La journée d’ouverture de cette nouvelle grosse semaine de Ligue Magnus, 3 journées en 6 jours, proposait de très belles affiches dont ce farouche duel entre les Jokers de Cergy-Pontoise et les solides Spartiates de Marseille, deux concurrents directs souhaitant consolider leurs positions respectives dans le wagon des places qualificatives pour les play-offs. Actuellement en pleine bourre et forts de leur série en cours (5 victoires consécutives), les franciliens voulaient confirmer et comptaient ainsi revenir au classement sur leurs adversaires du soir qui ne les précédaient que de 3 petits points. En face, avec une seule victoire en 3 matchs contre les val-d’oisiens, les phocéens voulaient rétablir l’équilibre en égalisant dans le double aller-retour de saison régulière et avaient aussi, et surtout, à cœur d’effacer la déconvenue de leur premier déplacement à l’Aren’ice, une lourde défaite (7-1), la plus grosse de leur saison. Le match a tenu toute ces promesses. Il fut intense et serré pendent longtemps avant de se décanter au dernier tiers. Les Jokers y obtinrent finalement leur 6ème victoire de rang (5-2), réalisant ainsi une belle opération en grimpant à la 4ème place au classement devant les Spartiates.
Arbitres : MM. Frossard et Ernecq assistés de MM. Cady et Debuche
Buts : Cergy-Pontoise : ; 14.02 Gage Torrel (ass Emils Gegeris et Patrick Coulombe) ; 23.09 Patrick Coulombe (ass Emils Gegeris et Aleksi Hamalainen) ; 29.04 Emils Gegeris (ass Sayam Limtong et Nikita Shalei) ; 49.12 Aleksi Hamalainen (ass Patrick Coulombe et Alex Barber) ; 53.57 Alex Barber (ass Louis Petit et Robert Baillargeon) Marseille : 08.16 Sasha Djigaouri (ass Patrik Machac et Jan Dufek) ; 24.03 David Aslin (ass Fabien Colotti et Louis Cirgues)
Pénalités
15 minutes dont 5 à Faure contre Cergy-Pontoise
15 minutes dont 5 à Kalkis contre Marseille
Les Spartiates imposent un défi physique aux Jokers
Le moins que l’on puisse dire c’est que les Spartiates annoncent la couleur d‘entrée. Ils sont venus avec la ferme intention de casser les lancements de jeu de leurs hôtes du soir et proposent une grosse densité autour de leur bleue d’attaque et leur bloc haut met beaucoup d’intensité dans son pressing avant. C’est relativement efficace car les premières minutes de jeu sont compliquées pour les Jokers qui peinent à sortir proprement de leur zone. Pas de véritables franches occasions, d’un côté comme de l’autre, mais des contacts virils et parfois à la frontière de la faute, et cela continuera jusqu’à la fin.
Il faut attendre plus de 4 minutes pour voir enfin une première chaude alerte quand Aleksi Hämäläinen, décalé dans le cercle gauche, malgré le marquage, parvient à solliciter Marek Ciliak, le gardien slovaque de Marseille. Sur l’occasion, Lucas Colombin arrive plein gaz sur le finlandais et le percute au passage. L’attaquant se tient un moment le visage mais se relève finalement. Sur la sortie de zone qui s’en suit Colombin est à son tour stoppé par Aurélien Dorey mais cette fois les officiels interviennent et envoient le défenseur francilien en prison pour une « charge avec la crosse ».
Première occasion pour les unités spéciales phocéennes d’éprouver le jeu de penalty killing des Jokers, le deuxième meilleur de la ligue. Les Spartiates s’installent et font tourner le palet mais, malgré des tentatives de David Aslin, de Nicolas Ruel et de Jan Dufek, la boite défensive verte tue le powerplay. Les Jokers semblent ensuite avoir pris la mesure du pressing marseillais et ressortent un peu mieux de leur zone. Du coup, Phileas Perrenoud puis Tomas Pardo ont chacun leur chance mais échouent sur la défense blanche et son hermétique gardien.
Pourtant, c’est dans ce début de rééquilibrage des débats que, sur une nouvelle montée, les visiteurs brisent l’égalité. Le long de la bande, derrière le but, le duo tchèque Dufek, Patrik Machac contourne la défense pour servir Sasha Djigaouri de l’autre côté qui, de la bleue, lance à la cage. Le tir peu puissant semble anodin mais surprend, entre les bottes, un Sebastian Ylönen probablement masqué au départ de l’action (0-1, 08.16).
La réaction francilienne ne se fait pas attendre. Sur la remise en jeu, Sayam Limtong lancé dans l’axe manque de peu le cadre alors que l’égalisation était au bout de sa palette. Le match reste physique et les défenses ne laissent pas beaucoup d’opportunités aux attaques. Cergy essaie cependant de pousser mais Marseille gère plutôt bien ces tentatives. Martin Kadlec trouve même le moyen de se retourner dans le slot et d’obliger Ylönen à jouer du gant d’attrape (09.40). Suite à la remise en jeu, les Jokers réussissent néanmoins un beau lancement de jeu sur la droite qui se termine dans le cercle gauche, encore pour Hämäläinen mais complétement démarqué cette fois. Ciliak lui prouve qu’il n’a pas l’un des meilleurs pourcentages d’arrêts par hasard.
