Après une fin d'année plus que difficile, Grenoble pouvait ce soir poursuivre son opération rachat en enchaînant un quatrième succès de suite dans une série qui a vu les Isérois l'emporter parfois très difficilement contre des équipes de seconde partie de tableau. Victime espérée du jour, Dijon est un adversaire direct pour la quatrième place et reste sur un cinglant revers face à Morzine-Avoriaz qui avait inscrit pas moins de 12 buts. L'affaire, quoique limitée en terme de niveau de jeu, allait accoucher d'un duel à suspense digne des meilleurs westerns.
| Photographe JC Salomé | | Duel au slotleil.
La première période va voir un duel Bonvalot - Buysse dans une rencontre assez brouillonne et confuse. Les deux attaques, très maladroites, vont profiter de certains trous d'air défensifs mais, soit se heurteront aux gardiens, soit manqueront parfois l'inmanquable.
Dijon paraît un peu mieux en début de rencontre, posant davantage le jeu que des Grenoblois qui semblent, en attaque, être totalement obnubilés par le fond de glace (option 1) ou le slalom suivi dans le meilleur des cas (traduisez quand l'attaquant à un contre trois ne se fait pas logiquement contrer) d'un lancer (option 2) généralement à côté ou sur le gardien. Cependant, les Isérois peuvent compter sur Bonvalot qui fait le métier face à Andersson, sans doute le meilleur attaquant côté Ducs et qui va tester à l'affaire par deux fois à 3'. Au bout de 5 minutes, Grenoble lance enfin à la cage de Buysse, également auteur d'une très bonne prestation.
A 6'43, Dijon en infériorité résiste, et mieux, va se procurer un contre qui échoue sur Bonvalot qui remporte son duel. Les mauvaises passes et les lancers trop lointains des deux équipes rendent le spectacle un tantinet naïf. On sent les deux formations en quête de rachat et les deux attaques franchement fébriles et globalement peu inspirées face à des défensives qui sont loin d'être irréprochables et leur offrent les occasions sur un plateau.
Nos lecteurs auront compris que la période est globalement à oublier, sinon pour la production des deux gardiens.
L'homme de l'ouest
La reprise voit les deux équipes muliplier les bévues défensives et offensives, s'offrant mutuellement de superbes occasions d'ouvrir le score, comme un contre à trois contre un Grenoblois à 21'20 qui voit Sivic lancer au-dessus de la cage adverse largement ouverte, Dijon ayant totalement manqué son changement volant, ceci expliquant cela. On sent toutefois Grenoble, qui était légèrement en dessous en première période, revenir un peu plus fort sur la glace et Buysse doit s'employer par deux fois à 25'37.
Un jeu de puissance grenoblois à 25'45 donnera un nouveau contre qui force Bonvalot à s'employer, les visiteurs étant paradoxalement moins productifs sur leurs supériorités numériques, ce qui peut en partie expliquer le résultat final car avec 4 pénalités grenobloises (5 mais la dernière a donné un 4x4) contre 2 dijonnaises, les joueurs de coach Tolvanen auraient pu se montrer beaucoup plus performants (moins de 3 tirs par pénalité en moyenne pour Dijon).
La fin de période voit chaque équipe développer ses contres, mais la fébrilité l'emporte, ainsi que l'absence quasi chronique des deux côtés de slaps à la bleue, voire plus près, Dijon brisant toutefois deux crosses sur l'exercice.
Dans un ensemble très équilibré, c'est Gervais qui va débloquer l'affaire grâce à un tir à la bleue qui traverse la mêlée devant la cage de Buysse sans doute masqué, pour une ouverture du score à 36'31. 1-0
| Photographe JC Salomé | | Il était une fois la prolongation !
La troisième période moins rapide verra les deux gardiens avoir un peu moins de travail, la question étant de savoir, dans un ensemble brouillon, laquelle des deux équipes pourra enchaîner trois passes gagnantes en contre, ou éventuellement bénéficier d'une bévue défensive adverse.
Deux pénalités successives de Grenoble ne vont rien donner mais ralentir quelque peu les ambitions grenobloises, avant que Dijon ne parvienne à trouver la faille à quelques minutes seulement du coup de sifflet final.
A 55'22, Andersson reprend victorieusement un palet repoussé par Bonvalot sur un premier tir, et cafouillé ensuite par un défenseur grenoblois, remettant les deux équipes à égalité, ce qui, avouons-le vu la rencontre, paraît totalement juste. (1-1)
L'explication réserve ainsi un certain suspense faute d'une intensité et niveau de jeu de qualité. A 59'08, Dijon manque même une très grosse occasion en cage entrouverte, les deux adversaires terminant le temps réglementaire avec au bas mot 5-6 occasions inmanquables mais pourtant bien ratées sur les trois périodes, et donc le montage vidéo auraient fait la joie des petits et grands lors des bêtisiers de fin d'année.
Le bon la brute et le Charland
Les deux équipes entrent dans la prolongation avec prudence et, quelques occasions plus tard, on voit un slap de Gervais passer au-dessus à 62'46. Mais c'est Grenoble qui va se mettre à la faute avec une crosse haute d'Antonoff qui donne un jeu de puissance dijonnais, immédiatement accompagné d'un temps mort. Bonvalot sauve la boutique, tandis que plusieurs charges assez violentes qui restent impunies rappellent que siffler en prolongation est plus difficile qu'en temps réglementaire.
