- DIX PRÉSIDENTS QUI RESTENT INOUBLIABLES ! -
Avant que le hockey sur glace français tente de se lancer dans le professionnalisme, une bande de copains s’est dévouée pendant plusieurs décennies pour construire ensemble les fondations nécessaires à cette mutation importante. Je veux rendre hommage dans cette tribune à ces dix présidents de clubs dont les noms ont été malheureusement oubliés alors qu’ils étaient pourtant très populaires à l’époque. La caractéristique commune de ces dirigeants que j’ai eu la chance de côtoyer, c’est qu’ils étaient avant tout de véritables personnages !
Ces passionnés, souvent chauvins et de mauvaise foi, parfois excessifs, faisaient cependant toujours preuve d’un esprit d’entraide malgré leur concurrence sportive. Ces anciens « barons » du hockey sur glace français qui présidaient à l’époque des clubs situés en grande majorité dans les Alpes (huit sur dix), s’affrontaient toujours dans une saine émulation. Une camaraderie qui leur permettait d’oublier rapidement leurs querelles en se retrouvant après les matches autour d’un verre dans le bar de la patinoire car, avant tout, ils se respectaient.
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De gauche à droite : Léo Mounier de Pralognan, Jean Ferrand de Gap, Yvon Peythieu de Briançon et Claude Pourtanel de Viry-Châtillon. |
JEAN FERRAND : Cet ancien gardien de but de hockey sur glace (avec des lunettes dans le montage photos ci-dessus) méritait bien la première place dans cette galerie de portraits. En effet, devenu négociant en vins et spiritueux, Jean Ferrand fut non seulement le président du club de Gap pendant dix ans (1958-1968), mais également le président du Comité national de hockey sur glace (CNHG) avant d’accéder au poste de président de la Fédération française des sports de glace (FFSG) pendant sept ans, de 1983 jusqu’à son décès en 1990. Homme affable, avec une grande ouverture d’esprit, son pragmatisme et ses qualités de négociateur expliquent sa fulgurante ascension, son impressionnante carrière de dirigeant et l’empreinte indélébile qu’il a laissé dans l’histoire de notre discipline. Son élection à l’unanimité au Temple de la Renommée de la FFHG dès la création de ce panthéon du hockey en 2008 en témoigne.
Pour l’anecdote, lorsque je voulais rencontrer Jean Ferrand pour l’interviewer ou pour régler un problème avec lui, il ne me demandait jamais d’aller le rejoindre à Paris au siège de la FFSG, mais il me donnait rendez-vous… au boulodrome de Gap ! Entouré de ses nombreux amis locaux, qu’il tenait à me présenter un par un, « Jeannot » s’entretenait avec moi entre deux parties de pétanque en tenant un verre de pastis à la main ! Les décisions se prenaient donc en grignotant des amuse-gueules pendant l’apéro. C’était une autre époque ! Celle de l’amateurisme sans que ce soit péjoratif.
LEO MOUNIER : L’ami d’enfance de Jean Ferrand fut également un président très important (à gauche sur la photo avec la lettre C sur son maillot). Bon joueur de hockey, il débuta sa carrière comme son copain dans l’équipe de Gap. En 1955, les obligations professionnelles de Léo Mounier l’amenèrent à partir pour s’installer dans le nord des Alpes, dans la station savoyarde de Pralognan-la-Vanoise où il créa dès son arrivée un nouveau bastion du hockey sur glace avec l’aide des guides et des moniteurs de ski locaux qu’il enrôla comme joueurs.
Père de six enfants, Léo Mounier donna au club local une connotation très familiale. En effet, il transmit sa passion du hockey sur glace, sans doute par hérédité, à ses deux fils, Michel et Jean-Loup, ainsi qu’à son petit-fils Dylan (fils de Jean-Loup) qui ont tous joué dans l’équipe fanion du club. Ses quatre filles, Evelyne (sœur jumelle de Michel), Myriam, Joëlle et Florence, ne furent pas les dernières à venir encourager parfois leurs frangins hockeyeurs lorsqu’ils jouaient sur la patinoire découverte.
Le nombre de responsabilités que Léo Mounier a assumé pendant 40 ans dans le hockey sur glace français, que ce soit en club ou à la fédération, est impressionnant.
Longtemps membre du Comité national de hockey (CNHG), je vous épargne les détails des activités de ce véritable stakhanoviste car ce serait trop long ! Jusqu’à son décès au mois de janvier 2004, Léo Mounier s’est démultiplié dans notre sport pour donner un coup de main dans toutes les compétitions majeures organisées en France en tant que responsable fédéral officiel. Il a été de surcroit le « Team Leader » de l’équipe de France des moins de 18 ans pendant dix ans. Léo Mounier fut logiquement élu au Temple de la Renommée de la FFHG en 2015.
