Arbitres : Laurent Garbay assisté de Thomas Caillot et Gwilherm Margry
Buts : Grenoble : 18:33 Ryan Barlock (ass Sébastien Gauthier et Petr Kalus) ; 23:16 Petr Kalus (ass Nicolas Favarin et Eric Chouinard) ; 28:09 Jordann Perret (ass Eric Chouinard et Sébastien Thinel) Strasbourg : ; 20:49 Pierrick Hoehe (ass Valentin Michel et Jan Pardavy) ; 28:38 Jake Goldberg (ass Pierrick Hoehe et Kevin Sullivan) ; 2:26 Jake Goldberg (ass Jan Pardavy et Sébastien Trudeau) ; 54.27 Julien Burgert (ass Joey De Concilys et Tarik Chipaux)
Pénalités
8 minutes (4x2) contre Grenoble
10 minutes (2x5) contre Strasbourg
C'est dans une patinoire Pôle Sud très moyennement remplie pour un samedi soir, Coupe du Monde de rugby oblige, que les Brûleurs de Loups retrouvaient l’Étoile Noire de Strasbourg pour une explication théoriquement à leur avantage. Privés de Marcos et de Suter, les Alsaciens paraissaient, sur le papier, inférieurs à des Grenoblois qui restaient pourtant sur une contre-performance en Coupe de la Ligue face à Lyon et dont le public attendait réparation ce soir.
Photographe Laurent Lardière
Barlock around the clock
Tout comme lors du match précédent, Grenoble va totalement manquer son départ, mauvaise habitude qui coûte cher dans une ligue Magnus au niveau clairement plus relevé cette année, et où chaque pénalité compte.
C’est Harty qui commet la faute évitable après seulement 0’44, envoyant Strasbourg en jeu de puissance, exercice dans lequel les visiteurs du soir se montreront à leur avantage. Ainsi, on voit rapidement Goldberg, talent défensif comme offensif ce soir, tromper Mustukovs d’un superbe slap puissant à la bleue à 2’26. (0-1)
Grenoble va alors se ruer à l’assaut et enchaîner plusieurs longues séquences d’attaque/défense avec quelques lancers intéressants, mais qui vont trouver un Hiadlovsky bien concentré ce soir. Sans s’affoler, Strasbourg propose un jeu collectif bien léché, avec des sorties de zone qui permettent des renversements de jeu assez faciles, lesquels permettront de desserrer l’étreinte face à des grenoblois qui poussent de plus en plus au fil des minutes. Toutefois, si la quantité est globalement iséroise, la qualité paraît plutôt strasbourgeoise avec plusieurs contres qui manquent de peu la cible. Heureusement, Mustukovs parviendra à repousser ces tentatives, permettant ainsi à son équipe de rester dans la rencontre.
Malgré une attaque brouillonne et un certain manque de fond de jeu, Grenoble propose un échec avant intéressant qui lui permet de se procurer un nombre significatif de situations dangereuses, mais dont les tirs finissent trop souvent hors cadre. Dans le même sens, un certain manque de précision dans l’ultime passe, et tout simplement certains excès d’individualisme expliquent la stérilité offensive.
Finalement, à 18’33 c’est Barlock qui égalise en toute fin de période en reprenant un palet mal renvoyé plein axe. (1-1)
Grenoble termine plus fort et on peut penser à ce stade de la rencontre que la seconde période pourrait être plus difficile pour Strasbourg
Spécialiste depuis plusieurs rencontres des mauvais départs, Grenoble va remettre ça de manière caricaturale. Dès l’engagement, les Isérois se ruent à l’attaque et en oublient de revenir en défense derrière, ce dont profite à merveille Hoehe qui perfore Mustukovs plein axe après 0’45. (1-2)
A nouveau pris en défaut par des visiteurs opportunistes, Grenoble ne va pas cette fois mettre longtemps à égaliser. À 23’16, Kalus récupère un palet renvoyé par la défense et fait tranquillement le tour du gardien au sol pour une égalisation pleine de sang-froid, elle-même annonciatrice d’une course-poursuite très agréable à suivre pour le public. (2-2)
Grenoble va subir ensuite un jeu de puissance dangereux mais parvenir à préserver l’essentiel. Mieux, les Grenoblois ne vont pas laisser passer l’occasion lorsqu’ils seront à leur tour en avantage numérique quelques minutes plus tard.
Un lancer de Chouinard est dévié par Perret qui trompe Hiadlovsky et permet, pour la première fois de la rencontre, aux joueurs de coach Terglav de prendre l’avantage à 28'09.
Pourtant, la fragilité défensive des Grenoblois aux instants clés va à nouveau se confirmer avec le doublé de Goldberg qui inscrit son deuxième but d’un tir croisé moins de trente secondes plus tard à 28’38. (3-3)
La seconde moitié de la période voit les deux équipes bénéficier de plusieurs pénalités qui vont ainsi donner 0'52 de killing play à Grenoble mais on va rentrer au vestiaire sur un score de parité qui reflète assez bien la rencontre.
Les adversaires du soir, plus fatigués, vont chacun manquer d’énormes occasions. Après une reprise pétaradante offensivement, les moteurs se calment et les deux défenses parviennent à mieux compenser les décalages.
