Après une victoire difficile en première journée face à Morzine-Avoriaz, Grenoble retrouvait son adversaire malheureux des séries finales de l'année dernière en la personne des Ducs de Dijon, venus en terre dauphinoise pour confirmer leur bonne forme et ambitions. Devant une patinoire Pôle Sud bien remplie, les deux équipes allaient se livrer à un beau duel ponctué d'interrogations diverses. Après leur folle saison passée, les détenteurs de la Coupe de France allaient-ils revenir plus forts après une intersaison faite de départs significatifs (Guttig) mais également d'arrivées intéressantes comme Crowder et Tillanen, pour n'en citer que deux. En face, l'absence d'Amar, blessé, résumait les interrogations sur une défensive grenobloise peu expérimentée, à l'image des jeunes Scolari et Pons alignés ce soir.
| Photographe Laurent Lardière | | Des Brûleurs boostés
L'affaire débutait sans round d'observation par quelques banderilles de part et d'autre, la plus significative voyant Kara lancer en voilé sur Raibon qui repoussait avec difficulté à 3'30 de jeu. Le jeune gardien grenoblois, peu à l'aise en début de rencontre, devait ensuite montrer un visage plus séduisant.
Dans une rencontre assez enlevée, ce sont les Brûleurs qui vont rapidement trouver la faille grâce à une superbe réalisation de Dufresne. Bien servi par un Le Blond de qualité ce soir, l'arrière de la belle province va patiner vers Tillanen depuis l'aile, passer devant lui et, non sans finesse, le tromper d'un palet négocié en arrière du corps à 3'15, une finition que l'on aurait déjà eu grand plaisir à voir chez un attaquant mais qui surprend chez un défenseur. (1-0)
Les minutes suivantes voient des Dijonnais tenter de repartir, mais la déferlante grenobloise pose clairement des problèmes, particulièrement lorsque les Brûleurs peuvent s'infiltrer derrière la cage, ou lorsqu'il patinent vers le but depuis les ailes, défiant Tillanen avec une étonnante facilité.
Cependant, sur un très mauvais dégagement de Raibon, pas encore totalement dans le match, Grenoble se met à la faute et offre un premier jeu de puissance.
Pas maladroits dans l'exercice, les joueurs de coach Tolvanen poussent, et se présentent à trois joueurs devant Raibon un peu seul. Le gardien grenoblois met la jambière sur une première tentative, mais Crowder, qui avait ainsi frappé à la porte, parvient à le déjouer pour l'égalisation à 7'35. (1-1)
Une première pénalité contre Dijon va montrer un jeu de puissance assez timide côté grenoblois, un exercice dans lequel les Brûleurs ne brilleront pas ce soir (0-4), mais les hommes de coach Dufour poursuivent leurs vagues d'assauts fort réjouissantes pour le public avec, en particulier, ces situations dangereuses sur les côtés des buts qui seront partiellement corrigées à la pause par un Tolvanen qui aura noté ce point.
Ce problème dijonnais en attaque/défense fait bien les affaires des Brûleurs qui insistent sans retrouver la faille.
A 15'57, Grenoble se retrouve en infériorité, mais s'en sort bien, et les visiteurs vont connaître deux oublis défensifs, avec un Baylacq stoppé de justesse, puis un autre Grenoblois fauché devant le but dijonnais avec, à la clef, une pénalité qui ne donnera rien.
Tirs 15/8 Grenoble
Engagements 8/5 Grenoble
| Photographe JC Salomé | | Les Brûleurs mettent les gaz
La seconde période reprend par un but refusé aux Grenoblois à 21'20, l'arbitre Monsieur Mendlowictz faisant signe de jouer après que le palet ait semblé ressortir du but. N'ayant pas vu les images, il est impossible de nous prononcer mais le directeur de jeu était bien placé.
Poursuivant leurs efforts offensifs, les Grenoblois vont connaître quelques bonnes minutes et manquent de peu la cage ouverte sur une attaque défense de qualité à 23'22, cependant les débats vont s'équilibrer et le rythme de la rencontre baisser sensiblement lors de cette période.
Les minutes passent, une pénalité est sifflée contre Grenoble à 28'14, mais Dijon se montre moins dangereux que lors des précédentes tentatives.
Vaskivio, incontestablement l'un des joueurs les plus complets de cette équipe avec, en particulier, des talents de passeur qui le rendent déjà fort populaire sur son trio, va essuyer sa crosse sur le gardien adverse, produisant quelques frictions à 28'50.
Les Brûleurs donnent alors une énième fois du patin pour tenter de prendre de vitesse des Dijonnais qui paraissent tout de même moins à l'aise physiquement qu'eux, et c'est Bedin qui trouve la faille à 34'07 pour mettre le palet au fond d'un revers de qualité après une assez grosse erreur défensive des visiteurs. (2-1)
Paraissant souvent avoir un temps d'avance sur leurs adversaires, tout particulièrement dans les bandes, les Brûleurs défendent bien et pèsent sur des Dijonnais en quête d'un second souffle qui paraît de moins en moins possible au fil des minutes.
Tirs: 9/8 Grenoble
Engagements 11/6 Grenoble
Les Brûleurs opportunistes
Le retour du vestiaire confirme une volonté dijonnaise de revenir au score, avec plusieurs minutes de jeu d'attaque placé qui trouve un Raibon monté en puissance. Cependant, Dijon est pénalisé à 45'09, sans que Grenoble ne se montre une nouvelle fois dangereux avec un seul tir à la bleue d'Antonoff.
Les visiteurs confirment leurs progrès avec plusieurs occasions, dont une voit Raibon réaliser un fort bel arrêt jambière sur un tir bien placé de Ritz, première menace offensive des Ducs avec le sniper Crowder .
