L’objectif de ce dernier match de préparation était clairement affiché côté français, enchaîner une 2ème victoire, ce que les Bleus n’avaient pas réussi à faire au cours de leur préparation, mais aussi éviter les blessures à quelques jours de l’ouverture du mondial. Est-ce cette appréhension qui explique le début de match plus que moyen des Français ? « Nous n’étions pas en rythme lors du 1er tiers », admettra Pierre Pousse à l’issue de la rencontre.
Si Lamperier allume la 1ère mèche sur une action 100% rouennaise, avec une belle sortie de zone de Manavian puis un relais de Desrosiers, ce début de match est dominé par les Kazakhs dont le pressing et les mises en échec avant semblent perturber les joueurs de Dave Henderson. Le coach français a choisi, ce soir, de laisser Meunier, Treille et Amar en tribune.
La défense française est donc sous pression et Janil réussit 2 grosses mises en échec mais Starchenko parvient à lancer et Quemener fait l’arrêt. Une défense qui a reçu le renfort de Dieudé-Fauvel. Le Bordelais, exilé en CHL, vient d’en finir avec ses play-offs, « il est arrivé hier, confie Pierre Pousse. On l’a vu en août contre l’Ukraine mais on ne pouvait pas le faire venir pendant la saison. Dans sa ligue, les équipes tournent à 6 défenseurs, il ne pouvait donc pas se libérer. C’était difficile pour lui de s’intégrer mais il a fait un bon match. »
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En infériorité, suite à une pénalité bêtement provoquée par Guttig en zone offensive, les Blancs subissent et le capitaine kazakh sert en retrait Starchenko qui se heurte à un Quemener vigilant. Le jeu en infériorité des Français aura été un des motifs de satisfaction de ce match. « C’était une de nos faiblesses ces dernières années, mais on a été bon ce soir dans ces situations » avouera Pierre Pousse avant de poursuivre « Des joueurs, qui n’étaient pas là ce soir, joueront aussi en infériorité durant le mondial, c’est donc très encourageant. » Mais après avoir tué cette première pénalité, les Français continuent de subir. Pushkariov sollicite Quemener
avant qu’Antropov, le joueur aux presque 800 matches de NHL, très bon ce soir, ne gratte un palet derrière la cage française pour trouver en retrait Starchenko qui, cette fois, trompe Quemener d’un lancer puissant.
A peine 2 minutes après l’ouverture du score, c’est Manavian qui est, sévèrement, pénalisé. Et là encore, les Français vont traverser sans dommage cette infériorité, Quemener s’interposant sur un lancer de Rakhmanov.
C’est maintenant au tour des Français de jouer en supériorité, Janil puis Auvitu testent la solidité de Yeremeyev. S’ils ne trouvent pas la faille, les Français semblent enfin rentrer dans le match et Bellemare en solitaire, Desrosiers en angle fermé puis Besch de la bleue, se heurtent au portier kazakh.
Poursuivant sur leur lancée, les Français vont nous offrir un 2ème tiers d’un tout autre niveau, « On a remis les choses en place au 2ème tiers » constatera Pierre Pousse. Après un break de Lamperier, enrayé par Yeremeyev, les Blancs vont égaliser.
Un palet contré par l’arbitre derrière la cage kazakh revient dans la palette de Guttig qui trouve en retrait Teddy Da Costa qui égalise d’un lancer croisé sous la barre, une copie du but kazakh. L’engagement qui suit est gagné par les Français et Desrosiers, lancé par Manavian, donne l’avantage aux Bleus d’un lancer à mi-hauteur. « Ces 2 buts rapides nous ont fait du bien. On s’améliore offensivement et on sait qu’on a des joueurs capables de marquer » se réjouira le Rouennais fraîchement élu homme du match.
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Quemener réalise deux arrêts spectaculaires devant Krasnoslobotsev avant de repousser un lancer de Dallman sur une pénalité différée. Le Briançonnais réalise encore un superbe arrêt face à Starchenko, toujours servi par son capitaine Antropov (28’40.)
Peu après la mi-match, Hardy s’installe devant le filet français et est tout suite à l’ouvrage puisque, sur une supériorité française, c’est Romanov qui s’offre un break, bien endigué par le gardien français. De nouveau pénalisés, les Kazakhs évoluent à 3 contre 5. Acculés sur leur but, les choses ne s’arrangent pas lorsqu’un de leurs défenseurs casse sa crosse, mais les Français ne peuvent en profiter, Auvitu et Fleury se heurtant à Yeremeyev.
