L’ouverture du championnat de France élite de hockey sur glace s’annonçait costaude pour les Jokers de Cergy-Pontoise avec la réception des Brûleurs de loups de Grenoble le vice-champion en titre. Finalement, au terme d’un match palpitant où les visiteurs pensaient probablement avoir fait le nécessaire en prenant 3 buts d’avance dès de premier tiers, à force d’abnégation et en pratiquant leur hockey généreux et rapide, les cergypontains renversèrent les grenoblois dans un troisième tiers époustouflant. Avec une belle victoire (4-3) à la clé, les Jokers réussissent leur rentrée des classes.
Arbitres : MM. Bliek et Peyre assistés de MM. Debuche et Laboulais
Buts : Cergy-Pontoise : ; 42.34 Phileas Perrenoud (ass Alex Barber) ; 44.30 Emils Gegeris (ass Sayam Limtong et Gage Torrel) ; 47.40 Théo Gueurif (ass Vincent Melin et Robert Baillargeon) ; 54.54 Aleksi Hamalainen (ass Daniels Gorsanovs et Emils Gegeris) Grenoble : 05.02 Kyle Hardy (ass Alexandre Lavoie) ; 12.54 Sacha Treille (ass Adel Koudri et Alexandre Lavoie) ; 15.14 Jere Rouhiainen (ass Loïc Farnier et Alexandre Lavoie)
Pénalités
8 minutes contre Cergy-Pontoise
6 minutes contre Grenoble
Les Brûleurs de loups solides et efficaces prennent une belle avance
Dès l’entame du match les Brûleurs de loups entendent faire valoir leur statut de favoris. Ils s’installent dans le camp adverse et il ne faut pas attendre très longtemps pour assister à une de leur grande spécialité. Kyle Hardy bien décalé à la bleue, cette fois par Lucien Onno, déclenche un tir puissant, obligeant Sebastian Ylönen, qui garde le but francilien, à jouer de la mitaine. Les isérois ont beau prendre le jeu à leur compte, les cergypontains font bonne figure. Sur une récupération en zone neutre, Aleksi Hämäläinen, leur nouvel assistant capitaine, est bien servi et dans l’axe sollicite Jakub Stepanek qui fait l’arrêt.
La rencontre est plutôt agréable et Nicolas Deschamps, le top scorer grenoblois, bute sur le gardien des verts, lesquels répondent peu après par leur défenseur Raphaël Faure dont la tentative est détournée par le portier blanc. Ce sont néanmoins les visiteurs qui manquent de peu d’ouvrir la marque. Markus Soberg qui s’est fait oublier de la défense verte est servi mais Ylönen réalise un sauvetage de très grande classe. Chaude alerte pour les pensionnaires de l’Aren’ice.
Le travail de sape des isérois finit par payer lorsque Alexandre Lavoie, sur la gauche, ressort le puck pour Hardy lequel prend le temps de se positionner et, du cercle d’engagement, d’ajuster Ylönen (0-1, 05.02).
Grenoble est devant après 5 minutes de jeu et c’est plutôt mérité même si les Jokers sont loin d’être à la rue. Ils font d’ailleurs preuve de ressources et d’orgueil car sur une grosse action de leur part, suite à un premier tir repoussé par Stepanek, Nikita Shalei lâche un missile sur la cage iséroise. Malheureusement pour le jeune défenseur, le gardien blanc reste intraitable malgré le trafic devant lui.
Les Brûleurs de loups reprennent la maitrise du palet et Jonathan Racine est privé, in extremis, d’un but par la crosse de Ylönen. Il faudra attendre une faute de Faure pour voir les visiteurs faire le break. En supériorité numérique, ils font le siège du but de Cergy dont le gardien multiplie les interventions dont un arrêt de l’épaule sur un tir de Deschamps. Pourtant le portier tricolore finit par céder peu après face à un coéquipier de l’équipe de France. La rondelle circule bien autour de la boite défensive verte et Lavoie sert Adel Koudri dans l’axe dont le tir trouve la botte de Ylönen, du pain béni pour l’imposant Sacha Treille qui converti le rebond (0-2, 12.54).
