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Hockey sur glace - KHL - Kontinental Hockey League
KHL : La marche de l'Empereur
 
Le SKA Saint-Pétersbourg, éternel favori mais toujours bredouille, se relance à l'assaut de la KHL pour espérer remporter ENFIN la Coupe Gagarin et son tout premier titre de champion de Russie
 
Saint-Petersbourg, Hockey Hebdo Philippe Rouinssard le 06/08/2013 à 10:01
Un colosse aux pieds d'argile


Le SKA c'est un peu l'image de l'éternel prétendant qui est toujours sur le devant de la scène sans toutefois être jamais récompensé. Saint-Pétersbourg, le poulain de Gazprom, le géant pétro-gazier russe (qui a réalisé un colossal bénéfice de 29 milliards d'euros pour l'année 2012), semble bien chétif pour ramener des titres. La compagnie d'Alekseï Miller a-t-elle misé sur le mauvais cheval ?

Aleksandr Medvedev, président de la KHL, est également vice-président de Gazprom et directeur général de Gazprom Export, il fait aussi partie du conseil général du SKA Saint-Pétersbourg. Ces multiples casquettes n'ont pas permis à l'homme fort du hockey russe de faire triompher son club. Ce qui montre finalement la transparence de la Ligue, contrairement à certaines déclarations des plus violents détracteurs de la KHL. Au sein du SKA, Medvedev commence à être de moins en moins présent, à terme il pourrait n'assumer plus aucun rôle. Ce qui est plus conforme à un état d'esprit "occidental" (avec une division des postes) et moins à une vision russe qui voudrait qu'un seul et même personnage soit présent partout.
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Le SKA toujours impressionnant sur le papier

Chaque intersaison, le club pétersbourgeois dépense des sommes astronomiques pour tenter de rejoindre le Cosmos avec Gagarin et sa Coupe mais, comme chaque année, le SKA vit des printemps qui déchantent. Sur une saison régulière, Saint-Pétersbourg est quasiment instoppable, il se classe toujours aux avant-postes. Et, chaque année, il progresse un peu plus, 100 points (35 victoires) en 2009, 122 points (40 victoires) en 2010, une baisse en 2011 avec "seulement" 96 points (32 victoires), mais une belle reprise en 2012 avec 113 pour 38 victoires, l'apogée ayant été atteint lors de la saison écoulée avec 115 points et 38 victoires.
Malgré des saisons régulières dominées d'un bout à l'autre et sans quasiment de fausses notes (l'habitude des départs poussifs ayant été finalement balayée), le SKA n'arrive pas à aller au bout et n'a même jamais connu l'ivresse d'une finale. Les play off restent pour l'instant le grand tombeau du favori perpétuel. Force est de constater que chaque année tout de même le SKA progresse et se rapproche un peu plus de la Coupe Gagarin.

Lors de la première saison, les premiers play off voient une première humiliation avec un cinglant 3-0 contre le Spartak Moscou. La saison suivante n'est guère mieux et, malgré sa première place à l'issue de la saison régulière, Saint-Pétersbourg se fait méchamment sortir au premier tour par Riga (3-1). En 2011, le SKA passe un cap et pulvérise le Spartak (4-0) au premier tour, au second tout va bien et les Pétersbourgeois mènent rapidement 3-1 contre l'Atlant mais Mytishtshi s'impose sur les trois matchs suivants envoyant le géant en vacances prématurées. En 2012, les joueurs de l'armée passent encore le premier tour très facilement (4-1 contre le CSKA Moscou), au second tour l'Atlant Mytishtshi ne parvient pas à rééditer l'exploit (4-2) et on retrouve Saint-Pétersbourg dans le dernier carré pour la première fois depuis 1994 ! En finale de conférence contre le Dynamo Moscou, tout le monde donne le SKA favori mais les policiers balayent le monstre 4-0 ! La pilule est très amère à avaler et tout est à refaire pour les Pétersbourgeois. L'an passé, Saint-Petersbourg réalise encore une excellente saison régulière, l'Atlant explose au premier tour face à lui (4-1) au second le Severstal Tcherepovets ne peut même pas gagner une partie (4-0). En finale de conférence, les Pétersbourgeois retrouvent le Dynamo, champion en titre. Mais, une fois encore, les Bleus et Blancs remportent les 3 premiers matchs, dos au mur le SKA parvient à gagner deux fois de suite mais dans le match 6, le SKA explose et s'incline très lourdement 5-1 et doit une nouvelle fois dire adieu à ses rêves.
Le SKA est arrivé deux fois en finale de conférence et, l'an passé, il a remporté 10 matchs de play off, son record ! Mais il lui en manque encore 6 pour toucher enfin la Coupe Gagarin.


