C’est quasiment le match des extrêmes entre une équipe scotchée à la dernière place et sa rivale du soir qui flirte avec la première place. Il est à craindre pour les Sangliers Arvernes que l’avantage du terrain soit des plus relatifs.
Et même si l’entraîneur vient de changer, c’est un homme d’expérience qui a repris les rênes des Scorpions en la personne de Christer Eriksson, ancien entraîneur et qui assurait jusque là le rôle de directeur sportif du club Alsacien. Ainsi on est dans la continuité de la politique très ambitieuse de Mulhouse qui semble bien de plus en plus être la montée.
Pour Clermont l’objectif se résume au maintien. En choisissant une politique en soit très ambitieuse de limiter le nombre d’étrangers -de loin le contingent le plus faible de la division- et de donner plutôt leurs chances à des jeunes français, voir même très jeunes, le club s’est mis dans la position d’un relégable en puissance. Pour ne rien arranger, il n’y aura plus que six étrangers puisque le canadien Alexandros Soumakis est rentré chez lui et Benjamin Villiot arrête pour se consacrer à ses études.. . De plus 2 autres joueurs, Florentin et Simon, seront absents pour cause respectivement de blessures et de suspension. Qu’importe, dans un communiqué et un long article paru dernièrement dans la presse régionale, les dirigeants ne regrettent rien. Profitant de cette expérience en D1 riche d’enseignement, ils veulent bâtir pour l’avenir et tireront en fin de saisons les leçons à retenir pour structurer, former et ambitionner alors une installation pérenne en D1.
1ère Période : Dès l’engagement Mulhouse récupère le palet et se porte rapidement en attaque pour proposer rapidement le premier tir que le portier clermontois arrête sans problème. La défense assez agressive des clermontois empêche aux Scorpions de trouver des angles de tir faciles. Les Arvernes s’ingénient à troubler au maximum la bonne ordonnance des Alsaciens dans leur zone. Si tôt qu’ils mettent un temps soit peu la main sur le palet, resurgissent les difficultés récurrentes à organiser une contre attaque propre et nette. Ils se contentent de sortir le palet jusqu’en zone neutre puis de le lancer en zone adverse.
|
Photographe Yannick Martin |
|
Parfois un ou deux clermontois tentent d’aller le chercher pendant que leurs coéquipiers se font remplacer. Les mulhousiens se replient alors assez tranquillement dans leur zone pour organiser tout de suite la relance. Et il faudra attendre un moment pour voir un premier tir puis un deuxième de la part des puydomois sur le gardien du Haut-Rhin sans grand danger tant ils manquaient de puissance. Les locaux ne se laissant pas impressionner par leurs rudes adversaires, ils mettent tout leur cœur pour ne pas que les Scorpions prennent trop leurs aises en zone d’attaque même si la domination des visiteurs est évidente.
Hélas comme souvent cela peut pousser à la faute. Elle intervient à 3’39’’ par le défenseur Cvetek. Les Scorpions s’installent durablement en territoire arverne, aidé en cela par la faiblesse criante dans ce premier tiers des clermontois lors des face-offs (Ils les perdent quasiment tous -13 sur 15. Il faudra attendre les 2 tiers suivant pour que cela finisse par s’équilibrer un peu plus).
Il faut attendre guère plus d’une minute (4’43’’) pour que les Alsaciens, par l’intermédiaire de Magnus Lindgren, assisté de Petira et Chipaux, ouvrent le score. Pas abattu les Clermontois continuent à se battre et commencent même à un peu mieux sortir de leur zone. Ne se contentant plus de simplement dans la zone neutre à envoyer au fond le palet, ils essayent de poser leur jeu et on les voit pénétrer un peu plus chez leur adversaires. Ils ont encore un mal fou à y faire tourner en leur faveur le palet tant les visiteurs les pressent. Au mieux ils tirent un peu précipitamment mais le plus souvent Mulhouse récupère la rondelle pour repartir à l’attaque. La aussi les Auvergnats se laissant moins faire, arrivent un peu plus à les perturber dès la zone neutre.
