Avec une patinoire à guichet fermé pour accueillir le champion de France, Grenoble avait à coeur de se reprendre après la déconvenue subie à l'extérieur face à la lanterne rouge brestoise. En face, des Dragons qui se cherchent davantage depuis la Coupe Continentale et qui allaient devoir se passer des services de Desrosiers et Riendeau respectivement blessé et papa.
| photographe : Laurent Lardière | F. Charland inscrit le but gagnant | Grenoblois jamais froid, Bonvalot toujours chaud
L'entrée un peu poussive de Rouen dans la rencontre permet quelques banderilles grenobloises qui mettent en avant les joueurs les plus rapides. Un peu plus à l'aise à mi-glace dans la récupération de palet, et avec un peu plus d'envie qu'un adversaire qui subit plusieurs mises en échec pour la plus grande joie du public, les Brûleurs se heurtent toutefois à un Lhenry qui en a vu d'autres.
Un brassage sans gravité à 4'09 envoie Thinel et Antonoff respirer l'air de la prison, pour un 4x4 qui voit Bonvalot repousser quelques tentatives souvent lointaines.
Un premier jeu de puissance rouennais à 6'07 permet de comprendre que le gardien grenoblois risque d'être particulièrement difficile à tromper ce soir, tandis que la défensive rouennaise, un peu lente, va céder en supériorité numérique.
A 7'50, Bedin vole un palet à mi-glace et file pour un double échange avec Perret qui, sur la seconde remise, va totalement surprendre Rouen avec un lancer entre le poteau et la jambière de Lhenry qui concède l'ouverture du score au dragster isérois (1-0) (photo)
Rouen va alors tenter de répliquer et la rencontre va s'équilibrer avec deux gardiens, auteurs une excellente prestation.
Mieux positionnés que les Grenoblois sur la glace, et avec une circulation de palet très efficace en attaque-défense, Rouen peut compter sur une majorité de gros joueurs physiques qui vont créer des décalages suffisants pour permettre des lancers et slaps dangereux mais pas décisifs, laissant l'impression qu'il manque un zeste de vitesse supplémentaire pour leur permettre de tuer le match. Relevons que les deux absents du soir, côté Dragons, évoluent précisément dans ce registre.
Côté grenoblois, volonté et vitesse sont au rendez-vous, avec la possibilité de contester le beau jeu d'échec rouennais, renverser certaines pièces et filer rapidement vers la terre promise.
Cependant, malgré un duel perdu par Rech et quelques occasions sérieuses de part et d'autre, on va en rester là pour la première période.
Tirs 9-8 Grenoble
Engagements 13-8 Rouen
Rouen au bombardement, Bonvalot a du répondant
La reprise montre Rouen revenir avec d'autres intentions et dérouler le jeu collectif et posé qu'on lui connaît, mais toujours avec un léger manque de vitesse qui permet à Bonvalot de poursuivre un festival qui ira crescendo tout au long de la rencontre.
Après une attaque-défense grenobloise en début de période, Rouen change de cylindrée et propose deux lancers de Guenette et Thinel qui trouvent les jambières d'un Bonvalot qui semble poser un gant sur la rencontre.
Des pénalités de part et d'autre ne donnent rien, Perret, encore lui, se procurant sans doute la plus belle occasion avec un palet qui semble trouver le poteau lors d'un jeu de puissance à 37'07.
La fin de période voit Rouen globalement dominer les débats, avec des arrières comme Janil et Tavelj qui donnent les palets en attaque défense à leurs attaquants qui contrôlent les bandes avec des déroulés offensifs de grande qualité.
La seconde pause souligne le réveil rouennais qui n'est cependant pas visible à la marque, mais le fond de jeu parle et permet davantage de tirs que l'adversaire. Cependant, le caractère trop systématique des tirs à la bleue finit par aider des Grenoblois qui se jettent et ne cèdent rien, à l'image d'un Lafrance vraiment omniprésent ce soir et d'un Amar dont on n'aura pas peur de dire qu'il a livré pour nous son meilleur match depuis deux saisons à Pôle-Sud.