YVON PEYTHIEU : Cet ancien hockeyeur international entra quant à lui au conseil municipal de la ville de Briançon en 1965 dans le but prioritaire de convaincre ses camarades de la mairie de faire construire une patinoire artificielle. Ce fut la première preuve de son engagement total pour notre sport favori. Mis à part sa très belle carrière de joueur qui lui permit d’être sélectionné dans l’équipe de France en 1953, le hockey français lui doit également beaucoup pour ce deuxième combat local. D’autant qu’il dirigea le club de Briançon de 1970 à 1984 en imprimant sa marque et en devenant lui aussi un interlocuteur de choix dans le fameux groupe des « pères » fondateurs du hockey français. Pour l’anecdote, au mois de février 1968, juste avant l’organisation des Jeux olympiques d’hiver à Grenoble, Yvon Peythieu eut le grand honneur de porter à bout de bras la flamme à travers la ville de Briançon ce qui prouve sa grande popularité locale.
Son autre grande fierté fut d’assister plus tard, avant de nous quitter en 2014, aux belles carrières de hockeyeurs de ses deux fils Patrick et Marc Peythieu. Ce dernier, devenu également comme son père international en 1984, fut pendant longtemps l’adjoint de l’entraîneur national Kjell Larsson, mais également le coach de l’équipe de France junior U18 et il est toujours actuellement Conseiller technique régional basé à Marseille. Quant à son frère Patrick, qui fut joueur puis entraîneur du hockey mineur et enfin arbitre pendant 15 ans, il est actuellement le directeur de la patinoire de Briançon.
CLAUDE POURTANEL : Mentionner qu’il fut lui aussi un véritable personnage du hockey français est un doux euphémisme ! Même s’il se laissa parfois emporter par sa passion un peu « théâtrale », cet ancien dirigeant parisien reste un grand bâtisseur qui fut élu à juste titre au Temple de la Renommée de la FFHG en 2010. Orphelin de père, ce self made man, ancien cadre de la RATP, créa en 1951 la section hockey sur glace de l’US Métro dans l’ancienne patinoire parisienne de Saint-Didier. En 1971, il devint le directeur de la patinoire privée de Viry-Châtillon dans laquelle Claude Pourtanel, aidé par son fils Patrice (international et futur président du CNHG), en profita pour créer le nouveau club de l’OHC Paris-Viry dont l’équipe première évoluera à de nombreuses reprises dans le championnat de France élite baptisé aujourd’hui Ligue Magnus. Grâce à Claude Pourtanel, qui considérait les joueurs castelvirois comme ses propres fils, son club devint rapidement un centre de formation local très prolifique et important puisqu’un très grand nombre de hockeyeurs internationaux de renom en sont issus. Comme ses amis, son nom reste gravé dans la mémoire de notre sport depuis son décès en 1999. Rappelons que si son fils Patrice, élu également au Temple de la Renommée de la FFHG en 2014, disputa les Jeux olympiques de Grenoble en 1968, son petit-fils Benoit Pourtanel fit partie à son tour de la sélection tricolore lors des J.O. d’hiver de 2002 à Salt Lake City.
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De gauche à droite : Joseph Marchionini de Megève, Daniel Huillier de Villard-de-Lans et André Ville de Saint-Gervais. |
JOSEPH MARCHIONINI : Cet ancien dirigeant est devenu également un président célèbre à l’époque, non seulement sur le plan local, dans la station de Megève en Haute-Savoie, mais aussi au niveau national. Le sympathique « Jo » avait d’abord travaillé avec son frère Yvon dans l’hôtel familial qui s’appelait « Le Vieux Moulin » avant de changer complètement de métier en ouvrant de son côté la pâtisserie « La Cascade » dans le centre-ville de la station. Handicapé depuis sa naissance par une malformation à un pied, Joseph Marchionini, né en 1931 à Megève, n’avait donc pas pu jouer au hockey sur glace. Cela n’empêcha pas « Jo » Marchionini de s’imposer dans ce sport comme un leader très important à l’époque et d’être élu rapidement membre du Comité national de hockey. Dès lors, le club de Megève, qu'il dirigea à partir de 1968, prit grâce à lui une autre envergure, récompensé par un titre mémorable de champion de France de la Nationale A (Ligue Magnus) remporté avec brio en 1984 sous la direction de l’entraîneur-joueur Paulin Bordeleau et du coach Alain Bozon. Décédé en 2019, Joseph Marchionini fait partie de ce fameux groupe d’amis présidents qui a marqué l’histoire du hockey sur glace français avant sa mutation.
