Pour leur dernière quinzaine de 2021, les Jokers de Cergy-Pontoise ont droit à un menu copieux. Pour commencer, une double confrontation face aux Ducs d’Angers avant un déplacement à Rouen et, en dessert, la réception de Bordeaux. La question du jour était de savoir si l’équipe francilienne, belle confirmation de la saison, allait enfin pouvoir surpasser son complexe face aux cadors du championnat ou si, au contraire, les angevins, dauphins de Grenoble et demi-finalistes de la coupe de France, allaient poursuivre leur marche en avant et enchainer avec une 6ème victoire consécutive. Ce sont finalement les Jokers qui ont vaincu leur signe indien et ont enfin fait mettre genou à terre à une grosse cylindrée de la ligue. Vainqueurs 3 buts à 1 au terme d’un match très solide, ils ont ravi une Aren’Ice bien garnie, plus de 2600 spectateurs comme aux plus belles heures de la D1 ante Covid,
Arbitres : MM. Garbay et Cregut assistés de MM. Laboulais et Constantineau
Buts : Cergy-Pontoise : 01.45 Steven Owre (ass Jules Lefebvre et Ryan Tait) ; 38.45 Ryan Tait ; 54.00 Denny Kearney (ass Charles Levesque et Steven Owre) Angers : ; 18.14 Patrick Coulombe (ass Danick Bouchard et Philippe Halley)
Pénalités
20 minutes dont 10 à Dorey contre Cergy-Pontoise
20 minutes dont 10 à Manavian contre Angers
Un premier acte serré.
Les Ducs montrent d’entrée qu’ils ne sont pas venus faire du tourisme dans le Val d’Oise. Premier engagement gagné et pression immédiate sur les Jokers qui ont du mal à sortir de leur zone. Les franciliens, de leur côté, travaillent bien en défense et restent agressifs sur le puck ce qui leur permet de contrarier la belle mécanique angevine qui ne peut trouver des positions de tir favorables. Mieux encore, sur leur première action offensive ils sont récompensés de la belle solidarité dont ils font preuve. Un palet gratté en défense arrive sur Ryan Tait qui part comme une fusée sur le flanc gauche. Le feu follet américain conserve la rondelle face à la défense angevine, revient sur ses pas et trouve Jules Lefebvre esseulé côté opposé entre la bleue et le cercle d’engagement. Le jeune défenseur francilien, sans complexe, allume Evan Cowley d’un lancer surpuissant. Le portier des Ducs, probablement gêné par le voile assuré par Steven Owre ne peut que constater les dégâts (1-0, 1.45). Les Jokers souvent auteurs de démarrage en mode diesel ne pouvaient pas mieux commencer la partie.
Photographe : Olivier Bénard (archives)
Les angevins, qui en ont vu d’autres, ne s’affolent pas pour autant et continuent à presser haut. Il y a du chao dans l’air. Les Ducs sont sur le point d’égaliser quand Tommy Giroux, dans le slot, trouve le poteau de Sebastian Ylönen. Les Jokers, peu après, manquent quant à eux d’accroitre leur avance au score quand Dennis Kearney part en break away, parvient à dribler Cowley mais, en angle, redresse trop son lancer qui passe devant la cage vide et fuit au ras du poteau. Un frisson est passé dans le dos des visiteurs.
Le match se poursuit donc, agréable et engagé. Sur le premier powplay de la partie, les franciliens pensent doubler la mise quand Antii Kauppila fait le tour de la cage adverse pour servir, dans le bas du slot, son compère et compatriote Aku Kestilä. Malheureusement pour eux, ce dernier tire juste à côté.
Après 8 minutes de jeu, c’est au tour des Ducs d’obtenir une supériorité numérique. Ils se livrent alors à un véritable siège de la cage d’un Ylönen qui multiplie les arrêts. Le jeu en piquet des verts reste solide et ils tuent la pénalité même s’ils ont parfois tremblé.
La fin de tiers est intense et connait une pluie de pénalités. Les Ducs ouvrent le bal avec une faute puis une seconde peu après. Double supériorité pour les Jokers avec, de surcroît, un défenseur angevin qui casse ensuite sa crosse et ne peut faire écran qu’avec son corps : a priori du pain béni pour les unités spéciales franciliennes et pourtant... Elles commettent elles aussi une première faute puis une seconde. Du coup, non seulement les cergypontains perdent le bénéfice de leurs supériorités numériques initiales mais ils finissent à leur tour à deux de moins sur le glaçon. Les angevins ne sont pas dauphins des grenoblois pour rien et ne laissent pas passer une telle aubaine. Alors que la rondelle circule bien autour du trident francilien, le capitaine des Ducs, Patrick Coulombe est bien décalé dans l’axe devant la bleue. Le canadien démarqué lâche un missile que ne peut stopper Ylönen (1-1, 18.13).
Les Ducs sont revenus et, toujours en supériorité, finissent fort le tiers dont le retentissement de la sirène sonnera comme une délivrance pour les verts.
Très beau vingt initial de la part des deux équipes qui ont produit un jeu de qualité. Les Ducs se sont fait surprendre alors qu’ils contrôlaient le tout début de la rencontre. Ensuite, la belle solidarité des Jokers en défense et leur capacité à exploiter toutes les possibilités qui leur sont offertes leur ont permis de tenir la dragée haute aux angevins. Finalement, c’est au moment où les planètes semblaient s’aligner pour eux que les Jokers furent rattrapés en raison d’une indiscipline malvenue qui leur a coûté cher. Le hold-up de Tait.
