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Hockey sur glace - Ligue Magnus |
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HOCKEY ET SEXE : LA PRUDENCE S’IMPOSE |
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Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l'acteur et le témoin privilégié de l'évolution du hockey sur glace en France. D'abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L'Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d'une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l'histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s'exprimer régulièrement dans cette rubrique. |
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Média Sports Loisirs, Hockey Hebdo |
Tristan Alric le 14/08/2020 à 11:30 |
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Tribune N°12
Dans cette tribune, je ne vais pas vous parler, faute de place, des nombreuses conséquences physiologiques que provoquent des relations sexuelles normales sur l’organisme des sportifs. Elles ont été longuement analysées dans le livre « Le sexe et le sport » que j’ai publié en 2002 et dont vous pouvez voir la couverture ci-contre. Si ce livre n’est plus en vente en librairie, vous pourrez toutefois retrouver son intégralité dans la récente encyclopédie disponible sous la forme originale d’une clé USB en forme de palet de hockey. (Contact : Tristan Alric - Cliquez ici)
En revanche, j’aimerais aborder ici un sujet autrement plus grave, resté longtemps tabou, mais qu’il ne faut surtout pas éluder même s’il s’agit heureusement de cas très rares. Je veux parler des abus sexuels qui ont fait encore récemment beaucoup de bruit dans le milieu sportif. Le scandale très médiatisé qui a fortement secoué la Fédération française des sports de glace au début de l’année 2020, entraînant la démission de son président, est une preuve supplémentaire qu’il faut rester toujours très vigilant et ne pas avoir peur de dénoncer des comportements inappropriés.
En effet, une autre affaire sordide, touchant cette fois directement le hockey sur glace français, a été relaté dans la presse au début de l’année 2019. Il s’agit du cas de Vincent Leroyer, ex-champion de natation et ancien manager-général du club de hockey sur glace de Rouen, qui a été condamné à 12 ans de prison par le tribunal de Bordeaux pour « viol et agressions sexuelles sur des jeunes sportifs » entre 1986 et 1996. Trahissant la confiance que tout le monde lui accordait, cet ancien dirigeant a donc écopé, 35 ans plus tard, à de la prison ferme pour avoir été l’auteur d’une affaire de mœurs abjecte avec cinq jeunes hockeyeurs rouennais.
Comme tous les autres disciplines sportives, le hockey sur glace n’a donc pas été épargné par des agissements – heureusement très rares mais condamnables - de certains encadrants à la psychologie déviante. Je prendrai comme autre exemple l’énorme scandale qui a éclaté cette fois au Canada dans le tribunal de Calgary pendant le mois de janvier 1997. Ce jour-là, un célèbre coach de hockey, James Graham, qui avait remporté à plusieurs reprises la Coupe Mémorial (le trophée suprême dans le circuit junior majeur) a été reconnu coupable d’abus sexuels sur deux hockeyeurs de l’équipe des Broncos de Swift Current qui évolue dans la Western League. Mais lors de l’audience, il s’est avéré que cet entraîneur prestigieux, l’un des plus respectés dans son pays, notamment pour ses campagnes contre la violence, le racisme et l’abus d’alcool dans le hockey, ne s’en est pas tenu à ces tristes faits concernant deux joueurs.
Le hockeyeur professionnel des Bruins de Boston, l’attaquant Sheldon Kennedy, a fait des révélations publiques terribles qui ont également pétrifié les nombreuses personnes présentes dans le prétoire. Cet athlète de vingt-neuf ans, qui a évolué pendant huit saisons dans le circuit de la NHL, de Détroit à Boston en passant par Calgary, a avoué pour la première fois en public que James Graham lui avait fait subir à lui aussi par la force des pratiques sexuelles à plus de trois cent reprises lorsqu’il était âgé entre quatorze et dix-neuf ans. On imagine le calvaire de ce jeune père d’une petite fille incapable d’oublier l’horreur de ce viol répété des années durant.
Sheldon Kennedy a tenté, deux ans avant ce procès retentissant, de se donner la mort avec un couteau de cuisine. Traumatisé, il a cherché dans l’alcool et la drogue une solution illusoire à ses problèmes et il a manqué un championnat entier à la suite d’un accident de voiture dû à son état d’ivresse. Lorsqu’il a appris que son ignoble bourreau avait écopé de trois ans et demi de prison ferme, Sheldon Kennedy a décidé d’expier une bonne fois pour toutes son douloureux passé afin de retrouver enfin son équilibre.
C’est ainsi que le 30 mai 1998, encouragé par son épouse, ce hockeyeur professionnel est parti de St John’s sur l’île de Terre-Neuve pour effectuer une traversée entière du Canada d’est en ouest. Il est arrivé ainsi à Vancouver en Colombie Britannique, le 11 octobre 1998. Pendant ce long périple de 8300 kilomètres, Sheldon Kennedy a récolté de l’argent en faveur des enfants victimes d’abus sexuels. « Si j’ai fait cette tournée en rollers, c’est pour briser le mur du silence », a-t-il confié au journal USA Today. Un psychologue canadien, qui a soutenu sa croisade, souligna qu’avec son action préventive « Sheldon a sauvé des centaines de gamins ».
Il faut se souvenir aussi que le canadien Jean Begin, qui avait été l’entraîneur du club de hockey sur glace d’Amiens de 1986 à 1987, a malheureusement défrayé la chronique judiciaire, deux ans plus tard, après son retour au Canada.
Agé alors de 44 ans, il fut arrêté par la police du Québec, le 8 février 1989, alors qu’il était revenu dans son pays pour diriger un club dans le circuit juniors majeurs. Père de deux enfants, le nouveau coach des Voltigeurs de Drummondville passa la nuit en prison pour agression sexuelle sur deux mineurs puis il fut relâché après le paiement d’une caution de 1000 dollars. Mais lors de son audition devant un tribunal, le 21 février 1989, où il devait répondre de ses premiers forfaits, Jean Bégin reconnut trois autres attentats à la pudeur, sur un jeune enfant entre novembre 1988 et janvier 1989. L’ex-entraîneur d’Amiens fut lourdement condamné et fut remplacé jusqu’à la fin de la saison par son assistant Gervais Rioux.
Rétrospectivement, les dirigeants des anciens « renards de Picardie », ont été choqués car ils ne se sont jamais douté de la déviance de cet entraîneur dont l’attitude, lors de son court séjour en France, fut fort heureusement sans équivoque.
Bien sûr, il ne faut surtout pas tomber dans la psychose et la paranoïa en s’imaginant que ces faits condamnables sont très répandus dans le milieu du hockey sur glace comme ce fut le cas parfois dans d’autres disciplines sportives également touchées comme la natation, le tennis ou la gymnastique. L’immense majorité des entraîneurs de sport sont absolument irréprochables. Ils ne méritent donc pas de subir de la suspicion mais au contraire ils doivent avoir l’estime et la confiance de tous. Toutefois, s’il ne faut pas voir le mal partout, la bonne conduite à tenir est de rester en permanence vigilant et prudent. Dans ce domaine, les parents des jeunes hockeyeurs ont un rôle préventif capital à tenir grâce à leur grande proximité avec leurs enfants. Ils sont donc les mieux placés pour détecter et empêcher éventuellement que ce genre d’affaires sordides, heureusement très rares, se reproduisent.
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