Grenoble maintient sa pression et fait le trou quelques minutes plus tard. Lavoie, encore lui, sert Loïc Farnier à gauche qui remise intelligemment pour Jere Rouhiainen. Le finlandais perfore la défense dans l’axe et, de près, marque du revers malgré la jambière de Ylönen qui ne peut que dévier le puck en lucarne (0-3, 15.14).
Le public commence à craindre pour les seins quand moins d’une minute après c’est Hämäläinen qui offre un nouveau powerplay aux Brûleurs de loups. Heureusement pour les franciliens, cette fois leur jeu en box play annihile toutes les tentatives de grenoblois peu inspirés. Dès la pénalité tuée, Théo Gueurif est même à 2 doigts de débloquer le compteur des cergypontains obligeant Stepanek à un bel arrêt. Les 2 derniers pétards du tiers seront tout de même à l’actif de Grenoble et plus particulièrement de Onno qui trouve le gant d’attrape de Ylönen et surtout de Treille lequel, débordant sur la gauche, tente à bout portant un but de filou mais son tir passe juste au-dessus de la lucarne.
A la première pause les Brûleurs de loups qui ont globalement dominé la période (crédités de 7 tirs cadrés contre 4) ont fait parler le métier et sont largement devant. Pourtant, leurs hôtes furent loin d’être la tête sous l’eau. Au contraire, ils jouèrent crânement toutes les opportunités.
Les deux équipes se neutralisent
Dès le retour sur une glace, pour le coup contrairement au premier tiers, d’assez médiocre qualité, Grenoble pousse et se crée des situations mais ne parvient pas à marquer. Que cela soit par Lavoie, Koudri, Farnier, Rouhiainen ou le jeune Timothé Quattrone, les tentatives sont stoppées ou déviées. Dans ces conditions, la première partie du tiers est donc un peu plus dure pour les Jokers qui ont plus de difficultés à sortir de leur zone mais leur défense reste héroïque. Les verts pressent et se jettent sur les palets à tout-va. Alors petit à petit, la machine iséroise s’installe dans une sorte de confort et ronronne dans un faux rythme au plus grand bonheur des franciliens qui retrouvent des espaces et de la vitesse. Jyrki Aho, le coach isérois voit bien que son équipe ne joue pas sur sa valeur et demande un temps mort (29.11).
On ne peut pas dire que cela ait eu un réel effet immédiat car les Jokers sont toujours véloces mais encore inefficaces. Les Brûleurs de loups obtiennent néanmoins un avantage numérique suite à une faute de Robert Baillargeon sans pour autant en faire grand-chose. Pire encore, dès le retour au jeu du puni, Aurélien Dair commet une faute offensive en chargeant Ylönen. Le jeu en powerplay des franciliens sera intéressant et Emils Gegeris, sur un beau one-timer, à un rien de marquer.
La fin de période tourne à l’avantage des Jokers qui regardent plus que jamais les grenoblois les yeux dans les yeux. Même si aucune équipe ne sera parvenue à y marquer le moindre but, le deuxième vingt aura vu progressivement les locaux garder la maitrise puck et se montrer de plus en plus dangereux (9 tirs cadrés contre 6). Les Jokers finissent très fort et empochent les 3 points
Les Jokers reviennent le mors aux dents sur leur glaçon, toujours aussi fondu ce soir, et d’emblée sur la première action Hämäläinen se retourne dans la petite glace pour mettre Stepanek à contribution. Dans l’excès de fougue de début de période, Baillargeon doit aller cirer le banc des punis suite à un slashing. Preuve que les grenoblois ne sont pas dans leur assiette, non seulement ils ne convertissent pas leur jeu de puissance mais se font piquer en contre. Sur une récupération de palet, Alexander Barber part en contre et s’échappe sur la droite d’où il sert Philéas Perrenoud dans l’axe, lequel sans trembler marque dans la cage ouverte (1-3, 42.34).
