L’Etoile Noire, la bête noire d’Amiens ? C’est ce que laisserait penser les cinq succès de Strasbourg face aux hommes de Heikki Leime l’an passé, en saison régulière et en play-off, et les deux en Coupe de la ligue cette année. Mais la victoire 4-1 des Gothiques en championnat le 2 novembre dernier sur leurs terres autorise tous les pronostics entre deux équipes qui se tiennent encore au classement (4 points d’écart).
Arbitres : Mr Fabre assisté de Mme Boniface et de Mrs Courgeon
Buts : Strasbourg : 01.33 Jan Cibula (ass Michal Cesnek) ; 03.05 Sébastien Trudeau (ass Elie Marcos et Cody Carlson) ; 33.17 Julien Correia ; 34.39 Sébastien Trudeau (ass Hugues Cruchandeau) Amiens : ; 18.22 Johan Ohlsson (ass Ilpo Salmivirta et Romain Carpentier) ; 36.34 Martin Gascon (ass Ilpo Salmivirta) ; 40.57 Ilpo Salmivirta (ass Martin Gascon et Jimi Santala)
Pénalités
10 minutes contre Strasbourg
10 minutes contre Amiens
Lignes Strasbourg
1ère ligne : Trudeau/Marcos/Pardavy [Carlson-Suchanek]
2ème ligne : Cibula/Dufournet/Correia [Turcotte-Stritz]
3ème ligne : Bourgaut /Michel/Burgert [Cesnek-Cruchandeau]
Absents : Lyall, Baeumlin
Lignes Amiens
1ère ligne : Bouchard/Claireaux/Ouimet [Baazzi-Santala]
2ème ligne : Salmivirta/Gascon/Serer [Olsson-Dusseau]
3ème ligne : Arnaud/Bastien/Bault [Bachet-Leclerc] Les Gothiques pris à froid
Pas de round d’observation entre les deux formations qui se sont déjà croisées trois fois cette année. L’Etoile Noire prend d’entrée les Gothiques à la gorge. Cesnek, de la zone strasbourgeoise, alerte Cibula posté à la ligne bleue. Le vétéran slovaque part en break et parvient à lober Sopko du bout de la crosse pour une ouverture du score assez originale (1-0 à 1’33, but de Jan Cibula assisté de Michal Cesnek).
Moins de deux minutes plus tard, les jaunes et noirs enfoncent déjà le clou. Marcos donne le palet à Trudeau juste derrière la ligne du hors-jeu. Le Canadien s’avance vers Sopko et tente de redonner à son capitaine, mais sa passe est contrée par Baazzi. Il récupère néanmoins le palet, contourne le jeune défenseur formé à Strasbourg, et lance dans le haut du filet (2-0 à 3’05, but de Sébastien Trudeau assisté d’Elie Marcos et Cody Carlson).
Photographe : Christophe Moreau
Sur la remise au jeu suivante, Correia perce la défense picarde et touche l’épaule de Sopko. Amiens peine à exister jusque-là, mais la rencontre va petit à petit s’équilibrer. Olsson, de la bleue, envoie dans le trafic pour la première tentative des Gothiques (3’52). Bourgaut slalome dans l’arrière-garde adverse mais lance au-dessus après un bon cycling en zone offensive de sa ligne (5’13). Bault réplique en contre (5’30) avant d’être imité par Bouchard plein axe (6’28), mais les deux occasions sont neutralisées respectivement par la mitaine et la jambière de Hiadlovsky.
Le match se poursuit sur un tempo rapide avec de nombreux revirements de part et d’autre. Une première pénalité est appelée à l’encontre de Turcotte pour dureté et de Serer pour crosse haute (9’27). David Bastien perfore au centre du dispositif alsacien. Si un puck-check de Hiadlovsky l’empêche de marquer, il obtient toutefois un power play grâce à un accrocher de Suchanek (10’08). L’unité spéciale amiénoise s’efforce de trouver des bonnes combinaisons, en vain. Bouchard, excentré, slappe par deux fois à côté (10’48).
Revenu à égalité numérique, les locaux s’offrent deux contres foudroyants, via la paire Cibula-Correia d’abord (12’22) puis Pardavy-Trudeau (14’06). Sous la pression, Salmivirta se rend coupable d’une obstruction (15’59). Le power play strasbourgeois n’est pas en meilleur forme que l’amiénois, seule cette déviation de Suchanek dans le slot d’une frappe de Carlson à la bleue aurait pu faire mouche (17’46). Au vu de la configuration de cette première période, les hommes de Daniel Bourdages auraient pu espérer rentrer au vestiaire avec ce double avantage. C’est compter sans Salmivirta qui remporte un duel contre la bande dans l’angle de la patinoire. Il suit la ligne rouge en direction de la cage et transmet à Johan Olsson de l’autre côté qui contourne Hiadlovsky par devant. Le gardien se jette et le Suédois temporise pour marquer dans la cage ouverte (2-1 à 18’22, but de Johan Olsson assisté d’Ilpo Salmivirta).
