Toujours suspendu, Frank Spinozzi compte les matches qui le séparent de son retour sur le banc comme d’autres comptent les jours qui les séparent de leurs vacances. Encore 2 matches, et le coach nocéen retrouvera sa place au milieu de ses joueurs. Ce soir encore, c’est à l’écart qu’il suivra le match. Et avant le coup d’envoi, il se demande quel visage son équipe présentera ce soir. Car c’est bien là le paradoxe, Frank Spinozzi avoue qu’il ne sait pas ce que son équipe a dans le ventre. Des interrogations nées autant de l’irrégularité dont elle fait preuve depuis le début de saison, que de son absence sur le banc.
Seule certitude, les nuages ne se dissipent pas au-dessus de l’effectif nocéen. Après la blessure de Kaye avant le début de la saison, c’est Hervato, son remplaçant, qui est revenu du Mont-Blanc avec une commotion suite à un choc contre la bande. Absent ce soir, les examens des prochains jours détermineront son avenir sous le maillot nocéen.
Carl Michaelson, qui reconnaît que « le niveau s’est élevé et surtout les organisations se sont professionnalisées » depuis son dernier passage en France, nous confiait avant le match « prendre les matches les uns après les autres. Avec l’objectif de les gagner, bien sûr. On a une équipe solidaire, qui ne triche pas et ne lâche jamais rien. On n’a pas les gabarits de Neuilly, mais on compense par notre engagement physique sans faille. Nous sommes aussi très rapides en attaque. »
Le match s’ouvre sur 3 pénalités consécutives pour Neuilly. Problème, les unités spéciales des Bisons ne sont pas à la fête depuis de début de la saison. « On a longuement travaillé le power-play, hier. On a perdu le match contre Mont-Blanc à cause des unités spéciales. Aujourd’hui, les unités spéciales, c’est presque 30’ par match, on doit donc axer notre travail dessus. Jusqu’à ce soir, on avait trop tendance à essayer de compenser notre manque de réussite par des efforts individuels » nous confiait Spinozzi.
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| Photo : Mav94 |
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Mais les 2 premiers power-play ne sont pas vraiment probants. Le 3ème va enfin sourire aux Bisons. Le palet est gagné sur l’engagement,
Wagenhoffer lance de la bleue et Pek dévie le palet hors de portée de Martel. Une preuve qu’un retour au jeu simple peut aussi s’avérer efficace.
Le choix d’aligner le 3ème bloc nocéen face au 1er bloc des Corsaires est payant « Antoine a très bien géré les blocs », reconnaît Spinozzi à propos de son adjoint. Da Costa est omniprésent pour couper les trajectoires, protéger et garder les palets « il ne faut pas s’arrêter à sa ligne de stats, c’est un gros travailleur, un leader aussi dans le vestiaire » se félicitera Spinozzi. Léo Cuzin est lui aussi très sollicité, Slupski, comme souvent, ne lâche rien. Et c’est un peu de l’âme nocéenne qui semble renaître. « Toute l’équipe a été impliquée et a beaucoup patiné, on a retrouvé notre style sur ce match. »
Il le faut car, au moindre relâchement, la sanction est immédiate.
Un palet gagné puis immédiatement perdu et Latouche-Gauvin trompe Beech d’un lancer sans angle.
Un Beech toujours en manque de confiance, comme l’illustre ce palet cafouillé quelques minutes plus tard « Il n’y a pas de système contre un gardien qui n’arrête pas les lancers. Kevin se bat contre sa confiance. Il doit s’enlever les grenouilles qu’il a dans la tête » imagera Spinozzi après le match. Mais Neuilly a du cœur ce soir et juste après l’égalisation, c’est
Kadic qui part en break, est retenu sans que l’arbitre ne siffle, se bat et récupère le palet derrière le but pour servir Pek en retrait qui signe le doublé d’un lancer sans angle. « On n’a jamais su prendre notre momentum » constatera Michaelson après le match. « Nous avons eu trop de hauts et de bas, on a été trop pénalisé et les punitions étaient méritées. »
Le second tiers s’ouvre par de belles occasions nocéennes, mais Martel est intraitable et stoppe les tentatives de Pek, Polodna ou Sinkovic. Et quand il est battu, c’est son poteau qui le sauve, comme sur ce lancer de Polodna (21’45.) « Marc-André a fait un gros match, il méritait la victoire. Je suis déçu pour lui. » confiera son coach.
