La rencontre démarre avec beaucoup de sérieux et d’application de la part des deux équipes et il ne faut pas attendre trop longtemps pour voir Pierre-Charles Hordelalay tester Tonin Caubet qui garde toujours le but rouennais en l’absence de Matija Pintaric. Le jeune portier réalise un impeccable premier arrêt mitaine. Les Dragons, quant à eux, ne restent pas inactifs et c’est François Beauchemin qui sollicite ensuite Sebastian Ylönen imité peu après par Christophe Boivin. Les attaquants canadiens de l’offensive rouennaise semblent bien décidés à faire parler la poudre aujourd’hui.
Le puck circule bien de part et d’autre mais les opportunités franches de tir ne sont pourtant pas légion. La situation évolue un peu après 5 minutes de jeu suite à une faute en zone offensive, un peu inutile, de William Thompson. Situation relativement risquée pour une équipe cergypontaine qui ne brille pas particulièrement par son jeu de
penalty killing face à l’une des meilleures formations du moment en
powerplay. Les Jokers s’en sortent finalement plutôt bien et tuent sans trop trembler cette première pénalité.
Peu avant la mi tiers les Dragons se créent, coup sur coup, deux belles opportunités, d’abords par Quentin Tomasino qui s’infiltre au cœur de la défensive verte mais perd son duel face à Ylönen, puis par Beauchemin, peu après, qui ne cadre pas son tir sur une belle envolée également.
Les franciliens ne manquent pas de ressources non plus et, sur une phase offensive, Christiano Versich pousse Ulysse Tournier, le jeune défenseur normand, à la faute. C’est alors l’occasion pour les Jokers de tenter d’améliorer leur efficacité en supériorité numérique mais, malgré une bonne mise en place de leurs unités spéciales, ils ne parviennent à prendre à défaut la boite rouennaise. Il leur faut attendre le moment où Tournier, qui a fini de purger sa peine, regagne la glace pour que la lumière vienne par l’entremise de leurs complices finlandais.
La passe de Antti Kaupilla traverse la boite pour trouver Samuel Salonen lequel ne se pose pas de question et, sur réception, trouve la lucarne (1-0, 12.25).
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Photographe : Bruno Gouvazé |
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Les pensionnaires de l’Aren’ice surfent alors sur cette ouverture du score et peu après c’est Paul Schmitt qui voit sa tentative détournée par Caubet.
Pour recoller au score les normands décident de sortir l’artillerie et Enzo Cantagallo allume par deux fois le portier vert, sans succès. Finalement c’est encore l’indiscipline des Jokers, sur une faute parfaitement dispensable, qu’intervient le tournant du tiers. Alors que Hordelalay part en contre avec le palet sur le flanc droit, Thomas Suire qui l’accompagne au centre bouscule d’un coup d’épaule Hugo Deberge, le jeune défenseur rouennais et est sanctionné pour obstruction. Cette fois les unités spéciales normandes ont réglé la mire et ne tardent pas à faire mouche.
Alors qu’ils sont bien installés en attaque et font habillement tourner le puck, Tomasino lâche un missile qui manque le cadre mais n’est pas perdu pour tout le monde puisque Rolands Vigners qui rode aux abords de la cage le récupère derrière la ligne de but et le ressort immédiatement vers l’arrondi droit pour Ondrej Roman lequel trouve Kelsey Tessier plein slot qui trompe Ylönen (1-1, 15.45).
Tout est à refaire pour les Jokers qui remettent l’ouvrage sur le métier la faute commise ensuite par Tessier à une minute de la sirène ne permet pas aux unités spéciales de s’illustrer et de reprendre le score pour virer en tête à la pause.
Premier tiers plutôt agréable tenant cependant mutuellement lieu de période d’évaluation de l’adversaire. Sans être ennuyeux, car les deux groupes s’y procurèrent l’un et l’autre des occasions et y débloquèrent chacun leur compteur à la table de marque, le premier vingt fut le théâtre d’une rencontre assez équilibrée où aucun des protagonistes ne prit de risques excessifs et encore moins l’ascendant sur l’autre. Bilan des courses : un retour au vestiaire dos à dos sur un score de parité plutôt logique.
Dominer n’est pas gagner pour les Jokers
Dès l’entame de la période, les cergypontains profitent des 57 secondes résiduelles de supériorité numérique pour s’installer dans la défensive jaune au sein de laquelle ils restent cependant plutôt inoffensifs à ce stade. Pour autant, ils semblent galvanisés et appuient sur l’accélérateur. Alors à 5 contre 5 ils prennent le contrôle du jeu. En avance sur les palets, coupant les lignes de passe, vainqueurs de beaucoup de duels, ils privent les Dragons de la rondelle.