Une réduction du score plutôt bien payée si on considère le manque de rapidité et de précision des Gothiques sur cette période.
Tirs cadrés : 11/6 Amiens
Engagements : 9/5 Amiens Strasbourg part en break faire le break
Si le premier vingt avait démarré sur les chapeaux de roues, le second baisse d’intensité et part sur un faux rythme. Gascon touche le bras de Vladimir Hiadlovsky en entrant en zone depuis le centre (21’43) avant que Mathias Arnaud n’atteigne sa botte (2’50). Bouchard écope d’une prison pour cinglage (23’36) mais, là encore, le jeu de puissance ne convainc guère avec pour unique tentative un shoot dans l’axe de Cesnek dans le trafic (24’41).
La première partie de la période reste à avare en occasions franches, mais la seconde va voir les choses se décanter. Valentin Claireaux manque de scorer au second poteau suite à un rush de Bouchard sur l’aile qui repique à la cage (29’40). Bastien s’escrime par deux fois à faire rentrer le palet après un engagement remporté en zone offensive (30’32). Deux pénalités successives, attribuées à Turcotte pour retenir (30’47) puis à Carlson pour accrocher (31’31), offrent une réelle opportunité aux hommes d’Heikki Leime d’égaliser, mais leur manque d’efficacité à cinq contre trois signe probablement le tournant du match. Les Amiénois sont trop statiques, Gascon slappe une première fois (31’58) avant que Cesnek sauve un but en dégageant le palet derrière la cage (32’25). Pire pour les Gothiques, Correia dérobe le puck de la palette de Bouchard qui s’apprêtait à rentrer dans la zone strasbourgeoise, et part en break battre Sopko d’un tir croisé à ras de glace pour fêter dignement son anniversaire (3-1 à 33’17, but de Julien Correia, en inf. num.).
Photographe : Christophe Moreau
Un peu plus d’une minute plus tard, Trudeau aggrave la note d’une action similaire. Hugues Cruchandeau trouve le sniper québécois en embuscade. Ce dernier est pris au marquage par un défenseur mais il remporte la lutte pour la possession de la rondelle et s’en va crucifier l’expérimenté portier de la Somme (4-1 à 34’39, but de Sébastien Trudeau assisté d’Hugues Cruchandeau).
Un écart conséquent s’est creusé au tableau d’affichage et on voit mal les Gothiques renverser la donne avec un tel niveau de jeu. Rien n’est encore fait cependant, et le shoot de Bouchard qui frôle le poteau sonne comme une première mise en garde (35’49).
Et de fait, les Amiénois réussissent encore à réduire la marque avant le coup de buzzer. Les Strasbourgeois sont à la relance dans leur zone et les cinq joueurs se projettent vers l’avant en négligeant Martin Gascon dans l’enclave. Salmivirta, lui, ne l’a pas oublié et, du centre de la meute adverse, parvient à lui passer le palet. Personne ne peut empêcher le maître à jouer picard de lancer en pleine lucarne (4-2 à 36’34, but de Martin Gascon assisté d’Ilpo Salmivirta).
Les locaux poussent en fin de tiers à l’image de cette inspirée passe du revers de Trudeau pour Pardavy (37’52) ou encore ce nouveau break de l’ailier canadien qui se fait voler son hat-trick par un Ramon Sopko peu désireux de se faire piéger deux fois de suite (38’18).
Malgré les deux buts d’écart, les visiteurs ne lâchent rien et maintiennent le suspense grâce à leur attaquant en forme. Gascon remonte toute la patinoire et décale sur sa droite Salmivirta qui décoche un slap shot en plein lucarne, imparable (4-3 à 40’57, but d’Ilpo Salmivirta assisté de Martin Gascon et Jimi Santala).
Photographe : Christophe Moreau
Les débats restent équilibrés avec, d’un côté, un rush à la cage et une tentative du revers de David Bastien (44’19) et, de l’autre, un superbe slap de Cibula stoppé par une non moins superbe mitaine de Sopko (45’40). Olsson procure une nouvelle supériorité aux Alsaciens (46’18), qui ne parviennent toujours pas à poser leur jeu avec pour maigre résultat une frappe de Stritz sur la botte (47’48).
De retour à cinq contre cinq, Pardavy livre Burgert dans le slot qui ne peut reprendre (49’36), Vlad s’impose devant Claireaux suite à une erreur de relance (49’58). Les essais se multiplient dans les deux camps, avec Correia qui trouve une mitaine (50’49) et Gascon Salmivirta en retrait (51’02). Carlson catapulte la rondelle depuis la ligne bleue, on pense que le palet est rentré mais il est resté bloqué au premier poteau... côté extérieur (53’49).