Sous l’impulsion de Bellemare, excellent hier soir et qui sera à n’en pas douter un des hommes forts de l’équipe lors du Mondial, les Bleus, toujours en double supériorité, reprennent le siège du but kazakh.
Le décalage est créé et Besch trouve Bellemare sur la droite du but. Le champion de Suède met le palet devant la cage et on ne sait qui de Guttig ou du gardien kazakh, pris dans son replacement, dévie le palet dans la cage, but finalement accordé à l’ancien Dijonnais par les arbitres.
Le break est fait mais les Français ne relâchent pas leur pression. Bénéficiant d’une nouvelle supériorité, Bellemare puis Auvitu, très en vue sur ce match, ne peuvent tromper le gardien kazakh. Après un nouvel essai d’Auvitu, c’est
Desrosiers, mis sur orbite par Auvitu, qui fera grimper le score en toute fin de tiers, d’un lancer puissant et sans angle qui passera au-dessus de l’épaule d’un Yeremeyev pas exempt de tout reproche.
Après un très bon 2ème tiers, les Français vont bafouiller leur hockey dans la dernière période. Pierre Pousse : « le 3ème tiers n’était pas parfait, on a fait beaucoup d’erreurs. Ce n’était pas facile pour les joueurs, ça jouait « rude » et à 4-1 on a un peu manqué d’engagement et d’intelligence. Jouer dur, c’est la norme au niveau international et on aime ça. Mais là, ils ont donné des coups qui étaient hors de propos à la veille d’un Mondial. » Après un début intéressant ponctué d’un lancer de Tardif, d’une superbe occasion non convertie par Bertrand, seul devant la cage ouverte, ou de lancers de Auvitu et Manavian, les Bleus vont peu à peu sortir du match.
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Alors qu’un power play particulièrement mal géré se termine,
Starchenko intercepte une passe de Chiakashvili et part en break tromper Hardy et ramène les siens dans le match. Privés d’Hecquefeuille, un des spécialistes de ce type de situation, les Bleus doivent trouver de nouvelles options pour leur jeu de puissance « on a utilisé Teddy Da Costa à le bleue pendant la préparation. Stéphane Da Costa sera aussi utilisé dans ce rôle pendant le Mondial » expliquera l’entraîneur-adjoint français.
Les Français se créent de nouvelles occasions sans pouvoir conclure malgré une nouvelle supériorité. L’entraîneur kazakh fait sortir son gardien alors qu’il reste un peu plus de 3 minutes à jouer. Pari osé mais pari payant puisqu’après un contre de Guttig, avorté par un défenseur,
Zhailauov réduit l’écart. Yeremeyev déserte de nouveau sa cage mais, cette fois,
Fleury, après un gros travail de Bellemare, marque sans opposition et donne un peu plus de relief à la victoire française.
Que faut-il retenir de ce match ? Du côté des coachs français, on se satisfaisait d’avoir atteint l’objectif d’enchaîner 2 victoires pour concrétiser un mois de préparation plutôt réussi et s’envoler pour la Biélorussie sur une bonne dynamique. Au niveau du jeu, on a vu du très bon et du moins bon, la preuve que cette équipe est dotée d’un bon potentiel mais ne peut se permettre de baisser en intensité ou en concentration sans prendre le risque d’être sanctionnée. Un potentiel qui sera encore augmenté par l’apport des joueurs laissés sur le banc ce soir mais aussi d’Antoine Roussel et de Stéphane Da Costa qui rejoindront l’équipe avant l’ouverture des mondiaux. Pour ne parler que des présents, Bellemare et Auvitu ont fait forte impression, l’efficacité de Desrosiers est un réel plus. Mais quelques erreurs individuelles, notamment en défense, ne pardonnent pas au niveau international.
Pour le duo Henderson-Pousse, un moment délicat se profilait puisque c’est à l’issue de ce match qu’ils devaient annoncer les deux dernières « coupes » dans leur effectif offensif. Pierre Pousse « C’est une décision difficile car on a un bon réservoir devant, tous les joueurs ont fait une bonne préparation. C’était également difficile d’annoncer à Baazi qu’il était le dernier défenseur coupé.» Ce sont finalement Lampérier et Bertrand qui resteront à quai.