Loïc Farnier se procure une belle occasion, imité ensuite par Suire. Rouen ne peut sortir proprement de son camp et être dangereux que sur quelques occasions sporadiques. La tempête francilienne souffle sur le but de Caubet mais cela tient toujours. Au bout de 7 minutes difficiles, Fabrice Lhenry, le coach rouennais, demande un temps mort pour casser le
momentum et remettre les têtes à l’endroit. Il n’y parvient que très partiellement car Suire et Baillargeon enchainent ensuite avec deux nouvelles grosses opportunités. Etrangement, c’est finalement sur une de leurs rares attaques que les Dragons se font piquer.
Après une intervention de Thompson, Schmitt récupère la maitrise du puck sur un rebond contre la bande et en profite pour lancer dans l’axe Versich lequel trompe Caubet (2-1, 29.11).
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Photographe : Bruno Gouvazé |
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Les cergypontains reprennent le
lead et les rouennais s’agacent. A la mi match Dylan Yeo est sanctionné pour avoir retenu son vis-à-vis et ne trouve rien de mieux que venir vivement protester auprès des arbitres. Immanquablement les deux compères se retrouvent en prison. Pas de quoi arranger les affaires des normands au cœur de ce temps fort francilien.
A 3 contre 5, les Dragons jouent cependant très juste en privant les Jokers de décalages dans les zones de vérité et ferment toutes le fenêtres de tir pour tuer la pénalité. Une belle occasion de perdue par les Jokers pour creuser l’écart.
Qu’à cela ne tienne, ces derniers repartent de plus belle même si Théo Gueurif commet une faute complétement inutile en zone offensive. Lors de son retour vers le banc, il gratifie Boivin qu’il croise sur son passage d’un
slashing peu apprécié par les arbitres. Du coup, c’est sur un autre banc, celui de la prison qu’il va prendre place. Comme tout leur réussit à ce moment du match, cette faute n’a, au départ, pas immédiatement de conséquence pour les cergypontains.
En effet, quand Vincent Melin déjoue une transmission rouennaise, le palet parvient à Suire qui, au lieu de le dégager n’importe comment, le lance malicieusement plein axe où Robert Baillargeon, parti comme une balle, grille la politesse à la défense adverse et du bout de la palette prive Caubet de la rondelle que ce dernier était venu récupérer, il ne lui reste qu’à contrôler l’objet et à le pousser dans le but déserté (3-1, 34.17). Une jolie réalisation en infériorité numérique qui ne déstabilise néanmoins pas plus que cela les rouennais confiants dans leur jeu de puissance.
Finalement, l’histoire leur donne raison car ils bonifient leur powerplay moins d’une minute plus tard quand Yeo décale Beauchemin lequel allume Ylönen sur réception, Loïc Lamperier trainant devant le but n’ayant qu’à convertir le facile rebond laissé par le gardien (3-2, 35.02).
Rouen n’est à nouveau plus qu’à une longueur et les Jokers mollissent un peu alors que les Dragons finissent en mode
full power. Le premier avertissement sans frais vient de Deberge qu,i non attaqué à la bleue, se positionne et tire.
Quasiment sur l’action suivante, Aurelien Dorey manque sa passe de sortie de zone ce qui permet aux rouennais de se procurer une nouvelle opportunité par Yeo.
Dans le prolongement de cette tentative, le palet reste libre derrière la ligne de but alors Beauchemin s’en empare, contourne la défense en longeant l’arrondi pour ressortir, prend soin dans ce repli d’éviter de sortir le puck de la zone offensive et, n’étant pas attaqué à la bleue, se recentre pour plonger dans le slot et lâcher un missile sous la barre d’Ylönen (3-3, 37.26). L’égalisation intervient alors que la défensive verte apathique et figée semble avoir du plomb dans les patins.
Les visiteurs l’on bien compris et, moins d’une minute plus tard, sur un nouveau départ sur la droite, Cantagallo et Vigners combinent pour déborder la défense francilienne avant de servir au centre Lamperier qui, sans sourciller, fait filet et s’offre un doublé (3-4, 37.57).
Incroyable retournement de situation pour les Jokers qui sont renversés alors qu’ils maitrisaient quasi parfaitement l’essentiel du tiers. Pour couronner le tout, ils finissent en infériorité numérique suite à une nouvelle faute en zone d’attaque, un
slashing à l’actif de Hordelalay. La pause arrive à point nommé pour les hommes de Jonathan Paredes qui doit fulminer sur son banc.
La seconde période fut incroyable et déconcertante. Les Jokers y prirent assez rapidement et assez nettement le dessus sur les Dragons. Face à une défense rouennaise privée d’atouts maitres, son international tricolore Florian Chakiachvili, le finlandais Aleksi Elorinne et, dans une moindre mesure, l’américain Charlie Dodero (ce dernier n’ayant fait que 2 apparitions en championnat sur le banc normand depuis sa récente arrivée sur les bords de Seine), les franciliens rendirent l’une de leur plus belle copie de la saison. Pendant 15 minutes où ils prirent jusqu’à 2 buts d’avance, ils ravirent l’assistance mais n’enfoncèrent pas totalement le clou. Cette domination insuffisamment récompensée fut balayée d’un revers de manche en fin de tiers lors de la petite baisse de régime des cergypontains. Baisser la garde devant un adversaire tel que l’équipe de Rouen se paye souvent au prix fort, et il n’y eut pas d’exception à la règle. Pas moins de 3 buts encaissés en moins de 4 minutes. C’est donc avec une sacrée bosse sur la tête que les Jokers prirent leur deuxième pause.
