L'auteur dédie son article à la mémoire de Vincent Hautemulle. In mémoriam.
La rencontre entre Grenoble et Morzine-Avoriaz, la dernière de la saison régulière, pouvait changer le classement final et permettre, sous certaines conditions, aux Grenoblois de grimper d'une place et donc de bénéficier de l'avantage de la glace, élément non négligeable. Pour le reste, toute hypothèse calculatoire semblait difficile à envisager, avec des équipes d'une valeur égale à ce niveau de classement.
| Photographe Jean Christophe Salomé | | La tête ailleurs en défense
La rencontre démarre et donne rapidement l'impression que la défensive grenobloise va traverser une mauvaise soirée, avec des replacements trop tardifs et des approximations synonymes de sérieux problèmes. Après une première tentative de Numa Besson, à 1'40, qui lance curieusement en revers sans danger sur Raibon alors qu'il pouvait y aller en slap quelques secondes avant, c'est Gaydon qui claque une pure lucarne sur un service de Doucet à 3'20. (0-1)
Deux pénalités consécutives contre Grenoble, puis Morzine-Avoriaz, envoient un 4x4 qui libère quelques espaces dans lesquels Ouimet va s'engouffrer, à 5'31, pour tromper Buysse d'un palet qui semble à peine dévié par l'attaquant canadien. (1-1)
La rencontre, susceptible de séduire les adeptes du jeu de mouvement débridé au détriment des amateurs désirant voir deux défensives de niveau professionnel ce soir, va ainsi rapidement tourner en une course-poursuite sympathique en terme de suspense, mais très éloignée des exigences des playoffs à venir en terme de rigueur.
A 11', Buysse fait de la résistance devant son but avec une série de palets incroyables repoussés devant la cage. La partie de flipper s'achève avec une contre-attaque morzinoise et Reeder qui déborde pour ensuite excentrer Raibon, avant de passer pour un but en cage ouverte de Lust qui redonne de l'air aux visiteurs à 11'28 (1-2)
La fin de période est marquée par plusieurs pénalités, dont deux consécutives à une explication Cyril Papa - Tardif, ce qui renvoie les deux équipes au vestiaire avec un avantage minime pour les visiteurs
| Photographe Jean Christophe Salomé | | Course-poursuite
La reprise voit l'égalisation grenobloise qui survient après que Tartari, sur un pivot dos au gardien, inscrit un but avec un palet touché par une crosse morzinoise à 21'53. (2-2) Pas franchement le but du match mais une récompense pas volée pour l'un des rares Grenoblois convaincants ce soir.
L'impression que toute offensive des deux équipes peut conduire à un but se voit confirmée avec un poteau de Doucet sur un centre tir qui se termine par un bel empilement devant la cage de Raibon à 23'30.
Les deux gardiens sont-ils dans un bon soir ? Pas franchement avec, à 22'22, un centre tir de Cyril Papa totalement excentré pour une superbe reprise de Numa Besson qui trompe un peu facilement Raibon. (2-3)
A 33'11, Le Blond prend dix minutes pour contestation sur un hors-jeu qui était loin d'être évident vu de la tribune de presse.
L'impression de voir certains Grenoblois proposer une partition de soliste est alors confirmée avec plusieurs exemples en quelques minutes, à l'image d'un Ouimet franchement avare de passes, et un Bedin qui oublie le partenaire totalement seul pour un slap à angle fermé franchement critiquable à 34'22.
Le rythme, en baisse, montre deux équipes proches l'une de l'autre, avec des offensives louables mais qui laissent les défensives très en difficulté en cas de relance adverse rapide.
Mourin, à l'attaque, échoue en duel face à Raibon à 45'10, le Pingouin ne paraissant pas tomber seul dans l'affaire, mais rien n'est sifflé et, sur le contre, Tardif trompe Buysse d'un lancer croisé du revers, de qualité à 45'20 (3-3)
Pourtant, les visiteurs vont enfin parvenir à inscrire deux buts consécutifs sans riposte, dans une soirée "sans" pour la défense des Isérois décidément peu convainquante.
