A mi-championnat, les Dragons de Rouen ont tremblé pour finalement s’imposer dans les dernières secondes d’un match à rebondissements chez leur adversaire préféré, les Ducs d’Angers ! Retour sur cette soirée …
Rouen, invaincu en championnat, n’a connu que deux défaites cette saison, en Coupe de la Ligue face à… Angers. Toujours privés d’Antonin Manavian pour des problèmes administratifs sans solution, les Dragons se sont déplacés avec leurs nombreux supporters pour encourager Fabrice Lhenry, titulaire, et ses partenaires. Face à eux, les locaux connaissent une crise, la première depuis de nombreuses saisons. Eliminés mardi en demi-finale de Coupe de la Ligue pour leur première défaite de la saison dans cette compétition, ils ont en plus perdu un défenseur, Borjensson, et surtout l’entraîneur, Alex Stein, a été suspendu par la direction du club. C’est donc son assistant et entraîneur des juniors, Simon Lacroix, qui prend seul le relais pour un soir et sans doute plus…
Arbitres : M. Barbez N. assisté de MM. Dehaen et Furet
Buts : Angers : 11.12 Tim Crowder ; 18.16 Cody Campbell (ass Andrej Mrena et Eric Fortier) ; 20.30 Brian Henderson (ass Andrej Mrena) Rouen : ; 40.45 François-Pierre Guenette (ass Marc-André Thinel et Julien Desrosiers) ; 45.44 Jonathan Janil (ass Janos Vas et Julien Desrosiers) ; 52.04 Miroslav Guren ; 59.47 Julien Desrosiers (ass Janos Vas et Jonathan Janil)
Pénalités
10 mn contre Angers
8 mn contre Rouen
Dans les travées du Haras, on ne donnait pas cher de la peau des Ducs et les paris allaient bon train sur la défaite locale avec plusieurs buts d’écart. Le début de match semble aller dans ce sens, car les Dragons de Rouen sont dominateurs et mettent rapidement la crosse sur le palet. Florian Hardy et sa défense vont être sollicités ce soir et semblent prêts à accepter cette domination.
Photographe : Franck Salot
Il faut finalement une première faute de Rouen et Stefanka pour mettre dans le rythme des Angevins qui ne concrétiseront pas cette situation spéciale mais qui utiliseront ces deux minutes pour rentrer véritablement dans le match.
Le premier tournant a lieu à la 11ème minute, alors que Custosse est en prison, les Angevins peinent en infériorité mais tiennent depuis une minute. Brian Henderson récupère le palet dans sa zone et adresse un slap puissant à l’autre bout de la patinoire à côté du but de Lhenry. Le portier français hésite et ne sort pas pour arrêter ou ralentir le palet, bien mal lui en a pris car, sur le rebond puissant, c’est Crowder qui récupère le palet au nez des défenseurs normands et trompe facilement le portier visiteur (1-0 à 11’12).
En infériorité, les Angevins ouvrent le score et ce but semble fragiliser Fabrice Lhenry qui ne dégagera plus de sérénité sur les occasions suivantes. C’est ainsi que, sur une feinte de Skinnars derrière la cage, le buteur angevin trompe Lhenry dans son placement, l’emmène d’un côté et passe à Fortier de l’autre côté, mais le 9 angevin manque la cage vide d’un Lhenry dépassé.
La preuve la plus flagrante intervient dans la dernière minute, sur un cafouillage de la défense rouennaise, Mrena, qui avait continué son attaque, récupère le palet derrière le but et remet en force devant le but. Le palet heurte un patin avant de revenir dans la crosse de Campbell qui pousse le puck entre les jambières de Lhenry en retard sur l’action (2-0 à 18’16).
Le froid réalisme des Angevins vient de parler et, malgré la domination des visiteurs, ce sont bien les locaux qui rentrent aux vestiaires avec ce double avantage au tableau d’affichage.
Sur la reprise du second tiers, Fabrice Lhenry ne va pas pouvoir reprendre confiance.
Photographe : Franck Salot
Dès la reprise sur un tir à la bleue de Mrena, Henderson passe devant le slot et dévie astucieusement en l’air le palet pour le faire passer entre la jambière et le bras du gardien (3-0 à 20’30).
Bien décidés à ne pas se laisser miner par le réalisme angevin, les Dragons vont tout essayer pour revenir au score, mais rien n’y fait. Ce sont des Angevins au visage bien différent des précédentes rencontres qui se trouvent face à eux. Solidaires, les joueurs de Lacroix jouent simple et commettent moins de fautes techniques, facilitant ainsi les sorties de zone et certaines entrées en zone offensive. Lorsque la pression est forte, le dégagement interdit est immédiatement choisi…
Il est impossible que cela soit l’effet et les paroles d’un nouveau coach, mais les joueurs ont pris conscience de la situation et doivent maintenant assumer ce changement d’entraîneur. De son côté, Florian Hardy continue ses prouesses, à en écœurer Vas ou Desrosiers : mitaine, épaule ou lancer de bottes, la panoplie complète du gardien y passe, sans oublier la transversale sur un missile de Guenette.