Les Jokers ne lâchent pas
Les Dragons ont beau être très performant en
powerplay ils ne bonifient pas les 25 secondes résiduelles dont ils bénéficient en ouverture de période. Après leur retour au complet sur la glace, les Jokers qui ont dû se remobiliser durant la pause repartent à l’assaut de la cage rouennaise et ils en sont finalement plutôt vite récompensés.
Sur une action de Salonen et Farnier, William Bower hérite du puck en angle derrière la ligne de but. Que cela soit intentionnel ou non, le canadien utilise le portier adverse comme un bumper, il lance à la cage sur l’infortuné Caubet qui anticipait sur une passe au second poteau et voit le disque lui rebondir dessus avant de finir au fond du but (4-4, 43.11). Nouvelle égalité au tableau d’affichage.
Les Cergypontains sont repartis sur les même bases que leur bonne période du tiers précédent et sous pression Yeo est appelé au banc des pénalités pour cinglage. Le jeu de puissance franciliens est malheureuse médiocre ce coup-ci, bien contrarié par les normands.
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Photographe : Bruno Gouvazé |
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Après le
penalty kill rouennais, le palet va d’un but à l’autre car cette fois les Dragons tiennent mieux le choc et répondent du tac-au-tac. Kaylian Leborgne pousse Ylönen à un arrêt du gant d’attrape et le prochain but risque d’être crucial. A la mi tiers, les Jokers offrent un nouveau
powerplay aux Dragons sur un dégagement direct en tribune de Thompson. Cette fois, non seulement la boite verte contient parfaitement les redoutables unités spéciales jaunes mais Anthony Rinaldi, parti en contre, contraint Lamperier à le charger dans le dos avec la crosse devant le but. A 4 contre 4 puis en supériorité numérique les Jokers restent cependant muets sur leur glaçon.
Le jeu demeure ouvert et rapide mais d’une façon générale les défenses ont resserré les boulons et semblent avoir pris la mesure sur des attaquants qui pèchent un peu dans l’exécution du dernier geste.
L’inquiétude monte dans les rangs franciliens quand Farnier est pris par la patrouille pour une faute encore évitable. Rinaldi parti encore une fois en contre aurait pu être le héros du jour mais Caubet dit non. Finalement les deux équipes se partageront les points ce soir.
C’est un troisième tiers de fort belle facture que proposèrent les deux équipes qui se rendirent coup pour coup. Les Jokers y étant revenus le mors aux dents parvinrent à égaliser assez tôt avant que ne s’installe un véritable bras de fer légèrement à leur avantage. Des effluves de chaos y parfumèrent l’air ambiant jusqu’à la fin et les deux gardiens ainsi que la maladresse, probablement due à la fatigue naissante en certaines occasions, ne permirent pas de décider d’un vainqueur pendant le temps réglementaire.
Les Dragons ne laissent pas passer leur chance
Les normands n’ont besoin que d’un peu plus d’une minute pour conclure la rencontre durant l’
overtime. Après une première tentative de Beauchemin et la riposte de Baillargeon, ils trouvent la faille.
Alors que les Jokers sont à l’attaque et que Salonen est secoué devant le but, les rouennais remontent la glace et s’installent facilement en zone offensive. La distance de marquage de Kauppila sur Yeo étant une peu grande, ce dernier en profite et prend tout son temps pour tromper une dernière fois Ylönen (4-5, 61.10).
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Photographe : Bruno Gouvazé |
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Diminués en défense les Dragons rappelèrent à leurs hôtes que leur réalisme offensif était lui parfaitement intact. Sans coup férir en prolongation ils s’adjugèrent la victoire au but en or et empochèrent les 2 points du gain du match. Avec ce résultat, les rouennais qui enchaînent une 11ème victoire d’affilée confortent leur place sur le toit de la ligue Magnus. Leur programme de novembre s’annonce sur le papier tout à fait accessible avec la réception du Hormadi d’Anglet et des Pionniers de Chamonix avant un déplacement chez les Diables rouges de Briançon.
Pour les Jokers, malgré la maigre consolation du point pris, la déception est grande car les Dragons du jour étaient largement à leur portée. Ils restent néanmoins 4èmes au classement et doivent rapidement passer à autre chose car un programme assez palpitant, mais copieux les attend. Après le déplacement chez les Boxers de Bordeaux, réception des Scorpions de Mulhouse puis des Ducs d’Angers en championnat avant un déplacement au Hormadi d’Anglet et, cerise sur ce magnifique gâteau, la nouvelle réception fin novembre des Ducs, en coupe de France cette fois.