Une expression bien connue prétend que « Bon sang ne saurait mentir ». Alors, l’hérédité dans le sport est-elle un mythe ou une réalité ? Force est de constater que dans le hockey sur glace français il existe de nombreux exemples de joueurs dont les pères - et même parfois les grands-pères - furent également des anciens hockeyeurs. Ce constat accrédite l’idée que ces «
fils de » ont bénéficié de toute évidence d’une hérédité sportive. Toutefois, cet atavisme peut être d’origine biologique ou simplement d’origine sociologique.
Avant de donner des exemples de ces sagas familiales dans notre sport, il faut rappeler que scientifiquement l’hérédité est le résultat d’une alchimie complexe. En effet, lors de sa conception, un enfant hérite toujours de deux lots de gènes qui vont lui donner un nouveau caractère héréditaire déterminant. Il est en quelque sorte le résultat d’une distribution d’un
« jeu de carte » entre son père et sa mère que l’on appelle « génotype » ou « génome ». Lors de cette distribution de gènes un enfant aura donc d’autant plus de chances de devenir lui aussi un sportif de haut niveau que ses parents lui auront donné les bonnes cartes. Pour utiliser une métaphore, ce sera le cas s’il bénéficie de tous les As ou tous les Rois du jeu de carte.
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Trois familles de hockeyeurs : les Pourtanel, les Bozon et les Sadoun. |
Quoi qu’il en soit, dans nos clubs il y a de nombreux cas d’hérédité sportive. Cet héritage familial a pu ainsi permettre à plusieurs générations de jouer au haut niveau ou tout au moins de reproduire un parcours sportif honorable. Toutefois, dans certaines familles de hockeyeurs, c’est souvent pour la simple raison sociologique que ces « enfants du palet » ont vécu dès leur plus jeune âge dans un environnement familial propice au choix du hockey sur glace que pratiquaient déjà leurs parents. En effet, sous l’influence du père ou de la mère, ils ont fréquenté très jeunes la patinoire suscitant cette vocation d’autant qu’ils ont bénéficié également de conditions particulièrement favorables pour apprendre à maîtriser rapidement les fondamentaux du sport parental.
Parmi les célèbres hérédités familiales dans le hockey français, on peut citer de nombreux cas. Il y a par exemple, celui de l’ancien international
Jacques Lacarrière, le père fondateur du hockey en France, dont les fils
Philippe et
Thierry ont été hockeyeurs. Par ailleurs Philippe a également porté à plusieurs reprises le maillot de l’équipe de France et disputé des Jeux olympiques comme ce fut le cas de son père jadis. De plus, les deux fils de Philippe,
Laurent et
Olivier ont joué également au hockey le deuxième comme gardien de but qui a passé le relais à son propre fils
Baptiste !
Même chose pour l’ancien tricolore
Alain Bozon qui a passé le relais à son fils
Philippe. Ce dernier a rendu fier son géniteur puisqu’il fut le premier hockeyeur français à jouer dans la NHL avec les Blues de Saint-Louis ! De plus, la saga Bozon a continué avec les deux petit-fils
Timothé et
Kévin.
Autre exemple d’hérédité sportive crosse en main, celui de l’ancien international de Viry-Châtillon
Patrice Pourtanel, qui fut président du Comité National de Hockey sur Glace à trois reprises entre 1985 et 1998. Ses deux fils,
Benoît et
Jérôme, ainsi que ses trois petit-fils,
Arthur (fils de Jérôme),
Eliott et
Arsène (les deux fils de Benoît), sont devenus également Hockeyeurs. Par ailleurs, comme son père Patrice qui disputa les Jeux olympiques d’hiver de Grenoble en 1968, Benoît Pourtanel a participé à son tour au tournoi olympique à Salt Lake City en 2002 avant de devenir entraîneur de club tout comme son frère Jérôme.
Autre exemple célèbre d’hérédité : celui de l’ancien international de Grenoble
Philippe Treille puisque ses deux fils,
Sacha et
Yorick, ont également réussi une très belle carrière dans notre discipline. Là encore, Sacha a évolué dans l’équipe de Farjestad championne de Suède en 2009 et son frère Yorick, drafté par les Blackhawks de Chicago en 1999 puis joueur à Genève et à Prague, a participé aux Jeux olympiques d’hiver en 2002 à Salt Lake City. De plus, ce dernier a été nommé récemment entraîneur national des juniors U20, mais il est devenu également l’adjoint de Philippe Bozon chez les seniors.