Certes la domination des visiteurs est toujours omniprésente mais rien ne leur est donné. Ainsi cette pénalité concédée par Mulhouse à l’approche de la 16ème minute de jeu atteste un peu de l’opposition auvergnate comme peut être la frustration des Alsaciens de ne pas mieux concrétiser leur supériorité sur la glace. A 5 contre 4, les clermontois se doivent de proposer autre chose qu’une tactique basée sur une contre attaque à partir de leur défense. Hélas ils ont du mal à faire le jeu, surtout face à un adversaire si bien organisé et rapide, jusqu’à s’exposer à quelques contres dangereux de leurs adversaires. C’est néanmoins là que Clermont s’offrira ses plus belles opportunités mais qu’une défense vigilante des Scorpions parvient à contenir. Mulhouse tue sans trop de frayeur cette infériorité et se voit même offrir à son tour 2mn de jeu de puissance à1mn de la fin de la période. Aussitôt à l’attaque les Scorpions s’évertuent à faire tourner le puck et à proposer quelques tirs bien sentis mais en vain. La défense et surtout la vigilance du gardien clermontois Sedlacek permet de préserver le score jusqu’au coup de sirène.
2ème période : Les Scorpions ont encore devant eux près d’une minute de supériorité. Très vite, après avoir gagné l’engagement, ils se postent en zone clermontoise et portent 2 tirs mais infructueux. Si les Arvernes peinent à dégager le palet, ils arrivent suffisamment à contrarier le jeu de puissance des Alsaciens et tuer la pénalité. A la suite du retour de leur 5ème joueur de champ les Clermontois s’offrent quelques intrusions en camp adverse. Toutefois ils n’arrivent pas à proposer un enchaînement de passes suffisant pour déstabiliser la défense des Scorpions. Bien au contraire ils offrent un contre qui prend de vitesse les arrières clermontois. Heureusement le portier Sedlacek se montre sur ce coup intransigeant. S’en suit une erreur de passe d’un des jeunes arrières clermontois qui aboutit dans une crosse adverse. Elle est convertie tout de suite en une belle occasion stoppée net par le gardien auvergnat. A son tour Clermont à son contre avec Bourguignon qui file au but, pas assez rapidement. Il voit sa tentative de tir contrée mais amenant un arrêt de jeu et engagement en zone offensive. Engagement qui permet aux Scorpions de remettre la main sur le palet.
|
Photographe Yannick Martin |
|
Les puydômois font opposition et bloquent en zone neutre les relances offensives des visiteurs laissant cependant une belle occasion pour les alsaciens d’un passage en force entre deux arrières clermontois pour aller provoquer leur portier Sedlacek. Ce dernier finit par avoir le dernier mot.
La domination reste toujours l’apanage des visiteurs mais incontestablement il y a un mieux côté des locaux avec plus souvent la rondelle en zone neutre.
Les Mulhousiens commettent un peu plus d’approximations permettant aux puydomois de grappiller un peu plus de pucks. Malheureusement les approximations sont encore assez fréquentes chez ces derniers surtout lorsqu’il faut passer en mode offensif. Les joueurs clermontois, probablement moins physiques dans l’ensemble que les mulhousiens, ont bien du mal à rivaliser dans le travail de récupération dans les balustrades. Par contre il se confirme un meilleur équilibre dans les gains d’engagements.
A l’approche de la moitié de ce tiers, les Sangliers réussissent à s’installer en zone offensive et à donner suite à une suite de passes une occasion de shoots suffisamment dangereux pour que dans l’urgence les Scorpions concèdent pratiquement leur premier dégagement interdit. Mulhouse réagit tout de suite en récupérant l’engagement pour rapidement se porter à l’attaque. Plusieurs fois Clermont repousse le palet mais sans pouvoir l’exploiter pour relancer une attaque. Les Scorpions s’offrent un ou deux tirs repoussés puis une occasion de près la aussi contrée.
D’autres tirs, certes pas tous, loin de là, dangereux sont lancés sur la cage arverne mais on sent bien que la pression est sur les épaules clermontoises.
Elles finissent par céder à 30’ 52’’ par Bryan Ten Braak qui lance et compte sur un retour concédé sur un premier tir de Petira (assist, aussi de Chipaux). Une fois n’est pas coutume, Clermont gagne l’engagement qui suit et se porte à l’attaque et se donne tout de suite le droit de réponse par une première tentative de tir mais bien contré. Le palet est alors passé à un coéquipier pour une autre tentative ; hélas à l’image de beaucoup d’autres actions avortées, celui ci n’arrivera pas à contrôler proprement la rondelle et il est lui aussi contré.