DANIEL HUILLIER : C’est l’un des deux présidents de club de cette galerie de portraits encore vivants (photos en couleur) qui est toujours bien portant à l’âge de 94 ans ! Licencié dans le club de Villard-de-Lans depuis 1938, il détient le record absolu de fidélité puisque sa licence fédérale a été renouvelée à ce jour 83 fois ! Cet ancien international fut par ailleurs le président inamovible et le principal soutien financier du club de Villard-de-Lans pendant 45 ans. Avec ce véritable personnage les mots attachement, générosité, constance et continuité prennent tous leurs sens !
Le sympathique « Dany » fut également membre du Comité national de hockey à deux reprises et il siégea aussi dans le Comité directeur de la Fédération française des sports de glace lorsque la FFSG était encore l’organisme tutélaire. Sélectionné dans l’équipe de France de hockey sur glace en 1953 avec son frère Victor, ils disputèrent ensemble cette année-là les championnats du monde à Bâle et Zurich en Suisse. La grande longévité de Daniel Huillier dans l’histoire du hockey sur glace français et son généreux mécénat pendant presque un demi-siècle (pour soutenir avec son propre argent le club du plateau du Vercors), expliquent l’admiration qu’il continue à susciter de ses pairs et l’unanimité du vote en sa faveur lors de son élection au Temple de la Renommée de la FFHG dès la deuxième promotion en 2009.
ANDRE VILLE : Le deuxième survivant de cette époque pionnière, âgé de 82 ans, fut président du club de Saint-Gervais de 1978 à 1983. Le temps ayant passé, il est actuellement plus connu par la nouvelle génération pour être surtout le père et le grand-père de plusieurs hockeyeurs internationaux qui portent son nom. A commencer par son célèbre fils, l’ex- attaquant tricolore Christophe Ville, qui dirige à présent une société de vente d’équipements et plusieurs magasins franchisés. Mais, il y a aussi ses deux petits-fils : Gabin Ville qui évolue actuellement en Finlande et Malo Ville qui joue désormais en France à Grenoble.
Toutefois, il est important de rappeler qu’André Ville, ancien enseignant en biologie au lycée du Fayet (où il créa la section sport-études de hockey), a marqué également l’histoire du hockey sur glace français en étant à plusieurs reprises membre du Comité national de hockey (CNHG), mais surtout le Directeur technique national adjoint, chargé de l’équipe de France senior de 1984 à 1992. A cette époque, André Ville présent à tous les championnats du monde aux côtés des Tricolores, avait également la lourde tâche de s’occuper en même temps de tous les calendriers des championnats de France, de défendre les dossiers au CNOSF et d’animer la première commission de contrôle de gestion des clubs ! C’est après les Jeux olympiques d’Albertville en 1992, où il fut membre de l’organisation des JO d’hiver, qu’André Ville se retira du devant de la scène. Malgré son apparence qui peut paraître réservée au premier abord, André Ville est une personnalité très riche autant intellectuellement que sur le plan relationnel n’hésitant pas à amuser son entourage lorsqu’il joua à l’époque du saxophone devant ses joueurs pour fêter les nombreux titres du club de Saint-Gervais !
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De gauche à droite : Serge Bocquet de Grenoble, Charles Marcelle de Reims et Joseph Cochet de Chamonix. |
JOSEPH COCHET : Il reste indéniablement lui aussi un grand personnage dans l’histoire du hockey sur glace français ce qui explique son élection au Temple de la Renommée de la FFHG en 2013. Président emblématique du club de Chamonix, il fut l’un des plus illustres représentants du CHC pendant sa grande époque victorieuse. En effet, ce sympathique professeur de mathématique a dirigé pendant plus de dix-sept ans les Chamois du Mont-Blanc (1970-1987) un laps de temps pendant lequel il eut l’occasion de fêter six titres de champion de France. Joseph Cochet fait donc partie du patrimoine de la célèbre station de Haute-Savoie. Non seulement parce que son mandat a été long, mais aussi pour l’amour démesuré qu’il avait pour le hockey sur glace et surtout pour son club qu’il défendait toujours bec et ongles. Mais il a su également jouer « collectif » dans le groupe des barons fondateurs jusqu’à son départ brutal qui ne manqua pas de marquer symboliquement les esprits en 2007.
