Présentation : Pour cette première rencontre, tout oppose ces deux clubs. L'un est sur l'euphorie d'une saison réussie au-delà même de ses espérances, l'autre sur la déception d'une saison qui n'a pas du tout répondu à ses espérances. L'un est sur une dynamique de la victoire mais aussi, peut-être, en phase décompression possible, même si inconsciente, suite à un titre d'autant plus fêté que pas forcément dans les plans de départ de saison. L'autre, plutôt dans une spirale de défaites mais aussi probablement sur un goût de revanche sur le sort qui leur fut souvent injustement contraire.
Le premier, c'est bien sûr Clermont-Ferrand, nouvellement déclaré Champion de D2 et, le second, Courbevoie qui, après 12 ans de présence en D1, pensait avoir, cette année, bâti une équipe pour s'éviter les frayeurs du maintien.
A ne pas en douter, cette confrontation de niveau va être d'importance pour les Auvergnats s’ils veulent vraiment s'inscrire dans un projet de montée dans la hiérarchie nationale dans un futur qui pourrait s'avérer très proche. Alors qui sera l'élève et qui sera le maître en cette soirée ?
 

 
 1^ère période : Pour ce qui sera, à coup sûr, le dernier match de cette saison-marathon, le public clermontois a tenu à être, encore une fois, nombreux, plus de 1700 spectateurs, pour fêter ses champions et les soutenir dans cet ultime défi. Clermont gagne le premier engagement mais le palet mal contrôlé ne sera pas bonifié. Il finira sa course, certes en zone courbevoisienne, sous total contrôle des Coqs qui portent leur première attaque et premier tir sérieux.
Dès ce début, on sent les Puydômois timides et un peu nerveux, contrariés par un adversaire plus rapide qu'à l'accoutumée mais surtout laissant fort peu de champ libre. Contrairement aux Franciliens, les Sangliers ont du mal à bien organiser leur sortie de zone. De même, ils ont du mal à casser les attaques courbevoisiennes et, si un contre intervient, il y a souvent un joueur en soutien qui re-gratte la rondelle perdue par son coéquipier. Néanmoins, les Auvergnats commencent à prendre un peu plus d'assurance et portent même le danger devant la cage des Coqs vers la 3ème minute. Le dernier mot reste au gardien expérimenté Verlic. S'ensuit une attaque rondement menée  que le Francilien Niko Uola, après un tir, prolonge un peu trop au goût des arbitres en allant un peu provoquer le gardien clermontois Célestin (à 3'34'').
Les Auvergnats arrivent à peu près à installer leur jeu de puissance mais, avec 2 tirs, ils ne mettent guère en danger la cage des Coqs, d'autant qu'ils ne savent pas profiter des rebonds permettant au final  à Courbevoie de se dégager.  A partir de là, les Sangliers, gênés autant par le pressing adverse que par leurs imprécisions, n'arrivent plus guère à s'installer durablement dans le camp francilien, même s'il y a encore une occasion de contre mal négocié. 