On peut continuer la liste de l’hérédité dans le hockey en citant le cas de l’ex-international
Yvon Peythieu, qui fut l’ancien président du club de Briançon et dont les deux fils,
Patrick et
Marc, ont été également de bons hockeyeurs. A tel point que Marc fut pendant longtemps l’adjoint de l’entraîneur national Kjell Larsson avant de se voir confier actuellement la sélection tricolore U16 en duo avec Lionel Charrier.
On pense aussi à
Luc Tardif, le président actuel de la FFHG, puisque
son fils, qui porte le même prénom, a été également hockeyeur avant de tenir le rôle d’entraîneur du club de Marseille sous la présidence de son demi-frère Jonathan Zwikel lui-même fils de hockeyeur.
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Trois autres familles de hockey : les Tavernier, les Treille et les Texier |
Il faut se souvenir que bien avant, dans la région parisienne le regretté
Jean Tarenberque, ancien joueur puis dirigeant de l’ACBB et membre du Comité directeur fédéral, a passé le relais en forme de crosse à son fils
Eric ainsi qu’à ses deux petits-fils
Nicolas et
Cyril. Quant à l’ancien international
Kader Sadoun, dont on a pas assez venté l’action positive dans le hockey sur glace français comme joueur, dirigeant et formateur, a lui aussi transmis visiblement ses bons gènes sportifs puisque ses deux fils,
Yven et
Loïc, ont joué également au hockey et ils ont porté à leur tour le maillot de l’équipe de France avant de devenir entraîneurs.
Même schéma d’atavisme pour l’ancien capitaine tricolore de Chamonix
Calixte Pianfetti dont les deux fils,
Eric et
Gilles, ont joué également au hockey au pied du Mont-Blanc. Plus récemment dans la même région
Christophe Ville a donné un autre exemple de transmission à ses deux fils,
Gabin et
Malo, qui défendent également nos couleurs en équipes nationales. Par ailleurs, l’ancien joueur puis arbitre
Bruno Catelin, qui ne cesse de jouer le globe-trotteur
, est très fier d’avoir vu ses deux fils,
Steven et
Maxime, poursuivre avec succès la tradition sportive familiale dans plusieurs clubs, l’un comme gardien de but et l’autre comme attaquant.
Je peux citer aussi à Gap l’ancien défenseur international
Robert Oprandi qui a passé le relais à son fils
Sébastien devenu à son tour joueur puis entraîneur. Même chose pour l’ex-attaquant tricolore
Frank Saunier qui suit désormais avec attention la carrière de son fils
Thomas qui joue actuellement à Roanne. Tout comme l’ex-capitaine tricolore junior
Philippe Combe qui a suivi ensuite le parcours de son fils
Mathieu mais aussi
Charles Libermann qui a passé le relais à son fils
Eric. Par ailleurs dans ce club
Alain Pivron, qui est actuellement entraîneur en Suisse, a transmis également le flambeau à ses deux fils
Pierrick et
Victor et le regretté
Yvan Giraud a vu son fils
Dorian jouer comme lui au hockey.
A Grenoble, outre la célèbre famille Treille, l’ancien capitaine de l’équipe de France
Jean Le Blond a continué sa belle carrière par procuration grâce au parcours honorable effectué ensuite par son fils
Mathieu. Toujours dans le club de l’Isère autre bel exemple, celui de l’ancien joueur et désormais entraîneur
Fabrice Texier qui est actuellement très fier de voir son fils
Alexandre jouer actuellement avec le club des Blue Jackets de Colombus dans la NHL. Quant à l’ex-international junior
Stephan Tartari, originaire de l’Isère, son fils
Vince joue sous son regard attentif à Bordeaux pendant que le frère de Stéphan,
Christophe, brille également à Grenoble.
Si par ailleurs l’ex-coach tricolore
Dave Henderson a profité de sa naturalisation pour défendre nos couleurs en 1981 en Chine, son fils
Brian a marché bien plus tard sur ses traces chez les Bleus. Même chose pour
François Dusseau et son fils
Kévin. On peut citer aussi
Michel Tavernier, originaire de Morzine, dont les deux fils,
Sami et
Emil, qui ont la double nationalité franco-finlandaise, font aussi carrière dans le hockey sur glace. Quant à
Michel Berrier de Clermont-Ferrand, l’hérédité est bien biologique puisque ses quatre fils,
Nicolas,
Jérôme,
François et
Lilian, ont tous joué au hockey comme leur père !
