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Hockey sur glace - Hockey dans le Monde |
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Le Canadien de Montréal |
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Nous voilà là où, vers la fin du XIXème siècle, tout a commencé. Nous sommes à Montréal, capitale originelle du hockey. La ville où les premiers règlements ont été rédigés. Là où le premier match codifié s'est tenu, le 3 mars 1875. Depuis les débuts du hockey sur glace dans la Belle-Province, plus d'un siècle s'est écoulé. Les Canadiens de Montréal sont devenus le plus grand club du hockey nord-américain. Une véritable légende, mais qui peine à écrire une nouvelle page de son histoire : remporter sa vingt-cinquième Stanley Cup. Une quasi-religion, mais qui attend de nouveaux messies depuis vingt-et-un ans. |
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Media Sports Loisirs, Hockey Hebdo |
Guillaume Rantet le 03/08/2014 à 18:11 |
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Quand un grand champion ne connaît plus le succès, il est triste. Quand une ville ne connaît plus la victoire, cette tristesse se répand chez chaque membre de chaque foyer. A chaque fois que le hockey s'approche de leur vie, le puck et la crosse ont l'effet d'une madeleine de Proust. Et ils n'ont plus qu'un rêve : retrouver ce qui a fait leur réputation. Revivre les plus beaux jours de leur vie de supporters. Dominer, encore et encore. Difficile de passer du statut de divinité à celui de simple mortel.
Problème : aujourd'hui, la situation des Canadiens de Montréal, c'est celle d'un grand frère rattrapé par ses cadets. Il arrive un jour où il a du mal à réaffirmer sa domination. Où la jeunesse tape à la porte, pleine d'envie, d'idée et d'énergie. Depuis 1967 et le passage de la NHL de six à douze équipes, puis le développement de la Ligue Nationale jusqu'à son format actuel, la concurrence a grandi. Elle a pris confiance. Et elle a gagné. Ce qui devait arriver arriva. Du coup, il devient plus dur de gagner. Et encore plus de dominer. Le cycle de la vie...
Un jour viendra
La vingt-cinquième Stanley Cup arrivera un jour. Il ne peut en être autrement. Le potentiel est là. L'histoire a choisi son côté. Toute une ville en est convaincue. Toute une ville l'attend, impatiemment. Au fond, les Canadiens de Montréal ont la même histoire que le club de football du Real Madrid : ils ont marqué l'histoire de leur sport à ses débuts mais, avec l'arrivée de nouvelles forces, répéter l'exploit devient plus dur. Madrid a attendu sa « Decima », la dixième Ligue des Champions de son histoire, durant douze ans. Cette année, le Real a mis fin à cette attente. De l'autre côté de l'Atlantique, Montréal attend depuis vingt-et-un ans sa vingt-cinquième Stanley Cup.
Canadian in New York
Cette année, les supporters du Canadien de Montréal y ont cru. Ils se sont mis à rêver que l'histoire se répète. En vain. Pourtant, une victoire face aux Bruins de Boston, lors d'une trente-quatrième opposition des deux équipes en série, rappelait certaines heures de gloire du Tricolore. Gagner le plus grand classique de l'histoire de la NHL ne peut laisser indifférent. Cela rappelle forcément les sept Stanley Cup remportées en finale face à Boston. Mais le Tricolore fut éliminé en finale de la conférence Est. Si près du but. Les New York de Rangers sont venus jouer les trouble-fêtes. Tant pis. Montréal attendra. Encore. Peut-être que, une fois venue l'heure de gloire, son bonheur sera à la hauteur de la longueur de son attente. Sûrement.
L'espoir d'un pays
Cette année, les Canadiens n'avaient que le Tricolore pour rêver. Car, pour la première fois depuis 1973, une seule et unique équipe canadienne était qualifiée pour les séries éliminatoires. Il est bien loin le temps où la finale de la Stanley Cup était disputée par deux équipes canadiennes. Depuis 1989 et la série opposant le Tricolore aux Flames de Calgary, de l'eau a coulé sous les ponts. Beaucoup. Pas sûr pour autant que, lors de cette série, tout le pays supportait le Tricolore, tant les rivalités entre les différentes franchises se sont développées au Canada. Là-bas, si Montréal est le hockey, le hockey n'est plus seulement Montréal : les Sénateurs d'Ottawa, les Maple Leafs de Toronto, les Flames de Calgary, les Oilers d'Edmonton, les Jets de Winnipeg et les Canucks de Vancouver complètent l'artillerie canadienne.
