Dans une patinoire moyennement pleine avec un match en semaine face à une équipe de bas de classement, un hommage était rendu aux victimes du terrorisme avant que l'arbitre suisse de la rencontre ne donne le coup d'envoi, un directeur de jeu dont nous reparlerons.
| Photographe Jean Christophe Salomé | | Tout simplement morne...
Le début de rencontre propose une explication équilibrée entre les deux équipes, pas spécialement désagréable à voir avec tout de même quelques occasions de part et d'autre, mais sans que l'on ait de quoi s'enthousiasmer. Il manque côté grenoblois le déclic pour ouvrir le score, tandis que les Pingouins proposent un match sérieux avec une défense efficace autour d'un Hare qui va progressivement monter en puissance.
Après quelques frappes directement sur les gardiens, les Grenoblois vont se procurer de trop rares occasions sur la période avec un joli slalom de Jalbert qui trouve Hare, avant que Zajkowski ne réponde à son tour à un lancer de Morgan à 9".
Une blessure au visage de Bouchard, qui rentre le nez en sang au banc des siens, conduit à une 2+2 à 11"48 qui pourrait permettre de préciser l'affaire côté Grenoble, las les joueurs de Martel paraissent franchement dans un jour "sans" avec plusieurs tentatives dont une reprise très mal négociée de Petit, bien discret ce soir, ou encore un lancer de Chouinard sur une faute de défense des Haut-Savoyards.
En face, plusieurs contres soulignent justement le danger potentiel, mais les deux gardiens font le métier et les équipes rentrent au vestiaire après une première période bien terne et sans saveur.
Notons que dans les couloirs, l'encadrement morzinois se félicite à juste raison du rythme bien lent qui permet aux Pingouins de donner facilement la réplique et, espère-t-on, de profiter des contres. Une évaluation pertinente de la part des Pingouins de Madagascar, pardon de Morzine Avoriaz Les Gêts, pour proposer une analogie sympathique avec un dessin animé aux dialogues fort drôles que l'on ne peut que recommander.
Engagements 10/4 Grenoble
Tirs 10/8 Grenoble
Des Pingouins Hare-queboutés en défense
La seconde période reprend avec des Grenoblois visiblement sermonnés dans le vestiaire et qui vont mettre une pression plus forte sur les buts de Hare. Ce dernier va ainsi dire "non" trois fois de belle manière à 23' sur une rafale, et les visiteurs vont également résister à un jeu de puissance à 26'33, proposant quelques contres sur des temps faibles grenoblois. Les Brûleurs vont même commencer à s'énerver devant leur totale inefficacité au fil des minutes, mais sans proposer des actions tranchantes ni un collectif qui puisse permettre de résoudre l'impuissance offensive collectivement. Il faut dire qu'en face, Hare est passé d'un bon début de rencontre à une excellente prestation et repousse des tentatives qui, pour la plupart, manquent, il est vrai, soit de puissance, soit de précision.
La pause souligne une rencontre bloquée et à laquelle il manque un véritable rythme et des actions tranchantes, étant entendu que ce type de scénario peut parfaitement sourire à l'équipe supposée la plus faible.
Tirs 15/2 Grenoble
Engagements 11/10 Morzine
| Photographe Jean-Christophe Salomé | | Chouinard, Docteur Jekill et Mister slap
La dernière période va rompre avec la relative monotonie antérieure et proposer un scénario qui tourne uniquement autour du capitaine grenoblois.
Après une reprise un peu plus rapide et ponctuée d'une occasion de Perret, on se prend à considérer les nouveaux changements au sein des trios grenoblois qui n'ont pas eu, à tort ou à raison, beaucoup de stabilité depuis le début de la rencontre, Martel paraissant logiquement chercher des solutions face à l'apathie d'une bonne partie de son effectif.
A 43'32, Chouinard est envoyé en prison par l'arbitre suisse dont le nom ne nous a pas été communiqué...et après un premier tintement du poteau de Zajkowski, ce dernier ne peut rien sur une succession de belles passes qui terminent sur Hromas qui ouvre le score à cage largement ouverte. (0-1 à 4'05)
Grenoble va alors accentuer sa pression et provoquer plusieurs situations dangereuses, mais Hare poursuit son excellent travail qui frustre clairement des attaquants grenoblois.
Morzine va proposer plusieurs contres intéressants qui échouent sur Zajkowski, la défensive iséroise paraissant souvent à la peine avec des mises en échec non terminées et un certain manque de vigilance face aux joueurs adverses en position de tir.
A 49'17, Petit est sanctionné d'une mineure, avant que Chouinard ne se voit infliger une autre 2' pour avoir protesté auprès de l'arbitre suisse. Cette décision va provoquer l'incompréhension des Grenoblois qui attendaient une 10' logique pour méconduite et non une seconde mineure conduisant ici à un 3x5. Nous sommes désolés de dire qu'après avoir consulté plusieurs arbitres, la décision reste pour nous totalement incompréhensible et constitue le point d'orgue d'un arbitrage très médiocre ce soir et bien inférieur aux meilleurs zèbres tricolores.
A 49'39, Morzine ne laisse pas passer l'occasion et va doubler la mise grâce à Gray, le palet bien lancé paraît dévié au fond de la cage de Grenoble. (0-2)
A l'origine des deux buts des Pingouins, Chouinard va alors canaliser son mécontentement, que l'on peut comprendre en partie, et conduire ses partenaires à l'assaut de la cage d'un Hare qui semble bien parti pour un blanchissage avec la part de réussite et de chance qu'il faut dans ce genre de soirée.
