Hockey Hebdo : Comment avez-vous vécu cette intersaison qui a été agitée à Brest ?


Sylvain Codère : J’ai été recruté fin avril et avec le budget qui m’a été alloué j’ai monté mon équipe pour la Magnus. Lorsque le club a fait le choix de ne pas repartir en Magnus, on a tous été surpris, joueurs, entraineur et supporters. J’ai dû alors convaincre le maximum de joueurs de rester en D1. Mais notre objectif étant clairement de monter rapidement en Magnus, certains ont adhéré au projet. Ensuite j’ai finalisé mon équipe pour jouer le haut de tableau en D1.




Comment avez-vous convaincu les joueurs qui avaient signé pour jouer en Magnus de rester pour jouer en D1 ?

On a proposé un projet sur 2 saisons. La plupart des joueurs sont sous contrat pour 2 ans. Nous avons fait appel devant le CNOSF de la décision de la Fédération de nous priver de play-off. En fonction de l’issue de cet appel, on visera la montée dès cette année ou la saison prochaine. Et si on peut monter dès cette année, on jouera la saison prochaine avec sensiblement le même groupe que cette année.


A titre personnel, c’est votre première expérience à ce niveau, c’est un gros challenge ?

J’ai coaché la D2 de Rouen la saison dernière et aussi l’équipe junior Elite avec Ari Salo, tout en échangeant beaucoup avec Fabrice Lhenry. Avant ça j’étais à Toulouse, en charge du mineur mais en collaborant aussi avec Benoit Pourtanel sur l’équipe senior. Brest m’offre aujourd’hui un superbe challenge. Je ne le cache pas, j’ai été un peu déçu de ne pas pouvoir coacher en Magnus. C’est ma 18ème année sur un banc et c’était un aboutissement, une récompense pour toutes ces années de travail.
Mais avec le recul, je me dis que c’est un mal pour un bien. Jouer le haut de tableau en D1 peut me donner plus de crédibilité auprès des joueurs et du hockey français que si on avait joué le bas de tableau en Magnus.


Quel est l’étendue de votre rôle à Brest ?

Mon gros défi est de reconstruire le club. Je repars d’une page blanche et je reconstruis pierre par pierre. Que ce soit l’équipe, la structure, le bureau, l’administratif, je refais tout. Je ne suis pas qu’un entraineur et je m’investis beaucoup. C’est un gros défi qui m’a été proposé et c’est ce qui m’a attiré. J’ai eu des propositions pour être adjoint en Magnus, mais j’ai décidé de rester à Brest pour relever ce défi. C’est une grosse étape de ma carrière et la façon dont je vais relever le défi me permettra d’évaluer si je suis prêt pour coacher en Magnus. J’ai la chance de travailler avec des gens de grande qualité, comme Mr Bonhoure qui met un très bon outil à ma disposition et je remercie le club pour la confiance qu’il me donne.


Que pensez-vous du niveau de la D1 ?

Je pense qu’on va être surpris par le niveau de la D1 et son homogénéité. Je peux citer 8 clubs très proches qui vont jouer le haut de tableau. Briançon, Anglet, Mulhouse et Neuilly jouent la montée. Tours, Cholet, Nantes, La Roche sont solides. Et Brest sera attendu de pied ferme sur toutes les patinoires. On a un effectif avec 10 joueurs de Magnus.
 
 
Votre groupe a été complètement remanié, êtes-vous prêts en ce début de saison ?

 On a repris l’entrainement depuis 7 semaines. Après 7 semaines de camp d’entrainement, les joueurs sont prêts à jouer. On n’a fait qu’un match amical et mes joueurs auront le couteau entre les dents pour le 1er match face à Mulhouse. Il faudra juste que je veille à ce qu’ils se canalisent et qu’ils ne cherchent pas à en faire trop. On a fait beaucoup d’activité de cohésion de groupe depuis qu’on est ensemble, le groupe est très soudé. Les 2 derniers joueurs qui nous ont rejoints (Power et Bernard) se sont vite intégrés.
 

Que pensez-vous du format de la D1 avec seulement 13 clubs et l’incertitude concernant votre participation aux play-offs ?

C’est mon côté nord-américain qui ressort, mais malheureusement je trouve qu’on joue trop peu de matches. On devrait avoir des poules géographiques et jouer plus souvent, sur le modèle de la NHL. On a gardé un rythme d’équipe de Magnus avec tous les jours une séance sur glace et une séance hors glace. 6 jours d’entrainement pour 1 match, c’est un truc de malade. C’est dur de garder les gars concentrés et motivés.


Comment va réagir votre groupe si le CNOSF confirme la décision de la Fédération et vous interdit de participer aux play-offs ? Cela risque-t-il de démotiver less joueurs et de rendre la saison très longue pour eux et pour vous ?

On va attendre la décision (Brest sera auditionné aux alentours du 20 septembre) mais les gars sont conscients du risque. Ils sont sous contrat jusqu’à début avril et on trouvera à les occuper si on est privé de play-offs. On peut imaginer des matches contre des équipes éliminées des play-offs en Magnus ou D1, et aussi des matches contre des clubs étrangers sous forme de tournée par exemple.