De la disette à la famine
Des disettes, les supporters du Tricolore en ont connu. Car les succès des « Habs » se sont souvent succédé, laissant à leur public de longs déserts à traverser. De son premier sacre en 1916, sous les ordres d'Edouard Lalonde, à celui de 1924, remporté par les Howie Morenz, Sprague Cleghorn, Georges Vézina. De 1931 aux succès des hommes de Dick Irvin, en 1944, 1946 et 1953. De la victoire de 1979 à celle de 1986, puis à celle de 1993, l'année du centenaire de la Coupe Stanley. Des passages à vide, certes, mais jamais aussi longs que celui que connaît actuellement le Tricolore. Vingt-et-une longues années, pour les supporters du Tricolore, ce n'est pas une disette. Cela ressemble plutôt à une famine.
L'arche du Tricolore
L'histoire des Canadiens de Montréal est de celles que l'on ne peut pas même résumer en une centaine de pages. Les Canadiens de Montréal, c'est le club le plus ancien de la NHL. Soit cent-quinze années d'activités. C'est d'abord le chiffre 24, comme les 24 Stanley Cup qui garnissent son palmarès. Puis le cinq, comme les cinq Stanley Cup remportées consécutivement entre 1956 et 1960. Deux records.
C'est aussi des joueurs de légende. Howie Morenz, mort en mars 1937 à la suite d'une fracture de la jambe lors d'un match contre Chicago. Maurice Richard, ses 544 buts et ses huit coupes Stanley. Le gardien Jacques Plante, pionnier dans le port du masque et dans les sorties. Guy Lafleur, « le démon blond », serial buteur des années 70, qui a cumulé 1246 points avec le Tricolore. Un autre gardien, « Saint » Patrick Roy, resté onze ans au club, sacré dès sa première saison en NHL, en 1986. Et un toujours en activité, Carey « Jesus ». Sans oublier Jean Béliveau et ses dix Coupes Stanley. Ce sont des entraîneurs devenus légendes. Toe Blake et ses huit titres à la tête du Tricolore. Dick Irvin et son jeu physique. Scotty Bowman et ses quatre titres consécutifs. Autant d'apôtres qui ont écrit la Bible du Tricolore.
Les Canadiens de Montréal font partie de ces équipes qui, lorsqu'on les observe jouer, à la télévision comme à la patinoire, nous rappellent l'histoire d'un sport dont ils ont écrit les plus belles pages.
"Més que un club"
Le Tricolore, c'est aussi l'une des deux équipes du match le plus légendaire du hockey sur glace. Une opposition face au CSKA Moscou, club le plus titré au monde. Et ce en pleine Guerre froide. Enfin et surtout, c'est « Més que un club » (plus qu'un club), comme diraient les Catalans à propos du club de football du FC Barcelone. Soit une institution profondément ancrée dans le tissu social d'une ville, Montréal, et de sa région, le Québec. Une histoire qu'on raconte à ses enfants. Un stade où on les emmène dès leur plus jeune âge. Une équipe qu'on porte dans son cœur, du petit dernier au grand père le plus âgé.
Dans la joie et dans la peine
Alors, quand un de ses héros, en l’occurrence Howie Morenz, meurt, 50 000 personnes le pleurent dans le Forum de Montréal. Et 200 000 personnes attendent pour lui rendre hommage à l'extérieur. Quand le président de la NHL, Clarence Campbell, annonce la suspension de Maurice Richard qui vient de frapper un juge de touche, la colère gronde dans les rues de Montréal. Certains parleront même de « l'émeute Maurice Richard ». Quand, en 2008, le Canadien remporte une ronde éliminatoire à domicile face à Boston, l'enthousiasme est énorme dans toute la ville et des débordements sont signalés. Quand, pour fêter le centenaire du club, le film « Pour toujours, les Canadiens ! » sort sur les écrans, 14 000 supporters se ruent pour la première du film au Centre Bell.
Si le Brésil est le pays du football, aucun endroit ne respire plus le hockey sur glace que Montréal. On en viendrait même à oublier que la ville compte une équipe de football américain, de « soccer » et d'ultimate : les Alouettes de Montréal, l'Impact de Montréal et le Royal de Montréal. Pour l'anecdote.
Voilà, c'est fini
Mais, depuis la fin du XXème siècle, tout a changé. Ou presque. Le tricolore a déménagé. Fini le Forum de Montréal, son enceinte durant plus de soixante-dix ans, le vrai temple du hockey, celui où le Tricolore a remporté 22 Stanley Cup. Désormais, bienvenue au Centre Molson, devenu ensuite le fameux Centre Bell. Un nouveau temple.