Ce but fait mal aux têtes iséroises car une minute plus tard Racine est à son tour sanctionné. Mal lui en a pris car cette fois les Jokers bonifient leur jeu de puissance. Gage Torrel déborde sur la gauche et oblige Stepanek à repousser dans l’axe où rode Sayam Limtong qui exploite le premier rebond. Stepanek, au prix d’un beau reflexe, repousse à nouveau mais c’était sans compter sur Gegeris qui surgit pour tromper le gardien allongé sur la glace (2-3, 44.30).
Les franciliens sont galvanisés et les isérois probablement en proie à quelques doutes car les vagues vertes déferlent. Sur un beau mouvement Barber, gêné par Treille redescendu en défense, ne peut conclure dans la cage ouverte. Ce n’est que partie remise et l’égalisation intervient peu après. Sur une remise en jeu offensive à gauche, Baillargeon décale Vincent Melin à l’opposé dont le puissant tir sur réception oblige Stepanek à repousser une nouvelle fois mais Gueurif qui rodait pousse au fond de la cage encore ouverte (3-3, 47.40).
L’Aren’ice est en feu et les Brûleurs de loups ne s’attendaient probablement pas à une telle adversité. Ils tentent cependant de refaire surface et Deschamps en vieux filou fait le tour de la cage francilienne avant que Ylönen, d’un réflexe, ne lui referme le premier poteau.
A 7 minutes de la fin, Loïc Farnier commet un cinglage sur Hämäläinen qui s’infiltrait et laisse ses coéquipiers en infériorité numérique sur la glace. Le jeu en box play isérois est plutôt efficace et jugule les tentatives franciliennes mais alors qu’ils viennent de tuer la pénalité, et pensent avoir fait le plus dur, les grenoblois encaissent un nouveau but. La doublette de lettons des Jokers, Daniels Gorsanovs et Gegeris, combine et lance à la cage. Stepanek repousse mais Hämäläinen en deux fois, à l’énergie, fait filoche (4-3, 54.53).
Incroyable retournement de situation les Jokers passent devant et ne seront plus rejoints. Sur la physionomie du tiers (12 tirs cadrés contre 4) c’est amplement mérité. La fin de partie des grenoblois qui jouent cage vide n’y change rien. Gegeris manque même d’un rien de les punir une ultime fois mais ne cadre pas. A la sirène les cergypontains exultent car c’est, en saison régulière, la toute première victoire de leur histoire en Ligue Magnus contre Grenoble. Eux qui avec leurs 6 points de pénalité démarrent un championnat à handicap ne pouvaient espérer meilleur départ.
Ce n’est certes que le premier match d’une saison qui sera longue mais c’est toujours 3 points de pris. Les Jokers seront-ils capables, dès mardi, de rééditer la performance face à des gapençais qui viennent d’être blanchis sur la glace du promu ? Rien n’est moins sûr car l’Alp’Arena va être en feu pour les accueillir. Cette confrontation entre 2 équipes rajeunies promet d’être spectaculaire.
Les Grenoblois qui avaient fini la phase finale de la saison précédente sur une défaite face à Rouen, en laissant par la même occasion le titre aux Dragons, commencent ce nouveau millésime sur une fausse note. Leur entraineur en conférence de presse trouvait que finalement cette contreperformance était la meilleure illustration de ce qui arrive en hockey lorsque l’on ne respecte pas suffisamment son adversaire. Nul doute que mardi à Polesud ses hommes voudrons remettre les pendules à l’heure. Les Aigles de Nice qui les y défieront et qui sortent d’une défaite à domicile face aux Gothiques d’Amiens devront avoir le cœur bien accroché car ils risquent de s’y faire secouer.