Pourtant, après un jeu de puissance confus des Grenoblois, Captain Chouinard va faire parler son talent et remettre les pendules à l'heure, croit-on, en moins de 30 secondes.
A 55'04, le Canadien claque une lucarne dont il a le secret et remet Grenoble dans la rencontre. (1-2)
A 55'35, il frappe de l'aile et son palet bas termine au fond des filets de Hare qui vient d'encaisser deux buts venus d'ailleurs. (2-2)
Tandis que Morzine prend un temps mort et que le public chavire, on ne donne pas cher de la peau des visiteurs avec la dynamique en place.
La fin de période, marquée par une cage morzinoise qui bouge, phénomène que l'on retrouvera en prolongation et qui pouvait conduire à une sanction mineure, ne donne rien.
Tirs 21/15 Grenoble
Engagements: 17/16 Morzine
48 secondes
48 secondes en prolongation, le temps pour Dobron d'inscrire le but victorieux de Morzine sur pratiquement la première tentative des Pingouins. Laissé seul de longues secondes à l'aile, l'intéressé prend tout son temps pour frapper, son palet dévié par Lessard terminant au fond de la cage de Zajkowski, un poil décevant sur l'affaire, vu la puissance très moyenne du palet. (2-3 à 60'38)
| Photographe Jean Christophe Salomé | | Evaluation : bilan très mitigé...pour ne pas dire plus
Avec un effectif qui ne joue pas théoriquement dans la même catégorie que Grenoble, avec quelques absences, avec une rencontre à l'extérieur, on ne peut que saluer la victoire des Pingouins ce soir. Un victoire acquise défensivement, particulièrement en seconde période, autour d'un Hare de grande qualité et élu logiquement meilleur joueur de son équipe. Sans disposer d'autres individualités flamboyantes, Morzine a eu pour mérite d'y croire, de s'accrocher, et même par moment d'endormir des Grenoblois qui semblaient amorphes. Si tomber le leader doit normalement permettre de prendre confiance, Morzine en a besoin avec la victoire de Caen, ce soir, qui resserre les dernière places et rend plus incertain l'identité des deux dernières équipes qui devront disputer les playdown de fin de saison. On peut espérer que les Pingouins auront la ressource pour terminer devant les deux derniers, et la rencontre de ce soir souligne qu'ils en ont les moyens.
Lorsque l'on rencontre la 12ème équipe au classement, que l'on est en tête de la ligue Magnus, que l'on évolue chez soi et sans aucun blessé à déplorer, comment peut-on définir la prestation grenobloise de ce soir ? Comme une contre-performance, expression qui a pour mérite de laisser penser qu'il s'agit d'un accident passager mais qui va rappeler aux supporters certaines prestations de la saison dernière. Après deux périodes insipides, Grenoble peut évoquer une erreur d'arbitrage pour le second but de Morzine, et ce n'est pas faux, mais les Brûleurs méritaient-ils de s'en sortir après pareille prestation ? Ne pouvaient-ils pas prendre le dessus en prolongation ? On aurait pu comprendre que les joueurs de Martel tombent face à un grand Rouen ou un Chamonix toujours difficile à jouer mais, sans manquer de respect à Morzine, on ne peut pas dire qu'hormis le gardien, l'équipe soit à ranger dans la même catégorie que les Dragons et Chamois. Toujours dépendants d'un Chouinard à son niveau mais également à la faute ce soir, Grenoble possède de beaux joueurs mais qui, pour certains, sont clairement très irréguliers. Passons sur les Bouchard, Treille et Lafance, qui ont fait globalement le travail, pour regretter une nouvelle fois les "absences" de Petit, Sivic et Lessard, pour ne citer qu'eux. De ce point de vue, il serait important de souligner une vérité : un joueur étranger, et particulièrement Canadien, n'est pas forcément meilleur qu'un Français tous les soirs. Voir un Simonneau jouer aussi peu, quand on connaît l'importance qu'il avait à Villard, oui la petite équipe qui avait sorti Grenoble en playoffs il n'y a pas si longtemps, tandis qu'un Lessard hérite d'un temps de glace qu'il ne mérite pas questionne. De même, quitte à mélanger tous les trios et faire de l'essai constant toute la soirée, certains jeunes pouvaient, ce soir, remplacer avantageusement plusieurs cadres dont on cherchera vainement l'apport. Autre remarque, illustrée encore une fois ce soir par les deux buts de Chouinard, Grenoble paraît toujours en-dessous, concernant le jeu collectif proposé. Si cette vérité peut être atténuée par rapport aux équipes de bas de classement, la comparaison avec les cadors de la division n'est pas à l'avantage des BDL et, même si la finale de Méribel fut gagnée, selon nous, en bonne partie par le talent individuel de certains joueurs, le fond de jeu était plus normand que dauphinois à cette occasion. Bref, on aura compris que cette rencontre est à oublier pour Grenoble mais, même s'il faut savoir raison garder, en considérant que l'on est pas leader de Magnus pour rien, et que pareil accident arrive généralement à quelques reprises dans une saison, il semble nécessaire de se montrer très vigilant envers certains joueurs dans les semaines à venir et ne pas hésiter à bousculer la hiérarchie apparente.
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