Depuis son ouverture en 1970, la patinoire d’Asnières, grâce à sa proximité avec la capitale (10 kilomètres du centre), a bénéficié d’un intérêt particulier de la part de nombreux réalisateurs de cinéma. Le nombre important de films qui ont eu pour cadre cette patinoire francilienne en témoigne. Il est vrai que cette piste olympique est un outil de travail pratique pour des cinéastes grâce à sa capacité d’accueil de 1500 places et des gradins disposés des deux côtés de la piste qui en ont fait l’une des plus belles de France à l’époque. D’ailleurs, dès son inauguration, la patinoire des Courtilles (son nom) devint pendant plusieurs années la « base arrière » de l’équipe de France de hockey sur glace puisque les Tricolores y disputèrent régulièrement de nombreux matches de préparation avant de se rendre aux Championnats du monde.
Concernant le septième art, la patinoire d’Asnières devint donc également un lieu de tournage privilégié. Dès 1971, le réalisateur Sergio Gobbi y tourna quelques scènes de son célèbre film «
Les Galets d'Étretat » avec comme acteurs principaux Maurice Ronet, Virna Lisi et Annie Cordy. A cette occasion, l’ancien hockeyeur de Saint-Gervais Joël Godeau tint un rôle de composition lors d’un match amical France-Pologne organisé à cet effet sur la patinoire des Hauts-de-Seine. Le défenseur tricolore, qui formait à cette époque un duo indissociable avec René Blanchard, servit de doublure à un acteur du film. Par ailleurs, le président du club d’Asnières, le regretté François Rémond, ainsi que son inséparable ami Alain Bonnefoy, firent également partie des figurants puisque ils furent tous les deux les arbitres lors du tournage de cette rencontre.
Plus tard, en 1995, quelques prises de vue du film «
Élisa », avec Vanessa Paradis et Gérard Depardieu, furent à nouveau tournées dans la patinoire des Hauts-de-Seine tout comme pour le film «
La Beuze » avec Mickaël Young en 2002. Puis ce fut au tour du film «
Seuls Two » avec Eric Judor et Ramzy Bedia à poser sa caméra autour de la piste asniéroise des Courtilles en 2008 avant que des scènes d’un autre film, «
Tu veux ou tu veux pas », avec Patrick Bruel et Sophie marceau, ne soient tournées au même endroit en 2014. On notera que pour ce dernier long métrage plusieurs hockeyeurs d’Asnières firent partie des figurants notamment Frédéric Stalin qui joua le rôle d’un entraîneur. Plus récemment, un épisode de la série télévisée de la réalisatrice Josée Dayan «
Capitaine Marleau » a eu également pour cadre la patinoire d’Asnières. Bref, dès sa création, grâce à un contexte favorable, la piste francilienne attira l’attention des réalisateurs et le hockey sur glace en profita parfois pour « faire son cinéma » jouant certes un second rôle, souvent furtif, mais remarqué.
Pour l’anecdote, dans le sud, c’est dans le bar de la patinoire du Rouet à Marseille, aujourd’hui disparue, qu’eut lieu également en 1983 le tournage de plusieurs scènes du film de Francis Veber «
Les compères » avec les célèbres acteurs Gérard Depardieu et Pierre Richard. La même année, à Saint-Gervais, l’équipe senior du club de hockey fit de la figuration pour le film «
La Trace » réalisée par Bernard Favre avec comme acteurs Richard Berry et la chanteuse Jeanne Manson. Par ailleurs, en 1968, Claude Lelouch et François Reichenbach avaient réalisé de leurs côtés un film intitulé «
Treize jours en France » racontant les Jeux olympiques d’hiver de Grenoble dans lequel le tournoi international de hockey sur glace, qui se déroula dans le Palais des Sports, apparait dans le documentaire.
Mais revenons dans la région parisienne. D'abord à Viry-Châtillon où une scène du film de Michel Lang «
A nous les garçons » a été tournée en 1984 dans la patinoire avec l'acteur Franck Dubosc. Mais d'autres tournages ont eu lieu dans les pistes de l'Île-de-France
. Car si la patinoire de Franconville a servi de cadre pour le film
« La Patinoire » de Jean-Philippe Toussaint avec Tom Novembre en 1999, la piste de Saint-Ouen servit aussi de décor en 2013 pour le film de Michel Gondry «
L’écume des jours ». Par ailleurs, l’ancienne patinoire ronde du Rond-Point des Champs-Elysées à Paris (devenue un théâtre) fut utilisée en 1964 par Jacques Poitrenaud pour une scène finale hilarante du film «
Un drôle de caïd » avec Louis de Funès. On voit ce dernier poursuivre des truands qui chutent à plusieurs reprises sur la glace pour tenter d’attraper une valise pleine de billets de banque.
Mais, c’est incontestablement la patinoire de Boulogne-Billancourt, ancien siège de la fédération des sports de glace (on l’appelait la « Fédérale ») et fief de club de l’ACBB, qui a eu, comme à Asnières, le plus de contacts avec le cinéma.