Les épaules ont été sorties depuis longtemps alors suite à une première action contrariée par la rugueuse défense Phocéenne où Gage Torrel valdingue littéralement, Patrick Coulombe récupère le puck et lance à la cage de loin. Louis Petit est mis à terre à son tour pour l’empêcher d’exploiter le rebond alors que Robert Baillargeon vient taquiner Ciliak (10.05). La tension monte donc d’un cran et ça se chamaille déjà derrière le but mais pas de sanction. Sur la remise en jeu, Petit devant l’enclave, tente un revers que le gardien a bien du mal à contrôler. La pression verte prend de l’ampleur.
Dans ce contexte, les Spartiates ne tardent pas à se faire enfin rattraper par la patrouille quand Colin Morillon, derrière son but, propulse Petit contre la bande de façon illicite (10.28). C’est donc au tour de la meilleure boite défensive de la ligue de démontrer son savoir-faire et elle le fait plutôt bien. Mis à part les tirs de Coulombe, Emils Gegeris ou Baillargeon, elle annihile assez tranquillement le jeu de puissance cergypontain.
Une fois les deux équipes au complet, le bras de fer reprend de plus belle et, à la rouge, Colin Delatour vient télescoper Louis Cirgues qui tentait un tir. Le jeune défenseur réclame la faute mais les officiels ne bronchent pas. En revanche, dans le prolongement de l’action, sur le pressing avant phocéen en fond de territoire, Fabien Colotti fait clairement trébucher Dorey. Voilà une nouvelle cartouche pour les Jokers qui, cette fois, en font bon usage. Ils s’installent et tournent autour de la boite jusqu’à ce que Coulombe décale Gegeris à droite lequel, d’une diagonale laser, trouve Torrel à l’opposé pour conclure cage ouverte (1-1, 14.02).
Le mano a mano repart de plus belle après l’égalisation. Colotti trouve Aslin qui butte sur Ylönen (15.25) avant que Morillon, de la bleue, ne l’oblige à son tour à jouer de la jambière (16.25). En face, Daniels Gorsanovs voit sa tentative détournée du bouclier par Ciliak (17.00). Les marseillais se procurent néanmoins une très belle occasion peu après quand, sur un lancer aérien non cadré, le palet est stoppé de la main par un défenseur mais retombe dans le dos de tout le monde au plus grand bonheur de Nicolas Ruel tout heureux d’en hériter mais Ylönen reste intraitable.
Dans la minute suivante, c’est Vincent Melin qui trouve la mitaine de Ciliak avant que les deux équipes, sur l’action d’après, ne soient inévitablement pénalisées. Depuis le temps que cela tournait, il fallait bien que cela tombe. Ainsi Baillargeon pour un « accrocher » et Aslin pour un « retenir la crosse » filent tous deux au cachot pour y finir le tiers. La pause retentit donc sur un score de parité et un quasi partage des tirs cadrés (12 pour Cergy / 11 pour Marseille)
Les Jokers prennent les choses en main
L’entame de deuxième période ne ressemble pas du tout à la première. Les Jokers asphyxient littéralement les Spartiates qui sont cantonnés dans leur défensive, à l’image d’un jeu en désavantage numérique. Nikita Shalei ouvre le bal et allume de loin le portier phocéen. Puis c’est tour à tour Coulombe, Gorsanovs et Théo Gueurif qui s’y mettent et Ciliak ne chôme pas. Les Jokers sont déchainés, peut-être même un peu trop, et Raphaël Faure pulvérise Dufek sur une énorme mise en échec. Roberts Kalkis vient immédiatement jouer le justicier pour venger l’arrêt buffet dont a été victime son coéquipier. La bagarre éclate et les geôles se remplissent. Faure et Kalkis prennent chacun 5 minutes de mise au frais et Marseille écope de 2 minutes supplémentaires pour « dureté », la substitution étant assurée par Djigaouri. Les Spartiates payent cash cette nouvelle infériorité numérique. Hämäläinen et Coulombe mettent Gegeris en position de tir laquel, comme à son habitude, lâche un gros lancer. Ciliak ne peut que repousser le disque qui revient sur Coulombe lequel contrôle et le place hors de portée du slovaque (2-1, 23.09).
Marseille tente de revenir et Machac est le premier à solliciter Ylönen en angle fermé. Cette période de grosse présence marseillaise devant le but francilien finit par rapidement payer. Cirgues tire de loin et sur le rebond Kadlec, Colotti et Aslin bataillent avec les défenseurs jusqu’à ce que la rondelle finisse au fond. Le but est attribué au suédois (2-2, 24.03).