Une seule question : "Pourquoi ?"


Malgré tout son investissement, Saint-Pétersbourg n'a toujours pas remporté de titre et n'est même jamais allé en finale, le sort s'acharne sur cette équipe bourrée de talent et d'argent. Le meilleur résultat reste donc une place dans le dernier carré en 1994, 2012 et 2013. Même si le SKA s'invite de plus en plus régulièrement à la fête, il ne parvient pas à se hisser plus haut. L'an passé, il a gagné deux matchs dans sa finale de conférence mieux donc qu'en 2012 (éliminé 4-0) et en 1994 (2-0). Il semble donc que, chaque année, le club va un peu plus loin. Cela reste tout de même des énormes déceptions (certains parleront de bides) au vue des moyens mis en oeuvre pour le succès de la machine pétersbourgeoise.

La valse constante du staff peut jouer sur les mauvais résultats du club, le poste d'entraîneur à Saint-Pétersbourg est un job compliqué et ce dernier est sans cesse sur un siège éjectable. Barry Smith promettait monts et merveilles à Gazprom mais, après trois saisons infructueuses (de 2007 à 2010), le club a décidé de s'en débarrasser. Ivano Zanatta l'a remplacé un an et demi mais avait été logiquement limogé après une période en demi-teinte. Il a été substitué au pied levé par Vaclav Sykora pour la fin de saison 2011, la sortie prématurée en play off lui a coûté son poste, remplacé par un compatriote. Le tacticien tchèque Milos Riha avait mené le SKA a une excellente saison 2012 mais, en play off, il n'a pu vaincre la malédiction même s'il fait passer le second tour à son équipe presque 20 ans après. Mais, l'an passé, Riha a été limogé sans préavis en plein milieu de la saison alors que ses résultats étaient plus que corrects. Après quelques jours de grand trouble, à tous les niveaux dans le club, débarquait Jukka Jalonen qui avait emmené son équipe nationale à la victoire en Championnat du monde 2011. La suite, on la connaît... Jalonen a été reconduit pour la prochaine saison mais il reste sur la sellette et la moindre erreur pourrait lui être fatale !
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Le public pétersbourgeois très présent aux matchs

Ce va-et-vient intense à la barre du club de l'armée ne permet pas la construction d'une évolution sur la durée et souvent l'entraîneur n'a pas composé l'équipe lui-même et doit faire avec le travail d'un autre. La conservation de Jalonen a été voulue par le bureau directeur pour tenter d'éviter de recommencer les mêmes erreurs. Mais il ne faudra pas se leurrer et tomber dans une vision idyllique, le stratège finlandais est à l'un de pires postes de la KHL et les responsables du club pourraient très vite retomber dans leur frénésie de changement et s'agiter en cas de mauvais résultats.
Le staff du club, mené par Gennadi Timchenko le président, Alekseï Kasatonov le DG, mais aussi les actionnaires dont Aleksandr Medvedev, est intraitable et n'a pas d'autre objectif que la Coupe Gagarin, le plus vite possible. C'est encore une fois l'objectif annoncé du club pour la saison 2013-2014. Jukka Jalonen a déclaré récemment dans une interview "Gagner la Coupe Gagarin, j'en rêve la nuit !". Mais le club, qui court après un titre depuis 2007, a eu sa dose de désillusions et veut en finir avec la disette.

