Le début de rencontre voit deux équipes vigilantes tenter de bien se positionner à mi-glace, avec quelques banderilles de part et d'autre.
L'impression de voir des Grenoblois un poil plus rapides, et donc susceptibles de se montrer un peu plus dangereux que les visiteurs, s'impose après une tentative d'Arrossamena sur Ylonen à 4'40, suivi d'un palet manqué par Ouimet avec pourtant le gardien au sol à 5'40.
Les deux défenses présentent alors quelques faiblesses, et les deux gardiens font le métier sans avoir, il est vrai, de très gros arrêts à effectuer.
Mais la relative lenteur des Normands en sortie de zone, conjuguée à certaines phases de jeu très brouillonnes avec des changements volants à revoir et des palets récupérés à mi-glace par des Grenoblois plus à l'aise dans l'échec avant et arrière, va caractériser la rencontre. Sans que Grenoble ne domine vraiment, l'utilisation, même limitée, de la profondeur de banc face à une formation qui joue à trois lignes paraît un réel avantage.
Un brassage après un lancer sur Ylonen à 10'34 envoie deux joueurs en prison, provoquant un 4x4 qui sera rapidement interrompu par une faute grenobloise qui fait suite à un superbe plongeon rouennais, Monsieur Bourreau, un peu loin de l'action, s'y laisse prendre, ce qui va permettre un jeu de puissance des Normands.
Pourtant en infériorité numérique, le duo Mc Grane-Vaskivuo va encore frapper avec un mauvais replacement défensif rouennais.
A 13'09, Mc Grane propose une très grosse frappe plein centre qui revient après avoir rebondi sur Ylonen, son compère Vaskivuo poussant alors le palet au fond. (1-0)
Après avoir essuyé une charge de Le Blond qui pouvait être sanctionnée, les arbitres laissant jouer et se méfiant désormais avec raison des simulations proposées par certains joueurs, Desrosiers va se faire justice et prend deux minutes qui ne donneront rien, l'intéressé allant encore se plaindre auprès des arbitres à la pause.
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Photographe Jean Christophe Salomé |
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Un champion de France très décevant
Rouen peut-il accélérer et mieux jouer ? C'est bien cette question qui flotte au-dessus de la tribune de presse dès la reprise, avec deux équipes qui se font à nouveau des politesses en défense.
Tartari, très présent ce soir, se crée une belle occasion avant que Stefanka, servi à la bleue, plein axe, échoue sur Raibon qui dit non à 22'.
Pourtant, on a l'impression que le champion de France flotte de plus en plus, avec des défenseurs à la peine, sauf Janil et Guillemain (quand il joue), et des attaquants en manque de vitesse, sauf les jeunes tels Guttierrez et Benoit quand ils jouent...Si le positionnement est bien au point, la vitesse manque pour créer des décalages significatifs et Grenoble a pratiquement toujours le dernier mot à mi-glace, provoquant des revirements et offrant un hockey à l'énergie avec certaines inspirations positives.
Malgré quelques coups de pattes d'un Thinel toujours technique, mais systématiquement repris quand il tente de partir, Guenette et surtout Castonguay étant semi-transparents, on ne voit pas bien ce qui pourrait éclairer l'affaire côté visiteurs.
Pourtant, à 30'55, Fredriksson lance près du cercle d'engagement et trompe Raibon qui se troue totalement en mitaine pour une égalisation bienvenue pour des Rouennais très en dedans. (1-1)
Comment Grenoble va-t-il encaisser ce retour ?
De la meilleure manière, avec un nouveau but de qualité qui fait suite à une percée de Le Blond qui sert Tartari plein axe, lequel y va d'une lucarne pour redonner de l'air aux Brûleurs à 31'17. (2-1)
Rouen semble en grande dificulté avec des replacements approximatifs et des cadeaux à l'adversaire.
A 32'44, un lancer assez appuyé d'Arrossamena sur Ylonen revient sur Briand qui glisse dedans avec autorité, reléguant Rouen à deux longueurs. (3-1)
Un temps mort visiteur vient remettre un peu d'ordre dans la maison, les minutes suivantes soulignant la relative fatigue rouennaise au retour sur le banc, Grenoble contrôlant le jeu à mi-glace sans prendre de risque.
Les Brûleurs en contrôle
La dernière période verra Grenoble devoir défendre après plusieurs pénalités évitables, mais Rouen ne va pas briller sur son jeu de puissance.
Une occasion plus franche voit Thinel, servi à la bleue, filer au but à 44', s'écrouler sans que rien ne soit sifflé, logiquement selon nos confrères ayant vu la vidéo.
Tartari, en verve sur cette rencontre, va se créer deux occasions franches, Grenoble semblant contrôler l'affaire avec plus de vivacité face à des Rouennais qui commencent sérieusement à tirer la langue.
