À Nantes, la saison s‘est achevée le 11 mars dernier au terme de la toute dernière journée de championnat. Le club de hockey des Corsaires de Nantes a accepté de se livrer sur l’exercice 2022/2023 tout en traçant la route pour la future saison 2023/2024. C’est une saison qui se termine loin des objectifs annoncés en début de championnat où l’équipe des Corsaires de Nantes se positionne à une lointaine 10e place, privant ainsi le club de playoffs une fin prématurée pour l'équipe qui clôture ainsi sa saison 2022/2023.
Tout au long de la saison, l’équipe Nantaise a alterné les victoires (12) et les défaites (13), la concurrence fût rude dans un championnat de division 1 où chaque point devient précieux. C’est ainsi que les Corsaires ne sont pas parvenus à faire mieux laissant les playoffs s’échapper contraint de devoir regarder les 8 meilleurs du championnat se disputer le titre, et les 4 derniers le maintien.
Pour les dirigeants Nantais, c’est un goût amer un sentiment d’inachevé une déception, mais le temps de l’analyse est passé. Le club a accepté de nous ouvrir ses portes pour revenir sur sa saison manquée tout en tournant rapidement la page pour se fixer sur la saison à venir.
Les dirigeants du hockey professionnel Nantais ont répondu à nos questions :
Jean-Marc Rouxel : Vice-Président du NAHG et Responsable du comité hockey professionnel
Sébastien Berthier: membre du comité hockey professionnel
| crédit photo: Guillaume François | Jean-Marc Rouxel (à gauche) Sébastien Berthier (à droite) |
Le Bilan de la saison 2022/2023:
«... Déception, Frustration »
- Hockey Hebdo: La saison s’achève, quel bilan faites-vous ?
- Jean-Marc Rouxel : En deux mots, déception, frustration ! Déception, car nous ne sommes pas qualifiés en playoffs et que l’objectif fixé n’a pas été atteint. Frustration parce qu'indéniablement le groupe avait les qualités pour se qualifier et qu’on n’a pas su trouver la clé durant la saison pour aller atteindre l’objectif pour se qualifier. Pour le club, qui était une qualification en playoffs et idéalement être positionné dans le Top 4. Nous avons été les montagnes russes durant la saison écoulée où l’équipe a su montrer son potentiel sur certains matchs, que ce soit contre Dunkerque à la maison (8-2) où à Epinal (1-4) des matchs que nous avons gagné, et à côté de ça, on est passé au travers d’autres matchs et à la fin, on reste à quai.
- HH : comment expliquez-vous un tel bilan, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
- JMR : Une des explications, le manque de constance, lorsqu’on est inconstant et qu’on ne fournit pas les efforts de manière régulière on récolte rien de bon. Nous n’avons pas su enchaîner de série permettant de gagner en confiance, chose dont avions besoin. Je précise que le groupe vivait bien, avec des joueurs humainement de qualités, mais eux-mêmes dans le débrief qu’ils ont fait de la saison, n'ont pas su se faire violence dans les moments clé. Les joueurs étaient conscients de la qualité du groupe, confortés sur le fait que ça allait venir. L’analyse que l’on peut faire, c’est le manque de leadership dans le vestiaire. On avait des joueurs de qualités, des cadres, mais un manque de joueurs avec une capacité à sonner la révolte aux moments où il y avait besoin.
On a le droit de passer au travers d’un match, au travers de certains moments clé, mais l’échec, il vient du fait que nous ayons reproduit les mêmes erreurs tout au long de la saison.
- HH : Quelle est la situation du club actuellement ? (au début de la saison 2022/2023 le club de Nantes a été sanctionné d’un retrait de trois points avec sursis, d’une participation au championnat D1 avec des mesures d’encadrement)
- JMR : En effet, le club était sous mesures d’encadrement de la CNSCG* et financièrement, c’est tout sauf la bonne affaire. On reste à quai, et donc on fait ni playoffs, ni playdowns. On aurait encore préféré faire des playdowns. Très concrètement, on n'a pas cherché, ni calculé à rester à quai, on fait partie des 2 équipes qui ne jouent plus... Et économiquement, c’est très dur. On continue de payer des joueurs jusqu’à la fin de leur contrat, on ne rentre plus aucune recette, et on anime plus rien au niveau des partenaires, donc financièrement ce n’est pas une bonne saison. Sportivement et économiquement.
- HH : Comment s’annonce la prochaine saison sur l’aspect financier ?
- JMR : Le club n’est pas assis sur un matelas financier qui lui permet de passer facilement ces effets-là. Ce qui est certain, c’est que malgré tout, il est important de souligner la mise en place du comité hockey professionnel à Nantes, car l’issue de la saison passée avait montré les limites en termes de gestion associative, on a mieux géré budgétairement sur les postes clés, nous avons été dans une meilleure maîtrise de nos coûts et dépenses.
Malgré la saison, on a très bien performé en termes de recettes, au niveau billetterie, restauration, au niveau animation des matchs. Si on regarde le club de Nantes, nous sommes à 40 % là où la moyenne des clubs de Ligue Magnus se situe à 37 % tout en sachant que la moyenne des clubs de D1 se situe à 29 % de leur budget. C’est-à-dire que la capacité que nous avons à générer de la recette le soir de nos matchs, est importante. On sait performé là-dessus.