Certains parlent ouvertement et franchement de malédiction, de signe, de poisse ou tous autres mots faisant référence à un quelconque sort magique. Plutôt que d'imaginer une poupée vaudou plantée d'aiguilles, d'autres préfèrent évoquer le "cas Saint-Pétersbourg" qui, malgré un argent quasi illimité et une équipe à faire tourner les têtes, n'arrive à rien. Ces actes manqués existent en sport, on peut évoquer le cas similaire à Vancouver, San José ou, plus près de nous, à Angers et Briançon (même si c'est moins net aujourd'hui).
Quoi qu'il en soit, cette "poisse" imaginée, fantasmée ou réelle colle aux basques de Saint-Pétersbourg et en play off, la pression est colossale sur les épaules de l'équipe qui craint sans cesse de retomber dans ses travers. Le mental et la confiance en soi sont très difficiles à obtenir lors des matchs couperets du côté du SKA, l'ombre de la malédiction plane toujours et les joueurs colportent et donnent eux-mêmes de l'importance à ce facteur chance. Et certaines équipes ont parfaitement su comment contourner le club riche et à le vaincre. Saint-Pétersbourg a ses bêtes noires affichées et peine à vaincre le signe indien tant le mental joue consciemment et inconsciemment. Dans la liste non exhaustive de ces équipes qui jouent un bien vilain tour au favori SKA, il ya eu : le Spartak Moscou, Riga, Mytishtshi et désormais le Dynamo Moscou, bourreau officiel et, lui, vainqueur quand il le faut.
Saint-Pétersbourg a comme premier ennemi lui-même et n'arrive pas à sortir de cet état d'esprit perdant, la conservation d'un effectif similaire d'années en années fait perdurer une situation préoccupante et ne permet pas aux joueurs d'engranger de la confiance.


L'Empereur enfin couronné ?


Le SKA espère tourner définitivement la page de cette malchance cette année et, pour ce faire, une fois encore Gazprom n'a pas hésité à mettre les roubles sur la table. Si la stratégie pour mettre fin à la pénurie est toujours la même, il semble cette fois que le monolithe pétersbourgeois avance dans la bonne direction.
Première bonne chose, l'entraîneur a été conservé. Jalonen a son expérience pour lui et peut, sur une durée plus longue, amener le club à maturation.
Le club a aussi su prendre le taureau par les cornes pour se débarrasser de joueurs talentueux mais qui n'entraient pas ou plus dans l'empilage de talents que devient le SKA juste avant la fin des transferts. Le gardien Kasutin, qui n'a pas trouvé ses marques, est reparti, les défenseurs Osipov, Vorobyov et Pervyshin, transparents en finale de conférence, ont également été remerciés.
Mais c'est sur le plan offensif que Saint-Pétersbourg a fait le plus de ménage, il faut dire qu'il y avait assez de joueurs et de talents pour faire tourner au moins deux équipes différentes. Du coup, le coach, pris au dépourvu devant tant de variétés de joueurs et de styles, hésite et change sans cesse ses alignements sans jamais trouver patin à son pied. Alors sont partis Monakhov et Klimenko en direction de Tcherepovets. Les recrues de fin de saison : Ramstedt, Nepryaev et Varnakov sont également repartis. Le club s'est aussi séparé de joueurs solides et talentueux qui étaient là depuis bien longtemps : au revoir Rybin, Vasilyev, Artyukhin et, plus surprenant, Maksim Afinogenov. Le premier NHLer débauché par le SKA. Ces messieurs ont dû faire leurs valises mais ont tous, sans difficulté, retrouvé un poste en KHL.

La défense pétersbourgeoise, qui avait pris l'eau contre le Dynamo, a été un peu remaniée, Aleksandrov et Semyonov, les deux costauds ont été conservés, Ryasensky et Kuteikin débarquent pour tenter de donner un coup de fouet à une arrière-garde parfois lente et souvent mal replacée.
Le poste de gardien reste toujours le principal point noir du SKA, Nabokov, Sokolov, Stepanek, Kasutin ont échoué à cette mission. Le jeune et talentueux Ilya Ejov offre une alternative intéressante mais parfois il a des moments difficiles et joue avec les nerfs du public. Le club a débauché pour ce rôle l'international tchèque Alexander Salak qui sort d'une excellente saison avec Färjestad : 1,61 buts encaissés un un pourcentage de 0,939. Salak sera donc le titulaire, assisté au maximum par Ejov. Défendu par une brigade défensive renforcée et plus intéressante.
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Kovaltchuk le nouveau héros de Saint-Pétersbourg