A 36'20, Szabo centre très rapidement de son aile pour une reprise de volée de Reeder, très en vue ce soir, le palet filant en lucarne dans un de ces moments qui vous font aimer encore plus le hockey. (3-4)
A 38'39, Brodin fait le tour de cage et joue le rebond sur le gardien, bénéficiant d'un assez mauvais placement de Raibon, il voit son lancer rebondir sur l'arrière de la jambière de l'intéressé, le palet roulant ensuite au fond des filets. Un but plein d'opportunisme avec quelque responsabilté du gardien des Brûleurs. (3-5)
Le retour au vestiaire permet de poser la question de savoir si Grenoble peut refaire son retard de deux buts ? Vu le niveau de la défensive des Hauts-Savoyards, ce soir, la réponse est clairement "oui" mais gare aux contres !
Pénalités stupides et parfois un peu oubliées...
Le retour au jeu voit Grenoble réduire l'écart avec une lucarne réjouissante de Tartari qui signe son doublé à 41'40. (4-5)
Pourtant, Morzine-Avoriaz semble, ce soir, possèder ce petit plus qui lui permet de se créer de multiples occasions avec, en particulier, des attaquants rapides qui seront parfois stoppés limite-limite, en fin de rencontre, alors qu'ils partaient au but seuls, Doucet à 45', et, plus visiblement encore, Reeder dont on fait sauter les patins à 56'20.
Côté grenoblois, Vaskivuo est, par contre, logiquement sanctionné après un énervement de plusieurs minutes à 55'25, facette négative d'un talent bien agréable à suivre mais qui trouve parfois ses limites dans des fautes grossières et évitables.
Grenoble va bénéficier de plusieurs pénalités des Haut-Savoyards, en fin de rencontre, avec un double avantage numérique mal négocié. Un ultime temps mort et la sortie de Raibon ne changeront rien.
| Photographe Jean Christophe Salomé | | Incertitudes totales
Bien difficile après cette rencontre particulièrement faible défensivement de tirer des enseignements sur les deux équipes, sinon regretter une nouvelle fois un niveau de jeu très approximatif.
Côté Morzinois, la prestation a été très mauvaise défensivement, le plus mauvais match de la saison selon Reeder questionné après la rencontre avec, toutefois, un Buysse qui, sans être étincelant, est tout de même sorti gagnant de son duel avec Raibon. Les Pingouins paraissent enchaîner des prestations bien diverses cette saison, capables de triompher de Rouen comme de sombrer, sans gloire, face à de très mal classés. Quoi qu'il en soit, la marge de manoeuvre semble très faible face à Villard-de-Lans, adversaire qui s'est imposé par deux fois cette saison, mais les Pingouins disposent d'attaquants de talent, à l'image des Szabo et Lust, sans oublier Reeder, sans doute le meilleur joueur de la rencontre ce soir. De quoi donner l'envie à leur public de pousser les palmipèdes au bon résultat, dès vendredi soir, en Haute-Savoie.
Grenoble n'a pas rassuré sur cette rencontre, ni contribué à dissiper les nombreux doutes qui pèsent sur cette équipe qui va se présenter en playoffs avec le même nombre de victoires que de défaites en saison régulière et un neuvième rang peu flatteur. Face à Gap qui disposera de l'avantage de la glace, les Brûleurs peuvent-ils espérer ? Vu les confrontations entre les deux équipes cette saison, on a envie de répondre par l'affirmative, mais la série risque d'être particulièrement disputée. Le problème est, cependant, qu'en cas de victoire, les hommes de Dufour retrouveront normalement Angers, un adversaire contre lequel la seule solution sera de hausser le niveau de jeu. Les Brûleurs en sont-ils capables ? Physiquement, Grenoble peut le faire, mais peuvent-ils, comme l'année dernière, asphyxier l'adversaire à l'énergie ? On a envie de répondre par l'affirmative, cependant le principal problème reste le niveau du jeu collectif qui risque de coûter très cher aux Isérois.
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