- HH : Sur l’aspect sportif, quelles sont les évolutions ? Notamment avec l’annonce de l’arrivée de François Dusseau au poste de Manager Général
- JMR : Nous avons fait le choix de recruté un manager, ce qui pousse le club, à s’inscrire dans la durée avec un objectif à terme de s’installer dans l’élite du hockey français. Ça fait deux ans qu’on concourt par dossier à la Ligue Magnus, là où l’aspect fédéral nous l’oblige. La question est de savoir si l’on est prêt à jouer en Ligue Magnus. On l’est, chaque année, plus proche, et ce qui est certain pour pouvoir évoluer en Ligue Magnus, c’est que le cahier des charges impose la présence d’un manager général. On se rend compte que pour être prêt, il vaut mieux l’anticiper, comme on l’a fait dans la formation avec les équipes Élites. Aujourd’hui, c’est le pas que nous avons souhaité franchir en recrutant un manager général. L’autre point important qui a été très flagrant cette saison, c'est que la division 1 est un championnat extrêmement compétitif où tout s’est joué à la dernière journée. La D1 est de plus en plus professionnalisée et à un moment quand tu es dirigeant, tu es là pour diriger un club et être concentré sur tout ce qui va concerner l’activation des ressources, des partenaires, mais tu n'es pas préparé à gérer le sportif, et quand une saison est plus difficile, tu es confronté à un coach, un groupe et c’est très compliqué de t’y intégrer. Et ça, c’est vraiment le rôle au quotidien d’un manager général, de faire le lien, de piloter et d’assurer toute la direction sportive du club. C’est pour cette raison que nous avons franchi le cap pour la saison prochaine et celles à venir.
« ..le projet Corsaires, le Travail, le Respect, et la Performance »
- HH : Comment s’est fait le choix de recruter François Dusseau à ce poste ?
- JMR : À partir du moment où nous avons été en recherche d’un manager général, le milieu du hockey étant assez petit, Sébastien Berthier membre du comité Hockey pro qui a aussi œuvré pendant des années en tant que manager aux Ducs d’Angers, et qui à l’époque a collaboré avec François Dusseau. François est aussi passé par Nantes il y a plusieurs années et il a toujours laissé une bonne impression sur sa personne, son investissement. Dernier point on s’est adressé à différentes personnes où on a analysé le facteur d’implication, de volonté, et ce qui peut apporter de plus au club sur le poste et les missions que nous avons prédéfinis et il nous a semblé que c’est François qui répondait le mieux à ces critères pour s’inscrire dans la durée.
- Sébastien Berthier : François connaît la D1, la notion de travail, c’est l’ADN de François, c’est notre ADN pour la saison prochaine au club. Il fallait aussi trouver quelqu’un qui faisait le lien entre la direction, l’équipe et le coach. François connaît très bien Martin (Lacroix) puisqu’ils ont joué ensemble, ça a été son capitaine, son adversaire, donc ils se connaissent très bien et c’est aussi important si on veut performer tout de suite avec une nouvelle équipe. Le lien se fait aussi avec les équipes jeunes du club, puisque c’est aussi François qui a fait venir Ondrej (Martinka) en France.
- JMR: Le club a souhaité redéfinir les orientations, sous forme de valeurs qui doivent être partagées par l’ensemble des personnes qui rejoignent le projet Corsaires à savoir : le Travail, le Respect, et la Performance. Une des raisons de l’échec, c’est qu’on s’est trop installé dans une zone de confort et nous n'avons pas su sortir de cette zone de confort.
| crédit photo: Guillaume François | |
- HH : Comment expliquer que l’équipe soit restée dans sa zone de confort ?
- JMR : On parlait de la valeur de travail, et à un moment donné, il y avait un petit peu moins de concurrence, certains joueurs étaient plus préoccupés sur le maillot à thème que de préparer l’adversaire, parce que tu sais que la patinoire sera pleine. Certains ont plus porté de l’intérêt à ce qui se passait autour que dedans. À un moment, ce n’est pas parce que l’autre à une plus belle crosse qu’il va mieux jouer au hockey. Nous les dirigeants, sommes un peu responsables de ça, parce que nous avons la volonté de grandir et donc d’installer ce qui tourne autour. Nous avons une préparatrice mentale alors que certains clubs de Ligue Magnus ne disposent même pas de cela, au niveau médical, nous avons 2 médecins, des kinés, ostéopathes qui sont à côté. Les joueurs sont très bien pris en charge et on le voit avec certains joueurs qui arrivent de clubs de Ligue Magnus, ils sont mieux traités ici, ils trouvent la structure très adaptée. Mais par contre, c’est toute la difficulté de la D1, car nous avons des joueurs qui ne viennent pas tous pour le même objectif….
- HH : Quels seront les prochains changements ?