Avec quelques occasions en fin de période, dont une fort sympathique de Bedin qui échoue sur Ylonen à 54'35, la sortie de ce même Ylonen à 59' voit Grenoble plus proche d'inscrire un nouveau but que les Dragons de revenir au score.
La salutation d'après rencontre entre les deux équipes verra Julien Desrosiers amorcer une explication avec son "ami" Le Blond lors du salut final des deux équipes avec, à la clef, une intervention vigoureuse et bienvenue des arbitres, un comportement qui souligne la frustration mais qui peut étonner de la part d'un international français d'expérience.
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Photographe Jean Christophe Salomé |
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Match référence pour Grenoble et soirée "sans" pour Rouen ?
Les champions de France ont livré ce soir une prestation plus que médiocre du côté de Pôle-Sud, proposant un hockey dont on peine à croire qu'il soit habituel pour des Normands que l'on sait capables de beaucoup mieux, enfin on espère pour eux car sinon les playoffs pourraient réserver une cruelle désillusion et ceci avant la finale. C'est le manque de vitesse et d'impact qui questionne le plus avec, à la clef, une réelle facilité pour l'adversaire à contrer les mouvements, bloquer les couloirs de passe et développer des attaques face à une défensive amorphe. Les Tavzelj, Lahesalu, et autres Durak sont clairement, sur ce match, très en deça de ce qu'un club comme Rouen peut attendre de ses renforts étrangers. De même offensivement, on est bien forcé de s'interroger sur le rendement de Salmivirta, Castonguay et même Guenette ce soir.
Le problème de Rouen, au-delà d'une gestion du banc qui questionne toujours, est ce choix de tourner à trois lignes avec plusieurs joueurs que le format et l'âge rendent moins efficaces au fil des minutes. On peut donc s'interroger du manque d'utilisation des jeunes qui pourtant font de très bonnes choses quand ils sont sur la glace à l'image d'un Guttierrez qui, lui, ne manque ni de vitesse ni d'énergie, de Benoit et de Guillemain, pour n'en citer que quelques-uns. Rech est-il blessé alors qu'il figure sur la feuille de match sans entrer en jeu ?
Même si on peut supposer que le Rouen de ce soir ne sera plus le même en playoffs, il semble acquis que le Champion de France ne dispose pas forcément cette année d'une grosse marge face à ses riveaux directs, et une éventuelle explication avec un outsider sérieux comme Chamonix pourrait également être plus compliqué que prévu. On pourra, comme la saison dernière, espérer un retour de Lhenry, mais Ylonen n'a rien à se reprocher ce soir. Il est clair en tout cas que les très nombreux supporters des Dragons sont en droit d'attendre autre chose de leur équipe, comme tous les amateurs de hockey en France qui ont suivi, saison après saison, les exploits de ce club indispensable au hockey français.
A Grenoble, doit-on voir cette rencontre comme un match référence ? On aurait envie de répondre par l'affirmative vu le calibre et le classement de l'équipe en face et, même si la prestation rouennaise de ce soir doit être relativisée (enfin on l'espère pour Rouen), il n'en reste pas moins que Grenoble a su passer à la vitesse au-dessus après une prestation à oublier contre Strasbourg. Si la hiérarchie au sein de l'équipe paraît stable, relevons la combativité de certains éléments critiqués plus tôt dans la saison comme Tartari, que l'on sent vraiment plus à l'aise pour passer mais également compter quand il le peut comme ce soir, et Desrosiers qui ne sera pas le scoreur attendu en saison régulière, mais qui a été élu meilleur joueur de la rencontre par son vestiaire, un hommage mérité à un patineur et gratteur infatigable ce soir et qui pourrait bien être utile lors des séries finales dans ce rôle plus obscur.
S'il semble désormais nécessaire de compter sur des trios stables, il faudra également confirmer cette tendance victorieuse lors de la prochaine explication face à Briançon, avant de terminer à domicile face à un concurrent direct pour la quatrième place, Morzine-Avoriaz. Mais Grenoble peut-il, comme l'année dernière, brouiller les pistes en playoffs ? Soyons clair, nous n'avons, comme tout le monde, pas la réponse mais il est certain que la débauche d'énergie et le jeu survitaminé, parfois brouilllon mais capable de fatiguer un adversaire avec moins de profondeur de banc, reste une solution sérieuse. Oui, Grenoble a déçu cette saison à maintes reprises, mais c'est également le cas d'une majorité d'autres équipes. Dans des playoffs qui pourraient réserver quelques très grosses surprises, et qui vont se jouer au meilleur des 5 matchs dès le premier tour, les décathloniens auront l'avantage sur les sprinters, de quoi donner quelques idées et motivations à des Brûleurs dont on a envie de croire qu'ils n'ont pas encore dit leur dernier mot avec de jeunes joueurs qui restent sympathiques même aux spectateurs les plus critiques.