Bien difficile alors de savoir qui va l’emporter, les perspectives d’une prolongation devenant de plus en plus crédibles au fil des minutes. Pourtant, à 54’27, De Concilys, bien servi par Chipaux, lance en angle sur la cage grenobloise et le palet est dévié par le remuant Burgert qui trouve la faille.(3-4)
Malgré plusieurs grosses occasions en fin de rencontre, dont un poteau de Bouchard, Strasbourg parvient à conserver un résultat et donc une victoire à l’extérieur idéale pour la première journée de compétition.
Tirs 13/9 Grenoble
Engagements 14/8 Grenoble
Miroir mon beau miroir
Alors qu’une partie de la presse (pas nous !) les voyait en fin de classement cette saison, les joueurs de coach Bourdages ont en tout cas bien commencé. Si l’effectif peut paraître plus léger que d’autres, en particulier en matière de profondeur de banc, le groupe compte tout de même sur un gardien solide ainsi que sur deux paires défensives de qualité, à l’image d’un Goldberg qui est sans doute sous-coté en Magnus.
Offensivement, Strasbourg propose un jeu agréable et construit avec une volonté de bien jouer les relances et de créer des décalages offensivement grâce à une certaine vitesse que d’aucuns pourront trouver acquise au détriment de plus gros gabarits. Nous voulons dire par là que certaines options paraissent suggérer un choix de recrutement tourné vers des capacités de contre-attaque au détriment d’affrontement physique plus rugueux le long des bandes. Et bien pourquoi pas puisque cela paraît amener un jeu collectif de qualité que l’on retrouve dans les équipes spéciales. Sans disposer d’individualités très marquantes à l’exception ce soir de Hiadlovsky et Goldberg, Strasbourg a su séduire grâce à plusieurs belles prestations de jeunes joueurs comme Saint-André et Chipaux ou encore Hoehe qui paraissent bien connaître le rôle dans un collectif déjà bien rodé et propre. Un bon cru alsacien capable de lutter avec ses moyens et qui dispose avec coach Bourdages de l’expérience nécessaire pour se sortir d’une saison très compliquée vu le nombre d’équipes vouées à descendre.
Photographe Laurent Lardière
La seconde déconvenue consécutive de Grenoble à domicile et face un adversaire théoriquement plus faible questionne et inquiète. On peut faire plusieurs constats. Le premier est que le problème ne vient pas du manque de talent individuel puisque cette équipe en regorge. Ce talent lui a d’ailleurs permis de tenir son rang en Coupe des Champions, ce qui souligne un potentiel évident et une capacité à mouiller le maillot et faire front, tout au moins lorsque tout l'effectif le veut.
Le second constat qui est flagrant ce soir est la difficulté à proposer un véritable fond de jeu, avec une circulation de palet qui commence par des sorties de zone propres et qui se termine avec des actions offensives susceptibles de créer des décalages et donc du danger. Ce déficit, qui explique en bonne partie la déconvenue de ce soir, met en avant l’individualisme de certains joueurs et la difficulté apparente à faire coexister certains égos sur la glace. Ce ne sont pas tant les arrières qui sont concernés car, hormis quelques pénalités évitables avec dans le genre une mention spéciale pour Harty, ils laissent ce soir une impression plutôt favorable. De même, dédouanons Mustukovs de toute responsabilité en soulignant qu’il a préservé Grenoble d’une défaite plus large avec une performance de qualité malgré ses trois buts.
C’est plutôt du côté des attaquants que l’on trouve à redire avec des prestations et parfois des attitudes discutables. On a pu être une "star" et avoir joué à un plus haut niveau, on doit tout de même faire les efforts défensifs et s’arracher offensivement pour transmettre le palet au partenaire avec le 10ème de seconde qui fera la différence.
De ce point de vue, plusieurs éléments ont, ce soir, montré un peu plus, à l’image de Labrecque, mais les prestations de certains cadres restent problématiques, à l’image d’un Chouinard très en retrait par rapport à la saison dernière et surtout d’un Thinel (1 tir cadré ce soir) dont les 70 points en ECHL avec Missouri l’an dernier restent un mystère vu son rendement actuel qui ne justifie en rien sa place sur l’un des deux premiers trios grenoblois et son temps de jeu. A l’évidence, tout l’effectif doit être mis en concurrence et la place de chacun reprécisée et recadrée si nécessaire. Après, si l’on enlève la Coupe d’Europe qui peut se révéler parfois trompeuse pour juger certaines performances, l’équipe ne compte que deux matchs, ce qui est bien peu pour bien comprendre la situation. L'avantage de ces résultats négatifs, c'est qu'ils pourront servir le staff pour tirer la sonnette d’alarme et revoir la copie, ce qui pourrait conduire à s’interroger quelque peu sur la hiérarchie mise en place au sein de l’équipe. Mieux vaut cette solution que des victoires à la Pyrrhus qui évitent les remises en cause jusqu'à l'effondrement du château de cartes final. Il semble évident que les semaines qui viennent vont permettre d’y voir plus clair. On peut considérer, comme souvent avec des équipes talentueuses, que le principal adversaire n’est pas forcément dans le vestiaire en face du vôtre mais qu’il apparaît lorsque vous vous regardez dans un miroir.
(1) Allusion à la chanson de Gold, Capitaine Abandonné de 1986...Toute référence à Eric Chouinard est totalement fortuite, n'insistez pas!