- SB : Dans les prochaines annonces de recrutement, et c’est ce que nous verrons, ce sera un recrutement avec des joueurs travailleurs, dans la structuration qu’a fait François, ce seront des joueurs tous tournés vers le même objectif.
- JMR : Je tiens à souligner que la collectivité investit 1 Million 3 d’euros avec un agrandissement et une nouvelle tribune pour la saison 2024/2025 qui vont nous donner une attractivité supplémentaire, même si nous ne sommes pas dupes, il va y avoir de la concurrence, car l’avenir du hockey passera par les grandes métropoles en terme économique. Lorsqu’il y a de la concurrence, il faut savoir se différencier et si les résultats sportifs sont là et les gens prennent plaisir à venir voir des belles batailles et des joueurs qui se donnent à fond, je pense que la tribune sera vite remplie l’année d’après.
François Dusseau: Manager Général des Corsaires de Nantes
( Interview réalisée par téléphone)
| crédit photo: Guillaume François | François Dusseau nouveau Manager Général de Nantes |
- HH: Quels sont vos objectifs, suite à l’annonce de votre arrivée à Nantes en tant que Manager Général ?
- François Dusseau: Comme j'ai annoncé à tous les nouveaux joueurs, l’objectif est de faire les playoffs et le 2e objectif de vouloir jouer le titre comme beaucoup d’équipes.
Dans un premier temps, j’ai fait une analyse de ce qui n'a pas été et de ce qui a manqué. À l’heure d’aujourd’hui, on essaye de répondre sur ces points en collaboration avec Martin (Lacroix). Je ne décide pas de prendre un joueur sans lui en parler. Nous avons plusieurs profils, et il y a des gars en fin de contrat dont il a fallu se séparer. Quand les objectifs ne sont pas atteints, c’est là où il faut changer et remettre la notion de travail, de respect dans un championnat très homogène. Nous savons qu’il y a beaucoup d’équipes qui s’équipent pour la saison prochaine où ce sera compliqué. Les joueurs qui viennent ici savent que nous souhaitons jouer le haut du tableau et ça, c’est une certitude !
D’une parce qu'il y a des investissements, ensuite parce qu’il y aura du turn-over avec les fins de contrat. Entre ceux qui ne se plaisent pas là et ceux qui ont des meilleures propositions pour aller voir ailleurs, ça fait partie du hockey. Surtout, c’est de voir ce qui a manqué et comment aller chercher ses éléments. Il y a un budget, il faut le respecter et on jongle avec ces éléments. On sait qu’on a la pression aussi, mais les joueurs qui viennent à Nantes le savent aussi, il va falloir travailler dur, car on va être attendu. La patinoire est pleine à Nantes, il y a des partenaires aussi qui attendent un résultat. On va devoir se livrer à chaque match.
- HH : Où en êtes vous niveau recrutement ?
- FD : À l’heure actuelle, nous n’avons pas annoncé nos recrutements, mais pour l’instant les recrutements se passent bien, tout en respectant le budget, parce que c’est qui conditionne les choses puis après, il faut laisser la mayonnaise prendre. Entre les plans que nous avons et ce qui arrivera, ça change tout le temps, on s’adaptera. Il y a du travail, une structure, un cadre à mettre en place et puis le respecter.
À l’heure d’aujourd’hui, je pense que c’est le moment de changer des joueurs, et pour moi ça ne me fait pas peur, car chaque année, je suis habituée aux grands changements. Par contre ça met du temps à se régler pour une équipe ça met entre 5 et 8 semaines pour qu’elle trouve sa vitesse de croisière, sans compter les petits pépins que l’on peut avoir, blessures, suspensions, etc... . On va essayer, on sait qu'on aura aussi des temps faibles.
- HH : L’équipe sera t’elle compétitive dès le début ?
- FD: Les résultats n’arrivent pas par hasard, ils arrivent parce qu’il y a une bonne structure, tu n’es pas champion par hasard ! À l’heure d’aujourd’hui cela passe aussi par le kiné, l’ostéopathe, le médecin, la récupération et comment soigner les joueurs, parce que le but, c’est de les remettre le plus vite possible sur pieds. Le préparateur physique a aussi un rôle important. Tous ces petits détails ont une conséquence pour la suite, cela va être le plus important de régler ces points-là, et d’être surtout très réactif.
- HH : Comment se passera l’intégration des jeunes U20 ?
- FD: On va les incorporer dans le groupe, c’est sûr que la marche est haute, on va voir ce qu’ils donnent, j’ai des idées pour mettre un peu de pression à tout le monde, parce que le confort, c’est trop facile. Si on peut développer nos jeunes, on doit leur montrer le travail qu’il y a à faire, et je pense qu’il faut leur apprendre dès le départ.
- HH : Un mot sur la prochaine saison ?
- FD : Concernant l’équipe D1, on sait qu’on va être attendu, ce sera un championnat relevé, et oui on veut gagner tous les matchs à la maison. Déjà, il faut qu’on montre un vrai visage à la maison.
La rédaction d’Hockey Hebdo remercie le club des Corsaires de Nantes, ainsi que François Dusseau pour leurs disponibilités.
*Commission nationale de suivi et de contrôle de gestion
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