Une tentative de lucarne de Bedin voit Buysse dire non à 67'40, tandis que Bonvalot réplique avec une jolie mitaine sur un lancer de Ritz à 69'.
Alors que l'on est dans la dernière minute de la prolongation, Charland file sur son aile, et paraît mettre un coup de crosse involontaire à son défenseur qui, touché au visage, marque le pas, l'attaquant grenoblois à qui rien n'est sifflé s'en allant ensuite tromper Buysse en bénéficiant de son manque d'adversaire direct dans une prolongation à à 4x4 qui laisse déjà un peu plus de place. Malgré des protestations dijonnaises, le but est accepté et met fin au débat du soir à 69'49. (2-1) Disons-le clairement, n'ayant pas pu revoir l'action en vidéo, et vu la distance depuis la tribune de presse, il nous est impossible de juger.
| Photographe JC Salomé | | Le train sifflera 4 fois
La victoire grenobloise de ce soir est acquise de justesse face à une équipe de Dijon qui paraissait globalement au même niveau que les Brûleurs. Elle permet de poursuivre la série en cours et marque, sinon une embellie véritable, du moins du positif en terme de classement. Car si Grenoble est désormais en capacité de viser la 4ème place en fin de saison régulière, avouons que le spectacle proposé ce soir, face à des visiteurs assez décevants, n'a pas été d'une grande qualité.
Côté dijonnais, l'équipe semblait manquer de confiance, ce que l'on comprend après sa déroute face à Morzine-Avoriaz, et ne semble guère avoir de solutions offensives, hormis Eriksson, Ahsberg, et un Ritz auquel il manque un passeur pour le rendre clairement dangereux. Défensivement, cela reste également très moyen avec tout de même un Buysse à son affaire. On trouvera à Dijon deux défauts communs à Grenoble, à savoir une faiblesse en jeu de puissance ainsi qu'un manque de frappes à la bleue susceptibles de répondre à un certain manque de puissance et de lancers dangereux en attaque de mouvement comme en attaque placée. Le banc paraît également plus léger qu'à Grenoble, ce qui place Dijon dans une lutte pour la 4ème place qui semble difficile. L'équipe aujourd'hui paraît moins bien que ses rivaux directs même si, à l'extérieur contre Grenoble, elle aura montré une certaine solidité. Il faudra que ses joueurs cadres jouent mieux si les Ducs veulent faire plus que de la figuration lors des séries finales.
Côté grenoblois, si le résultat est bien présent, on a encore vu ce soir certains problèmes, comme un jeu d'attaque trop stéréotypé et individualiste, avec des dragsters pieds au plancher qui n'ont en tête que le raid solitaire ponctué d'un lancer lorsqu'ils passent les adversaires, franchement pénible à suivre pendant trois périodes, et des diesels comme Treille et Tardif qui ne sont absolument pas mis en valeur comme points de fixation ou slappeurs en équipe spéciale par exemple. Défensivement, si l'ensemble nous paraît un peu mieux, c'est surtout grâce à Bonvalot qui semble donner une certaine confiance à ses partenaires, mais il y a encore trop d'erreurs et de pénalités concédées (4 sur 5 ce soir) par les arrières grenoblois.
Ceci dit, qui va se plaindre côté grenoblois de quitter une zone d'indigence pour rentrer dans des prestations plus conformes au standing théorique ? La question est davantage de savoir si les progrès constatés sur le plan résultat, avec pour bémol des victoires difficiles et peu ou pas de marges de manoeuvres, vont se poursuivre avec, cette fois, un niveau de jeu meilleur. Franchement, c'est bien difficile à dire et cela passe par des solutions collectives et une meilleure distribution de palet qui ne semble pas être la force de Grenoble cette année. De ce point de vue, l'absence dans l'effectif d'un meneur de jeu susceptible, comme le faisait Broz en son temps, d'alimenter certains joueurs paraît une évidence, sauf que l'on devrait pouvoir demander à un Petit et même pour nous à un Le Blond d'aller vers certaines de ces fonctions. Qualitativement, Grenoble possède des joueurs importants qui ne fonctionnent pas uniquement sur du contre rapide, et heureusement car on ne peut pas dire qu'il y ait dans la catégorie beaucoup de snipers efficaces. Et si tout ceci n'était pas une question de dosage diront certains ? Ils auront raison dans le sens que Grenoble a en quelque sorte donné carte blanche à ses patineurs rapides pour contrer, c'est bien, mais il faut aussi savoir varier et installer un système d'attaque défense en temporisant, ce qui n'est pas le cas. Que voit-on chez pratiquement toutes les équipes ayant joué Grenoble cette saison, même les moins fortes ? Une capacité à accélérer quand il faut et à prendre un peu plus de temps pour installer l'offensive lorsque c'est nécessaire. Les Brûleurs, cette année, dès qu'ils ont le palet, ont trop tendance à piquer un sprint en ligne droite vers le but adverse, alors qu'il leur faut développer leur jeu avec davantage de passes et de remises naturelles. Sans qu'il soit possible de voir dans ces remarques la seule source du problème grenoblois, on peut clairement considérer que de réels progrès dans ce domaine seraient susceptibles d'améliorer sensiblement le niveau de jeu proposé et, du même coup, les prestations de certains joueurs qui voient trop souvent uniquement le dos de leurs petits camarades partis à l'assaut, ventre à terre.
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