C'est dans une patinoire de Gap bien pleine de 1851 spectateurs et encore nimbée de soleil que la rencontre allait démarrer. Forts d'un avantage de deux buts à l'aller, les bisons de Neuilly se présentaient avec une centaine de supporters très motivés, tandis que Gap entendait bien remettre les pendules à l'heure avec l'aide de son public et la mémoire des rencontres de saison régulière qui étaient à leur avantage.
La course est lancée
| François Celcé | | Le début de rencontre donnait rapidement des jeux de puissance assez mal négociés, et une lutte assez équilibrée. A 3'48, un lancer des hauts alpins derrière la cage de Figved proposait un rebond très étrange et le palet revenait sur la crosse d'un rapace qui trouvait le gardien francilien assez surpris de l'affaire. Rambousek remettait le couvert quelques instants plus tard avant q'une seconde supériorité numérique des locaux ne confirme à 5'11 les bonnes dispositions des joueurs de Turcotte. On avait tout de même l'impression que le duel Gasnier Figved pourrait tourner à l'avantage du second qui est loin d'être inconnu en Magnus et bénéficie d'une expérience peu commune en D1.
Cependant, si Neully proposait quelques contres de qualité, sa défense n'était clairement pas du même niveau, et les faiblesses entrevues depuis de début de la rencontre, en particulier dans la gestion de l'enclave, allaient se payer quelques instants plus tard.
A 7'15, Charrette y allait de sa lucarne au milieu d'une défense qui le laissait frapper et ouvrait le score dans la liesse générale (1-0).
A 9'00, Rambousek parvenait à dribbler Figved à pleine vitesse, mais ne pouvait redresser pour glisser le palet dans le but vide. L'attaquant des rapaces étant clairement un danger constant pour l'adversaire, mais proposant un jeu assez personnel et pratiquement aucune aide défensive à ses partenaires.
Ainsi, à 9'17, c'est Neuilly dont l'attaque de qualité allait clairement peser tout au long de la rencontre, qui trouvait la faille avec gascon qui se présente seul face à Gasnier et y va de son gauche droite ponctué d'une petite poussette du palet entre les jambières adverses (1-1). Un but qui sanctionne clairement une mauvaise aide défensive et un relâchement qui ne sera hélas pas le dernier pour Gap.
Les minutes suivantes offrent des aoccasions de part et d'autre, les deux équipes n'évoluant pas sur un rythme très élevé, mais trouvant des solutions à mi-glace pour développer un jeu de passe assez plaisant.
A 17'03, un but demandé par Neuilly après une bousculade devant la cage des locaux est logiquement refusé, et ce sont les rapaces qui vont trouver une nouvelle fois la faille avant la fin de la période.
A 17'27, Rambousek va ainsi pousser dedans après un mauvais renvoi de Figved, et bénéficier une nouvelle fois des largesses d'une défense il est vrai diminuée par les absence de plusieurs joueurs, défense qui ne compte que 4 défenseurs de métier ce qui est plus que limite dans ce contexte (2-1).
Tirs: 17/12 Gap
Engagements: 22/9 Gap
Gap rate le coche
Alors que l'impression laissée au terme de la première période était que la défense friable de Neuilly risquait de coûter le match aux bisons, Gap se montrant plus complet à ce niveau et disposant d'une attaque susceptible de faire jeu égal avec l'adversaire, les rapaces allaient totalement manquer leur début de période.
A 22'16, Rey allait inscrire une belle lucarne après un lancer près du cercle d'engagement droit pas franchement appuyé mais qui trompait Gasnier (2-2).
A 22'29, sur l'engagement, Mysicka filait pour servir Paillet qui trompait encore le gardien des rapaces et donnait l'avantage à Neuilly. (2-3)
Gap prenait alors un sérieux coup sur la tête et devait remonter un handicap de trois buts pour espérer simplement égaliser, le public restant dès lors plus discret que durant la première période.
Les minutes suivantes voyaient quelques occasions de part et d'autre, Neuilly cherchant le contre tandis que Gap dominait légèrement les débats.
Après une blessure sans gravité de Charrette à 30'01, un second rapace restait au sol à 34'48, et malgré les protestations de visiteurs qui considéraient que Rambousek simulait, une première pénalité était donnée aux bisons, suivie d'une seconde pour méconduite.
Le killing play qui suivait allait permettre à l'inévitable Rambousek de doubler son capital personnel après un mauvais renvoi de Figved, et de redonner un peu d'espoir à des hauts alpins en difficulté (3-3).
La fin de période donait lieu à une décision arbitrale qui paraissait quelque peu contestable vue du haut des tribunes. A 38'02, un joueur de Neully s'écroulait, manifestement victime d'un cinglage dont l"origine n'était pas évidente, aucun adversaire ne se trouvant vraiment près de lui et plusieurs de ses partenaires ayant levé leurs crosses juste avant? Après de longues secondes de jeu, et tandis que Gap allait se procurer une rupture, le jeu était stoppé et un rapace envoyé en prison pour cinglage (nous on veut bien mais soit on siffle de suite derrière la faute, soit on ne siffle pas et on laisse le jeu se poursuivre comme le prévoit le règlement). Une autre pénalité étant sifflée juste derrière contre Gap, on se retrouvait en double avantage numérique pour les Bisons, qui conduisait Gasnier à un superbe arrête en extension pour terminer dignement la période.
