En ce lendemain de Noël, l’Iceberg est plein à craquer pour accueillir la rencontre de championnat entre Strasbourg et Amiens, en dépit du verglas et de la neige. Avant le match, les Gothiques pointaient à la 3ème place, alors que les Strasbourgeois étaient 5ème, un unique point derrière. Cela promettait donc un match au sommet. Les Amiénois ont su saisir leur chance dans une large victoire, 6-3, face à une Étoile Noire qui a été capable d’actions impressionnantes comme d’erreurs grossières. Les quelques supporters d’Amiens qui ont fait le déplacement ont savouré la victoire, alors que le public strasbourgeois ne renie pas son plaisir d’avoir vu de beaux buts, mais regrette un résultat au goût amer. La perspective d’un match retour à Amiens quatre jours plus tard a fait naître des tensions palpables.
Arbitres : Monsieur Bliek assisté de Messieurs Furet et Loos
Buts : Strasbourg : ; 14:45 Jan Cibula (ass David Brissette Cayer) ; 31:43 Jan Cibula (ass David Brissette Cayer) ; 51:07 Edouard Dufournet (ass Pierre-Antoine Devin et Elie Marcos) Amiens : 00:25 Grégory Beron (ass Paul Deniset) ; 21:29 Kevin Bergin (ass Miroslav Pazak et Anthony Mortas) ; 23:55 Simon Petit (ass Valentin Claireaux) ; 39:33 Grégory Beron (ass Miroslav Pazak et Pavel Kowalczyk) ; 40:18 Teddy Trabichet (ass Kevin Hecquefeuille et Paul Deniset) ; 53:36 Kevin Bergin (ass Valentin Claireaux)
Pénalités
10 minutes contre Strasbourg
14 minutes contre Amiens
Le match commence très fort : alors que Strasbourg récupère l’engagement, une perte de palet permet à Deniset de le chiper et de s’en aller seul vers le gardien pour tirer. S’il ne parvient pas à inscrire le but, Beron le suivait de près pour recevoir le rebond du palet et permettre aux Gothiques d’ouvrir le score au bout de 25 secondes de jeu. Cette action a l’effet d’une douche froide sur l’Iceberg tout entier, pour les joueurs de l’Étoile Noire comme pour les supporters. Dans une tentative d’effacer l’avantage offert aux Gothiques, Tarantino s’empare du palet et envoie un boulet de canon qui vole juste à côté des cages amiénoises. D’emblée, la défense d’Amiens annonce la couleur : le match se décidera sur un jeu très physique, et c’est avec grand peine que les Strasbourgeois avancent en attaque.
Photographe : Christophe Moreau
Les jaunes et noirs se félicitent
Suite à une pénalité de Tarantino, les Gothiques se retrouvent en supériorité numérique. Mais la défense strasbourgeoise affiche une solidité qui n’autorise aucun tir pendant l’intégralité des deux minutes. Cayer va même jusqu’à voler le palet, se demandant l’espace d’un instant s’il est prudent d’aller attaquer en infériorité, puis fonce vers les buts de Thompson, centre à Cibula qui tire, mais le gardien l’arrête de justesse.
Malgré la défense ardente lors de l’infériorité, les Amiénois sont rarement dérangés pendant le reste du temps. Ils tournent autour de Hiadlovsky, en un jeu de passes justes et précises, alors que les Strasbourgeois ont du mal à se trouver en ce début de match, et laissent échapper des palets maladroits. Il n’en faut pas plus à Amiens pour s’en saisir ; la moindre erreur adverse est exploitée, et seuls les nombreux hors-jeux et les poteaux les empêchent d’inscrire de nouveaux buts. Hiadlovsky, le gardien Strasbourgeois, donne d’ailleurs de la voix pour rouspéter après sa défense qui le laisse trop souvent seul face aux assaillants.
Néanmoins, l’offensive de l’Étoile Noire n’est pas en reste. Si Amiens a dominé sans conteste les 10 premières minutes, Strasbourg sort la tête de l’eau par la suite. Burgert, profitant à son tour d’une erreur d’Amiens, remonte seul du milieu, mais tire dans le gardien. Il a toutefois pris la température de la patinoire, qui a très vivement acclamé sa tentative, comme à chaque fois que Strasbourg s’offre une occasion. L’ambiance est bien là, en dépit du score en faveur des Gothiques. C’est d’ailleurs devant un public enflammé que Cayer remonte sur la droite et, à travers deux défenseurs, passe à Tarantino qui tire directement et parvient à surprendre Thompson pour inscrire l’égalisation. La nouvelle ligne Cayer/Tarantino/Cibula a déjà porté ses fruits à l’extérieur, mais c’est la première fois qu’elle s’illustre sous les yeux de son public, qui ne peut qu’approuver le choix du coach Bourdages.