C’est donc avec un retard de 3 buts que les Rouennais reviennent sur la glace. Rodolphe Garnier n’a pas donné comme consigne le « tout pour l’attaque » et c’est avec un pressing moins intense que les Dragons vont refaire leur retard.
En effet, à hésiter entre attendre pour contrer et prendre la possession du palet, les Angevins vont perdre de leur réalisme et les premières erreurs seront fatales. En interceptant une passe, un trio magique de Rouennais va faire la différence, Thinel à la baguette, Desrosiers pour attirer les défenseurs et Guenette pour conclure (3-1 à 40’45).
Ce sont ensuite les fautes et pénalités qui vont avoir leur importance. Angers connaît des difficultés dans ces situations spéciales et en supériorité ne trouve pas la faille, les actions et tentatives individuelles prennent le dessus sur le collectif, pourtant indispensable à ces moments précis. C’est exactement ce que vont s’appliquer à faire les Normands lors de leur première supériorité. Une remontée de palet fantastique de Vas pour installer le jeu dans la zone offensive, il laisse à Desrosiers qui trouve instantanément Janil à la bleue. Le slap à mi-hauteur fait mouche face à un Hardy masqué au départ du tir (3-2 à 45’ 44).
Photographe : Franck Salot
Une nouvelle faute de Tavzelj va redonner l’occasion aux locaux de faire la différence mais les tirs à la bleue de Busto ne connaissent pas le même sort que ceux des Rouennais. Lhenry fait le reste en repoussant un palet dangereux de Bellemare devant la cage. Alors, quand Isherwood va à son tour en prison, c’est tout le Haras qui retient son souffle alors que quelques encouragements auraient sans doute été plus porteurs.
Mais, cette fois-ci, c’est le malicieux Henderson qui va donner de nouvelles sueurs froides au banc rouennais, en interceptant une passe il s’envole vers le but et choisit le tir mais manque le cadre. Les Angevins font plus que de la résistance même si le jeu rouennais est bien en place, alors que Isherwood revient sur la glace, Guren, plutôt discret alors, réalise un show individuel, récupérant le palet à sa ligne bleue il prend de vitesse, et avec des feintes de corps, ses vis-à-vis pour décocher un slap à la ligne bleue angevine qui finit dans la lucarne de Hardy, impuissant (3-3 à 52’04).
Les Dragons ont refait leur retard en étant costauds dans les moments clés de la rencontre. La bête angevine, blessée, réagit et les dernières minutes de la rencontre sont à l’avantage des Ducs mais la débauche d’énergie, notamment pour les 5 défenseurs dont Custosse et Aubé au temps de jeu famélique depuis le début de saison, se fait sentir.
Le match se dirige tout droit vers les prolongations lorsqu’à une minute du terme, Jonathan Janil s’écroule dans le dos de l’arbitre. Le défenseur au sol, le coup de sifflet est le bienvenu pour la santé de l’international, la suite de la décision de Nicolas Barbez sera moins évidente à prendre en signalant une crosse haute que personne n’a vu contre Julien Albert, et cela va changer la fin de la rencontre. En supériorité, les Rouennais vont s’installer en zone offensive et vont pousser les Angevins dans leurs derniers retranchements et c’est à 10 secondes du terme que Desrosiers, de près, va donner la victoire aux champions de France (4-3 à 59'47).
Quelle drôle fin de match qui se joue, une nouvelle fois, lors d’une situation spéciale contestée. Dominateurs pendant la majorité de la rencontre, les Rouennais n’ont pas trouvé la faille dans une défense angevine pourtant montrée du doigt. Et c’est finalement l’autre point faible des joueurs du Président Juret, les situations spéciales, qui vont faire tourner la rencontre.
En définitive, malgré cette défaite, l’engagement et l’envie proposés par les Angevins peuvent être rassurants. Le temps de jeu donné par Simon Lacroix à Aubé confirme que toutes les possibilités seront étudiées pour permettre aux Angevins de remonter au classement. Toutefois, certains cadres et leaders angevins vont devoir se montrer irréprochables sur la glace durant ces prochaines semaines pour faire oublier cette période difficile du club.
Pour les Dragons, la première défaite en championnat était toute proche, face à des Angevins solidaires et réalistes, les Rouennais ont su écouter l’expérience des leaders Thinel et Desrosiers pour revenir au score. Désormais, le chemin vers la première place du championnat est toute tracée après des matches aller sans une erreur. L’objectif sera-t-il de réaliser une saison parfaite sans une défaite en championnat… ?