faire son travail. Je tiens à mettre en valeur le rôle ingrat de ma 3ème ligne que j’aligne systématiquement face au 1er bloc adverse. Elle fait son travail semaine après semaine, mais n’a comme gratification que la reconnaissance du coach. Ce soir, mes joueurs sont marqués physiquement, c’est la preuve qu’ils ont mérité leur victoire. »
Tonalité différente du côté de Martin Lacroix « Sur l’ensemble du match, on a eu les occasions pour prendre les devants. On voulait les 2 points. Je m’attendais à un match serré, il l’a été. Notre indiscipline a fait le reste. On s’est tiré une balle dans le pied. C’était un match intense des 2 équipes. Un match physique. Il faut donner du crédit à Neuilly. Ils ont joué leur jeu et fait ce qu’il fallait pour gagner. On n’aime pas perdre, mais je n’ai pas de problème à donner du crédit à Neuilly ce soir. »
Le coach des Boxers basculait vite sur l’avenir « Il faudra faire preuve de plus de concentration et être discipliné pour la suite, je sais ce qu’il faut corriger. On a 3 matches à domicile en décembre, il faudra les gagner. Notre bilan est bon, il aurait été très bon avec une victoire ce soir. Nous évoluons dans un beau championnat, serré à tous les niveaux, avec beaucoup de surprises. Impossible de dire qui fera les play-offs, qui sera dans les 4, la bataille va être serrée. Partout où on se présente, les adversaires sont sur-motivés. Il faudra être prêt pour une fin de saison intense. »
Neuilly ne dispose pas du même capital-point ni des mêmes certitudes que les Boxers, malgré la prudence de Martin Lacroix.
Ce qui n’empêche pas Spinozzi de faire, lui aussi, le bilan de cette première moitié de championnat « Au global, nous sommes à notre place. Mais je suis frustré par 2 matches que nous avions les moyens de gagner (à Cholet et à Reims) et qui nous auraient permis d’être à 9 victoires pour 4 défaites ce soir. Nous sommes à 7-6, il faudra faire encore 7-6 au retour pour être sur d’être en play-off. On doit tout gagner chez nous et prendre 1 ou 2 victoires à l’extérieur. » En nous livrant ces mots, le coach des Bisons avait les yeux rivés sur le classement. Il ne lui aura pas échappé que le prochain visiteur des Nocéens est Cholet, placé 1 rang au-dessus de son équipe. Un autre match à gagner.