Hiadlovsky s’interpose encore devant des frappes peu dangereuses de Baazzi, Santala (54’17) puis de François Ouimet (54’49). David Bastien commet une crosse haute sur Elie Marcos au plus mauvais moment de la partie (56’41). Strasbourg n’est pas spécialement menaçant en power play mais Heikki Leime doit attendre avant de sortir son gardien (58’59). Pardavy donne à Trudeau mais son tir en cage vide est contré. Le coach d’Amiens prend son temps mort (59’13) et peut ressortir Sopko après un gros ratage de Cibula servi par Correia (59’36). Pardavy octroie une ultime pénalité pour accrocher (59’47) mais pas de miracle, cette fois-ci le scénario cauchemardesque de Dijon ne se reproduit pas et Strasbourg met fin à sa série de défaites.
Strasbourg a réussi à s’imposer en tirant profit des erreurs de marquage de l’arrière-garde amiénoise. Mais l’Etoile Noire doit encore régler ses propres errements défensifs qui ont ce soir facilité la tâche des Gothiques pas franchement dans le coup. Si le penalty kill progresse indéniablement, le power play, lui, suit une courbe inverse. Avec 17,35%, il chute à la sixième place alors que le PK, avec 79,41%, remonte à la dixième place. Au classement général, Strasbourg reste collé à la 9e place, mais la 8e n’est qu’à deux points seulement. Celle-ci est d’ailleurs maintenant occupée par... les Gothiques, qui chutent ainsi de leur sixième place. Samedi prochain, les Strasbourgeois ont la possibilité de rester sur une dynamique positive face aux Albatros de Brest, tandis que les Amiénois devront relancer la machine face aux Ducs de Dijon.
« Je ne comprends pas, on parle beaucoup, mais y'a rien qui se passe sur la glace. Spécialement les débuts de match, c’est toujours la galère, on donne deux-trois cadeaux et après c’est très dur de gagner le match. C’était pareil à Caen, on donne des buts et après c’est très dur de revenir. On n’arrive pas à faire de passes, je ne sais pas quoi dire, on a beaucoup parlé, mais on n’arrive pas à faire les choses comme il faut. C’est trop facile pour l’adversaire de marquer, on donne des breaks away et tout. Si on continue comme ça, la saison va être courte, il faut que tous les gars se regardent dans le miroir et se demandent ce qu’ils pourraient faire mieux. Le remède c’est qu’il faut travailler à 100%, chacun à son rôle, et après si tout le monde donnait tout... On n’est pas prêt pour les play-offs, il faut qu’on remonte le niveau. »
Réactions Daniel Bourdages (Strasbourg)
« Tous les matchs se suivent mais ne se ressemblent pas. La dernière fois qu’on a joué contre eux, chez eux, ils n’avaient pas Salmivirta, Gascon et Baazzi. Nous on était au complet je crois, mais ils nous ont battus. C’était peut-être le pire match qu’on a fait. Ce soir, nous, il nous manque Matt Lyall et Julien Baeumlin, eux sont au complet, et je trouve qu’on fait un excellent match. Je crois qu’on mérite notre victoire.
On doit encore progresser en power play, les gars en sont conscients, je pense que je vais apporter des petits changements nécessaires. Ils le savaient d’ailleurs qu’ils devaient produire, sinon il y aura des petites modifications. Sinon à 5 contre 5 je trouve que l’équipe joue de mieux en mieux. Encore une fois, les statistiques nous font mentir ce soir parce qu’on a un des moins bon Penalty Kill, et ce soir on gagne à cause du PK, on tue des trois contre cinq, des trois contre quatre, on marque des buts à quatre contre cinq. Donc ce soir la victoire est d’autant plus belle qu’il a fallu souffrir en bloquant des lancers et en jouant bien en infériorité numérique.
Grenoble, Dijon, sont revenus de l’arrière contre nous, ce soir on avait le pressentiment que ça pouvait arriver puisqu’ils marquent à une minute de jeu de la troisième période. J’ai vu un peu de panique chez les joueurs, un peu d’inquiétude. C’était long à démarrer, le banc commençait un peu à être négatif, donc quelques uns ont poussé un gros coup de gueule pour rester très positif et continuer à jouer et je pense que ça s’est replacé par la suite. On a passé ce cauchemar : les come-back adverses. Je suis content qu’on soit passé au travers sinon c’aurait été psychologiquement très dur. »
HH : Vous avez depuis plusieurs journées un joueur dans les toutes premières places du classement des pointeurs, Jan Pardavy, ça fait longtemps que ça n’était pas arrivé à l’Etoile Noire...
« Oui la saison passée, c’est ce qu’on savait qu’il nous manquait. Cette saison, ça a commencé avec Dufournet, Pardavy et Trudeau. Il y a eu la blessure de Dufournet, Elie Marcos l’a remplacé au moment où justement cette ligne-là commençait un petit peu à tirer de la patte. Elie les a reboostés, dans un différent style, et pour l’instant ça fonctionne très bien. Je pense que ça pourrait même marcher avec vous pour jouer avec Pardavy, il faut juste mettre la palette sur la glace, se démarquer et on a des chances de marquer des buts ! Non sérieusement, je lui dis ça souvent à la blague à Pardavy, avec mes cinquante ans j’ai envie de recommencer à jouer et à aller marquer un petit but ! Parce que c’est un passeur formidable, et puis il est d’une générosité... parfois un peu trop grande. »