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| Photo : Mav94 |
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C’est ensuite aux Dunkerquois de mettre la pression sur le but de Beech. Mais ce temps fort ne se traduira pas au tableau d’affichage. Beech commence à être dans le match et les Corsaires, malgré les encouragements de leurs supporters, ne semblent pas dans le match.
Un match haché, avec beaucoup de discussions de la part des Dunkerquois sur chaque décision de l’arbitre. Encore pénalisés, les Corsaires résistent sans mal à un power-play nocéen qui alterne le bon et le moins bon. « On donne 3 pénalités de suite en début de match et ça a été comme ça tout le match » constatera Michaelson.
En supériorité à leur tour, les Nordistes pensent avoir égalisé, mais le but est refusé par l’arbitre pour une cage déplacée, le palet serait en fait passé sous le filet « L’arbitre ne pouvait pas voir de là où il était placé, avec l’angle qu’il avait » se lamentera leur coach. Ses demandes d’explication à la fin du tiers essuieront un ferme refus de la part de l’arbitre. « Ce n’était pas le meilleur match des arbitres » appuiera Michaelson. On laissera aux superviseurs de la fédération présents à Neuilly le soin d’en juger. Mais, ce soir, l’arbitrage a été cohérent et plutôt juste.
Retour au jeu, Martel continue son festival et, en contre, ses attaquants se voient offrir 2 énormes occasions suite à un lancer qui rebondit derrière la cage de Beech. Les 2 fois, la cage semble ouverte, mais les attaquants manquent de précision.
Le dernier tiers reprend donc avec ce court avantage pour les Bisons.
Les Nocéens sont pénalisés 2 fois logiquement et, à 5 contre 3, Ballet crucifie Beech d’un lancer de la bleue et fait mal à ses anciens supporters.
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| Photo : Mav94 |
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« On a insisté sur le fait qu’il fallait continuer à travailler, qu’on accorde ou qu’on marque un but » Spinozzi et Richer semblent avoir été entendus. Sur une nouvelle supériorité,
Sinkovic reprend un lancer repoussé et marque dans un angle ouvert, subissant au passage un slashing qui va valoir une nouvelle supériorité à son équipe « On ne voulait pas patiner ce soir, on ne bougeait pas les patins et on a donc pris beaucoup de pénalités pour des fautes avec le bâton » constatera Michaelson.
Le temps s’écoule, Beech est enfin dans son match « il a été chancelant pendant la 1ère moitié du match, puis bon au dernier tiers. S’il retrouve son vrai niveau, on aura un rôle à jouer dans ce championnat » prophétise Spinozzi.
Sur un nouveau power-play,
Pek récupère un palet derrière la cage, sert Vsetecka en retrait qui lance de la bleue pour la déviation de Lafrance qui donne 2 buts d’avance aux siens « A Neuilly, la force c’est l’équipe, le collectif. Lafrance est aligné en attaque ou en défense selon les besoins de l’équipe.» Avec un taux de réussite de 33% sur les supériorités, le coach nocéen peut être satisfait.
On pense le match plié mais
Cyr, d’un lancer du poignet de la bleue, trompe Beech masqué et redonne espoir aux siens. Malgré la sortie de Martel, les Corsaires ne reviendront pas et Neuilly remporte une grosse victoire, la 2ème consécutive à domicile.
Loin d’être anodin pour Spinozzi « Il faut refaire de Neuilly une patinoire intimidante, se faire respecter à domicile. Ce n’était plus le cas depuis le début de la saison. Ce soir, c’est notre meilleur match, un match d’hommes. Dunkerque a été à la guerre, n’a jamais abandonné. » Un avis partagé par son homologue dunkerquois « C’est la 1ère fois cette saison qu’on est confronté à un style de jeu agressif. On a mis du temps à leur faire mal avec notre vitesse », mais il confesse aussi que « ce n’était pas notre meilleur match ce soir. 3 ou 4 joueurs n’étaient pas eux-mêmes, n’étaient pas présents. On n’a pas d’excuse, on avait un jour de repos supplémentaire ». Absences dunkerquoises ? Impact physique des Bisons ? Gros travail de la 3ème ligne nocéenne pour mettre en échec le 1er bloc des Corsaires ? Les raisons du succès nocéen sont à chercher dans tous ces domaines.
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