Pour être le plus exhaustif possible, il faudrait évoquer les noms d’autres familles dans lesquelles le hockey sur glace est devenu une tradition sportive crosse en main. Comme par exemple
Jean Deserable, ancien joueur à Colmar, qui a transmis sa passion à son fils
François (ex-président d’Amiens et du Comité national), avant que le fils de ce dernier, l’écrivain
François-Henri Deserable, pratique à son tour le hockey.
Plus brièvement, je cite aussi de mémoire les
Maric,
Barin,
Bansac,
Bougro,
André,
Pons,
Bergamelli,
Marcelle,
Vuilly,
Itzicsohn,
Benoist,
Ylonen,
Gleizes,
Bordeleau,
Decock,
Lemoine,
Goy,
Evdokimoff,
Pousse,
Braud,
Perez,
Kalisa ou encore
Sawyerr… Mais que ceux que je n’ai pas cité me pardonnent car il y en a encore beaucoup d’autres qui sont devenus eux aussi des hockeyeurs comme leurs pères.
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Rudy Goy avec son fils Victor et la famille Catelin avec ses trois générations : Grand-père, père et petit-fils. |
A noter cependant une originalité dans l’hérédité du hockey français. Celle du légendaire international de Chamonix
Albert Hassler car ce n’est pas son garçon mais c’est sa fille,
Nicole Hassler, qui a connu à son tour une très grande notoriété sur des patins. En effet, cette dernière fut sacrée à six reprises championne de France de patinage artistique de 1960 à 1966. Toutefois, Nicole Hassler a surtout connu une célébrité internationale en remportant une médaille de bronze aux championnats du monde et en participant comme son père à deux Jeux olympiques d’hiver, mais ce fut beaucoup plus tard ceux de 1960 à Squaw Valley et ceux de 1964 à Innsbruck. J’ajoute que Nicole Hassler est restée fidèle à sa famille et a toujours gardé son père comme entraîneur qui la suivait dans tous ses déplacements !
Pour conclure, l’exemple le plus impressionnant d’hérédité sportive dans le hockey sur glace français a été donné il y a longtemps par
la famille Claret qui fut élue au Temple de la Renommée de la FFHG en 2012. Cette famille nombreuse, originaire de Chamonix, est un cas exceptionnel et assez étonnant. En effet,
Marcel Claret et son frère
Jean Claret furent après la seconde guerre mondiale des membres importants de l'équipe de France. Le troisième frère,
Pierre Claret, joua également avec eux au hockey. Quant aux deux sœurs de cette famille,
Ida et
Berthe Claret, elles jouèrent d'abord dans l'équipe féminine de hockey de Chamonix surnommée les « Edelweiss ». Par la suite, Ida Claret, capitaine de cette équipe pionnière, se maria en Suisse avec Henri Chappot. Or, ce couple donna naissance à deux hockeyeurs internationaux de renom
Maurice Chapot et
Roger Chappot.
De son côté, Berthe Claret resta à Chamonix où elle épousa le boxeur Pierre Guennelon qui donnèrent naissance à l'ancien international
Jean-Claude Guennelon. Rappelons que ce dernier, outre son passé au sein de l'équipe de France, détient également un record absolu dans le championnat de France avec un total de 15 titres.
Enfin, pour achever l'histoire de cette véritable saga familiale, n'oublions pas de mentionner que le fils de Jean-Claude,
Gérald Guennelon, fut également un hockeyeur international puis entraîneur, notamment à Grenoble, avant d'être nommé DTN de la nouvelle Fédération Française de Hockey sur Glace. De plus, le fils de ce dernier,
Clément Guennelon, est aussi hockeyeur. Après avoir débuté dans le centre de formation de Grenoble, il joue désormais à Roanne.
Bref, comme on le constate, il existe bien de nombreux exemples d’hérédité dans le hockey sur glace français ! Mais pas seulement chez des hockeyeurs de notre pays puisque dans le club de Mulhouse par exemple le renfort russe
Andrei Esipov (40 ans) et son fils
Ivan (18 ans) ont joué ensemble formant une paire défensive hors du commun ! Par ailleurs, pendant les repêchages 2020 de la NHL, on a pu noter que
treize joueurs au total étaient des «
fils de », autrement dit, leurs pères avaient été déjà des hockeyeurs de très bon niveau qui ont évolué avant eux dans le célèbre circuit professionnel nord-américain. On peut donc effectivement dire que « bon sang ne saurait mentir ».