Le lundi 20 mai, 18h36 je me souviendrais longtemps de cet instant.
Assis en tribune presse juste au-dessus du but Français, c’est à cet instant précis que Davies envoie la France au purgatoire, en battant Florian Hardy seul au monde.
Je savais en arrivant à Kosice que ce match était celui de la peur. Match après match je ne voyais pas comment la France pouvait le perdre… Elle l’a perdue.
J’ai pris du recul sur cette situation et j’ai fait un état des lieux.
Nous savions tous que cette année serait la plus dangereuse même si la Grande-Bretagne semblait à notre portée. L’effectif des Bleus loin d’être le meilleur possible, l’arrivée d’un nouveau sélectionneur, d’un nouveau système tous ces éléments compliquaient la tâche.
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Michel Bourdier |
Equipe de France après la défaite face à la Finlande |
Au fur et à mesure que l’échéance arrivait les mauvaises nouvelles s’accumulaient.
Tout d’abord la poule de la France qui en dehors de la Grande Bretagne était très relevée, puis les forfaits s'enchaînaient… Auvitu, Roussel, Bellemare et enfin Stéphane da Costa.
Oui nous pouvons regretter d’avoir laissé passer une avance de deux buts face au Danemark lors du match inaugural.
Je retiens malgré tout, les temps forts face aux Etats-Unis, au Canada ou encore la Slovaquie. Malheureusement l’effort n’a jamais pu être constant pendant soixante minutes.
La France est en élite depuis 2008, chaque année elle jouait le maintien. Chaque année nous avions un ou deux matchs couperets.
Chaque année, enfin, nos Bleus arrivaient à s’en sortir parfois miraculeusement.
Dans l’intervalle la Fédération Française de Hockey sur glace à tout fait pour professionnaliser, parfois à marche forcée, le championnat :
Tout d’abord l’obligation de passer en SASP puis le rythme des matchs plus soutenu passant de 26 à 44 matchs par saison pour ne donner que deux exemples structurant.
Le travail réalisé depuis 2007 est titanesque mais reste fragile.
Nos bleus ont brillés grâce à des exploits retentissants mais trop aléatoire comme la victoire face à la Finlande en 2017.
J’avais intitulé à l’époque mon compte-rendu “La France humilie la Finlande !”, au demeurant sur la glace c’était vrai… Ce n’était qu’illusoire, tout comme le quart de finale en 2014.
Notre hockey est encore fragile.
Nous pouvons nous interroger sur l’acceptation du système par les joueurs avant ce mondial, tout comme les choix de coaching. Cependant nous ne devons pas tout jeter par la fenêtre suite à cette relégation.
En effet cela porte un coup au développement du hockey notamment dans sa médiatisation, quoique… Je suis toujours soufflé par l’accompagnement presse de la France lors des championnats du monde depuis mes premiers en 2015.
En dehors de passionnés, point de salut ! Il est vrai que pour aller à Kosice ce n’est pas le plus simple, mais tout de même. Posons-nous la question de savoir pourquoi la presse régionale ne souhaite pas envoyer de correspondant pour suivre l’Equipe de France… Peut-être parce que les Bleus font moins rêver que le club local ?
Le hockey français avec ses moyens a réussi de belles choses ces dernières années, avec une réserve de joueur masculin plus à même de jouer les matchs de haut niveau.. L’effectif a été renouvelé sur les deux dernières années. L’apport des joueurs évoluant à l’étranger même les plus jeunes est positif mais aussi négatif. Nous ne sommes pas en mesure de développer des joueurs de calibre international, Alexandre Texier est surement l’arbre qui cache la forêt. C’est peut-être là que le bâts blesse...
Mais le hockey ne pourra faire plus dans un avenir proche et ce pour plusieurs raisons :
Tout d’abord ce n’est pas un exploit au cours d’un championnat du monde qui fera revenir les médias… Ce qu’il faut c’est un beau parcours Olympique que ce soit chez les Hommes ou les Femmes. Cela mettrait en lumière notre sport.
Au temps je pense que c’est réalisable pour les filles, plus compliqué pour les garçons.
Il nous faudra un effectif au complet et surtout un exploit en Lettonie en août 2020.
Notre sport a progressé c’est vrai, mais pas aussi vite que certains de nos voisins. Il faut professionnaliser encore plus et plus vite.
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Brice Voirin |
Zone mixte Kosice |
La règle des JFL est bonne mais nous n’avons aucun Français dans un top 6 ou presque dans les grosses cylindrées de Magnus.
Cette relégation pour moi est une bonne chose si nous nous posons les bonnes questions.
C’est une crise de croissance de notre hockey, il faut rebondir dans la bonne direction.
Quid de la préparation mentale ? Quid des statistiques avancées ? Ne devons-nous pas prendre ce qui se fait de meilleur à l’étranger en termes de coaching pour toutes nos catégories et former nos plus jeunes. Il faut cependant passer les championnats du monde l’année prochaine en Slovénie et le TQO pour tirer les leçons du coaching Bozon.
Je parle de crise de croissance notamment parce que la pratique est limitée à quelques patinoires en France. Nous avons 96 patinoires homologuées sur tout le territoire.
Il nous faut en construire d’autres, ou rénover les plus anciennes… Nous pourrons attirer les collectivités locales si notre sport fait un beau parcours aux JO.
Ce 20 mai fût un traumatisme à 1 500 kilomètres de chez moi, cela doit devenir un espoir pour notre sport. Gardons espoir… Et si cet espoir passait aussi par le hockey féminin ?