Photographe Yannick Martin

Revenu à égalité, Courbevoie tente de se réorganiser pour repartir de l'avant mais Clermont semble nettement moins disposé à regarder jouer leur opposant et rend coup pour coup.  Mais une attaque à 3 contre 1 des Franciliens, heureusement contrariée par le talent de Célestin, met en évidence le point fort des Coqs : la cohésion bien rodée des lignes donnant beaucoup de vitesse à leurs attaques. A contrario, les Auvergnats ont plus de mal à prendre de vitesse, même sur de véritables opportunités de contre, la défense des visiteurs est bien présente.
Alors ils doivent plus se battre pour conquérir et garder le palet  à la limite de la faute. Celle-ci interviendra à 8'53'' à l'encontre de Holik. Courbevoie alors fait preuve de toute son expérience en ne tardant pas à installer impeccablement son jeu de puissance avec un palet tournant d'un joueur à l'autre. Aussi, au  premier tir repoussé par Célestin, il s'est trouvé tout de suite quelqu'un, en l'occurrence Thomas Giorgi, pour repousser le palet dans la cage ouverte à 9'08'' (assistances pour Downey et Laine).
Quelque part libérés par ce but, les Puydômois essayent à leur tour d'accélérer et d'être plus offensifs. Mais, moins habitués à ce rythme, ils perdent en précision ce qu'ils tentent de gagner en vitesse et beaucoup de passes sont mal contrôlées. Mais l'énergie et l'envie sont bien là. Le pressing haut qu'ils appliquent à ce moment du match gêne les Coqs qui commettent, eux aussi, quelques erreurs.
Ainsi Clermont a une magnifique opportunité d'égaliser sur une remise de derrière la cage courbevoisienne d'un joueur vers son coéquipier planté devant la cage ; malheureusement, sa reprise de volée ne trompe pas le gardien  Verlic. Le contre suivant des Franciliens est annihilé par un hor- jeu et s'ensuit une période où on se bagarre beaucoup en zone neutre pour le contrôle du puck.
Les Sangliers réussissent  une belle descente à 2 contre 1 mais la dernière passe est un poil trop juste et Holik ne peut que dévier dans le petit filet. S'ensuit un premier brassage.
Les arbitres calment les troupes en expédiant un joueur de chaque camp en prison à 13'05''.  On peut penser que l'équipe  ayant les meilleurs patineurs saura plus en tirer profit, le préjugé favorable est en l'occurrence pour les pensionnaires de la D1. Et il semble que les faits donnent raison à Courbevoie avec un jeu de passes bien plus précis que celui de Clermont. Pour autant, le  score n'évolue pas jusqu'au retour des proscrits. Les Coqs semblent lancés pour continuer leur domination mais les Sangliers arrivent à porter le danger devant la cage de Verlic qui réussit à repousser un revers de Faure ; le palet, mal contrôlé sur son flanc gauche, trouve la palette du filou William Mouly qui l'envoie au fond du but à 15'46''. 
Les Franciliens tentent de réagir mais, les Puydômois semblant vouloir presser plus haut, ils ont plus de mal à placer leurs mouvements d'attaque. Néanmoins, les visiteurs recommencent à se trouver et à peser sur la zone clermontoise. Ils profitent même d'une superbe occasion à 2 contre 1 à l'entame des deux dernières minutes. Il faut tout l'à-propos de Celestin pour dévier un shoot mi-distance de volée. Les Sangliers répondent par une fort belle attaque, avec passe en pivot devant la cage adverse mais que son coéquipier ne peut réceptionner correctement. Clermont s'offre, bien encore lors d'une erreur de défense francilienne, la possibilité de marquer mais ce sont essentiellement les tirs des Hauts-de-Seine qui mettent sous pression le gardien Célestin en cette fin de tiers. Si le score n'évolue plus jusqu'au coup de sirène, la tension s'est, elle, bien accentuée. Clermont préserve toute ses chances avec ce score de parité, le ressenti est cependant sur une domination des visiteurs qui restent toutefois dans le doute.
 

 
 2^ème période : Courbevoie commence fort et réussit, sous la pression, à faire commettre la faute à la défense clermontoise à 20'40''. Ces derniers, craignant à juste titre le jeu de puissance de leurs hôtes, vont essayer de gagner du temps en tentant de garder la main sur le palet le plus possible en zone neutre. Ils finissent logiquement par le perdre et, une fois bien installé leur jeu de puissance, les Coqs ne mettent guère de temps à montrer toute l'efficacité et l'expérience qu'ils possèdent dans cette situation. Ainsi, magnifiquement servi par son compère posté derrière la cage, Valère Vrielynck, d'une reprise de volée, transperce le portier Célestin à 21'24'' (assistances Motte et N. Uola).
Revenu à égalité de joueurs sur la glace, les Auvergnats peinent à porter la contestation. Si en D2 on peut remarquer que les équipes, surtout en supériorité, ont plus recours aux tirs en espérant déviation et rebond, pour la D1, en tout cas pour Courbevoie, on se montre plus patient, faisant tourner joueurs et palet tout en s'approchant le plus possible du but et, une fois la défense déstabilisée, on tire. Exercice qui doit demander beaucoup de travail à l'entraînement.  C'est ce liant qui manque pour l'instant côté clermontois qui a plus de mal à proposer des relances propres et qui, de plus, commence à montrer des signes de fébrilité en défense. Tout au contraire des Alto-Séquanais qui savent bien resserrer la leur. En bref, il semble que les visiteurs ont su mieux s'adapter à la façon de jouer des Puydômois que l'inverse.
Durant une longue période, les Sangliers luttent à l'énergie pour repousser les attaques, s'offrant eux-mêmes peu d'occasions de porter le danger en face. Il n'y aura guère, autour de la 27ème minute, qu'une crosse dans les patins d'un Clermontois pour soulever la contestation dans les gradins devant cette faute non sifflée mais le jeu est bien sous contrôle des Coqs.