S’en suit un temps de jeu un peu brouillon où l’on voit les intentions de jeu des clermontois mais, pressés par l’adversaire, ils s’emmêlent un peu les crosses, ratant un contrôle ou une passe qui manque souvent de précision, voir contrée car trop tardive. Il est vrai que l’adversaire joue de sa vitesse de patinage pour vite s’interposer et montrer toute la différence d’intensité avec la D2 dont sont fraîchement issu la plus part des clermontois. On voit ainsi les auvergnats s’installer en zone clermontoise et faire un temps soit peu tourner le palet. Cela manque de vitesse pour déstabiliser une défense alsacienne bien regroupée devant son gardien. On finit par shooter pour être alors contré par une crosse ou une jambière mulhousienne. Dans leur contre les alsaciens essayent de jouer au maximum de leur vitesse de patinage comme de transmissions bien plus précises.
Et si la défense clermontoise, le gardien, arrivent à faire face généralement, les occasions des Scorpions sont indéniablement plus dangereuses. Est ce la fatigue en cette fin de période ? Toujours est-il que les défenseurs auvergnats commencent à accumuler des mauvais renvois qui rendent le palet à un adversaire qui n’en demande pas tant.
Grâce au talent de Sedlacek, ils n’arrivent pas en cette fin de tiers à capitaliser dessus. Les Arvernes se créent encore une opportunité intéressante vers la 17ème mn. Les attaques de Mulhouse s’enchaînent et la pénalité récoltée par le clermontois Maata pour retard de jeu (lors d’un engagement) à 38’33’’ fait craindre le pire. Heureusement pour les locaux Mulhouse récolte aussi une pénalité à 39’13’’(accroché). La période se termine à 4 contre4 sans action notable.
3ème période : Cet ultime tiers démarre pour 27 secondes à 4 contre4 puis Clermont se verra offrir 40 secondes de supériorité avant le retour à parité. Mulhouse entame donc les hostilités en se portant à l’attaque. Puis profitant de son moment de supériorité Clermont, après quelques tâtonnements, parvient en zone des Scorpions mais sans y faire grand-chose de profitable. La conquête du palet se déroule alors plus en milieu de glace. Les Sangliers réussissent à proposer un tir puis un second plus dangereux avant le terme de la pénalité.
Dans la foulée Mulhouse porte la réplique avec un lancé sur lequel le portier doit s’y prendre à 2 fois pour maîtriser le puck. Ce n’est que partie remise avec un tir à nouveau d’un arrière de Mulhouse repoussé mais non bloqué par Sedlacek. U
n défenseur clermontois s’empresse de le dégager mais dans l’affolement il l’envoie devant la cage et c’est Milan Jurik planté à 5-6 mètres du but qui profite du cadeau pour un lancé instantané ne laissant aucune chance au portier arverne (à 43’24’’ sans assist.).
|
Photographe Yannick Martin |
|
Clermont essaye bien de réagir, allant même agresser la zone des Scorpions. Même s’ils arrivent à cantonner un peu le palet chez leurs hôtes, on ne peut pas dire qu’ils en contrôlent le jeu. Inévitablement Mulhouse rengage la marche en avant et ne tarde pas à remettre en alerte la cage puydomoise. Les Sangliers tentent de se relancer soit pas des actions individuelles soit plus collectivement mais il y a toujours ces déchets techniques qui font rendre la rondelle à l’adversaire. Néanmoins il y a un lancer puissant d’un clermontois qui n’est pas sans danger pour les Alsaciens car dévié par l’un d’eux se sacrifiant au passage avec une blessure à la clé. (Il ne s’en remet pas d’ailleurs et quitte ses camarades pour le médecin de garde de la rencontre.)
Mulhouse accentue sa pression d’autant plus fortement que la défense clermontoise accumule les erreurs. Ils obtiennent ainsi une superbe occasion de très près que le portier contre tout aussi superbement.