Depuis l'entrée dans le nouveau millénaire, si le Québec et le Canada aiment sûrement le hockey plus que tout le monde, ils n'ont « que » les Jeux Olympiques pour prouver qu'ils dominent le monde. Fait nouveau : pas moins de neuf entraîneurs se sont succédé sur le banc du Tricolore et cinq directeurs généraux. Une instabilité souvent décriée.
Quand seuls les autres gagnent
Depuis le dernier titre du club, en 1993, quatre des autres « six équipes originales » de l'histoire de la NHL ont remporté la Stanley Cup. Boston (une fois), New York (une fois), Chicago (deux fois) et Detroit (quatre fois). Seuls les Maple Leafs de Toronto n'ont pas été sacrés depuis la dernière victoire du Tricolore. L'affront fait aux supporters des « Habs » aurait été encore plus grand : voir une autre équipe canadienne remporter le précieux trophée qu'ils espèrent depuis vingt-et-une longues années.
Du côté de Toronto, la traversée du désert est encore plus impressionnante. Leur dernière victoire remonte à 1967. C'était face aux...Canadiens de Montréal. Toronto, c'est aussi la ville qui détient le deuxième nombre de Stanley Cup au palmarès. Treize. Bien loin, donc, des vingt-quatre titres du Tricolore. Si Montréal est la deuxième plus grande ville du pays, au royaume du hockey canadien, elle est incontestablement la reine.
À deux doigts du déluge
Il y a deux ans, les Canucks de Vancouver avaient failli succéder aux Canadiens de Montréal au palmarès des équipes canadiennes ayant remporté la Stanley Cup. Cela n'avait tenu qu'à un fil : une seule victoire face au Bruins de Boston. Si les rivalités opposant le Tricolore à des équipes du voisin américain sont fortes, en premier lieu avec Boston, le combat pour revendiquer le statut de meilleure équipe du Canada l'ont souvent conduit à mener d'intenses combats. Il y a notamment eu cette rivalité face aux Nordiques de Québec, et ce fameux match de 1984. Un sixième match dans la course à la Coupe Stanley et une violente bagarre entre les protagonistes que même la décision de l'arbitre de renvoyer un temps tout le monde aux vestiaires n'a pas stoppé.
"Montréal has a dream"
A la relecture de l'histoire de ce club qui a tant apporté au hockey, on ne peut qu'espérer qu'il la connaisse un jour, cette vingt-cinquième Stanley Cup. Pour tout un club. Pour toute une ville. Pour tout un sport. Comme l'indique la devise du club, « Nos bras meurtris vous tendent le flambeau, à vous toujours de le porter bien haut... » semble penser chaque personne touchée de près ou de loin par cette équipe, ce club, cette institution. C'est-à-dire, tout Montréal et ses environs, mais aussi des supporters partout dans le monde, séduits au fil du temps à la lecture de cette merveilleuse histoire. Mais aussi, au fond, tout passionné de hockey sur glace.
Le sacre du Tricolore
Un jour viendra, c'est sûr, la couronne du roi arrivera. Alors, à la manière de Napoléon avec son peintre officiel, Jacques-Louis David, nous immortaliserons l'instant avec une peinture de dix mètres sur six. Nous demanderons à un peintre de renom de consacrer deux ans de sa vie à l’œuvre. Celui-ci mettra tout son talent au service de la gloire du Tricolore. L’œuvre sera bien moins d'un réalisme frappant que d'une propagande exacerbée. C'est le but. Allez, on l'exposera aux côtés du « Sacre de Napoléon », au musée du Louvre. Juste un peu. Puis, plus d'un siècle plus tard, les enseignants apprendront à leurs élèves à déchiffrer la scène. Les protagonistes, leur histoire et, bien sûr, la scène. On ne gagne pas tous les jours une vingt-cinquième Stanley Cup.
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Réactions sur l'article |
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flodeLVR a écrit | le 03/08/2014 à 22:15 |
A la fin du paragraphe "l'espoir d'un pays" vous avez oublié de mentionner les Winnipeg Jets.
A part cet oubli, l'article est bien amené.
Pour moi l'équipe manque simplement de folie, même si le canadiens a Price, Subban, Paccioretti, Plekanec...
Il manque LA ligne comme à Chicago.
Avec un peu de chance un Français fera parti de l'effectif pour la prochaine saison si il fait des prouesses au camp d'entrainement... |
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