Grenoble va alors subir un jeu de puissance dijonnais, mais Raibon veille à nouveau et repousse à 52'40 deux tentatives des visiteurs qui se terminent par une mêlée devant la cage.
Pourtant, alors que l'on pouvait prévoir une fin de match difficile pour des Brûleurs disposant d'un seul but d'avance, le scénario allait prendre un tout autre tour avec une énorme erreur défensive dijonnaise qui offrait un palet à "trois poumons" Baylacq qui ajustait Tillanen pour inscrire le but le plus important de la rencontre à 53'59. (3-1)
Bénéficiant d'une marge confortable à sept minutes de la fin, les Isérois allaient se faire peur. Une pénalité sifflée contre Joffre, jeune joueur qui a incontestablement réussi son entrée chez les professionnels et dont on attend le premier but, était immédiatement suivie d'un temps mort dijonnais avec sortie du gardien à 1'40 du terme.
Démontrant de belles qualités de passe en petit périmètre, Dijon allait trouver la faille grâce à une lucarne de Crowder (son doublé) à 59'13 Malgré des dernières secondes difficiles, les Brûleurs préservaient le résultat.
Tirs 8/11 Dijon
Engagements 7/5 Dijon
| | Photographe JC Salomé | Au final...
Au terme d'une rencontre et d'un final fort sympathique, Grenoble a remporté une victoire probante face à une équipe dijonnaise de qualité, mais qui laisse toutefois quelques interrogations. Nul doute concernant le talent moyen des joueurs détenteurs de la coupe de France, avec plusieurs calibres offensifs, de solides défenseurs, et un gardien qui aura fait plutôt bonne impression. Le problème est davantage lié à la condition physique de l'ensemble qui, sans être mauvaise, a souffert de la comparaison avec des Grenoblois qui ont renoué avec leur point fort de l'année dernière. Souvent débordé, en particulier dans la première moitié de la rencontre, Dijon a parfois manqué de vitesse pour se replacer défensivement et éviter ainsi de voir des adversaires filer directement défier le gardien, sans arrières pour compliquer cet exercice. Second problème, les boulettes défensives, erreurs manifestes, que l'on aurait vu davantage dans les rangs des jeunes Grenoblois avant la rencontre. Le problème est que Dijon a payé cash, en particulier sur un troisième but offert à Baylacq comme rarement en professionnel.
Si l'on peut considérer la prestation de Dijon comme moyenne ce soir, on pourra relever que l'équipe marche déjà bien en ce début de saison, et présente un collectif de grande qualité, sachant qu'au final, elle échoue d'un seul but en ayant concédé de sérieux cadeaux aux Grenoblois. Un peu plus de concentration, sans doute également un meilleur équilibre dans les efforts physiques entre les péridoes, et vous avez du haut de tableau Magnus sans problème, avec une assurance presque tout risque en la personne d'un coach que pas mal de clubs pourrait envier. Bonne nouvelle qui plus est, l'équipe a perdu de bons joueurs mais ce Crowder laisse une très forte impression dans le rôle de l'assassin qui pourrait bien dépasser ses prédécesseurs comme compteur cette saison, pas franchement un profil très fréquent en Magnus, mais de quoi vraiment conquérir les supporters dijonnais.
Grenoble a ce soir laissé une impression très favorable face à des Dijonnais certes pas totalement convainquants, mais qui appartiendront clairement au haut de tableau cette année. Véritable rouleau compresseur en attaque, pas toujours avec une grande efficacité mais impeccable dans l'effort et la volonté, Grenoble a renoué avec ses séries finales de l'an dernier, ce qui est clairement la meilleure nouvelle pour les supporters. La profondeur de banc et la jeunesse du groupe, qui se traduit par une débauche d'énergie peu fréquente en France, va très clairement poser problème à tous les adversaires, d'autant que le niveau technique moyen est tout à fait bon. Ce qui, disons-le franchement, impressionne le plus, et ne peut que ravir n'importe quel amateur de hockey qui connaît la situation de ce sport en France, c'est bien l'intégration des jeunes joueurs, génération de cardiac kids, qui semblent pour certains sortir d'un jeu vidéo en mode accéléré. Entre Bedin, buteur ce soir, Joffre dont on reparlera, et autres Crossman et Perret, la relève fait mieux que frapper à la porte, elle frappe au fond du but adverse. Alors oui, Grenoble connaîtra sans doute cette saison certains revers, de l'inexpérience dans certains domaines, mais la logique de l'effort constant pourrait bien en minimiser les effets.
Concernant les joueurs cadres, avouons que les prestations de Vaskivuo sont à la hauteur de la réputation du joueur, avec un sens de la passe qui fait plaisir à voir, tandis que Raibon, malgré un départ un peu laborieux, assure le travail et se place, soyons clairs, à un niveau pour nous au moins équivalent à celui des deux titulaires de France-Pologne en A' dernièrement.
Si l'on doit cependant souligner quelques points négatifs, il y a les jeux de puissance où Grenoble ne brille pas, et qu'il faudrait sans doute varier quelque peu, avec davantage de slaps des arrières. On ne peut pas dire également que le trio MC Grane-Desrosiers-Ouimet ait convaincu ce soir, le premier cité, il est vrai, ne recevant pratiquement aucune passe et les deux autres jouant une partition individuelle qui pourrait lasser si elle se prolonge.
Mais restons au final sur une note positive en soulignant que, hormis Briançon, dont nous n'avons pas encore pu apprécier le jeu cette année, Grenoble n'a pas trouvé adversaire susceptible de le contrarier franchement, ce qui laisse augurer une saison intéressante pour des Brûleurs qui possèdent une jeune génération déjà au pouvoir.
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