Après avoir purgé les 3 secondes de pénalité résiduelles, les Jokers repartent animés des mêmes intentions. Les équipes se rendent coup pour coup mais, petit à petit, les Ducs étouffent leurs hôtes. Ils ne leur offrent un temps de respiration que suite à une faute de Jerret Smith. Malgré cette parenthèse et le siège temporaire du but de Cowley où les occasions se multiplient, les angevins tuent la pénalité et reprennent le contrôle du puck. Ils quadrillent bien la glace et pressent toujours aussi haut pour empêcher les Jokers de poser leur jeu.
Photographe : Olivier Bénard (archives)
Quand c’est à leur tour de bénéficier d’une faute adverse, ils conservent si bien la rondelle qu’ils jouent cage vide, en pénalité différée, pendant près d’une interminable minute, extrêmement éprouvante pour la défense francilienne. Le powerplay qui s’en suit est un terrible siège de la cage de Ylönen. Les Jokers sont bringuebalés de tous côtés et malmenés. Ils plient mais de rompent pas. Finalement, contre le cours du jeu, Tait libère les siens en fin de tiers. Sur une sortie offensive des verts, il part sur la droite et contourne la défense angevine avant de redresser sa course et de tenter, dans un angle impossible, un centre tir qui, dévié ou pas, finit au fond des filets de Cowley (2-1, 38.44). Les Jokers reprennent l’avantage à la fin d’un tiers de souffrance pour eux.
Le vingt médian aura clairement été à la main des Ducs qui ont dominé aux points et n’ont laissé que des miettes aux Jokers. Face à eux, les cergypontains ont su faire preuve d’une abnégation, d’un courage et d’une solidarité exemplaire en défense. Au bord de la rupture, mis dans les cordes, toutes langues dehors tellement ils jouaient à capots ouverts, ils s’en sortent en fin de période grâce à un but improbable de leur pile électrique américaine. Un but qui a probablement fait mal aux têtes angevines juste avant la pause. Le second souffle des franciliens.
Les Jokers qui ont récupéré pendant la pause repartent tambour battant et se créent d’emblée une occasion par Kestilä sur un jeu à trois. Heureusement pour les Ducs, le finlandais ne cadre une nouvelle fois pas. Les angevins, de leur côté, ont beau tenter de poser à nouveau leur jeu, le forecheck des franciliens les en empêche. Les locaux, métamorphosés par rapport au tiers précédent, sont vraiment beaucoup mieux. Ils se créent de grosses occasions comme celle de Kearney, encore lui, parti en break away qui tire juste au-dessus de la barre de Cowley. Les deux équipes poussent et le jeu est spectaculaire. On sent que le prochain but risque de décider de l’issue finale du match.
Photographe : Olivier Bénard (archives)
Le powerplay obtenu par les Ducs est un moment clé du tiers et du match car, non seulement, ils ne le bonifient pas mais ils se font également sanctionner. A quatre contre quatre, les Jokers ne tremblent plus et, une fois revenus à cinq, ils finissent de doucher les espoirs de retour des angevins. Une pression en fond de territoire de Charles Levesque provoque un dégagement manqué de la défense des Ducs qui profite à Owre dans le cercle d’engagement gauche. Ce dernier sert Kearney d’une petite passe et l’américain, de prés, pousse la rondelle au fond (3-1, 54.01). Les Jokers s’envolent dans un tiers où ils ont clairement fait mieux que jeu égal avec les Ducs.
La fin de match en cage vide de la part des angevins ne changera rien face à des franciliens déchainés et héroïques qui se paieront même le luxe de manquer 2 fois le but vide. A la sirène finale les 2643 spectateurs exultent et louent la première victoire de leurs protégés face à un poids lourd de la Ligue.
Le dernier tiers des Jokers aura été déterminant. Ils n’auraient probablement pas pu tenir face à l’armada des Ducs s’ils étaient restés dans des dispositions identiques à celles de la deuxième période. Avec ce résultat, les franciliens enchainent donc leur 3ème victoire de suite à domicile et consolident leur 4ème place au classement. La position est certes trompeuse car, avec Briançon, Cergy-Pontoise est l’équipe qui a joué le plus grand nombre de matchs. Quoiqu’il en soit, les points pris ne sont plus à prendre et les franciliens restent placés dans leur course aux play-offs. Les Ducs, quant à eux, restent avec cette défaite toujours solidement accrochés à leur 3ème place. Ils marquent cependant un temps d’arrêt dans leur course poursuite avec les Brûleurs de Loups de Grenoble qui n’ont pas tremblé face à Gap (4-1). Ils voient aussi Rouen, comptant 3 matchs de retard, revenir à 5 points. Nul doute que dès demain, ils voudront prendre leur revanche sur leur glace. Les Jokers sont prévenus, pas le temps de savourer cette première victoire face à une grosse cylindrée de la ligue. Ils sont déjà attendus de pieds fermes et il leur faudra être solides à l’IcePark avant d’enchainer avec un autre déplacement délicat, à Rouen cette fois. Un sacré menu pour la fin de l’année.