Photographe Yannick Martin

A mi-période, le score n'a toujours pas évolué et les Sangliers reprennent légèrement des couleurs, arrivant à mettre un peu plus de pression sur leurs adversaires. Mais ils ne parviennent pas à avoir la précision, le liant nécessaire, pour être efficace dans leurs relances.  A 32'15'', Célestin qui, jusque-là, sut assurer l'essentiel pour maintenir son équipe à flot, doit concéder le but devant Draper qui parvient à forcer le passage du puck sous les bottes du gardien à l'aide de sa palette, profitant en cela de la passivité des arbitres à siffler alors que, dans un premier temps, la rondelle semble bel et bien bloquée (assisté de Vrielynck et Downey).
Clermont essaye, vaille que vaille, de réagir, malgré les déchets dans leur jeu, et des jambes peut-être plus lourdes que celles de leurs hôtes. Ils tentent de compenser avec plus d'agressivité sur le joueur et particulièrement quand les Franciliens sont aux abords de la cage. Il est vrai que le dernier but encaissé incite à cette rugosité. Mais cela ne plaît guère au corps arbitral qui punit pour 2 mn le défenseur arverne Vigier  ainsi que Manning, coupable d'avoir répondu.
 Avec plus d'espace sur la glace, les Sangliers n'arrivent encore pas à ajuster leurs passes, ce qui n'est pas le cas des Coqs qui parviennent à accentuer la marque à 34'12'', sur un jeu à 3 où Arytom Basyuk, superbement servi par Draper, s'en faire commettre le premier geste à Célestin pour mieux le contourner sur son flanc gauche (assistances Draper et Niva).
Les équipes reprennent le jeu toujours à 4 contre 4 et Martin Kulha aime aussi les espaces. Profitant d'un contre, il part défier le gardien adverse et, un peu comme Basyuck, parvient à déstabiliser Verlic pour marquer un superbe but sur le flanc droit de ce dernier à 34'45''. Hélas, un but qui coûte cher car, sur cette action, il est touché par le portier à la jambe, entraînant chute mais surtout un coup sérieux au genou qui l'handicapera sensiblement pour le restant de la rencontre. Joie et réveil de courte durée du public car, même si les Puydômois tentent de se battre sur tous les palets et que cela travaille beaucoup le long des balustrades, à l'approche des 4 dernières minutes de la fin du tiers Emilien Verdier s'empare en zone neutre de la rondelle. Il rentre dans la zone clermontoise et parvient à ajuster un lancer net et précis entre les 2 défenseurs et surprend le gardien qui verra le palet se glisser entre ses jambières (35'52''), pour porter le score à 5-2. Les Auvergnats marquent le coup et, en cette fin de période, ils doivent puiser dans leurs réserves pour neutraliser, autant que possible, les nombreuses velléités courbevoisiennes. Ils concèdent même un autre but par Downey. Mais les arbitres ayant sifflé avant, de crainte d'échauffourées devant la cage, il sera justement non validé. Les esprits en cette fin de tiers s'échauffent. Incontestablement, il y a de la frustration du côté clermontois qui n'arrive pas à s'affranchir de l’étreinte francilienne. La fatigue aidant, Clermont a beaucoup de mal à se transmettre correctement le puck. Les arbitres restent vigilants et arrivent, non sans mal, à contenir la pression jusqu'à la fin de la période.
 

 
3ème période : La domination des joueurs des Hauts-de-Seine a été incontestable lors de cette 2ème période et si, souvent, les Puydômois ont pour habitude, cette saison, de bien finir les rencontres, on sent qu'il leur sera plus dur de confirmer, surtout avec leur maître à jouer Kulha, diminué par l’agression subie en seconde période. Cela commence mal pour  les locaux avec rapidement ce 6ème but, après 33'' de jeu, par Jordan Draper sur une belle relance de Downey (à 40'33''). Le patinage rapide des Coqs épuise les Sangliers qui tiennent cependant tête afin d'éviter l'hémorragie. Vers la 5ème minute du tiers, Kulha s'offre bien un duel face à Verlic mais il manque de réussite tant il est vrai que, blessé, il n'a plus maintenant toute sa vélocité. Les défenseurs mettent d'avantage d'agressivité dans leurs interventions  pour tenter de clouer les voltigeurs courbevoisiens mais c'est un argument à double tranchant.

