Hockey Hebdo : Votre équipe sort d’une saison plutôt réussie, comment avez-vous fait évoluer votre groupe pour cette 2ème saison en D1 ?
Pierre Rossat-Mignod : On a subi quelques départs importants au niveau des cadres français avec Dorian Duchosal, Yann Chamel et Romain Pierrel. Ils arrivent en fin de carrière, leurs vies privées ont évolué et je m’attendais à les voir arrêter. Ils ont connu nos belles saisons en 2ème division et ils avaient un rôle important dans le groupe. Ils étaient fédérateurs, accueillaient les jeunes Français qui arrivaient et faisaient le lien avec les étrangers en transmettant les valeurs du club.
Donc par la force des choses mon groupe a évolué même si j’ai voulu conserver le maximum de renforts étrangers qui sont avec nous depuis plusieurs saisons et sur qui on peut s’appuyer.
Par contre vous avez dû reconstruire votre groupe de joueurs français ?
Oui, pour compenser les départs que je viens d’évoquer et d’autres également (Nalliot-Izacard, Lathuilliere), C’est notre enjeu principal cette saison : intégrer les jeunes français que nous avons été chercher. Ils ne jouaient pas forcément beaucoup dans leurs clubs et on va leur donner plus de temps de glace et plus d’opportunités de prouver leur niveau. Notre effectif est moins pléthorique que celui des clubs dans lesquels ils évoluaient. On part donc avec un groupe plus jeune et moins expérimenté mais encadré par des joueurs qui ont un vécu avec nous.
Vous avez également changé de gardien ?
Koutsky est un gardien expérimenté mais il lui a fallu du temps pour se mettre dans le bain de la D1. C’était sa 1ère expérience hors de la République Tchèque. Mais je savais que je ne m’étais pas trompé et il est devenu très performant à partir de mi-octobre. Au global il nous a fait une belle saison et nous a gagné des matches même s’il était un peu irrégulier. J’aurai aimé le garder mais pour des raisons sans aucun rapport avec son niveau, on a dû se séparer de lui. Il était venu en famille et on lui avait dédié un appartement qui sert d’habitude à plusieurs joueurs. Loger les joueurs est une vraie difficulté chez nous, c’est donc un facteur important dans notre recrutement et c’est pour cette raison que nous n’avons pas pu le prolonger.
Vous avez renouvelé le partenariat avec Grenoble pour la mise à disposition de joueurs sous « licences bleues » ?
On a fait le bilan en fin de saison dernière avec Nicolas Tomasini, le manager de Grenoble, et il était très positif pour les deux parties. Les jeunes grenoblois nous ont amené de la fraicheur, de la concurrence et on a eu de bonnes surprises. Les 2 parties ont donc souhaité continuer cette saison.
Le partenariat évolue puisque la Fédération a fait évoluer la règle pour faciliter ce type d’accord. Depuis cette saison, un joueur peut être en partenariat avec plusieurs clubs qui ne sont pas dans la même division. Par exemple un joueur de Grenoble pourra évoluer avec nous un samedi et avec Villard de Lans le suivant.
Le seul bémol, c’est qu’on n’a pas les jeunes joueurs pour l’entrainement. Du coup l’assimilation des systèmes, l’intégration aux lignes prend du temps. Mais au fur et à mesure de la saison, on arrive à mieux les intégrer. J’ai une liste de 8 ou 9 joueurs sur lesquels je peux compter. Le lundi j’envoie la liste de ceux, en général 3 ou 4 joueurs, que j’aimerai avoir avec moi pour le match du samedi et Grenoble fait les arbitrages en fonction des besoins de la Magnus qui reste prioritaire et du comportement des jeunes dans la semaine.
On a coutume de dire que pour un ancien promu, la 2ème saison est pleine de dangers, quels seront vos objectifs cette année ?
J’ai bien conscience que cette 2ème saison risque d’être compliquée. Quand je reviens un an en arrière, j’étais assez loin d’imaginer qu’on aurait une saison comme celle qu’on a eu, qu’on serait en course pour les play-offs à 5 journée de la fin. Le risque c’est que mon groupe pense que ça va être facile, notamment parce qu’on a eu une belle fin de saison. L’objectif premier reste le maintien, les autres équipes ont de gros effectifs et on pense que notre place est de jouer le maintien.
Si on voit que les choses se passent bien comptablement, on essaiera de viser plus haut. Mais il faut être conscient que la ligne entre une belle saison et une saison compliquée est étroite. On peut vite se trouver dans une spirale de défaites comme La Roche sur Yon l’an dernier qui perdait ses matches souvent par 1 but d’écart. On va s’attacher à prendre des points rapidement.
Il n’y a qu’un relégable cette saison et il suffit qu’une équipe soit en difficulté pour qu’on s’enlève cette pression du maintien.
Quels sont pour vous les favoris du championnat ?
C’est difficile de se prononcer sur la base des matches amicaux. Pour moi ça ne veut pas dire grand-chose. Les entraineurs font tourner leur effectif, les niveaux de préparation physique ne sont pas homogènes, les recrues ne sont pas encore acclimatées… On voit quand même 5-6 équipes se détacher pour la lutte en haut de tableau, Anglet, Mulhouse, Neuilly, Briançon, Cholet…
Que vous inspire le fait qu’l n’y ai que 13 équipes dans le championnat dont une qui pourrait être privée de play-offs ?
C’est un débat qu’on a tous les ans. La Fédération veut une certaine stabilité et ce qui se passe n’est pas que de son fait. Si des clubs se désengagent 15 jours avant le début d’un championnat, ce n’est pas la faute de Fédération. Ce qui me gêne, c’est que ces situations sont bien souvent latentes depuis 2 ou 3 saisons. Un club ne respecte pas son budget, s’endette, se maintient plusieurs saisons mais se fait rattraper par la réalité et finit par déclarer forfait. Et tout ça se fait aux dépends d’un autre club qui, lui, e été réglo et n’a pas pu se maintenir. Tout le monde ne joue pas avec les budgets réels et ça me gêne un peu.
Je ne pense pas qu’à 13 le championnat soit faussé. La formule de la saison dernière était vraiment alambiquée avec toutes les poules de play-down à rallonge pour finir avec un relégué qui ne l’a pas été et un promu qui a perdu en play-offs. Et tout ça avec des mois de salaires en plus à payer, des longs déplacements.
Je ne vais pas me plaindre qu’il n’y ait qu’un relégué cette saison, la formule me parait plus simple, plus lisible même si sur la glace il faudra se battre pour atteindre notre objectif.
L’avis de Hockey Hebdo
Les Bouquetins viseront le maintien cette saison. Si le recrutement a été moins clinquant que celui d’autres équipes, ils peuvent compter sur un noyau d’étrangers talentueux et expérimentés pour montrer le chemin à suivre. Si les choses venaient à se compliquer, nul doute que Pierre Rossat-Mignod trouverait les mots pour remettre son groupe sur le bon chemin. Avec un des plus petits budgets de la ligue, les Savoyards, qui viennent de signer le centre américain Matt Graham en remplacement de Fellnermayr parti prématurément, devraient atteindre leur objectif et pourraient même se montrer plus ambitieux.