Tirs 15/9 Neuilly
Engagements 20/15 Gap
Miracle on Ice
La dernière période proposait un faux rythme avec Neuilly en quête de temporisation et Gap qui lance toutes ses forces pour refaire son handicap de deux buts.
Pourtant, si l'on excepte quelques lancers sur les gardiens, les minutes passent et rien de vraiment décisif n'est proposé à un public de plus en plus silencieux. Après une explication entre Rey et Cornaire à 51'53, qui conduit à deux pénalités mineures, l'explication se poursuit devant Figved quelques minutes plus tard. A 57'46, alors que le public découragé ne manifeste plus beaucoup, Gap prend un temps morts, et la tribune de presse évoque le mot miracle pour définir ce qu'il faudrait aux rapaces pour revenir.
Pourtant, Gap va marquer deux buts en quinze secondes et arracher les prolongations face à une défense de Neuilly dont nous n'avions pas caché les approximations précédentes.
A 58'31, Halverson reprend un palet mal renvoyé par Figved et claque facilement dedans (4-3), avant que Lafrenière ne l'imite à 58'45 sur une situation de jeu totalement identique (5-3).
Gap pousse alors mais Figved parvient à préserver un résultat qui envoi les deux équipes en prolongation.
Roulette russe
La prolongation sera une véritable roulette russe avec de grosses occasions de part et d'autre. Rambousek trouve Figved à 60'25, avant que Gasnier ne repousse une tentative de Vastusko à 61'54. Bref, tout peut arriver et gap pousse, s'exposant ainsi aux contres de neuilly.
Paillet pour les visiteurs manque la cage qu terme d'un joli slalom à 63'16, mais c'est Larson à 66'14 qui y va à son tour de son tir qui touche Gasnier mais termine finalement au fond des filets pour celler définitivement la victoire des bisons.
Magnus: bienvenu aux bisons
Il est des années ou une équipe domine largement la saison et dont la montée est vue comme normale, logique. Cette année, plusieurs équipes pouvaient prétendre à cela, et vu la finale, on peut avoir des regrets qu'une seule des deux formations ne puisse être récompensée car Gap a vraiment fait jeu égal, et sans la faiblesse lors de la seconde période, le résultat pouvait être tout autre...en oubliant pas non plus que les rapaces ont déjà eu leur miracle avec l'égalisation lors de la dernière période.
On a ainsi franchement vu une belle finale, avec deux belles équipes portées sur l'offensive, et un scénario digne des meilleurs romans policiers.
Du côté de Gap, les regrets étaient tels que nous n'avons pas fait d'interviews, c'est certainement à Neuilly lors du match aller que la montée s'est jouée. Que peut-on reprocher aux joueurs de Turcotte? Un manque de concentration en début de seconde période, et un manque d'aides défensives de la part de certains attaquants, Rambousek en étant la parfaite illustration. Ainsi, si le tchèque en met deux au fond, il laisse ses petits copains faire le boulot défensif ce qui être franchement un problème dans le contexte d'une finale.
Saluons cependant la bonne partie d'une majorité de l'effectif et en particulier d'un Moussier toujours impeccable et dont l'engagement pourrait servir de modèle à pas mal de joueurs de Magnus. Oui, Gap n'était vraiment pas loin du titre, et c'est vraiment la roullette russe des prolongations qui a donné le résultat.
Ce sont donc les bisons de Neuilly sur Marne qui vont accèder à la Magnus au terme d'une fort belle saison. L'Ile de France a ainsi son équipe en élite, ce qui devrait faire plaisir à beaucoup de monde, et on ne peut que féliciter les joueurs de coach Pourtanel pour cette finale.
Au tableau d'honneur, une attaque séduisante, avec de belles passes, changements d'axes, et ruptures bien négociées avec deux blocs de grande qualité et un troisième pas loin des deux autres. Ce n'est pas un hasard si l'équipe est donc championne de France. On sera en revanche plus réservé sur une défense privée de plusieurs titulaires, laquelle a peiné en particulier dans l'enclave, mais également dans la défense homme à homme.
Que peuvent faire les bisons en Magnus la saison prochaine? On peut supposer que l'effectif sera quelque peu revu, et que Neuilly devrait bénéficier de sa proximité avec Paris pour signer quelques joueurs par exemple en poursuite d'études, ou simplement désireux d'y résider. Certains verront les bisons dors et déjà en difficulté avec leur petite patinoire, leur manque de public et de ressources, et un effectif pas forcément au niveau du bas de trableau de l'élite française.
Nous serons plus nuancés. Outre le fait que l'on souhaite bien du plaisir aux équipes qui se déplaceront sur la petite glace francilienne, l'effectif actuel compte des éléments de valeur, capables de hisser leur niveau de jeu, et ayant l'intelligence et le caractère pour y parvenir. Manifestement, le groupe montrait des torrents d'enthousiasme et coach Pourtanel fait partie de ces entraîneurs capable de gérer une bande de carractériels et de proposer tactiquement un hockey susceptible de s'adapter au jeu de l'adversaire.
Alors oui, il faudra une autre défense pour espérer simplement rester en Magnus, mais Neuilly pourrait bien être une belle surprise l'année prochaine et proposant un vent de fraicheur à une élite française qui en manque parfois.
|