Connaissant de réelles difficultés pour construire le jeu, Grenoble va souffrir de plus en plus et va céder en infériorité numérique après un slashing évitable de Tardif à 49'15.
Rouen, à 50'26, va marquer sur un slap de Janil qui touche le poteau droit de Bonvalot avant de rentrer au fond, égalisation méritée vu la seconde période proposée par les champions de France. (1-1)
Après un temps mort pris pour ajuster la mitaine de Bonvalot, la fin de période, plus physique, verra une belle bataille dans les bandes, Grenoble se créant deux occasions avant la sonnerie.
Tirs 10-20 Rouen
Engagements 17-16 Grenoble
| photographe : Laurent Lardière | | Que d'occasions manquées mais pour Bonvalot c'est OK
La troisième période, assez comparable à la seconde, va tout de même se dérouler avec un rythme à la baisse, et souligner les limites des deux équipes qui gâchent un nombre particulièrement élevé d'occasions. Chaque équipe aura ses attaques défenses et ses transitions avec, la plupart du temps, des lancers et slaps sur le gardien adverse, mais également un nombre élevé de reprises et passes décisives mal négociées. Un niveau de jeu où l'on patine davantage qu'à l'habitude à Pôle Sud cette année, intéressant mais pas transcendant vu l'efficacité des deux attaques et une vitesse d'exécution en constante baisse depuis la première période.
A 64'20, Manavian pique volontairement Amar de la crosse sans que rien ne soit sifflé, l'intéressé se faisant, dès lors, conspuer par le public, privilège plutôt rare pour un ancien joueur salué à ce titre lors de la présentation des équipes.
La fin de rencontre voit les deux gardiens s'employer avec profit, avec quelques arrêts clefs d'un Bonvalot davantage sollicité que son vis-à-vis. Grenoble n'a pas montré grand-chose offensivement sur la dernière période, Rouen paraissant, en face, sérieusement manquer de gaz pour transformer une des énièmes occasions créées à partir d'un jeu collectif qui devait logiquement faire toute la différence.
Tirs 11-5 Rouen
Engagements 7-7
Prolongations et tirs au but... Bonvalot termine sa symphonie... sans but.
Après des prolongations qui verront chaque équipe avoir ses occasions, et Grenoble sembler un poil mieux physiquement après avoir connu certaines difficultés en fin de troisième période, l'heure est aux tirs au but pour un ultime duel de gardiens qui résume bien la rencontre.
Engagements 4-2 Grenoble
Tirs 6-4 Grenoble
Petit commence pour Grenoble et va tenter de passer le palet entre les jambes de Lhenry qui ne tombe pas dans le panneau et ferme la porte. Manqué
Rech se présente avec une feinte du revers à laquelle Bonvalot dit non. Manqué
Sivic joue la carte vitesse et tente de contourner Lhenry mais ce dernier ferme la porte assez facilement. Manqué
Manavian, dont on se demande pourquoi il vient tenter sa chance alors que Rouen dispose de joueurs nettement plus talentueux que lui dans l'exercice, lance sur Bonvalot. Manqué
Charland va défier Lhenry et lui propose une série de feintes gauche-droite qui marche parfaitement, et le trompe en poussant le palet à cage vide (notre photo), ce qui a le don d'énerver l'intéressé qui en casse sa crosse de rage. Contrairement aux autres Grenoblois, il a clairement joué le point faible du gardien rouennais avec une sollicitation rapide au niveau des adducteurs. But inscrit
Thinel tente de pousser le palet en angle, crosse et bras tendus, après avoir orienté Bonvalot de l'autre côté de la cage, spectaculaire mais le palet passe à côté du poteau et Bonvalot peut lever les bras.
| Photographe Laurent Lardière | Joris Bedin ouvre la marque | Bon Valot, quoi qu'on en pense?