Tout est à refaire pour les Jokers qui repartent néanmoins dans un nouveau temps de domination. Tristan Crozier dans l’axe oblige le gardien à l’arrêt (25.00) mais c’est encore Hämäläinen, du cercle droit cette fois, qui est à deux doigt de faire mouche, Ciliak lui refusant le but (25.30). Les Spartiates, sous pression ne sont pourtant pas tirés d’affaires et ils multiplient les dégagements refusés. Sur un nouveau rebond Alex Barber, à plat ventre, ne peut redresser le puck qui passe devant la cage ouverte (27.35). A force le plier la défense blanche finit malgré tout par céder. Sur une récupération de palet, Limtong redescendu en défense joue contre la balustrade pour Shalei qui remonte le puck pour Gegeris, avancé dans le cercle droit, le letton prend le temps d’ajuster et trouve la lucarne (3-2, 29.04).
Les franciliens sont à nouveau devant mais le baissent pas le pied. Sur la remise en jeu, Hämäläinen envoie un missile que le gardien arrête. Les vagues vertes se succèdent dans le camp blanc, même si, en quelques occasions les marseillais se rebiffent, principalement par Dufek.
L’intensité ne baisse pas et l’engagement reste total et souvent à la limite. Aslin qui a certes perdu ses appuis fauche littéralement Ylönen qui venait de faire un arrêt (37.00). Les marseillais restent dès qu’ils le peuvent dans l’agacement et la provocation entre les coups de sifflets même si en face il y a aussi du répondant sans toutefois tomber le piège de la riposte. Le score n’évolue plus jusqu’à la seconde pause et les équipes rentrent au vestiaire à l’issue d’un tiers où les Jokers ont globalement pris le dessus (11 tirs cadrés pour Cergy contre 7 pour Marseille).
Les Jokers sécurisent leur victoire
Dès la reprise, Gegeris d’un petit revers teste Ciliak. Les Spartiates eux continuent à jouer avec le feu et après une minute et trente secondes Aslin va au gniouf pour une grossière interférence avec Ylönen. Bon cette fois malgré le bon jeu de puissance de Cergy, Marseille ne donne rien.
Les franciliens sont néanmoins plutôt bien en place et Gegeris voit une tentative tutoyer le poteau de Cilak (45.30). Cela réveille-t-il les phocéens qui ne sont qu’à une petite longueur ? Eux seuls le savent car ils rentrent petit à petit dans un temps où ils sont un peu mieux. Gennadi Stolyarov, le top scorer Spartiate, parvient à tirer entre les jambes de Melin qui le marquait mais Ylönen ferme la porte (47.40).
Marseille pousse mais est encore rattrapé par son indiscipline quand la crosse de Machac finit dans le visage de Limtong. Une nouvelle fois la punition est fatale. Il y a d’abord un premier avertissement sans frais quand le lancer de Torrel flirte avec la transversale mais ce n’est que reculer pour mieux sauter. Peu après, Barber décale Coulombe qui lâche un gros tir que semble toucher au vol Hämäläinen qui assurait le voile près de l’enclave (4-2, 49.12).
Avec ce break, les cergypontains se donnent de l’air et semblent intouchables même quand Barber fait trébucher Machac moins de 2 minutes plus tard. Leur jeu en boxplay est solide. Même quand Aslin envoie à la cage et que Machac dévie, la botte du gardien est là. Et quand Dufek tire à mi-distance c’est la mitaine de Ylönen qui aimante le palet. La pénalité est donc tuée et rapidement derrière les franciliens donnent le coup de grâce. Leur forecheck est payant quand Petit, de derrière le net, sert Baillargeon dont la tentative de près est repoussée. Le palet reste vivant et Barber qui arrive en deuxième rideau exploite la tergiversation (5-2, 53.57).
La victoire semble avoir choisi son camp car quand Petit est pénalisé pour une « crosse haute » sur Machac (vu des tribunes elle semblait plutôt toucher le torse du tchèque mais il se tient le visage et l’arbitre était de toute façon bien placé) le powerplay marseillais est complètement annihilé. Les Jokers y jouent le chrono dès qu’ils chipent le palet et Perrenoud a même le loisir de tenter un petit lancer, trop facile pour espérer surprendre Ciliak (57.00).
Réduits à l’impuissance, et peut-être à court d’idée, les Spartiates rendent les armes et concèdent la défaite. La dernière période aura permis aux cergypontains de conforter leur victoire même si à la faveur des pénalités les marseillais finissent quasi à égalité en termes de tirs cadrés (8 pour Cergy contre 7 pour Marseille).
Belle opération pour les Jokers mais il leur faut vite redescendre de leur nuage car, si la fin de semaine s’annonce palpitante elle est aussi plus que copieuse avec un difficile déplacement chez les Ducs d’Angers, très solides dauphins des Dragons de Rouen, avant la réception des coriaces Boxers de Bordeaux, un autre concurrent direct.
S’agissant des Spartiates, la fin de semaine ne manque pas de piment non plus avec un déplacement chez ces mêmes Boxers suivi de la réception des Rapaces de Gap qui, bien que dans le dur, ne sont jamais à prendre à la légère.
Meilleurs joueurs du match :
Jan Dukekpour Marseille Patrick Coulombe pour Cergy-Pontoise