La fin de la période approche, et les occasions se font rares, au profit des frictions, des charges à la limite de la légalité. Les quelques fautes non sifflées, où l’action s’est déroulée à la limite de ce qui est autorisé, composent un cocktail explosif. Le tiers-temps s’achève sur le score de 1-1.
Engagements : 14 - 9 pour Strasbourg
Tirs : 6 - 10 pour Amiens
Photographe : Christophe Moreau
Acrobaties devant le but des Gothiques
Au retour des vestiaires, les Gothiques repartent sur le rythme effréné du début du match : les cages de Hiadlovsky sont mitraillées, donnant par là de grosses frayeurs au public qui retient son souffle. Et dans un scénario qui se répète, les Amiénois trouvent le chemin du but en seulement 89 secondes sur la glace : Pazak, remontant sur le côté gauche mais embarrassé de défenseurs, envoie le palet à Bergin, esseulé, qui tire et marque. Une fois encore, le repli défensif de l’Étoile Noire pêche. Par manque de rapidité ou à cause de soucis tactiques, ils laissent des brèches dans la ligne défensive, dans lesquelles s’engouffrent les Amiénois, très rapides.
C’est à nouveau dans ces conditions, à 23’55, que Claireaux tire et envoie le palet sur le portier. Petit est alors laissé sans surveillance, ce qui lui permet de rattraper le palet au rebond et de l’envoyer vigoureusement au fond du filet, assenant un gros coup au moral des Strasbourgeois, qui avait su survivre à la première période. À l’inverse, la défense amiénoise est virulente, presque violente par moments. Beaucoup de bousculades, un jeu très physique, mais toujours aux limites de ce qui est autorisé, jusqu’à 24:31, où l’arbitre siffle la première pénalité contre Amiens, rapidement suivie d’une deuxième. Mais Strasbourg ne parvient pas à exploiter son jeu de puissance. Les joueurs de l’Étoile Noire sont capables de très belles actions en attaque, mais trop isolées, ou des exploits individuels sans personne pour le rebond qui suit. Sans compter la défense amiénois qui sabre la construction strasbourgeoise et qui permet de contrer efficacement, et très rapidement, sur la moindre erreur de l’adversaire. Et des erreurs, les Strasbourgeois en font ! Quand les Gothiques, rapides et efficaces, parviennent à se saisir du palet, ils se faufilent et se créent un grand nombre d’occasions à 3 contre 2, ou 2 contre 1, parfois même un attaquant seul face au gardien, profitant de la lenteur du repli défensif de leurs adversaires.
Mais à 31’43, bien décidé à ne pas se laisser abattre, Cayer, auteur de bien des tirs malchanceux, passe à Cibula, pourtant bien entouré de défenseurs, mais il parvient, du bout de la crosse, à envoyer le palet dans le but ! C’est un retour inespéré et bienvenu dans les rangs Strasbourgeois, et le public comme les joueurs se prend à penser que tout est encore jouable. Peu de temps après, l’arbitre attrape un joueur amiénois, puis un autre 15 secondes plus tard. C’est l’occasion rêvée pour l’Étoile Noire, 1:45 à cinq contre trois, et le public tout entier se lève pour les acclamer. Les tirs fusent sur le gardien amiénois : pas moins de 8 lors de ce double powerplay. La cage est littéralement prise d’assaut, mais l’égalisation se fait désirer, et l’équipe spéciale d’Amiens, ainsi que le gardien, font un travail remarquable. À la fin de la supériorité strasbourgeoise, l’occasion d’égaliser s’est dérobée et un sentiment de déception envahit la patinoire.
Les défenseurs amiénois servent de base de lancement à leur attaque : ils volent le palet aux attaquants adverses, l’envoient à leurs avants qui construisent chaque fois une belle opportunité de marquer. À 39’33, sur ce schéma désormais classique, mais qui fonctionne, Kowalczyk sert Pazak, qui envoie à Beron. Ce dernier remonte, trouve peu d’embûches sur sa route, et achève sa course en tirant entre les jambes du gardien pour le but, juste avant la fin de la période. Alors que l’Étoile Noire avait une possibilité d’égaliser et de repartir au vestiaire sur un score neutre, les Gothiques ont encore alourdi la note, et tout est encore à faire pour les jaunes et noirs.