Photographe Yannick Martin

Les arbitres vont commencer à veiller. Les Sangliers n'ont pas abandonné toute velléité offensive, ainsi, sur une superbe passe devant la cage de Verlic, celle-ci ne peut être déviée par l'attaquant clermontois pourtant bien placé. Sans pour autant se laisser faire, les Coqs peuvent se permettre un peu de se relâcher et voir venir des adversaires quelque peu empêtrés, étouffés par l'occupation de la glace des banlieusards.
Incontestablement, la fatigue est de plus en plus visible côté arverne, ainsi leurs occasions de contre ne sont plus assez rapides pour prendre de vitesse les Franciliens. A 52'43, Nans Souchon se voit durement sanctionné d'un 5 + 20 mn et, lorsque l'on sait l'efficacité affichée ce soir par le power-play des Coqs, le dénouement final ne laisse plus de place au doute. Les Sangliers se battent quand même sur tous les palets et se montrent très agressifs autour de leur gardien, trop au regard des arbitres alors qu'une altercation commence entre Downey et Girardin qui prendra 5 mn contre 2 pour l'Américain. Une sanction qui ne plaît pas au Clermontois. Ce dernier s’agace et se lâche sur le banc des pénalités, entraînant un ''bonus'' de 20 mn à son encontre.
De 4 contre 5, Clermont passe à 3 contre 4 durant 2 mn, laps de temps suffisant pour que Giorgi (assisté de Laine et Draper) aggrave le score à 54'12'', sur un tir puissant passant entre les jambières de Célestin en papillon. La punition n'est pas terminée puisqu'au retour de Downey on enchaîne sur un 3 contre 5. Belle occasion pour continuer la démonstration du jeu de puissance de Courbevoie qui peut tranquillement récidiver à 55'53'', par Niko Uola assisté de son frère Aki Uola et Basyuk.
On assiste à une fin de rencontre pénible pour les Puydômois qui doivent encore tenir à 3, puis 4 contre 5. L'intensité baisse franchement ; Courbevoie n'a plus rien à craindre, d'autant que toutes ces infériorités ont éreinté Clermont. Pour faire bonne mesure, à peine récupéré son 5ème joueur, les Auvergnats se reprennent une prison pour faire trébucher à 1 mn 40 de la fin. Le dernier but francilien, marqué par Janne Niva à 59'52'', en devient anecdotique (assistance Laine et Downey).
Sore final 9-2, il n'y a pas eu photo sur ces 2 derniers tiers-temps. La hiérarchie a été  durement rappelée aux Sangliers dont on ne voit guère comment ils pourraient renverser la situation en Hauts-de-Seine samedi prochain.
 

 
Epilogue : Ce soir, le fidèle public arverne a pu constater le fossé séparant une très bonne équipe de D2 avec une équipe de D1 qui, sans la refonte du championnat, n’aurait pas eu à s’imposer ce match de barrage. Une équipe qui, sans quelques gros soucis de blessures, aurait peut-être même évité les affres de la poule de relégation. Non, il était très difficilement possible, et après un titre logiquement fêté, de se remobiliser en une semaine et tenter de travailler pour essayer de s’adapter au jeu forcément différent d’une équipe de D1. Courbevoie avait pour lui une expérience de 12 ans à ce niveau avec 8 renforts étrangers et certainement quelques Français ayant un statut semi-pro avec tout ce que cela doit comporter comme temps consacré à l’entraînement et la tactique. 
Les dirigeants clermontois se sont donné les moyens d’atteindre les demi-finales et, de ce côté-là, l’objectif fut largement atteint, mais peut-être pas de battre une équipe de première division bien installée.
Pour autant, ce match fut certainement très instructif pour les joueurs comme pour les dirigeants même si ces derniers n’étaient pas dupes sur la réalité qui sépare les deux divisions. Les Sangliers se sont bien battus, avec leurs armes et leur cœur. Mais du cœur les Coqs n’en manquaient pas, eux qui avaient à sauver une saison qu’ils avaient espérée plus prometteuse.
Il sera bien difficile pour les Sangliers d’inverser la tendance, néanmoins ils ont d’indéniables atouts pour prétendre, et pourquoi pas dès l’an prochain, à l’antichambre de la Magnus : d’abord une patinoire qui ne souffre certainement pas de la comparaison, bien au contraire, avec les autres patinoires, D1 et Magnus réunies ; des structures certes à améliorer mais déjà dotées d’une école de formation performante, comme le prouvent les effectifs et les résultats du hockey mineur (entre autres les U18 en finale excellence), enfin un public à faire pâlir d’envie bien des clubs plus huppés (avec plus de 1500 de moyenne, voir plus de 1700 pendant les finales, Clermont-Fd se place dans le haut du tableau toutes divisions confondues !). Ce n’est une révélation pour personne, il faudra incontestablement plus de moyens et donc, entre autres, plus de partenaires et de soutien des institutionnels pour se donner la possibilité de jouer un vrai rôle dans la division supérieure. Il serait bien étonnant que le président Pierre Dupasquier, homme d’expérience puisque ancien responsable du service compétition Michelin, et son équipe n’aient pas déjà posé les premiers jalons permettant d’atteindre, somme toute, des ambitions bien légitimes.
Quant à Courbevoie, certes officiellement rien n'est fait mais eux et leurs supporters ont pu reprendre la route vers Paris avec un peu plus de certitude pour leur avenir.