En effet, signe du destin, à la fin de sa vie Joseph Cochet fut victime de sa passion pour le hockey puisque à quelques minutes du coup d’envoi d’un derby avec le club voisin de Saint-Gervais qui avait lieu à la patinoire de Chamonix, il fut victime d’un malaise cardiaque au moment de franchir la porte d’entrée du « temple » dans lequel il avait vécu tant d’émotions. Il décéda peu après avoir été transporté d’urgence à l’hôpital par deux témoins qui étaient ce jour-là à ses côtés, le célèbre hockeyeur Pierre Pousse et l’ancien président du club Michel Durand.
SERGE BOCQUET : Ce dernier fut pour sa part, à la même période, le président emblématique du club de Grenoble, mais supervisant cette fois toutes les disciplines de glace de l’association de l’Isère. Gérant d’une droguerie cours Berriat, il allait devenir lui aussi un personnage important dans la grande aventure du hockey sur glace grenoblois. Dès la deuxième année de son mandat de président général du CSGG qui débuta en 1968, il fit cause commune avec son ami Robert Le Blond qui prit en charge la section de hockey sur glace assisté du vice-président Jimmy Biguet.
Dès lors, Serge Bocquet formera pendant 25 ans, d’abord avec Robert Le Blond, puis avec quatre autres présidents de la section hockey (Jacques Fouletier, Jean Le Blond, Pierre-Olivier Durand et Jacques Galbrun), des tandems très soudés malgré une propension à garder un œil très vigilant sur les affaires du hockey grenoblois.
Serge Bocquet était en effet une forte personnalité, un président « à l’ancienne » qui dirigeait son club comme un patriarche. Avec à ses côtés son épouse Danielle qui s’occupait surtout de la section du patinage artistique, mais qui ne laissait le soin à personne de gérer les réservations des places pour les matches de hockey. Serge Bocquet, décédé en 1994, ne cacha pas son immense bonheur lors du premier sacre historique des Brûleurs de Loups en 1981 (première photo ci-dessus à gauche) car à l’époque de cet événement, qui se répéta par un deuxième titre de champion l’année suivante, il resta presque en permanence assis dans son bureau de la patinoire du Boulevard Clémenceau toujours ouvert aux visiteurs de passage qu’ils soient joueurs, dirigeants, journalistes ou simples supporters.
CHARLES MARCELLE : J’ai gardé pour la fin de cet hommage collectif l’ancien président du club de Reims, décédé en 2007, car il fut le dernier arrivé dans la fameuse bande des fondateurs. Cet ancien sportif, issu d’une belle lignée de rameurs, négociant en bouteilles de Champagne Taittinger et propriétaire de quelques vignes familiales, allait devenir lui aussi un personnage incontournable du club de la Marne, mais aussi du hockey sur glace français. Le journaliste de L’Union Yves Dogué emploiera dans un article cette belle formule inspirée d’une chanson de France Gall : « Mais qui a eu cette idée folle un jour d’inventer cette école de glace dans une ville comme Reims ne jurant que par le ballon rond ? C’est ce sacré Charles… Marcelle ! »
En effet, avec son franc-parler, ses déclarations à l’emporte-pièce et sa « grande gueule », selon ses propres termes, Charles Marcelle allait devenir rapidement une véritable personnalité qui ne laissa personne indifférent. Le « père Charles », comme on l’appelait affectueusement, était un dirigeant passionné et très attachant qui contrastait avec la réserve de son fils Christophe qui rendit très fier son père en devenant sur la glace un défenseur de niveau international en restant toute sa carrière fidèle au maillot des Flammes Bleues puis celui du Phénix de Reims. Son petit-fils Antonin Marcelle devint également hockeyeur et disputa notamment les championnats du monde des moins de 18 ans. Après Reims, Antonin a joué à Rouen, Brest, Cergy et Dunkerque avant de rejoindre Marseille cette saison.
Pour l'anecdote, la verve et les déclarations à chaud de Charles Marcelle, parfois très virulentes, ont été une véritable mine d’or pour les médias et notamment pour le jeune journaliste que j’étais ! En effet, lorsque je manquais d’inspiration ou de sujet d’actualité à traiter dans ma rubrique régulière du journal l’Equipe, qui était assez importante à l’époque, il suffisait que je décroche mon téléphone et d’appeler mon ami Charles ! Je le titillais volontairement un peu pour qu’il me fasse des confidences percutantes sur tel ou tel sujet. Chaque fois, je réussissais à le « brancher » pour qu’il sorte de ses gongs. Connaissant son caractère enflammé, j’étais sûr d’avoir toujours un sujet d’article qui ferait du bruit ! Charles Marcelle était si passionné qu’il se laissait emporter par ses propres mots. Mais je pense qu’il le faisait volontairement et que c’était devenu un jeu entre nous. Comme disait une célèbre chanson de Jacques Brel « Allez, chauffe Marcelle ! ».
Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.