Malgré une très courte défaite, Rouen peut avoir ce soir plusieurs motifs de satisfaction. D'une part, les Dragons ont largement dominé les Grenoblois sur le nombre de tirs (42-29) et, sans ce diable de Bonvalot, il est clair que l'issue de la rencontre était différente. Avec deux absents importants dans l'effectif, et un nombre d'occasions manquées inhabituel, les Normands, si cette rencontre était rejouée dix fois, peuvent légitimement penser pouvoir l'emporter dans la majorité des cas. Reste que l'attaque a montré de grosses limites avec un manque de vitesse et peu de solutions, hormis le gros slap à la bleue. Si défensivement, la machine paraît relativement bien rodée, on peut s'interroger sur l'état de forme des champions de France qui avaient ce soir le jeu collectif pour prendre le dessus. De même, tactiquement, posons quelques questions. Quand vous avez un gardien dominant en face de vous, la logique veut que vous placiez le mastodonte de service, au hasard Stefanka, devant l'intéressé pour masquer sa vision le plus possible. On ne peut pas dire que Bonvalot ait été particulièrement gêné ce soir...de même, les équipes spéciales rouennaises ne semblent pas concevoir qu'un contre soit possible...bilan un but et deux alertes plus que chaudes. Enfin, le choix de Manavian pour le final laisse interrogatif quand on a des Guenette et autres Vas sur le banc ! Ceci dit, et malgré ces quelques limites et la défaite ce soir, Rouen possède, en théorie, encore une marge face à une équipe comme Grenoble, marge sans doute plus mince que ce que l'on pouvait supposer sur une rencontre mais significative sur une série comme c'est le cas en playoffs.
Mais pourquoi la marge rouennaise est-elle plus faible sur cette rencontre ?
D'une part, Antoine Bonvalot a montré ce soir qu'il était clairement en progression avec un véritable festival que seul un poteau rentrant de Janil a pu interrompre. Croisement improbable du chat et de l'araignée, l'intéressé est sans doute l'un des gardiens les plus difficiles à battre en palet bas que l'on ait vu à Grenoble, et ceci malgré une taille tout à fait respectable. Si le jeune homme peut proposer ce type de prestation sur une base quasi habituelle d'ici la fin de saison, ce n'est plus la même équipe de Grenoble qu'il faudra défier, et ce ne sera pas non plus le même contrat qu'il faudra lui signer pour espérer le conserver la saison prochaine.
C'est ensuite du côté de la défense qu'il faut se rendre pour trouver plusieurs motifs de satisfaction, à l'image d'un Amar que l'on avait pas vu faire un match pareil depuis plus d'une saison. Longtemps handicapé par les blessures, en dedans avec un collectif peu performant qui paraissait constituer un sérieux motif d'agacement pour lui, le capîtaine grenoblois a montré ce soir qu'il avait encore sa place "en bleu", jouant un nombre de minutes incroyables pour un vétéran sans donner le moindre signe de fatigue. Mais au-delà du seul exemple cité ici, toute la défense a résisté à des Rouennais qui ne sont, même en forme moyenne, pas une partie de plaisir. C'est encourageant pour les playoffs !
Après, on aura encore plusieurs bémols sérieux, comme l'attaque clairement peu efficace ce soir, un jeu de puissance bien peu visible, et un fond de jeu offensif qui reste fragile et dépendant des raids des uns et des autres. Pourtant, difficile de conclure en ne mesurant pas d'ou vient cette équipe qui était en perdition en fin d'année, avec des prestations indignes de son ambition et classement. Si l'on dit que la fortune sourit aux audacieux, reconnaissons que Grenoble a su saisir sa chance ce soir et mérite sa victoire. Il reste désormais à accrocher la place la plus favorable et enchaîner sur des playoffs qui seront, on l'espère, à la hauteur des espoirs du public et des supporters auxquels l'équipe doit clairement une revanche.
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