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De gauche à droite, les hockeyeurs Frédéric Gilles, François Leccia, François Martin et Raphael Krepser étaient des joueurs passionnés avant de se reconvertir pour devenir acteurs de cinéma dans plusieurs longs métrages. |
En effet, Eric Jouvet, petit-fils du célèbre acteur Louis Jouvet, joua crosse en mains avec l’ACBB mais également
François Leccia. Or, ce dernier est le hockeyeur français qui a connu le plus de succès sur le grand écran avec trois autres hockeyeurs, de Viry-Châtillon cette fois :
François Martin,
Frédéric Gilles et
Raphael Krepser. Concernant d’abord François Leccia, il a été un acteur de cinéma professionnel (né en 1948 à Paris et mort en juillet 2009) notamment en jouant le rôle de Philippe Bosquier, le fils aîné de Louis de Funes dans le film «
Les grandes vacances » qui sortit en salle en 1967. Après ce rôle important, François Leccia a joué également au théâtre et dans plusieurs autres films ainsi que dans des séries télévisées. Spécialisé aussi dans le doublage des films étrangers, il a notamment prêté sa voix à Harry Hamlin, à Jean-Claude Van Damme (quatre films), à John Travolta et à Treat Williams (deux fois chacun). Mais au cours de sa carrière cinématographique, François Leccia a eu également l'occasion de doubler en français les voix de James Woods, Harrison Ford, Michael Keaton ou encore Val Kilmer. Malgré son emploi du temps très chargé, François Leccia a toujours gardé un contact étroit avec le hockey sur glace, sa grande passion, en étant parfois entraîneur entre deux tournages dans le club de Vitry-sur Seine.
Concernant l’ancien hockeyeur de Viry-Châtillon
François Martin (né en 1963 qui joua aussi dans les clubs d’Epinal et d’Orléans), sa carrière cinématographique est tout aussi impressionnante. En effet, celui que l’on surnomme affectueusement « Tintin » a joué le rôle d’un policier dans pas moins de 32 épisodes de la célèbre série télévisée «
Julie Lescaut » entre 1999 à 2005 ! Il a fait aussi des apparitions remarquées dans des épisodes de «
Joséphine, ange gardien », «
Les Cordier, juge et flic » et bien d’autres séries encore.
François Martin a par ailleurs joué le rôle d’un cardinal et exécuté une cascade comme cavalier (il est passionné d’équitation) dans le film de Philippe de Broca «
Madame Sans-Gêne » en 2001 avec Bruno Solo et Mathilde Seigner. Cet ancien pompier de Paris fut acteur également dans le film de Francis Veber «
Tais-toi ! » avec Gérard Depardieu et Richard Berry en 2003 ou encore dans la série télévisée «
Franck Keller » avec Claude Brasseur où l’ancien hockeyeur a composé avec talent le rôle d’un policier qui se déplace en roller…
Pour l’anecdote, François Martin était sur la glace de Bercy, à l’âge de 57 ans, sous le déguisement de la mascotte du Mondial 2017 puis « Oscar » au mois de février 2020 lors de la finale de la Coupe de France opposant Amiens et Rouen.
Frédéric Gilles, un autre ancien hockeyeur du club de Viry-Châtillon, est aussi un acteur professionnel qui a joué au cinéma notamment dans le film de Guy Édoin «
Ville Marie » avec aussi un rôle de composition dans «
La Clé des possibles », film réalisé par Patrice Sauvé qui lui a confié le personnage de Charles Foucault, un professeur atteint d’une maladie dégénérative, ou encore dans le drame historique «
15 février 1839 » de Pierre Falardeau où il interprète le patriote Charles Hindelang.
En anglais, Frédéric Gilles intégra «
Intelligence » une série d’espionnage où il a joué le rôle de Daniel Boudreau. On peut aussi le voir dans le film «
Snow and Ashes » réalisé par Charles Olivier Michaud.
Enfin,
Raphael Krepser, qui a achevé son parcours de hockeyeur en 1998 (après avoir joué pour Viry, les Français Volants et Rouen) a enchaîné immédiatement une carrière d’acteur en apparaissant comme second rôle dans plusieurs films comme «
Mille bornes », le téléfilm «
Vent de poussière », puis dans les longs métrages «
Faites comme si je n’étais pas là », «
Boulevard du Palais » saison 6, «
Les irréductibles » ou encore «
La reine Sylvie ».
J’ajoute par ailleurs qu’un autre hockeyeur de Viry-Châtillon,
Aram Kévorkian, est devenu quant à lui producteur de plus de 800 films publicitaires. A ce titre, l’ex-international de hockey sur glace a collaboré avec plusieurs grands réalisateurs de cinéma comme Patrice Leconte, Claude Miller, Bertrand Blier, Etienne Chatiliez ou encore Guy Ritchie l’ex-mari de la chanteuse Madonna. Enfin, l’ex-gardien de l’ACBB,
Philippe Fournerie est également devenu producteur de films et de programmes pour la télévision. Comme on le voit, le hockey français fait aussi parfois du cinéma !
Pour conclure, saviez-vous qu’à l’inverse, des acteurs de cinéma français célèbres ont fait parfois du hockey sur glace ? C’est le cas du comédien
Richard Anconina qui est monté équipé sur une patinoire à l’âge de 13 ans. Catastrophe ! Le match tourne au drame. Le sportif en herbe est envoyé dans le décor et s’écrase le nez contre une des vitres en plexiglas qui bordent la piste. Il ressort en sang, le nez cassé. Son père met définitivement fin à la carrière de son fils. Le nez cabossé de Richard garde encore des séquelles de cet accident ! De son côté, l’acteur et réalisateur
Gérard Jugnot a été licencié dans l’ancien club parisien de l’ASPP au cours de sa jeunesse.