Engagements : 12 - 11 pour Strasbourg
Tirs : 14 - 12 pour Strasbourg
Photographe : Christophe Moreau
Les Gothiques savourent leur victoire
À l’entame de la dernière période, les Strasbourgeois sont jugés trop lent à remonter sur la glace, et écopent d’une pénalité pour retard de jeu, difficilement comprise par les joueurs et le public interloqués. Ceci conduit donc à un début de période en infériorité pour les locaux. Dans un nouveau record de rapidité, le désormais traditionnel but de début de période est inscrit en seulement 18 secondes par les Gothiques, alors en supériorité : Trabichet, assisté de Hecquefeuille et Deniset, envoie un tir cinglant dans la lucarne, juste au-dessus de l’épaule du gardien. Ce but a l’effet d’un coup de massue sur la tête de l’Étoile Noire. Alors qu’ils se sont battus becs et ongles, parfois avec maladresse et imprécision, mais toujours avec courage, l’avance de 3 buts qu’ont pris les Gothiques donne un gros coup à la motivation côté strasbourgeois.
Alors qu’Amiens multiplie les actions offensives, aucun tir n’a encore été décoché dans les 7 premières minutes de la période. Le stratège amiénois ne s’y est pas trompé : avec 3 buts d’avance et une attaque strasbourgeoise en dents de scie, il ne reste plus aux Gothiques qu’à bétonner la défense jusqu’à la fin du match.
Cayer, prêt à prouver que Strasbourg n’a certainement pas baissé les bras, inscrit le premier tir, mais Thompson l’arrête du gant. Le sérieux et la rigueur amiénoise, qui n’ont pas fait défaut jusqu’à présent, commencent à faillir et on remarque quelques erreurs qui apparaissent. La tension est palpable, à chaque fin d’action, d’un côté comme de l’autre, quelques coups ou bousculades fusent de part et d’autres. Pendant un tir amiénois, Hiadlovsky est jeté à terre par un attaquant, et des rixes éclatent, mais l’arbitre coupe court à ces échauffourées et distribue les pénalités. Strasbourg, à nouveau en infériorité, ne se laisse pas intimider par le jeu musclé. Devin remonte sur la droite et parvient à prendre de vitesse l’équipe d’Amiens. Puis il sert Dufournet, placé sur le côté opposé, qui maîtrise le palet et l’envoie droit dans les filets de Thompson, prouvant qu'ils peuvent encore y croire.
Malgré le score, assez large en faveur des Gothiques, le jeu est très tendu. Sans trop d’actions offensives, il est pourtant fourni en frictions et en bousculades. Hecquefeuille est d’ailleurs attrapé et envoyé en prison pour altercations. Pendant la supériorité strasbourgeoise, Cayer laisse malencontreusement échapper le palet, et il n’en faut pas plus à Deniset pour s’en saisir et l’envoyer à Bergin. Ce dernier se retrouve seul face à Hiadlovsky, en situation de penalty, et il inscrit un but en infériorité, et détruit le peu qu’il restait d’espoir Strasbourgeois, à 6 minutes de la fin. Les dernières minutes sont jouées dans un silence de cathédrale, tant le but encaissé alors que les locaux étaient en supériorité a été un coup dur.
Toute la période a été ponctuée par des contres, des pertes de palets qui ont profité à Amiens. Tant les attaquants que les défenseurs laissent échapper bêtement la rondelle, qui file dans les crosses amiénoise, comme si elle était aimantée. Les Strasbourgeois se démènent jusqu’au bout mais sans succès, alors que les Amiénois peuvent se contenter de bétonner et d’assurer une large victoire.
Engagements : 11 - 10 pour Strasbourg
Tirs : 7 - 14 pour Amiens La partie s’achève sur le score de 6-3, permettant aux Gothiques de consolider leur 3ème place alors que l’Étoile Noire n’en finit plus de dégringoler au classement. Ce soir, sur la patinoire, on a pu observer une équipe d’Amiens finement calibrée : les attaquants se trouvent facilement et construisent des jeux simples mais qui perturbent la défense adverse ; les défenseurs sont féroces, presque trop, et ils sabrent le jeu de leurs adversaire. Le constat est bien plus déplaisant côté strasbourgeois : en attaque, ils sont capables de prouesses, mais souvent trop isolées, et pêchent par manque de finition ; en défense, des pertes de palets et des brèches dans la ligne défensive ont offert des occasions aux Gothiques, qui transforment très vite un palet perdu en but. Le résultat de ce soir, même s’il est honorable face à une bonne équipe comme celle d’Amiens, laisse un goût amer en comparaison des performances du début de saison.
Les deux équipes se rencontrent à nouveau dans 4 jours, cette fois-ci au coliséum d’Amiens. Le fait qu’ils se croisent à nouveau si rapidement n’est certainement pas étranger aux tensions qui ont perduré jusqu’à la fin, et à la rixe qui a éclaté 30 secondes avant la fin. L’ascendant psychologique est un allié de taille lors de la prochaine rencontre, qui promet d’être explosive.
La tactique physique des Gothiques fut ce soir un cauchemar pour l'Étoile Noire.
Joueurs du match :
Strasbourg : Cibula
Amiens : Beron