On sent les auvergnats à ce moment là dans le dur. Aussi la pénalité un peu stupide, car concédée en zone offensive, par les alsaciens à 46’38’’ (crosse haute) intervient fort à propos pour les locaux. Non sans mal les Sangliers finissent par installer un jeu de puissance mais un peu trop prévisible. Alors les Scorpions n’ont guère de mal à les faire déjouer. S’en mêlant quelque peu les pinceaux –en l’occurrence plutôt les crosses. Les puydômois se voient pris de vitesse avec un surnombre. Après un tir à coté de la cage clermontoise, le gardien préfère concéder l’engagement pour éviter tout risque, d’autant que le pénalisé faisait son retour sur la glace.
La partie reprend avec une logique domination mulhousienne. Les clermontois s’ingénient au mieux à perturber le jeu alsacien avec une certaine réussite. Le problème reste bien sûr de passer à l’étape suivante : récupération et relance. Cet enchaînement reste hélas délicate et trop timide.
Les occasions des Scorpions s’enchaînent, notamment en milieu de tiers où le gardien clermontois sort le grand jeu en subissant 3 tirs d’affilés qu’il réussit à parer magistralement. Dans cette défense acharnée Clermont laisse beaucoup d’énergie et les absences se font sentir en cette fin de match. Les maladresses alors s’accentuent, particulièrement lorsque l’on essaye de prendre des initiatives.
Ils en offrent même une à Mulhouse avec ce contre que s’octroie Roppe Nikkila. Il s’embarque avec le palet , passe son défenseur pour aller cette fois défier victorieusement Sedlacek à 52’26’’. Les Sangliers dans les cordes ? Non pas tout à fait car ils ne tardent pas à se donner une nouvelle chance avec une tentative de déviation sur un lancer. S’ensuit un tir dangereux des Scorpions puis une autre opportunité de Clermont par Téo Sarliève qui, serré de près, échoue.
I
l faut encore s’en remettre au vétéran Martin Kulha qui bien servi en zone neutre par Maatta et Cvetek, pour inscrire un but au tableau clermontois. Dans l’action il résiste à ses poursuivants puis dribble le portier Muller et fait mouche. De ce fait à 55’19’’ le gardien des Scorpions voit ainsi s’envoler la perspective d’un blanchissage. Clermont semble vouloir se réveiller mais ce regain de vitalité se voit doucher par une pénalité à 4mn de la fin.
Tout de suite le jeu de puissance des visiteurs s’installe et un premier lancé est superbement bloqué par la mitaine de Sedlacek qu’on pensait battu sur le coup. Ce ne sera pas le seul tir de cette supériorité mais certainement le plus dangereux. La défense sans concession des clermontois et la performance du gardien permettent de tuer cette prison.
Les Scorpions proposent de nombreux shoots, deviennent moins dangereux car plus précipités, voir plus brouillons. Les Sangliers continuent à tenter crânement leurs chances dans des attaques qui n’aboutissent guère mais ont le mérite d’être plus nombreuses, sans négliger pour autant le replis. Le score, indiscutable mais loin d’être catastrophique, est maintenu jusqu’au coup de sirène final.
Epilogue : Ce match de reprise pour les clermontois, qui n’avaient plus joué depuis le 27 décembre se solde encore sur une défaite. Un peu plus sévère même que le dernier match à domicile face à Val Vanoise. Et pourtant l’impression général n’est pas la même. On avait vu il y a 1 mois une équipe presque à la dérive, tenu à bout de bras par son gardien alors qu’on a senti plus d’engagement sur celui de cette soirée. Néanmoins le jeu clermontois est encore trop plombé par ses erreurs techniques certainement en grande partie dû à la difficulté à soutenir un rythme rapide sans provoquer bien des imprécisions. Beaucoup d’énergie est dépensé en défense et cela se ressent peut être par le peu de solutions tactiques proposées au porteur du palet lors du passage à l’offensive.
En l’emportant chez le dernier, Mulhouse a assuré l’essentiel dans cette course au top 3, en attendant probablement mieux. La manière était plutôt là, il manquait d’un peu plus de réalisme. Mais il est vrai que si leur adversaire s’est bien battu avec ses armes, il a été loin de lui imposer une pression susceptible de les transcender. Cerise sur le gâteau, la défaite surprise de Tours leur permet d’occuper seul la 2ème place à une seule longueur de Briançon qu’ils devanceraient au goal average particulier en cas d’égalité.