Devant, on a su apporter fraîcheur et rapidité avec Skachkov mais surtout Ketov et l'excellent Vadim Shipatshyov. Ces gaillards rapides et mobiles peuvent apporter le danger rapidement et composer une ligne très intéressante. L'expérimenté Ponikarovsky débarque aussi mais semble plus isolé, il a comme atout le fait d'avoir joué la fin de saison avec la supesrstar Kovy. Fini la masse de talents offensifs, Jalonen semble viser des blocs plus homogènes et qui se complètent mieux. Saint-Pétersbourg a tout de même réussi des gros coups à l'intersaison, en ramenant en Russie Roman Cervenka, le bouillant Tchèque qui avait fait le bonheur d'Omsk, mais aussi et surtout d'avoir pu faire signer Ilya Kovaltchuk pour quatre ans. Le prodigieux attaquant du New Jersey a rompu son contrat NHL pour rentrer au pays auprès de sa famille, belle aubaine pour le SKA qui le faisait signer immédiatement. La prolongation pour deux ans de Viktor Tikhonov, rapide et excellent joueur, pourrait complèter cette première ligne de feu !

L'équipe 2013-2014 du SKA Saint-Pétersbourg est décapante et semble plus équilibrée et moins empilée que les années précédentes. Mais la mayonnaise réussira-t-elle à prendre ? Cette équipe, centrée sur Kovy, parviendra-t-elle à franchir l'obstacle play off ? Parviendra-t-elle à se défaire de ses propres doutes et à convaincre tout le monde ? Pourra-t-elle décrocher le Graal après lequel elle court depuis si longtemps ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais force est de constater que cette fois (encore) le SKA a toutes les cartes en main pour réussir. Il faudra vite trouver l'alchimie entre tous ces joueurs et proposer rapidement du bon jeu car, depuis tout ce temps, on a pu remarquer que le club de Saint-Pétersbourg était tout sauf patient.
Quoi qu'il en soit, le public pétersbourgeois sera encore et toujours au rendez-vous au Ledovyi Dvorets de Saint-Pétersbourg qui risque encore bien souvent d'afficher complet malgré ses 12 500 sièges. Les "Ultras SKA" devront réduire les provocations et les injures dont ils se sont rendus friands en play off pour éviter de faire tourner la fête au vinaigre. Le staff a d'ores et déjà annoncé des sanctions envers les différents supporters qui ne respecteraient pas les lois ou la bienséance attendue lors d'un match de hockey. Saint-Pétersbourg n'a pas fini de vibrer aux prouesses de son SKA et la marche impériale n'a pas fini de résonner dans les enceintes après chaque but local.

Mais le club de Saint-Pétersbourg est de plus en plus sur la corde raide à chaque nouvelle déconvenue. En cas de nouvel échec, il faudra vraiment penser à changer quelque chose de profond au sein du club. La direction, les moyens ou peut être plutôt le sens dans lequel le SKA va depuis une petite dizaine d'années. Plus insister sur la formation des jeunes au sein de ses équipes mineures, attendre la maturation de l'équipe et être patient. Plutôt que de tenter de débaucher les meilleurs joueurs, peut importe le prix, et de faire un empilage de talents qui ne rime parfois plus à rien, de confier le tout à un entraîneur qui n'a aucune marge de manoeuvre et de se lamenter sur une malédiction qui les frapperait à chaque printemps. Le club pétersbourgeois, qui continue de marmonner sur ses désillusions passées, doit se rappeler le vieil adage "l'argent ne fait pas le bonheur" qui lui convient, pour l'instant, parfaitement.





Le SKA Saint-Pétersbourg est fin prêt pour une nouvelle saison en KHL, la ville des Tsars est parée de bleu et rouge pour le retour de ses héros. Ceux-ci parviendront-ils à déjouer le mauvais oeil ? Jukka Jalonen sera-t-il le héros de toute une ville ? Une partie des réponses dès le 4 septembre 2013, mais il faudra surtout attendre les play off 2014 pour pouvoir tirer une conclusion partielle à ce sujet. En tout cas, gonflé d'argent généreusement fourni par Gazprom, l'Empereur continue sa marche !
 
 
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Réactions sur l'article
 
Tok a écritle 07/08/2013 à 07:14  

Superbe article , très fourni et bien écrit ...

On est loin des niaiseries de l'équipe ( soit disant ) dominante .

 
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